Troisième mission : Une aiguille dans un régiment de meules de foins

Comme pour laisser une petite interlude à notre nouvelle mission, on laissa passer la journée le temps pour moi de me reposer. En effet, la journée fût très longue d’autant que je n’avais pas dormi depuis deux jours. Le soir, j’ai eu le déplaisir d’être convoqué par Cassandre directement dans son bureau. Elle s’est un peu apaisée lorsque je lui ai parlé d’Amos et de notre échange. Cependant, elle reste en colère contre moi et dépitée. J’ai de la chance d’avoir une mission venant directement de mon bienfaiteur sinon j’aurai eu le droit à des semaines de corvées interminables. J’y suis allé seul, je ne voulais pas déranger Halsim avec ça. Puis j’ai eu la désagréable retrouvaille avec Véronica qui m’attendais de pieds fermes à la sortie du bureau de Cassandre. Elle semblait plus contrariée par le fait qu’elle n’a pas pu nous entendre, visiblement le bureau de l’instructrice est hermétique à toutes écoutes illicites que se soit magique ou non. Ou bien, n’avait-elle pas encore trouvé comment contourner le sort. Je suis resté muet face à une telle indignation de sa part pour l’avoir laissé seule alors que ses paroles suivantes portent sur le fait qu’elle est autonome et n’a besoin de personne. Bref’, de la Véronica quoi. Une emmerdeuse qui me suit jusqu’à ma chambre.

Le lendemain, je sors tôt le matin pour faire mon sport. J’aime courir, faire juste le tour du grand parc réservé aux membres pour se détendre. Très tôt, il y a rarement du monde. Et puis les gens ne vont pas venir te voir pour ci ou pour ça, chacun fait son truc dans son coin et c’est plutôt calme. Je peux donc courir tranquille, faire mes étirements, mon entraînement quotidien, rien ne vient briser ma routine matinal. Et surtout pas Véronica qui, en plus de n’être pas du matin, est peu sportive et sort peu souvent.

Cependant, alors que je cours pour une fois dans le petit chemin qui traverse moult terrains divers d’entraînements, je reconnais au loin Fenyx qui s’entraîne en braillant. Elle casse totalement le calme et la paix qu’offre le matin comme un enfant tapotant l’eau inerte pour faire des ronds et ses vagues. Qu’est-ce qu’elle est entrain de faire là ? C’est… Elle s’entraîne ou bien elle passe ses nerds ? Eh merde… Elle m’a remarqué. Bon, puisqu’on me la collé dans les pattes je suppose que je ne vais pas faire celui qui va la snober en reprenant sa course. Elle me salue de la main, je vais à sa rencontre en la fixant sans grande conviction.

- Ah ! Alors toi aussi tu es du matin ?! Commence-t-elle, enjouée de me trouver là.

- Tu essaies un entraînement ? Fais-je, peu convaincu de ce que j’avance.

- Ben oui ! Faut bien s’entraîner pour garder la forme et s’améliorer. Et toi ? Tu fais ton petit sport quotidien à ce que je vois ! Ah ! Ben tu tombes bien ! Tu veux bien t’entraîner avec moi ?

Ah… . C’est vrai. Il y avait ça. C’est vrai qu’elle devait ou voulait m’entraîner à la magie. J’aime pas casser ma routine mais bon, allez on part ainsi.

- Allons-y pour ça. Lui lançais-je.

« Bon, ok ! Alors avant de commencer, tu vas déjà me montrer ce que tu sais faire ! » déclara Fenyx avec enthousiasme.
« Ce que je sais faire ?
- Ben oui ! Tu dois bien avoir quelques notions en magie quand même ! Montre moi ce que tu sais faire pour que je sache où est le problème.
- Ah… » soupira Tyr d’un air embarrassé.

Tyr regarda tout autour de lui avant de trouver une petite pierre d’environ 6cm de diamètre. Il le fixa intensément et se concentra de toutes ses forces, fixant son esprit sur la pierre. Le caillou remua légèrement avant de léviter quelques centimètres au dessus du sol avant de retomber platement. Le jeune soldat de l’ordre soupira. Fenyx échangea un regard avec lui et sembla comme attendre quelque chose.

« Voilà, c’est tout… » déclara Tyr.
« Comment ça : « c’est tout » ? Tu es un élémentaire et tout ce que tu sais faire, c’est remuer un caillou ?
- Je savoir être mauvaise idée… Je vais continuer ma course…
- Non ! Attend ! Il est hors de question que je te laisse abandonner si facilement ! C’est juste que je ne m’attendais absolument pas à ce que ton niveau soit aussi… bas. Même les enfants élémentaires de mon village d’origine maîtrisaient la magie mieux que ça, mais l’Archimage m’avait prévenu de ta particularité. On va devoir reprendre les toutes premières bases du coup. »

Fenyx emmena Tyr vers une petite salle disponible à tous les membres de l’Ordre qui venaient s’entraîner ici. Il y avait un tableau en ardoise noire et des craies, ainsi que quelques pupitres, un genre de petite salle de classe mais secondaire, dont on se servait pour expliquer les stratégies lors des entraînements des soldats. Elle invita le jeune homme à s’asseoir et commença à écrire des mots clés tout en expliquant.

« Tu dois d’abord savoir que les élémentaires n’utilisent pas la magie comme le font les autres mages. Pour nous, la magie est quelque chose d’instinctif, de lié directement à notre esprit et à nos sentiments. Un mage étudie la façon dont fonctionne les éléments, il cherche à comprendre comment ils interagissent avec le monde physique. Nous, nous n’avons besoin que de la ressentir, créer le lien avec notre plan élémentaire et matérialiser ce lien. »

Tyr fronça les sourcils et déclara :

« Hum… Je ne comprendre pas…
- Ah… Laisse-moi t’expliquer autrement… Imagine que le plan de la terre… » commença-t’elle en dessinant une sphère pour représenter le plan de la terre. « … soit un monde tout comme le notre. » ajouta-t-elle en dessinant une autre sphère pour représenter Midgard. « Absolument similaires, il se trouve partout autour de nous, mais il n’est pas visible. Et bien il faut que tu imagines qu’il y ait une partie de toi qui se trouve dans ce plan, dans ce monde parallèle au notre ! »

Elle dessina un petit bonhomme bâton représentant Tyr sur Midgard, puis un autre représentant Tyr également, mais dans le cercle du plan de la terre. Tyr semblait comme perdu, incapable de comprendre ce que lui racontait Fenyx. Cette dernière soupira avant de fouiller dans sa besace avant de se saisir d’une pièce d’argent qu’elle montra à Tyr.

« Imagine que la partie face de cette pièce soit notre monde, le monde matériel et que l’on marche à sa surface…
- Mais Midgard être une « balle », non ?
- Hein ? Une… balle ? » Fenyx dut mettre un moment pour comprendre que Tyr ne voulait pas parler de balle, mais de sphère. « Oh ! Tu veux dire : « une sphère ». Oui, certes… mais ce n’est pas le sujet. Bon… heu… Peu importe ! Imagine que nous sommes sur la partie face de la pièce ! Ensuite, imagine que la partie pile est la plan de la terre. Jusque là tu me suis ? »

Tyr fronça légèrement les sourcils mais fit oui de la tête.

« Et bien pour un élémentaire, c’est comme si un double de nous marchait en même temps que nous sur la partie pile, tandis que nous sommes sur la partie face. Tu dois ressentir cette deuxième nature en toi, sentir l’énergie de la terre te parcourir tout entier via ce double de toi qui est dans la partie terre. C’est encré en toi, il faut simplement que tu l’écoute.
- Comment sentir ? » demanda Tyr perplexe.
« Et bien moi, par exemple, c’est plutôt l’inverse en fait. Je ressens tout le temps cette énergie et il faut que j’apprenne à la maîtriser, parce que cette partie de moi est trop souvent présente. Du coup… et bien quand je m’énerve et que je laisse mes sentiments prendre le dessus, elle se manifeste et explose… Bon, je ne te dis pas de prendre exemple sur moi, du coup, mais il faut que tu sois conscient que cela marche avec ton ressenti et tes émotions. Sauf que j’ai l’impression que tu te retiens tout le temps. Il faut que tu sois conscient de tes propres émotions, que tu t’en nourrisse pour créer ce lien avec le plan de la terre. Laisse-les couler en toi et t’envahir. Sens l’énergie de la terre couler en toi. »

Il faut que je ressens la terre à travers moi ? Que j’en saisisse toute sa force donc ? Comme si je me baladais dans un monde où règne mon élément ? Raaah… Je ne suis pas très doué pour ce genre de chose, Wraith est plus à même de faire qu’un avec ce qui l’entour. Il laisse ses émotions le submerger et le parcourir ainsi qu’à le faire partager aux autres. Il est comme chacun des éléments qui transperce ce monde, qui le nourrit. J’aurai peut-être dû faire mage mais ils sont faibles physiquement. Arcana peut-êre ? Ou bien abandonner la magie et être un Fera. Ils sont forts et robustes. Mais dans un monde fait de magie, ne pas savoir s’en servir est un lourd handicape. Après tout, Amos n’est pas le fondateur de l’Ordre que grâce à ses beaux discours, il a aussi une sacré puissance. Si je voyais avant le monde peuplé de brebis et des loups, depuis que j’ai suivit Wraith j’ai pu voir que des loups et des brebis avaient des déguisements. Ou plutôt des appropriations. Amos est du type « berger » et Fenyx… Une brebis avec de bonnes cornes. Enfin… On est tous le loup ou la brebis de quelqu’un… . La voie admirable, la plus difficile en sommes est bien celle du berger. Être fort comme un loup mais ne pas manger ses brebis.

- Bah alors Tyr ? T’es du genre pensif pas vrai ? T’as des questions ? C’est pas grave si t’as pas tous les mots j’peux essayer de les deviner !

- Hum… ? Je réfléchis sur ce que tu me dis. Je sais que les éléments habitent dans des plans. Et qu’ils sont aussi ici. Et on peut user leur force en ouvrant nos émotions si je comprends bien. Ouvrir ses émotions est trop éprouvant et c’est montre nos faiblesses. Si je fais comme toi, je risque de plus me contrôler physique et mental. Apprendre à hum… Apprendre à doser ses émotions pour pas être sous son contrôle est difficile. Si je mets pas mes émotions dans boîte alors elles explosent.

Elle semble surprise de ma réponse mais ne dit rien dessus.

- Bon ! Assez de théorie. Puis ma partie préférée c’est la pratique ! Alors on va faire ça.

Nous quittons la salle après avoir nettoyer le tableau puis allons dehors, dans le terrain vague d’entraînement. Il y a quelques pierres polis par le temps pouvant servir de banc de fortune. Elle me les montre en souriant.

- Essaie de te concentrer sur une émotion forte en particulier et infuse l’énergie qu’elle ne procure sur l’un de ses rochers.

Sur le rocher ? C’est un peu gros… .

- Ah ah ah ! Fait pas cette tête ! Je ne te demande pas de jouer avec mais juste de la déplacer un peu.

Me concentrer sur une émotion en particulier ? Hum… Je ne sais pas. C’est pas comme si j’avais un menu d’émotions à la carte. Pour le moment rie ne me traverse… Il y a bien des pensées liées aux émotions sous-jacentes mais se sont celles-ci qui sont dans une boîte. Là… Je ne sais pas.

- O-on peut se servir des émotions des autres ?

- Hein ?! Bah non ! C’est pas comme ça que ça marche ! T’échange pas ça contre de la magie ! Quelle drôle d’idée. Essaye de penser à quelque chose de positif, je ne sais pas euh… Qu’est-ce qui te mets de bonne humeur ?

- Hum…

Bonne question. Soudain je tourne mon regard vers le chemin de pavé menant au terrain et aperçois Halsim. Elle arrive. Si elle me voit galérer autant avec ça qu’est-ce qu’elle se dirait ? Je vais lui montrer que je m’améliore, il faut que je fasse bouger ce foutu rocher ! Elle me regarde en plus. C’est comme aux entraînements, il faut que je lui montre que ça vaut la peine de m’apprendre ce qu’elle sait. Je fixe le rocher, essayant de ressentir sa… Cosmo énergie ? Il doit être bien lourd. Peut-être que si je fais une sorte de geste mimé pour essayer de le faire bouger..? Allez… ! Bouge saloperie de caillou ! Halsim est là ! Bouge ! Allez ! Raaah… Si tu te prends tes potes tu vas bouger ?!

- Oh ! Pourquoi tu lui jettes des petits cailloux ? Attends, tu viens de jeter des cailloux ! C’est formidable ! Me dit-elle en souriant, fière.

- Hein ?

C’est vrai… Pour une fois j’ai balancé des cailloux. Pas un, plusieurs ! Mais y’a pas trop de quoi se réjouir. C’était absolument pas mon objectif ! Cela dit… J’avais bien envie de frapper ce rocher pour le faire bouger. Ce sentiment s’est manifesté ainsi ?

Fenyx était fière de l’immense pas en avant que Tyr venait de faire. Cela ne sembla peut-être rien pour lui et ce n’était pas le résultat escompté, mais il avait tout de même fait se déplacer des petits cailloux, et pas seulement un. Il y avait de l’espoir, un espoir que Fenyx voulait alimenter afin que Tyr continue à progresser ainsi.

« C’est un bon premier pas. Tu vois, finalement tu y arrives ! Maintenant, ce qu’il faut, c’est travailler sur ta volonté et trouver une façon d’exploiter tes émotions. Comme tu as l’air un peu introverti, je pense qu’il faudrait que tu trouve une manière d’exprimer tout ça. Certains utilisent la danse par exemple, ou bien le chant, la musique. Cependant ça n’a pas l’air d’être ton truc non plus…
- Et pourquoi pas un art-martial ? » suggéra Halsim qui s’était glissée dans la conversation à la surprise de Fenyx.
« WAOUW !!! Heu… D’où tu sors, toi ? »

Halsim afficha un petit sourire satisfait. Elle avait un certain plaisir malsain à surprendre autrui, une nature induite par ses nombreuses années au service d’une secte d’assassins fanatiques dirigée par son propre père. A bien y songer, la jeune femme espérait sincèrement que ce dernier ait rejoint le néant d’Özan et qu’elle n’ait plus jamais à le recroiser. Wraith avait trop d’indulgence envers ceux qui croisaient sa route et elle n’aurait été qu’à moitié étonnée que ce dernier ne lui accorde la possibilité de se réincarner en Midgard.

Fenyx ne montra cependant aucune offense envers ce comportement et reprit vite contenance, elle n’était pas du genre à s’appesantir sur les événements, surtout pour si peu. Au contraire, elle avait même tendance à rebondir un peu trop vite et passer du coq à l’âne. Elle était très impulsive, beaucoup tourné vers le présent, et sans doute pas suffisamment sur le passé et l’avenir.

« Heu… En fait, c’est pas une mauvaise idée ! La pratique d’un art-martial pourrait marcher si on s’y prend bien, mais il faut une sacrée dose de volonté et une bonne maîtrise de ses émotions.
- Ça viendra, Tyr en est capable. » déclara Halsim. « Et puis ce genre de pratique permet justement de canaliser ses émotions et d’appréhender plus sereinement les choses. Il a juste besoin d’une bonne motivation. D’ailleurs, en parlant de ça, je suis désolée d’interrompre votre petite entraînement mais j’aimerai que l’on se concentre sur les recherches, maintenant ! 
- Ah… Oui, mais un petit entraînement martial, ça fait pas de mal avant d’attaquer la journée. On se mettra aux recherches après.
- En fait, ce n’était pas une suggestion… » trancha Halsim qui n’aimait pas beaucoup qu’on lui oppose un refus.

Fenyx fronça les sourcils et serra les poings. Cela ne l’enchantait visiblement pas que l’on vienne interrompre son entraînement avec Tyr et qu’on lui impose une demande immédiate. Elle sembla presque instantanément s’enflammer de l’intérieur et il y eut comme un éclat farouche dans la prunelle de ses yeux. De petites flammes commencèrent à danser sur ses sourcils et ses cheveux, se mélangeant à leur rousseur, comme si son corps ne faisait plus qu’un avec les flammes.

« Et tu vas faire quoi, hein ? Tu vas nous traîner tous les deux par les pieds, peut-être ? » gronda Fenyx qui ne se sentait plus.
« Calme-toi, flammèche ! Surtout que je compte absolument pas m’encombrer de toi. » répondit froidement Halsim.
« Ah ouais ? Et tu vas faire tes recherches comment, sans moi, hein ? J’te signale que Tyr a besoin de moi pour ça aussi, vu qu’il a du mal à lire.
- Je sais lire, moi, pas besoin d’une gamine dans nos pattes.
- Tu sais ce qu’elle te dit la gamine ? » s’emporta Fenyx qui avait à présent des flammes sur les avant-bras et les mollets.

Tyr soupira, passablement agacé de voir ses deux compagnons se disputer. Quelle perte de temps… Les deux femmes étaient en train de se toiser, comme deux chiens prêts à se bondir dessus pour s’attaquer à la gorge. Il fallait intervenir… à moins de les laisser régler leur différent entre elles et s’éclipser ?

C’était comme voir deux Bsurts s’engueuler pour le territoire. Ces bêtes féroces que l’on trouvait sur Arca’ dans les forêts encore peu animées par autre chose que d’autres animaux. Faillait-t-il se mêler aux hostilités ? Une obligation pour avancer dans notre mission. Halsim a raison, on doit se mettre rapidement dans nos recherches. S’entraîner est secondaire mais pas oubliable.

- Trouver Rebecca est notre priorité. La mission. Apprendre la magie me suis utile et on suit l’entraînement comme pause dans les recherches. Fenyx, Halsim et moi a besoin de toi pour avoir les registres de missions des renseignements.

Les esprits se calment, le rappel a donc eu de l’effet. Nous marchons en suivant Fenyx jusqu’aux locaux des types qu’autrefois elle côtoyait. Nous arrivons vite près de deux gardes qui reconnaît la jeune femme. Après l’avoir taquiner sur sa manière de s’enflammer pour peu de choses ils nous font simplement signer un registre de présence avant d’entrer. Je dû poser ma main sur son épaule et lui faire un signe de refus de la tête pour qu’elle ne leur lance pas un jet de flamme en pleine tête. J’ai usé un peu de cette magie de contrôle des émotions pour calmer ses ardeurs. C’est bien pratique mais il faut avoir un certain charisme naturel pour pouvoir correctement l’utiliser. Ou bien être intimidant de nature. Je ne me sens pas être particulièrement l’un ou l’autre. Heureusement, j’ai agit avant que cela devienne compliqué à gérer.

En entrant dans le repères de fouines, on remarque que l’on a affaire devant-nous à un service d’accueil au milieu de deux entrées de chaque côtés fermés. Il y a deux personnes qui discutent, l’un écrivant sur du papiers et l’autre simplement là à ne rien faire. Ils nous regardent, un petit silence se créer avant d’entendre un « oui ? » de la part de celle qui n’écrit pas.

- Oh mais vous êtes certainement Fenyx, que voulez-vous avec vos amis très chère ?

- On aimerait aller aux archives pour une mission. Bon par contre, j’y suis jamais allée alors c’est par où ?

- Les archives ? Une mission ? Pfft’ hu hu hu ! Vous n’allez pas me faire croire qu’on vous a confié du travail alors que vous êtes en réhabilitation ?!

Décidément, cette Fenyx leur sont restés dans leurs esprits. Je me demande ce qu’elle a pu faire pour se retrouver aux mains de l’instructrice Béros. Tiens ! Un type sort d’une arche qui s’est activée. On dirait bien un petit portail. Le type en noir et violet aux oreilles pointus et au chapeau en pointe tient un livre avec lui. Il regarde Fenyx et lui sourit poliment.

- Tiens ! Fenyx ! Cela faisait longtemps.

- Ban ! Ils ne veulent pas me laisser entrer !

- Oh ? Il regarde Halsim et moi de haut en bas comme pour nous analyser avant de s’approcher. Je suis navré que l’on t’offre un tel accueil. Tu as des camarades forts intéressants ! Je suis le soldat Esteban Leorndias Hemerite et vous ?

On se regarde avec Halsim, peut enclin à nous présenter à cet elfe nocturne très louche. Néanmoins il ne semble pas hostile à notre alliée de circonstance. Fenyx n’attend d’ailleurs pas qu’on réponde de nous-même, plutôt pressée d’en finir.

- Mon super copain Tyr et sa… Connaissance Halsim. On a besoin d’aller aux archives pour une mission avec eux mais elle ne veut pas nous laisser entrer ! Tu peux nous aider ?!

- Eh bien, eh bien… On dirait que les affaires reprennent pour toi, j’en suis ravis. Malheureusement, je ne suis qu’un simple soldat, moi-même sans ordre de mission officiel je ne puis entrer.

- Ah oui ! Attend !

Elle sort de sa poche un avis de mission tous froissé mais intacte et le pose avec un peu de violence sur le rebord du comptoir d’accueil. La femme arc un cil puis le prend pour l’inspecter.

- Hum… Moui… C’est peut-être authentique. Je vérifie quand-même.

Elle prend son temps pour vérifier, ce qui laisse le curieux elfe tous le loisir de nous reluquer. La femme, tout en vérifiant le papier en le défroissant, demande à cet elfe ce qu’il veut d’une manière tout aussi peut accueillante que pour nous.

- Je dois aussi allez aux archives, quelle belle coïncidence.

- Vraiment ? Vous savez que peu de gens peuvent se vanter de pouvoir y aller ? Votre papier.

Il le lui montre et après inspection elle soupire, déçue.

- Oui bon, se sont bien des vraies vous pouvez y aller. Mais par contre vous vous démerdez pour trouver car-

- Je sais déjà où cela se trouve. Dit-il en souriant avant de regarder Fenyx. Puis-je t’accompagner ma chère Fenyx ?

- Ouai ! Avec plaisir !

Nous suivons donc Esteban en prenant la porte de droite qui mène à des bureaux bien calmes puis nous descendions quelques marches avant de nous engouffrer dans une grande salle de communications avec toutes sortes de moyens dont la plupart que je n’avais encore jamais vu. Nous la passons rapidement en évitant les gens et les bidules magiques en tout genre. Pour une petite entrée sur le côté droit menant à des escaliers en colimaçon où nous descendions deux étages éclairés par des pierres luminescentes de couleurs bleutés. De là, seul un garde, un élémentaire de métal surveille une grande porte. Il se lève de son petit bureau d’appoint pour nous saluer poliment.

- Salutation Myr. Dit Esteban. Nous allons aux archives tous les quatre, peux-tu nous laisser entrer ?

- Vous avez une mission de la part d’Amos en ce qui concerne Fenyx, Tyr et… Halsim. Et vous de Wiskels. Prenez ces bracelets de repères avant de passer la porte.

- Je vous remercie Gardien. Déclare l’elfe avant de mettre une sorte de bracelet en métal gris avec une pierre blanche au milieu.

Le bracelet semble s’adapter à son poignée et n’est absolument pas ample, on dirait presque qu’il le sert. Je ne suis pas sûr que je veuille mettre ça, je ne sais pas ce que c’est. Je regarde Halsim, hésitant.

- Il s’agit d’un bracelet annulant la magie pour éviter les vols mais aussi utile pour vous retrouver. En général je passe mon temps à retrouver des gens qui se perdent. Tout objet magique ne peut être emporté, laissez-les moi ainsi que vos armes.

- Faites-lui confiance vous deux, commence l’elfe. Ce n’est pas la première fois que je viens. La porte détecte chaque objets magiques. Et Myr pour savoir si vous cachez des armes. Il est normal qu’il y ai tant de précautions, après tout, nous allons dans une vraie bibliothèque truffée de secrets particulièrement intéressants. Qu’elle soit aussi bien gardée est évident.

Esteban pose son bouquin sur le bureau de Myr, dont sa puissance révèle en effet bien son titre. Un gardien qui passe son temps à faire le pet devant une porte… C’est… Triste non ? Il ne quitte donc jamais la porte ? C’est étrange… C’est comme si son aura est absente, on dirait que l’on parle à quelqu’un qui n’existe pas. Pourtant il est bien ici, rangeant carrément dans son corps le bouquin d’Esteban. Je regarde de nouveau Halsim puis Fenyx.

Spoiler:

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Halsim soupira et roula des yeux en l’air. Encore ce genre de situation et de personnage qu’elle n’aimait pas. Il était compliqué pour elle et sa paranoïa de se défaire de ses armes et seuls moyens de défense, mais puisqu’il le fallait, elle serait bien obligée d’en arriver là. L’avantage, c’était que son corps était également une arme redoutable, et qu’elle n’avait besoin de son équipement pour se défendre. Elle se décida enfin à sortir sa dague, puis une autre, elle défit une lame rétractable, un couteau dissimulé dans une de ses bottes, une fiole de poison, des couteaux de lancer, une fine et courte corde dont l’utilité resta un mystère pour pas mal de monde, un katar, et quelques billes en acier. Tout le monde la fixa avec des grands yeux, s’attendant presque à ce qu’elle sorte une arme de plus de son arsenal conséquent.

« Vous avez terminé ? » demanda le colosse de métal à l’attention d’Halsim qui afficha un sourire amusé.
« Oui, sauf si vous considérez mes mains comme une arme. Mais là, je serais bien embêter pour vous les déposer ! »

Myr resta insensible à ce trait d’humour et se contenta d’ouvrir son compartiment abdominal pour y faire glisser tout cet équipement. C’était à se demander comment tout cela pouvait rentrer à l’intérieur. Y avait-il une forme de magie pour que tout soit plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur ? Probablement…

Fenyx, quant à elle, n’eut rien à déposer. Elle n’avait emporté aucune de ses armes avec elle. Elle dut cependant se plier, comme tous les autres, à enfiler le bracelet anti-magie afin d’accéder aux archives de l’Ordre. Tout le monde était finalement prêt à pénétrer dans ce lieu entouré de tant de mystère, protégé comme pu l’être un lieu saint. Myr activa un mécanisme à l’aide d’une pression sur un levier et des glyphes entourant la porte d’accès se mirent à scintiller. Les portes s’ouvrirent, non pas comme on aurait pu s’y attendre en battant, mais en coulissant, ce qui surpris pas mal de monde. Face à eux, une petite cabine, avec un revêtement en bois laqué, avec de somptueuses gravures. La compagnie resta interdite, mise à part Esteban qui était déjà venu. Il afficha un sourire amusé en voyant les regards d’incompréhension des autres et leur fit signe de le suivre à l’intérieur.

« Qu’est-ce que vous recherchez ? » demanda Esteban.
« Heu… Bonne question… » répondit Fenyx qui ne savait pas trop par où commencer.
« Des rapports de mission concernant des Célestiens. » conclut Halsim.
« Des Célestiens ? Aaaah ! Intriguant ! » commenta l’elfe. « Très bien… Section rapport de mission ! Mot clé : Célestien ! » déclara-t-il.

A ces mots, la porte se referma derrière le quatuor avant qu’il ne sente le sol se mouvoir sous ses pieds. Ils commencèrent à paniquer tous les trois, terrorisés à l’idée de tomber et s’écraser, tandis que l’elfe se mit à rire de leur peur vaine. Il n’était pas en train de tomber, seulement en train de descendre. Les panneaux de bois disparurent à leurs côtés ne laissant qu’à leur pieds une plateforme de marbre auréolée d’une pulsation magique bleutée, qui allait de pair avec des glyphes qui s’illuminaient paisiblement. Il flottait dans les airs, au milieu d’un espace qui leur sembla infini. Il y avait une espèce de flou lointain, qui leur donna le vertige… des millions et des millions de rangées de parchemins, de rouleaux et de livres s’étendaient sur des étagères qui ne semblaient plus avoir de fin. Autour d’eux, d’autres plateformes comme la leur, sur lesquelles se tenaient d’autres membres de l’Ordre qui venaient consulter les archives ou les y déposer. C’était titanesque… les allées étaient large de centaines de mètres, il y avait là de quoi remplir toutes les bibliothèques de Midgard réunies, et même cela n’aurait suffit à contenir tout ce qui se trouvait ici.

Le disque volant se déplaça à une vitesse vertigineuse jusqu’à la rangée souhaité, donnant une terrible sensation d’être aspiré à leurs occupants. Tyr se sentit très mal, lui qui ne supportait déjà pas bien le vol en dirigeable. Les livres, les parchemins, défilaient à une telle rapidité qu’il en eut la nausée et ne tarda pas à en vomir alors que Fenyx le soutenait tant que mal. Esteban dévisagea l’élémentaire, semi-dégoutté, semi-amusé. Halsim, quant à elle, se cramponnait tant bien que mal au champs de force qui les empêchait de tomber de la plateforme. Le calvaire dura un moment avant que le groupe n’arrive enfin à la section recherchée. A la surprise d’Halsim, les rangées semblèrent vides et elle dévisagea Esteban avec colère.

« Hé ! Mais où sont les rapports que l’on cherche ?
- Patience, voyons ! Les archives sont en train de les réunir !
- Quoi ? Comment ça ? »

Soudainement, les étagères commencèrent à se remplir de documents, de rapports, d’illustrations, tous réunis en rouleaux selon les différentes missions. Ils portaient tous des cachets de différentes couleurs, mais tous sans exception arborait un symbole en forme d’étoile. Sans doute était-ce là la façon de désigner tous les documents en rapport avec les célestiens. La plateforme se mit alors à s’agrandir et s’étendre afin qu’il y ait un espace suffisant pour que se matérialise une table et des sièges afin de consulter avec le plus de confort possible les archives à leur portée.

« Surprenant, n’est-ce pas ? » demanda Esteban, amusé.
« Je dois l’avouer… c’est incroyable. » déclara Halsim qui ne pouvait contenir son admiration devant une telle magie.

Fenyx aurait bien manifesté son enthousiasme aussi, mais elle était en train d’épauler Tyr afin que ce dernier se remette de son vertige et de ses nausées.

« Ça va aller, Tyr ? » lui demanda-t-elle.

Tous dans cette salle des archives est vertigineux ! Littéralement ! On nous fait d’abord descendre pour ensuite quitter cette affreuse boîte métallique afin de léviter et avancer sur une plateforme infernal. Lorsque je ne suis pas prit de nausée par ça je regarde autour de moi et m’aperçois que les objets vols. Les documents, les dossiers, les livres et livrets, les parchemins, les feuilles volantes et autres papiers se réorganisent autour de nous. L’endroit est immense et imposant, un véritable bazar organisé. Jusqu’à ce que je vide le maigre contenu de mon estomac sur cette maudite planche volante où nous nous trouvons. En arrivant je pensais devoir nettoyer mais balayette et seau arrivent pour enlever tous ça et sans personne pour les manipuler. Qu’est-ce qu’il se passe avec ces archives ? Elles sont hantées ? Quelle est cette magie ? Pourquoi ce n’est pas une archive tous ce qu’il y a de plus classique ?! Bon, je n’ai jamais été dans une salle d’archive mais j’imaginais bien quelque chose ressemblant à une bibliothèque. Pas à une attraction !

J’incline la tête de bas en haut à la question de Fenyx qui, et je ne m’y attendais pas, reste auprès de moi. Je frissonne légèrement et m’aperçois qu’il fait bien plus frais ici et que des cylindres creux munie à l’intérieur de sortes de pales mouvantes fait circuler de l’air. Nous sommes donc réellement sous terre ? Je vois la plateforme se former en fauteuils et banquettes un peu plus loin.

- Eh bien ! Cela ne fait pas beaucoup ! S’exclame Esteban en voyant les documents se poser. Hum… On étendra les recherches après.

Je regarde la maigre pile de dossiers et en prend un au hasard. C’est écrit en pattes de mouches ! Et lui ? Ouah… Là l’écriture est véritablement soignée. Et là ? Hum, on dirait que la personne a beaucoup appuyé par endroit. Je m’attendais à moins de papiers pour ma part, je suis surpris qu’il y en ai autant.

- Bien, alors que devrions-nous trouver ? Questionne l’elfe à Fenyx.

- Une célestienne qui s’appelle Rebecca. Répond-t-elle avec assurance.

Je décide de prendre le relais.

- Cheveux blonde, yeux vertes, peau blanc. Dis-je avec sérieux.

- Les cheveux blond, les yeux verts et la peau blanche… C’est noté, autre chose ? Je ne sais pas, un indice quelconque ?

Je réfléchis un instant, ne sachant pas si elle l’a gardé ou pas. En même temps Wraith n’aurai pas laissé ça. Mais alors pourquoi ne pas l’avoir incarnée comme moi, à l’Ordre ? Peut-être à cause de Tergeaune le chauve que je vais massacrer ? Tsss’… Tentons.

- Marque sur sa main gauche possible.

- Une marque ? Comme… Une tâche de naissance ?

- Non. Dis-je, les dents serrées. Inflamme marque magique.

- Inflamme ?

Il me regarde avec des yeux comme deux billes rondes. Je soupir, j’ai dû me tromper de mot.

- Enflamme.

- Une marque de feu magique ?

- Non. Marque magie herm… Mauvais.

- Aaaah ! Infâme ! Tu voulais dire infâme. Eh bien dit donc mon cher, on peut dire que tu es bien chanceux de tomber sur quelqu’un sachant bien lire, écrire et parler pour trouver ta Rebecca. Repose-toi donc, laisse-nous ces dossiers. Après tous, tu dois encore te sentir nauséeux.

- Je sais lire. Dis-je à cet avorton qui me prend de haut d’un ton austère.

- Vraiment ? Me répond-il en me fixant étrangement dans les yeux. Alors lis plus souvent, cela te permettra de mieux parler et de facto, mieux écrire. Je vais quand-même repasser derrière-toi au cas où.

Je vais lui montrer à cet espèce de rat de bibliothèque que je sais lire. Si je trouve le moindre indice sur Rebecca je vais pouvoir lui mettre sous son nez. Pfft’… Qu’est-ce que je fais ? Peut importe. Je m’en moque qu’il me prenne lui aussi pour un imbécile. Le plus important est de trouver Rebecca. Il prends pas mal de dossiers, remarquant qu’il s’occupe d’écritures autres que le Midgardien. Au moins il cherche réellement à nous aider. Je prends avec moi les trois dossiers d’écritures très différentes et va sur la banquette pour commencer la lecture.

Fenyx jugea sévèrement Esteban du regard sans rien dire pour autant. Elle n’aimait pas trop son petit ton supérieur et sa façon de taquiner les gens comme ça. Elle l’aurait bien remis à sa place, mais le lieux et les conditions ne s’y prêtaient pas. Elle préféra ignorer sa mesquinerie et alla s’installer à côté de Tyr pour l’aider à éplucher les rapports qu’il avait pris avec lui.

« Un coup de main ? » demanda-t-elle.
« Pas besoin, je sais lire ! » s’entêta le jeune élémentaire.
« Je sais, mais ça ira plus vite à deux.
- D’autre rapports à regarder, pas obligé de regarder sous mon épaule…
- Tu veux dire : au-dessus ton épaule ! » rectifia Fenyx. « Ca ira, Esteban en a déjà pris pas mal, et ta copine la célestienne a l’air de s’en sortir seule. Tu sais, faut pas faire gaffe aux mesquinerie d’Esteban. C’est sa façon à lui de créer des liens. Il est pas méchant, juste un peu… taquin.
- Tapin ?
- Heu… Non ! Pas tapin, ça c’est pas du tout bon ça ! Taquin, ça veut dire espiègle, heu… il fait des blagues un peu embarrassantes mais pas méchantes ! Tu vois ?
- Hum… »  

Tyr resta silencieux et se replongea dans la lecture des rapports, ignorant totalement les tentatives de Fenyx de se rapprocher. Cependant, c’était mal connaître cette jeune recrue de l’Ordre qui avait la fâcheuse tendance d’insister toujours un peu trop. Elle s’assit à côté de lui et attrapa l’un des trois rapports que Tyr avait posé devant lui. Ce dernier en semblait fort agacé mais se garda de commentaire pour replonger dans son étude du document.

« Et cette Rebecca, c’est qui pour toi, au juste ? Nan, parce que t’as l’air quand même de vachement y tenir ! C’est vrai, t’as l’air dans tous tes états quand on en parle. C’est bien la première fois que je vois une petite étincelle de quelque chose briller dans ce regard un peu morne. C’était ta petite amie ?
- Pourquoi ? Ça t’intéresse ? » répliqua froidement Halsim qui vint en renfort.
« Quoi ? Heu… Naaan ! On se connaît à peine ! Mais quand même, il a l’air vachement motivé par cette Rebecca ! C’est un truc super important pour un élémentaire ! Y a beaucoup de nos semblables qui sont capables de prouesses magiques par amour pour quelqu’un.
- Pfff… Et si tu lisais ces rapports et que tu nous aidais au lieu de jacqueter ? Je n’arrive pas à me concentrer sur ma lecture avec tes piaillements ! » grogna l’assassine.
« Roooh ! Ca va ! J’essayai juste de comprendre, moi ! » soupira Fenyx.
« N’essaie pas de comprendre, tu n’y arriveras pas… » déclara sèchement Halsim avec un regard sombre. « Tu n’as pas perdu ton monde, tu ne peux pas comprendre ! »

Fenyx déglutit. La remarque avait été froide, cinglante, teinter de vérité, sans le moindre filtre. Halsim et Tyr venaient d’un autre monde qui avait connu l’extinction. S’ils recherchaient désespérément cette Rebecca, c’était dans l’espoir de retrouver quelque chose de leur ancien monde, de leur passé, quelqu’un de familier pour ne plus ce sentir si seul dans un monde inconnu et vaste. C’était profondément triste et tragique, et Fenyx ne pouvait que s’imaginer le mal qu’ils pouvaient endurer à traverser les terres de Midgard sans rien reconnaître, sans rien savoir de ce monde inconnu à leurs yeux. Pourtant ils étaient bien là, et la jeune recrue de l’Ordre se donnerait tout le mal qu’il faudrait pour que Tyr et ses amis de l’autre monde se sentent comme chez eux. Elle abandonna donc l’idée de discuter et se plongea dans l’étude des rapports afin de trouver une trace de cette Rebecca, un espoir pour ses nouveaux amis qu’elle aimerait bien avoir.

Plusieurs heures s’écoulèrent à étudier les rapports sans qu’aucune trace d’une quelconque personne avec une marque magique soit présente. Ils trouvèrent bien quelques mentions qui correspondaient à la description de Rebecca, il y avait bien une célestienne dans un des rapports qui faisait état d’une jeune femme aux cheveux blonds, mais sans aucune certitude, d’autant qu’elle n’avait apparemment aucune marque sur la main gauche.

« Je ne sais pas si ça pourrait être elle, mais apparemment elle se trouve ici, à la Citadelle. Ça ne coûte rien d’aller la voir. » suggéra Halsim. « Mais je doute que ça soit vraiment elle… »
« Au pire, vous pouvez continuer les recherches pendant que Tyr et moi allons voir cette… comment déjà ? Ah, oui ! Maïa ? Si ça se trouve, c’est juste un nom d’emprunt. » proposa Fenyx.
« Ouais… ou alors on te laisse avec ton pote elfe, et c’est nous qui allons l’interroger. » pesta Halsim.
« Ce n’était qu’une proposition… » soupira Fenyx.

On peut dire qu’Halsim ne mâche pas ses mots et bien qu’elle est raison, la façon dont elle s’adresse à Fenyx me fait penser à la mienne. A cette façon dont je répondais aux gens, sec et punitif dans le sens où je dévalorisais toujours les actes (surtout empathique) des autres. C’était surtout le cas avec ceux dont l’empathie est très visible et démonstrative comme Wraith et Rebecca. Une façon pour moi de me protéger de ce que je voyais comme une menace ou bien de la bêtise. Et bien que je réfléchisse bien plus à ce que je vais répondre à ce genre de démonstration il m’arrive encore de penser qu’ils soient bêtes et faibles d’esprits. J’imagine que pour Halsim, je ne dois pas être loin de la vérité. Nous venons du même monde après tout et pas uniquement de la même planète mais aussi du même genre de monde. Celui des hors la loi, du chacun pour soi, le tout pour l’argent et la vie qui ne vaut rien. De ce qui commettent l’effroyable pour une vie implacable, ce qui trichent, mentent et tuent car il n’y avait que comme ça qu’ils existaient. Dans la colère, le paraître, l’envie… Comprendre que tu ne vaux rien sauf lorsque tu commets des atrocités pour un peu de pouvoir, de richesse et de domination.

Mais je ne parviens pas à redire quelque chose là-dessus à Halsim. On vient de se retrouver et c’est la seule personne que j’ai revu depuis mon commencement ici. Et Halsim… Je ne voudrais pas qu’elle reparte. J’ai cette sensation d’abandon rien qu’à penser qu’un jour elle repartira. Car c’est une personne libre qui vol au vent. L’insaisissable assassine bien plus bonne qu’elle ne l’acceptera. C’est ça que je perçois comme une menace, l’attachement envers les autres. Cela semble toujours conduire vers la même voie : la mort et la solitude. Peut importe combien tu t’attaches aux gens, ils finissent tous par te laisser seul d’une manière voulu ou non. Alors je reste interdit face aux propos d’Halsim, de sa manière de parler à Fenyx car pathétiquement je souhaite être encore un peu auprès d’elle. Bien que tirailler entre ma joie et ma peur.

- Halsim et moi a-a… A-allons voir Maïa. J’ai besoin de Esteban et toi ici si Maïa n’est pas Rebecca. Dis-je en me levant. N-Nous connaître arcaëllien donc plus apte à faire.

Je regarde la plateforme en soupirant intérieurement qu’on va déjà devoir refaire le chemin à l’envers puis Halsim.

- Allons vérifier, on va devoir procéder par élimination pour la trouver. Lui dis-je en arcaëllien. Ça va être rapide à savoir je pense. On lui parlera dans notre langue d’origine si elle n’a rien oublié et si c’est le contraire peut-être la retrouvera-t-on dans sa façon d’être ou bien grâce à son physique.

- Oh… Alors c’est ça le langage des « arcaëllien » ! Fait l’elfe visiblement intéressé. C’est donc pour ça cet accent, je comprends mieux. Et par le plus grand des hasard vous ne voudriez pas nous faire partager votre langue morte ?

- Si plusieurs on parle arcaëllien alors langue pas morte.

Je lui tourne les talons puis avance vers la plateforme. Comme si nous allions apprendre à un type au pif notre langue natale ! Se serait lui apprendre notre culture, notre savoir, nos croyances… Et cette langue non parlé par des Midgardiens excepté Chono et sa bande je ne saurais pas lui enseigner. Et je ne le souhaite pas. Seul ceux qu’on estime auront le droit.

Fenyx regarda Tyr et Halsim partir ensemble à la rencontre de Maïa tandis qu’Esteban paraissait plutôt outré qu’on lui refusa le droit d’en connaître plus sur l’arcaëllien. Après un moment de pur silence, la jeune recrue de l’Ordre se tourna vers son ami elfe et fronça les sourcils.

« Mais qu’est-ce qui t’as pris de lui demander ça ? Je sais bien que tu es curieux, mais quand même…
- Et bien, oui, figure toi ! Je suis curieux ! Quel mal y a-t-il à cela ? Moi, au moins, je ne lui fais pas les yeux doux !
- Les yeux doux ? Je ne fais les yeux doux à personne ! J’aide Tyr comme j’aiderai un autre membre de l’Ordre à s’en sortir. Solidarité entre élémentaire.
- Oui… Bien sûr. Tu sais, je crois que cette Halsim aussi a remarqué que tu en pinçais pour ton nouvel ami. C’est pour ça qu’elle l’a embarqué loin de toi.
- Mais pas du tout, enfin ! Puisque je te dis que je n’en pince pas pour lui ! Je veux juste me faire un nouvel ami, c’est tout ! Pourquoi tout le monde imagine toujours qu’une femme ne peut pas se faire un ami masculin sans que ce soit forcément pour s’en faire un amant ? »

Esteban, voyant que Fenyx commençait à s’enflammer – figurativement seulement à cause des bracelets anti-magie -, n’insista pas trop là dessus et haussa les épaules d’un air vaguement désintéressé.

« Bon bon, soit ! Fais comme si je n’avais rien dit ! Bon… Tu m’aides ou pas ? Je te signale que c’est ton objectif, ma grande, pas le mien ! »  

Fenyx soupira d’un air désespéré et évacua sa frustration en balançant une flopée de juron. Si sa magie n’avait été bloquée par le bracelet, elle aurait sans doute craché des flammes et brûlé la moitié des archives présentes…


Halsim et Tyr sortirent des archives par le même endroit qu’ils avaient emprunté à l’aller. Ils passèrent devant Myr et lui rendirent les bracelets avant d’expliquer brièvement les raisons de ce départ soudain. Le gardien des archives ne chercha pas d’avantage d’explication et laissa les deux arcaëlliens quitter les lieux. Ils se rendirent alors de bon train à ce qui s’appelait « La Ruche », une tour composé de différentes pièces, toutes de forme hexagonale, comme les alvéoles d’une ruche, d’où le nom de ce lieu. Elles étaient accessibles via des plateformes de pierre, alimentées en lumoria afin de les faire se mouvoir de haut en bas, et droite à gauche et d’avant en arrière.

« Il n’y a qu’à la Citadelle que l’on voit des trucs comme ça ! » commenta Halsim, qui ne cacha pas son ébahissement. « Tu est déjà venu par ici ?
- Oui. » répondit simplement Tyr. « Avec les entraînements que j’ai subi ici, il a bien fallu que je passe par l’infirmerie, un moment ou un autre.
- Ça, c’est leur infirmerie, ça ? » S’étonna l’assassin.
« Oui.
- Remarque, ça fait sens, il semblerait que Maïa ait été intégrée à l’Ordre en tant que guérisseuse. Ça collerait bien à Rebecca, elle qui voulait maîtriser le fluide äan… enfin… la magie de soin quoi ! »

Tyr hocha simplement la tête et prit les devants pour mener sa congénère auprès de l’équipe de guérisseurs qui était affairée à leur travail. Au centre de la ruche, se trouvait quelques bureaux d’accueil où des lettrés étaient en train de ranger quelques dossiers ou de guider des patients vers différents services de soin. Halsim s’approcha de l’une d’entre elle qui était une femme d’age mûr, les cheveux roux assez courts, avec de grandes lunettes rondes et très épaisses, qui lui donnait un air particulièrement sévère.

« C’est pour quoi mon chou ? Tu t’es cassé un ongle ? » demanda-t-elle d’un air désobligeant.
« Nous voudrions contacter la guérisseuse Maïa.
- Maïa comment ? On a plusieurs Maïa dans notre service.
- Heu… Une jeune femme blonde…
- Ah ouais ! Cette Maïa ! Ben qu’est-ce que vous lui voulez à Maïa, exactement ?
- C’est pour une enquête interne ! » expliqua Halsim. « Nous recherchons quelqu’un et elle pourrait nous aider.
- Haaaan ! Je vois ! Chuis désolée mon chou, mais va falloir attendre. Maïa est en pleine consultation, là ! Mais j’vais lui transmettre un message si vous voulez. C’est quoi vos noms ? »

Halsim soupira. Elle aurait préféré aller directement voir cette Maïa et lui poser des questions, sans passer par cette insupportable hôtesse d’accueil qui n’avait visiblement pas compris à quel point il était urgent pour elle de rencontrer la guérisseuse.

« Dites nous simplement où elle se trouve ! » insista Halsim.
« J’ai bien peur que je ne puisse pas vous aider, J’ai pas l’droit d’vous donner cette information. Vous êtes sûrs que vous voulez pas lui laisser un message ?
- Je te laisse faire Tyr, sinon je crois que je vais la buter… » grogna Halsim qui s’éloigna du bureau.

Moi qui pensait que je n’aurais pas à parler. Mais on dirait que cette pouf a fait perdre patience à Halsim. Bon, faut dire que ce n’est pas son point fort bien qu’elle a une certaine patience. Enfin… Somme toute bien mesurée. On dirait que c’est à moi de parler à cette réceptionniste à la voix agaçante. Comment vais-je m’y prendre ? Je sors le rouleau avec l’ordre de mission pour lui montrer mais elle m’arrête d’un signe de la main.

- Tu peux te le ranger ton papelard mon biquet ! Lorsque que le personnel soignant est en pleine opération rien ne peut venir le déranger, pas même ton truc !

Je tente d’insister en voulant dire qu’il s’agit d’une mission du fondateur lui-même mais elle ne me laisse même pas en placer une.

- En plus là c’est le cerveau alors faut vraiment pas venir la déranger avec vos questions mon biquet, tu vas emmener ce p’tit chou avec toi et revenir un autre jour. Et dépêchez-vous car y’a des gens qui attendent derrière-vous.

Putain. De merde. Ouai, sa façon de parler est clairement fait pour énerver son monde. C’est une bataille verbale pour lui soutirer la moindre information. Je suis clairement pas à son niveau pour obtenir ce que je veux mais on est dans un hôpital non ? C’est bien fait pour soigner. De toute façon c'est soit ton crâne soit le mien. Puisque tu ne veux pas me donner ce que je veux j’irai le prendre ailleurs. Je mets mes mains devant son bureau après avoir rangé l’ordre de mission puis me penche légèrement en arrière en soutenant son regard. Je ne sais ni négocier ni charmer mais je sais intimider. Alors d’un coup et sans prévenir, je m’explose le crâne à son bureau devant ses yeux. Ébranlée par cette soudaine violence envers moi-même et voyant que je n’y suis pas aller de main morte, elle se leva de sa chaise en reculant.

- M-mais mais mais… ! Mais ça va pas bien !!

Soudain, sa gorge se noue sans qu’elle le puisse sortir de nouveaux mots. Je la fixe sans broncher et ce malaise qu’elle ressent s’amplifie. Sa collègue prend le relais après avoir sursauté et bondit de sa chaise elle aussi. Elle demande vite une infirmière pour venir m’ausculter de toute urgence.

- Si on approche moi je recommence. Maïa soigner le cerveau. Si peux pas venir à elle alors elle venir à moi.

L’infirmière arrive mais n’ose m’approcher. Elle regarde la réceptionniste qui regarde sa collègue devant-moi. Quant à moi je fixe toujours cette pouffe pour l’intimider.

- T-tu es prêt à t’ouvrir le crâne juste pour parler à Maïa ?! C’est pas celle-ci qu’il faut voir mais un psy ! Nan maiiiiis… Mais ça va pas bien dans ta tête !!

Je me repenche en arrière.

- Nan, nan, nan ! Euh… Attends ! Tu vas la voir Maïa elle… Elle a p’être prit sa pause hein ! Mais accompagnée par deux gentils gardes en blouses blanches elle viendra p'être...hein ?!

- Maintenant. Dit lui « Arcaëlle ».

La pouffe regarde sa collègue qui se met à fixer l’infirmière qui part en courant. J’espère vivement qu’elle va faire ce que je lui demande et ne pas me ramener un soldat pour me calmer.

- E-Elle va chercher Maïa… A-attendez en salle d’attente s’il vous plais… Ou… Heu...Bon bah rester-là. Ce n’est pas grave. C’est très bien aussi.

Halsim était dépitée, tant et si bien qu’elle n’osa même pas prononcer un mot avant de voir débarquer deux gardes de la Citadelle, ainsi qu’une mage et surtout, une femme qu’elle reconnut rapidement comme étant l’instructrice de Tyr. L’assassin soupira et posa sa main sur l’épaule du jeune élémentaire.

« Je crois que tu vas avoir des ennuis… »

Tyr sembla soudainement mort à l’intérieur, dépité par l’arrivée soudaine et inopinée de Cassandre, l’aqualane instructrice. Cette dernière semblait furieuse et sa main ne cessait de tapoter sur le fouet qu’elle tenait à sa ceinture, ce qui était vraiment mauvais signe.

« Bon sang, Tyr, mais qu’est-ce qui t’as pris ? Tu veux que je convoque le conseil de discipline ou quoi ? » commença par fulminer Cassandre.
« Excusez-le. Tout est de ma faute, je n’aurai pas du l’entraîner dans tout ça… » avoua Halsim qui prit instinctivement la défense de Tyr.
« Évidemment que c’est de votre faute ! J’aurai dû savoir que votre influence néfaste allait lui faire faire des actes répréhensibles ! D’abord votre fuite pendant la mission à Atlantis, et maintenant un scandale au sein de la Ruche…
- Vous ne pouvez pas comprendre ! Vous êtes de ce monde, vous ! » rétorqua Halsim avec agacement.
« Hum… Excusez-moi de vous interrompre… » commença à bredouiller la jeune mage qui accompagnait le groupe de l’instructrice. « Avant d’en venir à la discipline, nous devrions peut-être soigner ce jeune homme, non ? »

Cassandre dévisagea la jeune mage avec sévérité, mais connaissant les priorités, elle fit signe aux deux gardes d’escorter Tyr dans l’une des alvéoles de la ruche afin qu’il y soit soigné. Le groupe entier emprunta une plateforme hexagonale qui les conduisit jusqu’à une cellule vide et on fit asseoir le jeune élémentaire sur une couchette. La jeune mage toute fluette aux cheveux blonds platine s’assit sur une chaise en face de lui et sortit de sa besace une fiole d’encre et un pinceau de calligraphie. Devant l’air surpris de Tyr, elle expliqua :

« Ne bougez pas, c’est ma façon à moi d’user de la magie. Une petite rune de soin, et vous serez sur pied. » dit-elle avec un aimable sourire.

Elle trempa son pinceau dans l’encre luminescente et dessina, avec une extrême précision, un symbole sur le front de Tyr. La mage tendit ensuite sa main devant le visage ahuri du jeune soldat et, la magie commença alors à faire son effet. Le symbole dessiné s’illumina et toutes les contusions, hématomes, et même les traces de sang disparurent. En un instant, les plaies s’étaient refermées, et il ne restait plus une marque de ses blessures auto-infligées.

« Et voilà ! Comment te sens-tu ? » demanda la jeune mage avec douceur.
« Ne sois pas aussi douce avec lui, Maïa ! » fulmina Cassandre. « Il a de la chance que je ne l’envoie pas au conseil de discipline. C’est moi qui m’occuperait de sa sanction. »
« Attendez… Elle s’appelle Maïa ? » s’étonna Halsim qui ne pensait plus qu’à ça.
« Et alors ? » demanda l’instructrice avec méfiance.
« Et alors, merci de nous l’avoir amenée ! C’est justement elle que l’on cherchait !
- Quoi ??? Vous avez fait tout ce remue-ménage pour ça ? Êtes-vous totalement inconscients ? » s’emporta Cassandre. « Et qu’est-ce que vous lui vouliez à Maïa ? Vous n’auriez pas pu venir me voir ?
- On ne savait pas que vous la connaissiez…
- Je m’occupe d’intégrer les spécimens comme vous dans l’Ordre, il y avait toutes les chances que je la connaisse ! Mais non, ça ne vous est pas venu à l’esprit, je suppose que vous préférez vous débrouiller seule !
- Je n’ai pas confiance aux vôtres, ni en quiconque d’ailleurs. » rétorqua froidement Halsim.

La jeune intéressée écoutait attentivement, et plutôt que d’entrer dans la dispute entre Cassandre et Halsim, elle tourna ses grands yeux pourpres vers ceux de Tyr.

« Vous vouliez me rencontrer ? » s’étonna-t-elle avec une voix tout aussi délicate.

La présence fort imposante de Cassandre m’avait fait presque oublier la jeune femme blonde à ses côtés. Une fois dans cette sorte de chambre de soin je pensais que j’allais pouvoir l’interroger sur ses origines seul à seul (ou presque) mais Cassandre et Halsim nous rejoint. Je la regarde, scrute la moindre ressemblance avec Rebecca sans trouver quoi que se soit de probant. Elle est blonde, d’un âge qui corresponde, de grands yeux mais la ressemblance s’arrête-là. Ce n’est pas tout à fait le même blond, ses yeux ne sont pas verts et son visage est différent. Peut-être que pour le dernier critère j’aurai oublier les détails que faisaient le visage de Rebecca mais je n’ai pas oublié ses grands yeux verts émeraudes qui me regardaient avec tant de supplications. Ceci dit, Cassandre dit quelque chose qui me tiqua légèrement : « les spécimens comme vous ». Cela veut dire qu’elle a été mise au courant de notre existence avant mon arrivé et qu’elle en a croisé. Au moins celle-ci avant moi. Elle ne m’en avait jamais parlé.

- Tu es une Célestienne ? Lui demandais-je pour confirmer.

- En effet mais comment le savez-vous ? Me répond-t-elle, troublée.

- Alors tu peux parler dans notre langue. Affirmais-je en Arcaëllien.

- Pas devant-moi Tyr ! Me corrige Cassandre. Je veux savoir exactement de quoi il en retourne et pourquoi tu recommences à agir comme une bête sauvage. Alors répond-moi avant que ta note s’allonge, qu’est-ce que tu lui as dis ?

- Ma… Note ?

- Ne commence pas ! D’abord tu abandonnes ta mission aux côtés de ta copine et Talion et ensuite tu fou le bordel dans notre clinique avec sois-disant un ordre de mission. Ne fais pas l’imbécile Tyr, tu le sais très bien : Je t’aiderais de gré ou de force à rentrer dans les rangs.

Elle me fixe, attendant une réponse mais je n’en donne aucune.

- Raaah… Ce que tu es énervant lorsque tu ne dis rien ! Bon, si c’est comme ça alors je peux très bien t’arrêter pour danger envers la population et te laisser croupir un moment dans une petite cellule où tu auras toute l’occasion de te fendre de crâne.

Elle sort ses menottes avec de petits piques à l’intérieur gravées de runes. Ce sont ses menottes anti-magie et rébellion en tout genre où plus tu résistes plus ses épines s’enfonce dans ta chair jusqu’à ce que tu ne puisses plus sentir tes mains. Comme si cela allait m’effrayer. Je lui sort le document et lui tend sans rien dire. Elle me le prend rapidement et commence à le lire à haute voix tout en analysant aussi bien le fond que la forme. Elle sembla étonnée et commence à le replier pour le ranger dans une de ses poches.

- Tu as toute mon attention.

Je ne lui répond pas, regardant sa poche avant de la fixer en fronçant légèrement les sourcils.

- Tu ne veux pas me faire ce plaisir de me le dire à voix haute n’est-ce pas ? Alors je vais faire le résumer pour tous le monde. Tyr s’est dit, après avoir retrouver sa copine l’assassine, que c’était une bonne idée de chercher les autres membres de son ancienne vie. Pour cela il a carrément détourner un sergent chef de sa mission et fait escapade auprès de notre grand fondateur pour sa nouvelle lubie. Et donc il a trouvé la première célestienne venue qui ressemblerait à sa dénommée Rebecca et lorsqu’il a été confronté à la réalité il n’a pas supporté et s’est conduit comme une bête sauvage. Tous ça pour qu’au final on lui réponde qu’elle n’est pas sa Rebecca qu’il a connu car Maïa se nommait déjà ainsi de son ancienne vie. Donc tu as fais tous ce foutoir pour rien du tout hormis sa punition exemplaire qu’il va effectuer dès maintenant. Peut-être que comme ça il va apprendre qu’il faut me consulter avant d’entreprendre quoi que se soit.

Elle me met les menottes devant mon nez.

- Tu te les passes toi-même ou bien ces messieurs s’en chargent pour toi ?

Je regarde Maïa pour confirmation qu’elle n’est pas Rebecca mais celle-ci ne pu répliquer car Cassandre l’éloigne délicatement de nous en lui demandant dans le même temps de reculer poliment.

- Je suis désolée que ce sauvage t’es importunée Maïa, tu peux reprendre le travail à présent car il ne t’embêtera plus.

Elle fixe ensuite Halsim.

- Quant à vous je vous suggère de vous reprendre. Malheureusement vous n’êtes pas à ma charge alors voici mon conseil : n’entraînez pas Tyr dans vos magouilles et si vous poursuivez vos recherches il ne va pas falloir compter sur lui car il va devoir réfléchir au chaud dans une cellule sur ses actions.

Les deux gardes viennent sur moi, l’un veut m’attraper pendant que l’autre souhaite me glisser les menottes ! Me sentant agressé, je me défends sans réfléchir et avec mes capacités mettre à terre deux pauvres gardes n’a pas été difficile. Je déteste ça, être touché. Ils se relèvent non sans peine et l’un fait même de la magie mais je le stoppe directe d’un coup à la glotte. Je finis par prendre les menottes et les menotter ensemble, par leurs mains droites avant de les remettre à terre. Soudain je sens l’air glacial émanant de Cassandre qui arrive d’un coup à me figer sur place par un coup de fouet m’agrippant le poignée. La glace rampe tellement si vite sur moi qu’elle envahit tous mon corps jusqu’au cou. Elle reprend son fouet et la glace recouvre le reste.

- C’est bon ? Calmé ? Tu n’es pas dans ton monde où tu pouvais faire ton hors à loi impunément. Je ne sais pas ce que tu étais autrefois mais tu en as encore gardé des traces qu’il va falloir corriger. Le grand Amos vous aimes bien, il a énormément de compassion pour vous et c’est comme ça que vous remerciez sa bonté envers vous ? En mettant la pagaille dans son domaine ! Prenez exemple sur Maïa, elle s’est parfaitement intégrée malgré tous ce qu’elle a pu traversée. Vous, vous venez comme des pillards à mettre à sac notre merveilleuse cité et prendre ce qu’il vous plais. Alors tant que je serais sa tutrice, cela ne se passera pas ainsi.

Halsim grinça des dents, assistant, impuissante, à ce spectacle pathétique. Elle jugea qu’intervenir ne serait pas rendre service à Tyr, il n’aurait pas été judicieux de tenir tête à Cassandre et mettre encore plus de désordre au sein de la Citadelle, d’autant que comme elle le disait : ils avaient été invités par Amos. Cela n’aurait pas été juste de le lui rendre ainsi, en causant tout ce bazar.

« Je ne pensais pas qu’il agirait de la sorte… » avoua Halsim. « Je suis désolée pour le dérangement, Instructrice. Je vous promets que je ne causerai pas d’autre tumulte. Quant à Tyr… ne soyez pas trop dur avec lui. Toutefois, s’il lui arrivait le moindre mal, sachez que je ne promets pas de rester neutre dans l’affaire. J’ai fait une promesse et je m’y tiendrai !
- Vous me menacez ? » grogna Cassandre en fronçant les sourcils.
« Non, c’est un simple avertissement. Je ne peux pas vous donner tort, Tyr a mal agi… Comme d’habitude, il fonce tête baissée avant de réfléchir. Faites comme bon vous semble du moment qu’il ne lui arrive rien de mal, je vais continuer mes recherches, avec la permission de l’Ordre. Je vous promet de ne pas me comporter comme une pillarde. » déclara froidement l’assassin.
« Cela ne me plaît pas, mais bon… Contrairement à Tyr, je n’ai aucune autorité sur vous, et vous êtes une invitée de l'Archimage… Soit ! Vous pouvez partir, mais pas Tyr ! Toi, tu vas rester avec moi ! » déclara Cassandre.

L’assassin jeta un dernier regard à Tyr et soupira :

« Je suis désolée… On se revoit plus tard. Je te tiendrai au courant de ma progression dans l’enquête. »

C’est à contre-coeur que Halsim quitta la pièce et la compagnie de son jeune ami. Malheureusement, il n’y avait rien en son pouvoir pour lutter contre l’autorité de Cassandre, cela aurait été malvenu de se mettre l’Ordre à dos et ainsi tirer un trait sur les ressources qui les aideraient à retrouver Rebecca. Halsim en était toutefois convaincue, Tyr comprendrait sa décision et ne lui en tiendrait pas rigueur. Elle l’espérait en tout cas.

« Bien, on va s’occuper de toi, à présent ! » déclara Cassandre à l’attention de Tyr. « Il va falloir que tu comprennes un peu mieux l’intérêt de la discipline…
- Si je puis me permettre, Instructrice… » commença timidement Maïa.
« Oui, Maïa ? » s’étonna l’instructrice.
« Je pense que la discipline, c’est une bonne chose, mais ne croyez-vous pas qu’il faudrait également faire preuve de compassion envers Tyr ?
- Et pourquoi cela ? Vous en êtes bien témoin, Maïa. L’Archimage Amos a fait preuve de compassion envers lui, et regardez le résultat ! J’ai été trop souple avec lui. Après tout, on ne forge pas le métal avec de simples pincettes, il faut battre le fer à feu vif, à coup de masse !
- Mais… Tyr n’est pas un bout de fer, Instructrice. C’est un jeune homme. Je ne vous demande pas de laisser passer son écart mais… pourriez-vous me laisser un instant avec lui ? J’aimerai simplement lui expliquer qu’il peut agir différemment. »

Cassandre fronça les sourcils et semblait à deux doigts de crier à l’insubordination, mais elle resta calme et froide.

« Vous avez cinq minutes, Maïa ! Après, je prends le relai ! Peut-être que votre camarade comprendre mieux si vous le lui expliquez, mais j’en doute !
- Merci, Instructrice ! » déclara la jeune mage avec un petit sourire de satisfaction.
« On se retrouve en bas ! » répondit-elle sèchement.

L’Instructrice laissa donc Tyr et Maïa ensemble, espérant que cette dernière puisse avoir un quelconque effet bénéfique sur son camarade turbulent.

« Je suis désolée de ce qui t’arrive, Tyr. Mais je pense que tu t’es trompée de personne. Je ne pense pas te connaître. J’aurai voulu t’aider à retrouver ton amie, mais je pense que l’Instructrice a raison, tu ne devrais pas te comporter ainsi. Tu sais… Tu n’es pas seul. A la Citadelle, tu auras des alliés, des amis, des frères d’arme. Ce que tu as fait… c’était un peu exagéré. Ça a choqué pas mal de monde, je crois. La prochaine fois que tu te retrouveras en difficulté, n’agis plus tout seul, et surtout pas comme ça. Je comprend que ce soit effrayant pour toi, tout ça, moi non plus je ne suis pas rassuré, j’avais peur quand j’ai débarqué dans ce monde… Et me retrouver seule, sans pouvoir compter sur qui que ce soit, ça m’a fait prendre des décisions… un peu extrême, moi aussi. Mais je m’en suis sortie ! Alors… Hum… Si tu as besoin d’aide, et que cela te rassure qu’elle vienne de quelqu’un qui vient de ton monde, viens me voir, d’accord ? Je serais là pour toi ! Et tu n’auras pas besoin de te faire mal pour ça… Tu venais d’où ? Yban ? Kaïl ? J’étais des Cités Blanches pour ma part. Mais j’ai pas mal vécu à Yban, à Cescan précisément. »

Raaah… J’aurai dû m’en douter que je finirais encore geler sur place. Toujours commencer par les magiciens, surtout sur Midgard où il faut être bien plus vigilant. Pfft’… Nan… J’entends déjà la petite voix dans mon esprit ayant celle de Wraith me dire que « j’aurai dû rester calme », « qu’il ne faut pas aller à contre courant des gens lorsqu’on peut faire autrement » et surtout « ne soit pas si pressé, si tu te maîtrise alors tu auras le temps d’anticiper les situations gênantes ». Pfft’… J’essaie d’être un peu comme toi mais aujourd’hui je ne sais pas pourquoi j’ai rien géré. Pourtant je me maîtrise quand l’autre greluche de Veronica me casse la tête avec sa voix de crécelle pour ne pas l’enterrer vivante sous les pavés de la Citadelle. Ou lorsque Cassandre essaie de me discipliner, ou bien lorsque pour certains gradés je deviens presque leur larbin. Mais là je ne sais pas, est-ce l’empressement ? Mêler à de la frustration du refus par cette pouffiasse de réceptionniste ? Et enfin qu’on me touche pour me malmener jusqu’en cellule ? Ouai… Wraith ne serait pas content. J’essaie d’être « gentil » pour ne pas dire une lavette qui s’écrase pour éviter des problèmes mais parfois j’ai tellement envie de… De les frapper là… Tous ! Ranger sa fierté au profil de ne pas avoir de problème, de faire autrement pour que les choses se passent mieux c’est un travail de tous les jours. Surtout pour ne pas s’énerver de frustration de n’avoir pas encastrer contre un mur les sources des problèmes que je rencontre. Comme la réceptionniste. C’était elle ou moi. La pouffe.

Je fixe Maïa qui eu le droit à cinq minutes avec moi pour me parler seul à seul. Bon, ça ne sert pas à grand-chose si ce n’est pas celle que je recherche. Mais bon.. C’est une Arcaëllienne alors qu’a-t-elle à me dire ? Hum ? Elle veut m’aider ? Pourquoi je me sentirais seul ? J’ai Halsim. Enfin je la retrouverais. Puis... hormis elle oui, c’est vrai que je suis seul. Enfin pas assez à mon goût mais comme je dois me mêler à eux faut que je les côtoies. Maïa me fait part d’où elle venait et me demande de quel coin je viens. Et par rapport aux autres, elle, peut savoir littéralement d’où je viens. Hum… Bon. Elle veut sympathiser avec moi et on dirait un peu Rebecca dans le caractère. Hum… Bon. Pfft’… Ok.

- Kaïl. Lui dis-je à l’Arcaëllienne avant de poursuivre dans cette langue. J’ai fait tous le continent mais j’ai jamais été plus loin. Je connais bien plus les plaines du nord et le Domaine avec son dirigent. Enfin plutôt ses enfants. Bref… . Je cherche une fille nommée Rebecca et je pensais que tu serais elle. Mais tu n’as pas dû la rencontrer car tu n’étais pas du Domaine.

Un petit blanc se laisse, elle semble presque désolée de ne pas être la bonne personne recherchée.

- Elle est comme toi. Gentille et tous... Surtout à ses dépends. C’était une humaine. Moi un Lorcq. Tu étais quoi ? Une humaine aussi ?

- Oh non ! J’étais une Tahora et tu sais… Si tu souhaites vraiment la trouver je peux peut-être t’aider. Il y en a du monde qui passe pour se faire soigner alors peut-être que je l’ai déjà examiné. Ou bien si elle passe un jour…

- Midgard est aussi vaste que notre ancien foyer, je ne sais pas si elle va ressembler à ce qu’elle était avant. Et je ne sais pas où elle a atterri. Je sais juste qu’elle est ici, quelque part.

- Ah…

- Ouai… Je sais. C’est un peu maigre comme piste.

Un nouveau blanc s’installe.

- Tu… Tu as des gens de ta famille avec toi ? Lui demandais-je pour bien utiliser nos cinq minutes avant que madame la reine de l’hiver revienne.

Maïa perdit quelque peu son sourire face à la question du jeune homme. S’il y a bien quelque chose qu’elle regrettait, c’était ses amis, mais elle savait très bien ce qu’il en était pour eux… Quant à un famille, elle préférait simplement ne pas y penser.

« Ma… La seule famille que j’avais, c’était mes deux amis : Brohmac et Sazan. Mais… Ils ont été héroïque jusqu’au bout, Ils étaient de vrais guerriers. Moi… »

Elle s’arrêta un instant et réfléchit. Elle hésitait à en dire plus, de peur d’être un peu trop familière avec cet inconnu, mais c’était une bonne occasion pour faire connaissance, sympathiser avec un ancien arcaëllien. Elle sauta le pas.

« Je n’ai pas été à la hauteur. Je suis sûre que Brohmac et Sazan ont rejoint le Valhalla, c’est ainsi que ce monde est fait. Moi… Je veux les rejoindre, alors je fais tous les efforts du monde pour me démarquer, pour devenir une âme assez valeureuse pour pouvoir prétendre au Valhalla ! Comme ça je pourrais enfin les retrouver. Je crois que devenir guérisseuse à l’Ordre m’aidera à devenir la personne que je veux être. »

La jeune femme eut l’air soudain plus déterminée, comme si prononcer ces mots lui redonner l’espoir de revoir ses amis un jour.

« Je comprend que tu veuilles retrouver ton amie, mais n’oublie pas de ne jamais trahir la personne que tu veux devenir. Peut-être que toi aussi, un jour, tu souhaiteras devenir une âme héroïque. Alors évite de refaire ce genre de bêtise, d’accord ? »

Maïa fixa un instant Tyr, puis la porte d’accès à la cellule de soin avec une légère anxiété. Les cinq minutes allaient être écoulées sous peu, ils devraient alors rejoindre Cassandre et les gardes.

« Si tu as besoin d’aide pour quoique ce soit, n’hésite pas à me contacter. J’ai mes quartiers avec d’autres guérisseuses, dans l’aile des Bourgeons. C’est dans le secteur habitation, non loin de la Ruche. Si je n’y suis pas, laisses un message au gardien du secteur, il saura où l’adresser. Bon, je crois qu’on n’a malheureusement plus de temps, il va falloir rejoindre Cassandre… Ce fut un plaisir de te rencontrer Tyr, j’espère qu’on se reverra. »

Elle, moi ainsi que la majorité des personnes de notre ancien monde ont un peu eu ce genre de vie. Je savais depuis tout petit ce qu’était la misère, la perte, l’abandon. Avant, je regardais les plus misérables que moi avec dégoût car je ne comprenais pas pourquoi ils restaient dans leur inerties. J’observais les orphelins avec envie car je jugeais qu’aucun destin ne venait entraver leur liberté. Puis Wraith m’a montré. Il m’a ouvert les yeux sur les âmes de ceux que jadis, je condamnais si fermement. Et peu à peu pour je ne sais quelle raison, j’oublie des moments passés avec lui à regarder ces lumières, ces âmes perdues au milieu d’une voûte céleste d’un bleu profond. Il ne faudrait pas que je retombe dans mes travers d’avant la chute. Il ne faut pas que j’oublie tous ce qu’il m’a apprit. Je fixe toujours Maïa malgré mon air songeur et avant qu’elle ne parte je lui répond.

- Oui. Dis-je en Midgardien. Merci Maïa.

Elle semble surprise de ma réponse puis s’en alla en souriant. Maïa aurait pu être de ceux que j’ai pointé du doigt. Au vu de sa réponse je pense qu’elle a dû elle aussi subit la misère, la perte et l’abandon. Mais bien que tant de choses funestes a dû lui arriver, c’est une fille qui est encore capable de sourire, d’avoir de la bonté, de la gentillesse. Garder le positivisme malgré les épreuves. En sommes, elle ou bien Rebecca sont bien plus fortes psychologiquement qu’elles ne le pensent. Et pourtant, il leur est quasiment impossible de se défendre autrement que par les mots. Enfin… Ici il y a la magie. Et je suis sûr que Rebecca prendrais une race magique. Sûrement une Mage ou bien une Arcana.

- Quelque chose à redire avant qu’on y aille ? Me demande Cassandre qui arrive bien vite avec plusieurs types de menottes ainsi qu’une longue chaîne.

Je la regarde pour la sonder. Elle est irritée malgré son sourire satisfait. Sûrement dû à ce qu’elle tiens dans les mains d’ailleurs. J’ai jamais su si elle est contente de punir et d’exercer son autorité ou non. Elle a un large sourire mais ses sourcils sont légèrement froncés. Je ne sais pas trop comment interpréter ça. Lorsque j’essaie d’user du pouvoir sensitif de Wraith je ressens comme une contradiction mais rien de plus. Je pense que j’ai dû mal avec ce pouvoir car j’ai tous simplement du mal avec tous ce qui est sentiments et émotions. Surtout à exprimer.

- Désolé du souci de moi qui a fait. Dis-je solennellement.

Elle ne semble pas apprécier.

- Raaah… ! Et cette façon de parler ! Hum… Cela me donne une idée par contre.

Elle me dégèle et je me retrouve tout mouillé. Je la laisse ensuite me menotter en lui présentant mes poignées. Elle menotte même mes jambes et mon cou où justement au bout, il y a la chaîne comme une laisse pour bêtes sauvages.

- Je vais mettre à profil ton isolement Tyr. Commence-t-elle en tirant légèrement sur la « laisse » pour me faire avancer. Tu ne sortiras pas de ta cellule tant que tu ne sauras pas parler avec justesse en employant des mots simples. Et bien sûr pour que cela rentre dans ta petite tête tu vas devoir lire tous les jours pendant plusieurs heures et nous allons converser. Toute phrase mal prononcée, mal orthographiée et incorrecte grammaticalement sera recopiée jusqu’à ce que tu ais compris. Tous compris. La forme et le sens.

Aaaaah… Je crois que je préfère la torture physique. La privation de bouffe, les coups de fouets ou bien une bonne noyade. Un truc rapide où je n’ai qu’à subir sans trop réfléchir. Là… Je vais jamais pouvoir sortir avec une barre placée aussi haute ! Elle sait vraiment comment torturer chacun de ses apprenants. C’est une vraie sadique. Je retire ce que j’ai dis, elle doit prendre son pieds à trouver comment nous martyriser.

- Ah et comme j’aimerai qu’il n’y ai pas qu’avec moi que tu vas devoir converser, je ferais sûrement appelle à quelques petits camarades et autres collègues. Je suis sûr qu’il y aura des intéressés qui voudrons parler à quelqu’un… Comme toi.

- Comme moi ? Dis-je avec insistance.

- Un sauvage. Lâche-t-elle sans ménagement.

Talion avançait d’un pas assuré au sein des couloirs de la Citadelle, en compagnie de Chono, le chef des Mages de Fer, à la recherche de leur ami Tyr. Ils avaient bien l’intention de l’inviter à boire une petite cervoise ou une bonne bière à l’une des tavernes qui se trouvait au sein de la cité illustre de l’Ordre. Talion connaissait déjà l’établissement idéal pour cela, mais il manquait encore tous les participants.

Les deux compagnons partirent d’abord à la pêche aux infos avant d’apprendre que Tyr se trouvait actuellement dans le secteur d’instruction de la Citadelle, plus précisément dans l’aile que certains appelaient : « l’aile des moutons noirs », et pour cause, l’endroit rassemblait en générale les sections de nouvelles recrues qui avaient besoin d’être réadaptées. Le goth fut quelque peu surpris de ne pas apprendre qu’il était plutôt dans le secteur des archives de l’Ordre à rechercher son amie Rebecca. Cependant, qu’importe, Chono et Talion lui apprendraient bien vite qu’ils connaissaient l’identité nouvelle de cette jeune femme, lui épargnant ainsi plus de recherche.

« Comment ça se fait que Tyr se retrouve ici ? » s’étonna Chono.
« Le connaissant, il a du probablement faire un truc inapproprié et répréhensible durant ses recherches. Je connais bien ce secteur, j’y ai moi-même passé pas mal de temps. Je n’ai pas toujours été très… respectable durant ma formation.
- Comme c’est étonnant ! » lâcha Chono d’un ton ironique.
« En général, on applique plus la pédagogie que toute autre forme de punition, ici. Sûrement qu’on lui aura fait tout un laïus sur comment bien se comporter, lui faire copier des lignes, ou tout autre bêtise dans ce genre là. Il arrive aussi qu’on fasse faire des exercices et qu’on prenne des mesures disciplinaires pour canaliser l’énergie de certaines recrues un peu trop dissipées. En fait c’est un peu comme à l’armée. Quant on fait le con, on vous fait peler des pommes de terre, récurer des chiottes, on vous apprend le respect de la hiérarchie, et surtout on vous éduque pour avoir les outils nécessaires pour vivre en société. Voilà comment ça marche. » expliqua Talion alors que les deux midgardiens avançaient dans les couloirs de cette fameuse aile disciplinaire. « Après, évidemment, on n’est pas forcément prisonnier, mais plutôt réintégré. C’est bien plus efficace, et quant on fournit les efforts adéquats, on est plus vite relâché et les permissions sont plus nombreuses. J’espère que Tyr aura fait ses devoirs ! » plaisanta-t-il.

A peine eut-il terminé sa phrase que Chono et Talion aperçurent, plus loin, dans le couloir, la silhouette de Tyr ainsi que d’une jeune femme à la chevelure de feu, en train de discuter, même si c’était plus elle que lui qui parlait, à priori.

« Tiens ! Il s’est fait une petite amie, maintenant ? » railla Talion. « Allons voir ça ! »

Talion et Chono pressèrent le pas avant de couper la route à Tyr et la jeune femme rousse qui partaient dans la direction opposée.

« Alors, comme ça on fréquente les jolies filles de la Citadelle, maintenant, Tyr ? » lança Talion avec un ton moqueur.
« Ouuhooo ! Putain ! Mais t’es qui, toi ? » s’exclama Fényx en se tournant vers le sinistre inspecteur de guildes.
« Je devrais te poser la même question, jeune fille. Et je te pries de m’appeler Sergent-chef Talion, jeune recrue ! »

Fényx regarda Tyr avec inquiétude et lui demanda.

« Heu… Tu connais ce type bizarre ? Il a pas l’air net… »

Je ne m’attendais pas à retrouver le sergent Talion ici et encore moins avec Chono-Uulan. Les semaines ont été longues entre lectures, écritures et discours. Nous nous apprêtions à sortir nous entraîner dehors à tenter de maîtriser nos éléments respectifs mais je crois que l’on va devoir reporter ça à plus tard. Fenyx me fixe avec désapprobation, clairement, Talion ne semble pas lui plaire. Bon, il est vrai que son franc parlé et ses blagues de mauvais goûts n’aide pas ce dernier à se faire des « amis ». Ni son air sinistre d’ailleurs. Bien que ça, je ne peux pas le lui reprocher car je ne suis pas bien avenant non plus.

- Fenyx, le sergent-chef Talion et mon ami Chono-Uulan. Fais-je sobrement. Vous deux voici une de mes camarades sur…. Sous, oui sous la hum… discipline de Cassandre.

Mes deux compères semblent un peu surprit et se regardèrent mutuellement avant que Talion me réponde en souriant malicieusement.

- Hé bien Tyr, on dirait que tu t’es amélioré dans ta diction ! Je ne pensais pas que t’entourer de femmes te ferais progresser plus vite.

- C’est plus le fait de… Rentrer à coup de marteau votre langue universelle dans ma tête.

- Heu… Je ne crois pas que ça se dit. Me fait remarquer Fenyx.

- Pourquoi vous êtes ici tous les deux ? Demandais-je pour passez à autre chose.

Les insinuations de Talion me font presque soupirer mais je me retiens un peu. En fait, je pense que si je réagis à ses brimades il va continuer dans son élan. Vaut mieux faire comme si rien n’était ou bien feindre l’incompréhension. Puis je suis un peu content de les croiser. Même Talion. Puis Chono devait me livrer les armes alors peut-être que lui est ici pour me les remettre et qu’on la renseigné où me trouver, ça me paraît plausible. Quant à Talion je suis un peu curieux de savoir comment ces deux-là se sont rencontrés et aussi ce que le sergent-chef à en tête.

le concept de vie militaire m'étais pour le moins étranger. Nous étions des guerriers dans la guilde, marcher au pas, récurer les latrines... Ce n'était pas digne d'un guerrier, même qu'ont voulait punir, mais c'est bien là les manières étranges des gens de l'est. J'ai au moins le plaisir de revoir Tyr, un ami de nos amis. Et j'étais assez pressé de le sortir de cette endroit qui respirait l'ennui à plein nez. l'ordre appelait ça "la qualité", je ne voyais dans ces murs lisses et ces appliques de cuivres brossé rien de plus que des pertes flagrantes d'énergie et de matériel. Encore un concept que je ne comprenais que peu.

"Ont reviens d'un combat contre un démon, et en plus, j'ai tout le barda que maitre Arakar t'a forgé sur l'épaule dans ce sac." je répondais en désignant le sac de cuir que je me trimballais depuis des dizaines de minutes, récupéré à la va vite avant d'aller chercher Tyr. "Si c'est ta compagne ou bien ta soeur de bataille, peu m'importe. Je veux sortir d'ici, qu'est-ce que les gens des villes ont contre les fenêtres et la nature pour la couler sous la pierre comme cela sans cesse... ET j'ai soif, et faim! Je me fou pas mal de pourquoi t'est là, fichons le camp."

Et sur ceux, je n'attendais pas vraiment qu'ont me contredise, je me suis tourné et j'ai fais signe de la main qu'ils me suivent tous avant de préciser.

"N'embête pas Tyr Talion, sinon je raconte à Linke comment Sigrid à finit sur tes cuisses héhé."

Je marche, à la recherche de la sortie, et je vois bien des gardes qui semble surveillé les entré et sortie. Je m'approche, mon clan sur les talons avant que l'un des gardes me fixe et lève la main.

"Ils peuvent sortirent?" Demande t'il.

"Je sais pas, dérange donc Amos pour lui demander et lui faire confirmer quelque chose qu'il à déjà autorisé..." je réplique du tac au tac. "Puis y'a Talion avec nous, il va nous surveiller, respire guerrier." Je rajoute en désignant du pouce le goth obscur.

Ils semblent hésiter, puis nous font signe de passer. Nous voilà donc à sortir de cette aile déprimante. C'est talion qui nous guide jusqu'au grand hall de la citadelle, je n'en revenaient pas du nombre de personnes qui allaient et venaient partout, tous semblant occuper. Certains portaient du matériel, des soldats en uniformes simples trottaient vers d'inconnu salle de rapport. Sable et charbon, moi qui pensais que les palais d'Uruk étaient des centres d'effervescence, me voilà coiffé au poteaux. Et tout cela dans une immense salle de marbre blanc veiné d'obsidienne, des plateformes semblables à celle de la ruche menait des groupes de personnes vers des étages supérieur de ce halles vers d'innombrables ailes de l'immense forteresse général de l'Ordre.

Nous étions à quelques dizaines de mètres de l'immense porte centrale, la liberté de la ville était à portée, les danseuses, la boisson et nourritures délicieuses! Quand soudain, une chevelure bleuté et pâle se fraya un chemin dans la foule, un uniforme ridiculement court et arrivant droit sur nous. Une femme que j'avais déjà entre aperçu et ne m'avais pas laissé une agréable impression... Et elle venait droit sur nous.

« C’est bien gentil tout ça, moi ça me dérange pas de quitter les lieux, mais vous nous emmenez où, exactement ? » demanda Fényx alors que la joyeuse bande quittait les quartiers disciplinaires.
« Et bien on s'est dit, Chono et moi, que ça serait sympa de se boire une petite bière, tous ensemble ! » expliqua Talion.
« Vous êtes sérieux ? Heu… à quel point vous connaissez Tyr, exactement ?
- Assez pour l’inviter à boire une bière ! »

Ils étaient en train de quitter le centre de la Citadelle pour les milieux plus résidentiels. Il y avait, au sein de cette grande métropole, des endroits autres que les quartiers militaires de la forteresse, il fallait bien, après tout, que tout ce petit monde là mange, boive, et vive. Talion était en train de guider tout ce petit monde lorsqu’une question assez perturbante vint de la part de Fényx, qui visiblement était la plus pénible de toutes les curieuses de Midgard.

« C’est quoi cette histoire de Sigrid sur vos cuisses, d’ailleurs ?
- Oh ? Ça, ce n’est rien ! Un banal accident de magie. Ma collègue a été trop curieuse un jour et s’est retrouvée transformée en chat. J’ai simplement pris soin d’elle comme il fallait, c’est tout.
- Ouais… Vous avez gagatisé sur votre collègue transformée en chat, quoi…
- Hu hu hu ! Elle était beaucoup trop adorable ainsi, bien plus que sous sa véritable forme.
- Mouais, en fait, vous vous donnez un style ténébreux, mais vous êtes un cœur tendre. »

Talion lança un regard glacial à Fényx et répondit d’un ton tout aussi froid :

« Pas vraiment, non ! J’aime simplement plus les animaux que les autres midgardiens. Eux, au moins ne me déçoivent jamais. Pas vrai, Ninian ? »

Le corbeau qui était perché sur l’épaule de Talion depuis tout ce temps sans produire le moindre son, se mit à croasser et battre des ailes avec enthousiasme.

« Vous voyez ?
- Ok… Trop bizarre… Tyr, t’es sûr que tu veux vraiment traîner avec ces types ? » demanda Fényx au principal intéressé, s’inquiétant visiblement de la santé mental du goth qui les accompagnait.
« Faites pas attention, Talion est un peu détraqué depuis notre affrontement avec le démon, sûrement un symptôme post-combat. Il est pas si méchant ! » expliqua Chono pour venir en aide au sergent-chef qui n’aidait pas trop.

Soudain, alors que le groupe quittait les quartiers militaires par la grande porte, l’on vit débarquer à tout allure une silhouette facilement reconnaissable, et pour cause, il s’agissait de l’Instructrice Béros, le regard furibond, la mâchoire crispée dans un accès de colère contenu. Elle se planta devant Talion et le foudroya des yeux avant de lui coller son doigt contre la poitrine.

« Vous !!! J’aurai du me douter que vous étiez derrière tout ça, Talion ! À chaque fois que Tyr bascule dans la délinquance, vous n’êtes jamais bien loin ! Mais cela ne devrait pas m’étonner, vu que vous même fréquentiez constamment les mêmes quartiers disciplinaires dont vous avez tiré Tyr.
- Allons, instructrice Béros, détendez-vous ! Il n’y a aucune raison de s’énerver, nous n’avions aucune intention de faire s’échapper Tyr de ses obligations disciplinaires, nous avions juste l’intention de procéder à un échange culturel afin de permettre au soldat Tyr de progresser dans la compréhension de notre langue, mais aussi d’appréhender les différences culturelles au sein même de l’Ordre. Et pour ce faire, nous avions choisi un cadre plus… sympathique que les froides salles d’enseignement de l’aile disciplinaire. C’est un peu comme une permission, mais en plus utile ! »

Cassandre Béros sembla à deux doigts d’exploser de rage, mais elle n’était pas femme à laisser évacuer sa colère sans contrôler ses actes. Elle ravala froidement son envie de massacrer Talion sur le champs et préféra continuer de l’assassiner par le regard.

« Vous vous moquez de moi ?
- Pas du tout ! D’ailleurs, si vous insistez, vous pouvez bien nous accompagner si vous voulez, vous pourrez vous même constater qu’il n’y a rien de méchant. Nous allions simplement boire une petite bière, tranquillement, entre gens civilisés. »

Chono se frappa le front de la paume de sa main, l’air dépité. Il ne semblait pas du tout emballé par l’idée, et on aurait juré qu’il avait murmuré un truc du genre : « Putain, non, Talion… Mais pourquoi ? ». Seulement, comme le sergent-chef s’y était peut-être attendu, l’instructrice Béros grimaça de dégoût et gratifia Talion d’un regard méprisant.

« M’accoquiner avec vous ? Certainement pas. Plutôt mourir que de traîner avec des gens de votre espèce. Alors écoutez moi bien, Talion, je vous autorise à emmener Tyr avec vous pour votre petite sortie scolaire, mais vous en prenez toute la responsabilité. S’il arrive quoique ce soit, je vous tiendrai personnellement responsable et vous irez refaire connaissance avec les quartiers disciplinaires. Quant à toi, Tyr… Essaie de ne pas me décevoir.
- Oh ! Croyez-moi, vous pouvez être fière de vous, instructrice. Je trouve que Tyr est bien plus à l’aise pour parler notre langue à présent. » fit remarquer Talion.

Cassandre haussa des sourcils de surprise et sembla quelque peu flattée par le compliment. Elle l’aurait sans doute accepté sans retenu si elle ne se doutait que Talion essayait de l’amadouer par tous les moyens. Elle reprit rapidement son air sobre et sévère.

« Vraiment ? Et bien je suppose que tous ces efforts n’auront pas été vains… Fényx, même avertissement pour toi ! Pas de grabuge ou d’incendie volontaire ou non, sinon je prendrai les mesures disciplinaires en conséquence. » gronda-t-elle.

Fényx hocha simplement la tête, à deux doigts de lui demander de lui ficher la paix et de s’en aller, mais elle se contint. Talion, quant à lui, sembla plutôt satisfait, et déclara.

« Ne vous en faites pas, j’en prends toute la responsabilité. Il ne se passera rien de fâcheux, croyez-moi. »

Qu’on ai pu sortir des quartiers militaires malgré l’altercation avec Cassandre relève du miracle. Cela fait des semaines que je fais plus ou moins les mêmes choses sous les yeux inquisiteurs de l’instructrice. Comme dit Talion, je me suis quelque peu amélioré en communication verbale avec ce programme intensif et c’est vrai qu’ainsi je me laisse guider par les instructions de Cassandre. Je ne me préoccupe pas d’autre chose que mes efforts pour m’adapter à la langue commune de ce monde. Avant, dans mon ancien monde… Aahh… Cela me paraît si lointain maintenant. Si avec ma génitrice Tiamat la violence était le centre de tout, avec Wraith c’était l’exacte opposé. Et j’étais la même personne dans le même monde. Là je ne suis pas Dewey et c’est ce que je voulais en revivant dans cet autre monde. Cependant, et c’est comme le préviens Wraith avec toute personne voulant conserver ses souvenirs, tous ce qu’on a été là-bas n’existe pas ici. Il dit aussi que l’on ne perd pas sa nature profonde, on va juste vivre d’autres choses et composer avec. Mais comme j’ai déclaré à Wraith : Je suis le résultat de tous ce que j’ai vécu, si je refais tout à zéro alors je ne suis plus tout à fait celui qui se tiens devant-toi. Sauf que là, je ne suis plus Dewey malgré mes souvenirs alors que parfois comme c’était le cas il y a quelques semaines je me comporte en le moi d’avant. Je ne sais pas encore ce que ce nouveau moi veut être. Et si pendant ces quelques semaines je n’ai pas eu à m’en préoccuper, là tout de suite avec ce changement de programme ça m’inquiète. Est-ce que « Tyr » prendrais une bière avec Talion, Chono et Fenyx ? J’ai suivit les évènements sans même dire si je le voulais ou non. Je me contente de suivre le mouvement. Et la bière… . Nous verrons bien.

Nous marchons à vive allure dans la Citadelle, entrant dans le côté ville de cette gigantesque forteresse. Routes pavées sont bien entretenues, il y a tout de même une certaine attention à la nature en mettant des arbres ci et là à des endroits stratégiques. Les bâtiments sont soignés et colorés et les habitants sont nombreux et semble passer leurs vies dehors. Tout est organisé en fonction de l’espace coupé par les eaux. Talion presse le pas, il semble visiblement impatient d’être arrivé. Rien autour de nous semble l’attirer, il est focalisé sur sa destination comme un oiseau sur une proie. Il s’assure seulement que nous le suivons avec une allure semblable à la sienne. Talion fini par lâcher un soupir de soulagement en fixant intensément une taverne d’un style bien particulier que je ne connais pas. C’est très fleurit avec des poutres apparentes et de la pierre clair. Il y a un gros effort sur les décorations en fer forgé ornant la double porte arquée d’un bois peint en rouge. Il est écrit : « B.W altes Haus » et il est clair que ce n’est absolument pas du Midgardien. Peut-être une langue locale ? L’intérieur est très chaleureux et la bière semble couler à flot. Les serveuses sont très bien vêtues et il y a comme un goût très raffiné pour les jolies choses. On dirait un mélange entre deux cultures. Talion semble être comme chez lui et visiblement, ce n’est pas la première fois qu’il entre dans cet établissement. On nous installe sur une table ronde simple et décoré à la fois. Je regarde un peu partout, surtout le plafond avec sa charpente apparente et ses décorations ainsi qu’à ses grands lustres que les lumières des bougies font révéler des peintures de paysages différents. Au-dessus du grand bar où la tenancière astique frénétiquement ses choppes, il est écrit : « Bierhaus Und Weinshaus altes Haus. »

Talion ne regarde même pas ce que propose l’établissement et impose de suite une bière « de sa région » pour tous le monde, semblant ravit de nous en faire partager. Je ne relève pas, peut-être que la bière ici a un goût différent. Je ne savais même pas qu’il existait plusieurs sortes de bière. Je connaissais que la bière dégueulasse de mon ancien monde. Je reste muet, prétend pas forcément attention aux conversations des autres qui chahutent jusqu’à ce que je me souvienne que Chono ai parlé de démon. J’enlève mon dos du dossier pour me rapprocher d’eux, voyant un blanc dans leur discussion pour pouvoir m’adresser à Chono.

- Tu as parlé de combat contre un démon herm… Toute à heu… Toute à l’heure. Fais-je en décomposant un peu le dernier mot. Parle-moi de ça. Demandais-je en prenant un air sérieux et impliqué bien que jusqu’à maintenant j’étais plutôt absent.

nous avons réussis à nous extraire des griffes de la femme des glaces, une chance que Talion soit visiblement aussi gradé qu'elle. Je lui jette un dernier regard, m'assurant qu'elle ne tente rien alors que Tyr passe près d'elle pour se diriger vers la porte. Cette bonne femme est une sorcière, et pas une gentille et facétieuse comme Atlan, une vraie sale garce de sorcière j'en suis sûr!

Mais qu'importe cette saloperie! Je sens enfin à nouveau les rayons du soleil sur ma peau et l'air frais de l'extérieur depuis des jours! J'aurais été prêt même à supporté la bêtise de Talion de vouloir invité la garce si j'avais obtenu la liberté de l'extérieur en échange!

Voilà que nous marchons, et d'un pas gymnaste, suivant les talons de Talion à travers la cité de la Citadelle. ce qui me rassurais, c'est qu'il semblait savoir où aller. Je pousse un grommellement quelques fois, c'est long, et j'ai faim et soif. Et envie de causer à mon ami Tyr! Mais...

Mais je pardonne tout à cette frippouille d'inquisiteur renégat quand l'odeur de la ripaille et la musique d'un barde me parvient à l'approche d'une taverne qui sentait bon l'amour du travail bienfait en témoignait la qualité de la structure! Je ne m'essaierais même pas à tenter de prononcer le nom des lieux, trop loin de ma propre langue.

Musique!:

Mais j'oublis ce désagrément alors qu'ont nous installent à une table avec une convivialité qui m'a grandement manqué. Les tenanciers connaissent bien Talion visiblement et ont nous chouchoutte, notre table est entouré de banc de cuirs confortable et ont nous propose déjà boisson! Avant que je ne puisse répondre, Talion s'en charge. Je vais devoir calmer son ardeur.

"Je t'aime bien inquisiteur, mais ne présume pas de mes goûts à l'avenir, c'est un manque de respect dans ma culture, une chance pour toi... Tu a du goût pour un Estiens, en tout cas en ce qui concerne la bière haha! Le jeune n'apprécie pas l'alcool parcontre." Je répond à ce Talion extatique. "Maitresse?" Je demande à la tavernière qui me regarde surprise. "Auriez vous du... Je ne sais pas comment ont le dit en Goth ou en Frank... Du kawa? Et du thé pour mes jeunes ami qui ne boivent pas? S'il vous plait."

"Bien sûr, ne vous inquiétez pas sir, je connais ce mot, vous n'êtes pas le seul urukéens qui passent par ici haha. Excusez Talion, je ne l'ai jamais vu si démonstratif." Elle s'incline et repart.

Je soupir et me tourne enfin vers Tyr qui me questionne sur un sujet fort désagréable, je vide la moitié de la pinte qui était prévu pour ce dernier avant de répondre.

"Y'a rien à dire... Ont a été trouvé un démon qui mettait le bordel à Germania, il nous a botté le derche. J'ai sacrifié mes oeuvre pour gagner rien de plus que du temps pour qu'une ordeuse nous sauve... Enfin bref." Je grommelle.

Je regarde le menu alors que la tavernière revient avec du kawa, elle m'informe que cela se nomme "café" en frank. "Café"? étrange mot. Je lui tend une petite bourse de mon or personnel, ajoutant que j'avais vraiment très faim. Elle me sourit, comme une mère à un enfant revenu d'un long voyage, cela me rend presque mélancolique, si seulement les traits de la mienne ne s'effaçait pas peu à peu. Elle me propose de débuté par un plat de pommes de terres sauté accompagné de fromage fondu appelé "Manster". ET aussi du porc braisé à la bière et au miel. Voilà qui me faisait salivé d'avance. Elle nous laisse pour patienter, un petit panier de biscuit salé en forme de coeur. C'est plutôt bon en réalité.

porc braisé à la bière et au miel:

pommes de terres au manster:

Je m'adosse à la banquette avec ma chope, laissant le kawa aux autres qui ne buvaient pas. Je termine la chope prévu pour Tyr et attrape la mienne.

"Alors Tyr, qu'est ce que t'a foutu pour être en "disciplinaire" comme dit Talion? Je préférais me fouetter les fesses avec des rocnes que d'avoir à faire avec ta cheffe la sorcière là..."

« Héééé ! Attends là ! On aurait dit le résumé que j’ai fait à Amos, ça ! Et franchement ce n’était pas terrible ! » avoua Talion pour reprendre la parole face au peu d’enthousiasme de Chono à parler de leur mission à Germania. « Mais je suis d’accord avec lui, franchement, je ne suis pas vraiment sûr que vous voulez en savoir d’avantage. Les conditions ont été horribles, beaucoup de gens sont morts et ce ne sont pas vraiment des choses à partager entre amis ! »

Visiblement, Fenyx et Tyr n’étaient tous deux pas de cet avis. Ils regardèrent tous deux fixement Chono et Talion avec beaucoup d’insistance, bien trop curieux de connaître leurs exploits guerriers. S’il y a bien quelque chose que Tyr avait pu apprendre de Fenyx lors de ces dernières semaines, c’est qu’ils partageaient tous deux une fascination pour les actes héroïques, les combats, et les prouesses physiques hors du commun. Ce n’était pas si étrange venant d’un jeune homme qui avait toujours vécu dans la violence, ni plus d’une jeune femme qui avait été éduquée aux arts martiaux depuis son plus jeune âge. À Elénès, on encourageait souvent ce genre d’esprit combatif et guerrier, c’était indispensable à la vie en communauté. Celui qui n’était ni guerrier, ni sage, en ce pays, n’était même pas considéré comme un citoyen, tout au plus il pouvait prétendre à être un habitant de seconde zone. Uruk n’avait jamais tué cet esprit là lorsqu’il avait pris possession de cette nation, il avait pris au contraire grand soin à ce que les éléniens alimentent cet esprit combatif et cette hiérarchie du plus fort qui dirige.

Malgré cela, Talion et Chono ne cédèrent pas, mais Tyr et Fenyx non plus. Elle finit d’ailleurs pas rétorquer :

« Et si vous nous racontiez ? On réfléchira peut-être à vous expliquer pourquoi Tyr s’est retrouvé là.
- Sérieusement ? Je ne pensais pas que tu serais aussi fourbe, toi ! » rétorqua Talion.
« Et moi je pensais que tu nous aurais au moins offert un verre d’hydromel, et pas cette boisson de barbare qu’est la bière. C’est bien un truc de goth, ça ! » rétorqua sèchement Fenyx avec le plus grand des culots.
« Oh ! Pauvre chérie ! On a le palais délicat ? » se moqua l’inspecteur. « Tu ne voudrais pas un petit jus de fruits, comme les enfants ?
- Ça sera toujours mieux que vos thés ou… kawa ? C’est quoi ces trucs là ? On peut vraiment servir ça ? Qui en boit vraiment ? »

Alors que la tenancière apportait les autres plats, et fut remerciée par Talion entre deux attaques interchangées avec Fenyx, la porte de la taverne s’ouvrit sur une grande féra aux attributs félins et hivernaux, une femme que trois des compères de la tablé n’eurent pas de mal à reconnaître : c’était Sigrid, la guerrière qui accompagnait la section de l’inspecteur. Elle chercha un instant du regard avant de tomber sur la compagnie qu’elle cherchait. Elle afficha un grand sourire et attrapa une chaise avant de venir se poser à la table des quatre compères. Elle se saisit de la bière que Fenyx n’avait même pas touché et but la pinte d’une seule traite avant de pousser un rot terriblement sonore.

« Salut, chef ! »

Tout le monde la regarda avec étonnement, amusement, dépit, ou circonspection. L’avis était assez partagé sur cette entrée en matière des plus troublantes. Personne n’osa sortir un mot avant que Talion ne dise entre deux grimace :

« Heu… Oui, bonjour, Sigrid. Je vois que vous allez mieux !
- Ouaip ! Les guérisseurs m’ont bien rafistolée. Vous auriez pu m’dire que vous alliez boire et manger un coup avec nos camarades !
- Je ne pensais pas que vous seriez en état… » avoua l’inspecteur.
« Ah ah ! Pas d’souci, chef ! J’me doutais que j’vous trouverai là ! »

Elle regarda Tyr et Chono, deux personnes qu’elle avait pu côtoyer lors de missions avec de grands enjeux. Si elle ne connaissait pas bien le premier, en revanche elle avait beaucoup de sympathie pour le second. Il faut dire que la guerrière avait pu livrer bataille avec lui, et ils avaient tous deux étaient très soucieux du sort de Calon, le jeune elfe. Cela les avait, en quelque sorte, rapprochés un peu. Talion avait d’ailleurs remarqué que sa subalterne s’était installé à côté de lui. Coïncidence ? Il en doutait un peu.

« Y a quoi au menu ? J’ai la dalle !
- J’l’aime bien, elle ! » commenta Fenyx à voix haute.
« Hum… En fait je crois que je vais commander un plat de tout. » déclara Sigrid.
« Heu… Pardon ?
- Ben quoi ? C’est pas avec vos portions d’humain que je vais me nourrir correctement. » déclara la féra avec dépit. « Hééé ! Elfried, ramène nous un peu de tout, et un pichet de bière, s’te plait ! C’est comment que vous dites déjà ? Biteucheune ou un truc comme ça ? » dit-elle en interpelant la tavernière.
« C’est bitte schön ! » corrigea Talion. « Mais dans sa région, ça serait plutôt : wenn's beliebt !
- Ouais… Heu… un truc comme ça, ouais !
- Je te ramène ça, herzele. ! » déclara Elfried, avec un grand sourire maternel.

Talion soupira, dépité par la trop grande aisance de Sigrid. Elle avait le don de toujours se coller dans ses pattes et de faire comme bon lui semblait. Le pire, c’est que même Elfried lui passait ses caprices et l’appréciait beaucoup. Ce n’est pas pour rien qu’elle l’avait appelé : « mon petit cœur », dans son dialecte régional.

« Bon alors ? Qu’est-ce que vous racontez de beau ? » demanda-t-elle, sans la moindre gène.

Le petit verre tranquille en compagnie de Talion, Chono et Fenyx tourne au repas et boissons à gogo avec l’arrivée de Sigrid. Sa présence est-elle qu’ils sont tous penchés vers elle, moi y comprit. En même temps, impossible d’ignorer une personnalité comme la sienne. Surtout avec une telle entrée en scène. Moi, plus y’a de monde, plus je m’efface du paysage pour m’en aller ni vu ni connu. Mais je suis un peu bloqué, y’a Talion et Chono d’un côté et Fenyx et maintenant Sigrid de l’autre. Je pourrais prétexter d’aller au toilette et partir ? Bon, ça ne se fait pas. Mais si personne ne remarque mon absence ça devrait aller non ? Ou alors je vais juste dehors. Genre… Je pourrais dire un truc « pour respirer un peu » ? Raaah… J’aime pas le monde. Le monde bruyant. J’ai devant-moi du thé et du « kawa ». Si l’odeur du thé m’est familière, après tout Wraith et Anna en buvaient tous le temps. Le « Kawa » dégage une bonne odeur et semble être autre chose que de l’eau chaude aromatisé. Comme c’est un peu en vrac sur la table, je ne sais pas bien qu’est-ce qui est pour qui.

- Ah bah on racontait notre merdier avec un démon à Tyr et Fenyx vu qu’ils tiennent tant que ça à savoir ! S’exclame Chono avant de se tourner vers Fenyx. D’ailleurs femme, savoir que nous avons affronter des mutants démoniaques a suffit à nous pousser a deux doigts d'une défaite immédiate a peine quelques heures après notre progression dans la zone d’exclusion? Est ce que savoir que la survit de quelques enfants n'a été possible que par un nécromancien en sursis et un tueur connu sous le nom de Marbh t'apaise? Est ce que savoir que des dizaines se sont sacrifiés dans des assauts suicides avant nous pour retarder la venue d'un démon te sied ? Que nous avons pénétrer dans une cathédrale de l'horreur ornée par des milliers de cadavres de femmes et d'enfants comme des guirlandes te soulage de ton ignorance ? Que nous avons combattus, les pieds dans le sang d'innocents contre des mutants et un démon a demi ancré dans le monde matériel, nous a poussé si loin dans nos derniers retranchements que j'ai vaporisé mes armes et mes artefacts à force d'en user et que même réduit à la toute puissance de l'instinct primitif, nous aurions été massacrés si une demie ange n'était pas intervenue. Marquant et scellant notre manque flagrant de puissance. Maintenant femme, ne me parle plus de cela, et profite d'un moment de paix et de convivialité entre guerriers sans les ramener à leurs combats sanglants. Je t'en serais reconnaissant.

Il semble visiblement et profondément marqué par sa rencontre avec ce démon. Et pendant son récit même Talion sembla absorbé par le point de vue de Chono. Les démons de ce monde sont donc si fort que cela ? « A demi dans son plan » ? Fenyx m’avait expliqué ces histoires de plans. Bon, Wraith aussi il me semble. Donc si je comprends bien, il n’était pas totalement sur Midgard mais il a pu par des sacrifices d’êtres vivants existé sur notre plan via une brèche. « Une demie ange » ? C’est quoi un ange ? Pourquoi « demi » ? Je manque beaucoup d’informations. Je me renseignerait, il semblerait d’évoquer leur mésaventure soit trop douloureux pour le moment.

- Ce n’est pas sa faute. Dis-je clairement, distinctement et à haute voix à Chono. Pas de sa faute si Talion et toi ont euh… vivre ça. C’est moi qui, qui veut savoir les dangers sur Midgards. Des peut-être dangers comme tes bienfaiteurs et moi on, n’a, eu. « Démon » pour vous a la même… hum... forme non, euh signe que « démon » dans ma langue natale. Et je sais pour l’armée du Valhalla d’Odin donc je me demande pour quoi c’est exactement. Je ne veux pas vivre à nouveau la fin d’une planète.

Je m’arrête ici, voyant que j’ai plombé l’ambiance d’un coup. Alors je goûte à ce « kawa » et sa bonne odeur en prenant une grande gorgée puis recrache tout d’un coup dans ma main avant de tousser fortement.

- Arrrg !! C’est pas bon ! Fais-je en buvant l’eau chaude aromatisé pour passer le goût.

Malheureusement, on a plus affaire à un thé bien noir comme Anna les aime que le petit thé vert parfumé de Wraith. J’avale tout d’un coup malgré la température bien trop élevé et regarde l’assemblé avec leur gros yeux ronds avec une tête dégoûtée.

- C’est quoi tous ces trucs dégueux ?! Dis-je en Arcaëllien avant de me rattraper en Midgardien. La bière c’est pas bon, le thé c’est pas bon et le… Kawa c’est pire. Non, la bière c’est vraiment pas bon mais je ne sais pas si c’est pire que votre kawa. Vous avez des goûts bizarres… Je peux… Avoir de l’eau ? L’eau c’est bien.

Je me rend compte que je me suis un peu donné en spectacle sans le vouloir et des rires se font entendre. Je soupire, la serveuse me tend un verre d’eau rempli d’excuses tout en riant à demi-gênée pour moi. Elle apporte petit à petit les plats demandés par Sigrid et Chono et je reste silencieux pendant qu’on se fend la poire sur ma tête. Faut dire que c’est rare de me voir faire autre chose que ma tronche neutre. Pfft’… Bon, vu qu’il m’a raconté sa mésaventure je vais lui raconter la mienne.

- Bon… Fais-je Arcaëllien avant reprendre en Midgardien. Je suis allé en quartier disciplinaire parce que la réceptionniste du quartier de hôpital est insupportable et je me suis explosé la tête sur sa euh… Table ? Table plutôt que sa tête sur sa table. Et on pense que je suis fou du coup je suis puni. Et là je lis des livres, écrits aussi… Beaucoup. Et je suis obligé de parler avec gens pour m’entraîner à parler comme vous pour parler à la place d’agir comme un taré. Voilà pourquoi je suis en progression du Midgardien.

Je croise les bras, attendant qu’on se paye ma tête. Boarf… C’est pas grave. Puis ça leur fait oublier leur effroyable combat. C’est pas grave. Je peux faire comme Wraith. Je peux encaisser. Je vais essayer. … Hum… J’ai envie de partir très loin.