Bienvenue à la citadelle Leylane !

Nous avions quittés les gitans des plaines pour les chemins sinueux menant à Dophemar. Sur le chemin, Lena Lee avait écrit le dénouement de la mission dans notre carnet de bort confortablement installée à l’intérieur de la roulotte. Sur le trajet à dos de chevaux, j’ai conté à la somptueuse et sombre Leylane bien des choses sur notre monde. En effet, j’ai dû lui expliquer l’existence des portails pour la compréhension de notre chemin ainsi que l’existence des gemmes de Lumoria, ces pierres magiques difficilement extraites de la terre. Mais rien de mes connaissances en pierres n’est semblable à celle qu’elle a avec elle. Je lui ai expliqué la fondation de l’Ordre, comment, pourquoi et par qui elle fût crée de manière bien plus poussée. Bien vite, Leylane m’avais posé un tas de question sur Hel et l’endroit où vont les âmes après la mort. Mes réponses ont l’air d’être bien différentes de ce à quoi elle s’attendait. Midgard est d’après elle, bien différents par de nombreux aspects de son ancien monde.

On eu le temps de temps de manger un bout en arrivant au QG, Dophemar et son éclat n’a pas échappé aux yeux rouges de la noble dame. En effet, elle se tient toujours bien droite, de manière élégante et d’un certain raffinement. Trois choses que notre jolie Syana ne savait pas faire. J’ai été plutôt surprit qu’elle nous accompagne mais bon, si les esprits ont parlé… . Hé ! Alors allons-y ! Elle fût d’ailleurs plutôt attentive lorsque j’ai parlé d’un peu tout comme les runes, la magie des esprits et un peu des autres types. J’ai pas pu étanché sa soif de connaissance dans un domaine particulier : la nécromancie. C’est plutôt curieux de s’intéresser à ce genre de chose mais à part les bases je ne pouvais pas faire plus.

J’ai laissé à Dophemar Lena Lee et Archi’, préférant aller seul avec Leylane et Syana à la Citadelle car cette dernière ne voulait pas la lâcher d’une semelle. Quel dévouement ! Mais elle a dû se résigner à laisser sa roulotte qu’elle ne pouvait pas emmener dans la Citadelle, non sans une négociation ardu. Leylane voit alors pour la première fois de sa vie un portail de téléportation. Il se présente sous la forme d'une arche entre deux piliers en pierre dans un temple conçu uniquement à cet usage. Lorsqu’on l’active, il y a un léger rayon bleuté ainsi que des pierres mauves scintillantes et l’on pouvait voir qu’à validation de notre passage notre point d’encrage. En me présentant et présentant les deux femmes comme sous ma responsabilité, on a pu nous rendre directement à l’intérieur de la Citadelle. Ce qui n’était pas donné à tous le monde ! Nous sommes reçu par le commité d’accueil et je leur explique rendre visite à Glendor pour des examens et convier ces dames provenant d’un endroit lointain à rencontrer les grands de ce monde. Avec mon assurance, mon nom et mon passé avec l’Ordre, l’on me laisse entrer dans les lieux avec elles.

- Bienvenue à la Citadelle mesdames ! Nous sommes à l’intérieur, à l’entrée. Comme dit plus tôt, on va voir papy Glendor.

Sur le chemin, nous passons de couloirs en couloirs, de pièces en pièces, de halls en halls jusqu’à finalement marcher dans les salles dédiés à l’apprentissage des arts du forgemage Glendor. Aujourd’hui, tous le monde semblent bien agités et on pouvait entendre le vieux râler. Ah ! Pas son jour ! Tant pis, on y va quand-même !

- Vous allez voir maître Glendor ?! Nous demande une femme passant dans le couloir où nous sommes.

- En effet ! Répondis-je du tac au tac.

- Euh… Bon, il est de mauvaise humeur aujourd’hui alors ne l’énervez pas d’avantage.

- Ah ? Ok !

Je souris poliment puis nous continuons notre escale jusqu’au laboratoire expérimentale de Glendor où visiblement, les gens y déguerpissent. J’ouvre les doubles-portes et voit dans le fond le papy de dos maugréer des choses incompréhensibles ainsi que plusieurs insultes improbables. Je me mets alors à ricaner en le voyant ainsi, ne pouvant m’en empêcher.

- Papy ! J’vois que tu te portes bien ! Lui déclarais-je avec amusement.

- Bah ! Il se retourne avec étonnement bien qu’avec une certaine exaspération. Qu’est-ce que tu fou ici aujourd’hui toi ?!

- Ben j’viens voir comment va mon papy préféré ! Dis-je avec une voix élogieuse.

- Raaah ! C’est pas l’jour pour m’embêter Nikaïdo !

Il a aux creux de ses mains son abruti de piaf qui a visiblement perdu des plumes et fait des grosses bulles lorsqu’il ouvre son bec. Il semble rasé au niveau de sa queue et quelque peu sonné. J’eu un petit rire en voyant son hibou dans cet état.

- Herm… Pardon ! C’est qu’il semble encore plus… Aaaah… Je ne saurais pas qualifier cet oiseau si bête. Je viens te voir pour une urgente affaire sinon je ne saurais pas ici. Dis-je avec un peu de sérieux. J’ai trouvé une Célestienne puisque c’est visiblement ainsi que vous les appelez.

- Mais j’en ai rien à foutre ! C’est pour Amos ça ! Rhoooo !

- Certes mais elle détient quelque chose qui va certainement t’intéresser. Une pierre provenant de son monde très spécial et dont j’aimerai que tu nous éclaire à ce sujet.

- Hein ?! C’est quoi ça encore ?!

J’ai enfin piqué sa curiosité.

- Hum… Si tu es poli, courtois et apaisé devant nos invitées, je suis sûr que l’une d’elle sera ravit de te répondre.

Après leur départ, et durant le trajet jusqu'à Dophemar, Nikaïdo avait répondu à bon nombre d'interrogations de Leylane. Certes, il y avait encore beaucoup de choses qu'elle devait apprendre, mais ils avaient été limités par le temps. Cependant, elle était toujours méfiante au sujet de l'Ordre. Après avoir vécu sous le joug des Dieux-Empereurs sur Arcaëlle, elle savait qu'un tel pouvoir pouvait être corrupteur. Ou peut-être était-ce parce que Syana semblait ne pas trop apprécier ce genre d'institution, sans doute causée par la relégation de son peuple en tant que citoyens de seconde zone. Ce qui était, sur Arcaëlle comme sur Midgard, le sort des peuplades nomades, semblait-il. Une chose, toutefois, fascinait l'elfe : les portails de téléportation. Sur son monde, cela n'était qu'un mythe, quelque chose que personne n'avait jamais réussi à réaliser. Pourtant, sur Midgard, il y en avait un certain nombre. Et les habitants ne semblaient pas en être aussi émerveillés qu'elle. Mis à part les gitans, à vrai dire.
La ville en elle-même la surprit aussi. Ce n'était qu'une grande ville comme les autres, mais à certains égards, elle y retrouvait un peu l'éclat d'Alzbey, ou de Hytraz, voire même de Cescan. Elle savait que c'était une ville différente, mais elle y ressentait quelque chose de familier, sans pour autant mettre le doigt dessus.

- Bah, t'a jamais vu d'ville ou quoi ? On dirait qu't'as vu un dragon, ou j'sais pas quoi.
- J'ai vu bien des dragons, dans ma vie... Mais cette ville... elle me semble si familière. Comme si... Ah, je ne saurais l'expliquer, dor'daïn.
- Bah, ici ou ailleurs, une grand'cité rest'une grand'cité...

Sans faire attention, Leylane avait appelé Syana "petit chat", un surnom affectueux dans sa langue natale. L'elfe avait prévenu que cela était en référence à l'animal auquel son clan devait son nom. Et sans doute un peu à cause de son caractère. Déambulant dans les rues menant au portail de téléportation, elle ne remarqua pas que quelqu'un, à la table d'une terrasse, avait réagi à l'entente de ce langage. Elle était trop absorbée par le but de son voyage. Suivant Nikaïdo, Syana la força à avancer. Elles n'étaient pas ici pour du tourisme, lui avait-elle dit. Déjà qu'elle ne pourrait pas emmener sa roulotte avec elle à la Citadelle... Elle avait du la laisser aux amis de leur guide, non sans menaces s'il lui arrivait quoi que ce soit, s'il manquait ne serait-ce qu'une once de l'un des produits qu'elle laissait à l'intérieur.
Mais, et il fallait le noter, en apprenant qu'elles allaient rencontrer quelqu'un de très important au sein de l'Ordre, Syana avait enfilé une tenue plus habillée et plus sobre, qui laissait quand même une liberté de mouvements, et qui montrait son appartenance aux clans gitans. Elle avait usé de ses charmes et ses talents de négoce, et un peu d'espèces sonnantes et trébuchantes, pour dégotter une robe au style elfique pour Leylane. Quand bien même le veneur s'était échiné à proposer une robe d'une autre style, plus en adéquation avec "le peuple des elfes noirs" dont semblait physiquement faire partie l'Arcaëllienne. Vêtue de prune, carmin et d'or, la fille de Gar'Haz retrouvait un peu de la superbe qu'elle possédait avant l'arrivée du Chaos. Mais elle avait une certaine hâte de retrouver une tenue plus à son goût, comme celle qu'elle portait lorsqu'elle parcourait son monde et luttait contre les menaces. Mais elle devrait attendre d'être complètement rétablie, pour cela.

Pour l'heure, elle voyait enfin le portail de téléportation. Elle s'était attendue à quelque chose de bien plus majestueux, et même si l'endroit avait de la superbe, il conservait une certaine "simplicité". La sensation, elle, fut... mitigé. Ce n'était pas l'expérience la plus agréable qu'elle avait vécu, mais Leylane fut stupéfaite -dans le bon sens du terme- de s'imagine parcourir une si grande distance en un instant. Mais ce n'était pas non plus, malgré l'envie de vomir', la chose la plus plaisante. Elle entendit un "Ah, première fois ?", sans savoir d'où cela était venu. Probablement un garde du portail ou quelqu'un qui travaillait là. Syana aussi, semblait dans le même état qu'elle. Cela aurait été malheureux de tâcher leurs robes, juste avant de rencontrer un certain "Papy Glendor". Et par tous les dieux ! Que cet endroit était gigantesque. Les couloirs semblaient interminables ! L'elfe perdit le compte des pièces et halls qu'elle parcourut, suivant leur guide qui, lui, semblait bien plus habitué qu'elle et Syana à ce genre de voyage.
Leylane suivit assez peu l'échange entre Nikaïdo et le dénommé Glendor. Elle était fascinée par la décoration de la salle où se trouvait le vieillard. L'endroit irradiait de magie...

- Leylane, y t'cause, le vieux. Faut qu'tu montr'ta pierre, lui dit Syana à voix basse.

En effet, le vieil homme semblait de mauvais poil, mais leur guide lui avait apparemment parlé de la pierre de Gar'Haz. Elle sortit timidement l'objet de sa robe. Il en émanait toujours une sensation étrange, presque comme une aura. Assurément un artefact divin, si l'on pouvait dire. Restait à savoir si Glendor allait pouvoir l'aider. Elle fit une légère révérence, par respect pour le rang de son interlocuteur.

- Oh, oui... Salutations, Archimage Glendor. Je suis ce que vous appelez une "Célestienne", venue du monde d'Arcaëlle. Mon nom est Leylane Shalandis... J'ai cru comprendre que d'autres que moi étaient déjà arrivés sur Midgard. J'espère que votre "Ordre" sera en mesure de m'aider à prendre contact avec eux. Mais... lors de mon passage entre nos deux mondes, mon père, le dieu Gar'Haz, le dieu de la Mort, a glissé ceci dans ma main. Je ne suis pas ici depuis longtemps, quelques jours à peine, mais personne n'a été en mesure de définir ce qu'elle était exactement. Même si je me doute que mon père n'a pas fait cela sans raison.

Le vieux Forgemage haussa un sourcil à l’évocation du titre « d’Archimage » accolé à son sobriquet. Il fallait effectivement venir d’un autre monde pour le confondre avec son ami de toujours qui lui était bien l’Archimage. Il décida enfin de quitter des yeux l’appareil qu’il était en train de bricoler, son volatile aux yeux fous dans une de ses quatre mains mécaniques supplémentaires pour se tourner vers les importuns et détailla du regard la femme qui s’adressait à lui. Elle était d’une beauté exotique rare aux yeux du mage qui n’aurait pas rechigné, malgré son age avancé, à partager une nuit avec une telle créature. Il eut un moment d’hésitation. L’autre femme à côté d’elle n’était pas mal non plus, cela lui aurait bien plu d’avoir ces deux beautés pour lui mais il se ravisa et se concentra sur ce qu’on lui présentait : une pierre qui, de toutes évidences, n’appartenait pas à ce monde, ou tout du moins la magie qu’elle contenait. Il le sentait dans le flux d’énergie qui l’entourait… Il y avait quelque chose de bien trop singulier pour cela. Ce qui était d’autant plus intéressant, c’est que Leylane, l’elfe noire à la somptueuse crinière d’argent, avait parlé de filiation avec un dieu de la Mort. La curiosité du Forgemage en était grandement attisée et il prêta d’autant plus d’attention à cette elfe prétendant être de ce fait une demi-déesse.

« Forgemage Glendor. » rectifia-t-il en premier lieu. « Pour l’Archimage, faudra voir ça avec mon vieux pote Amos. Mais bon… Je peux pas trop vous aider pour le reste. En revanche, la pierre, c’est autre chose ! Vous avez frappé à la bonne porte ma p’tite dame. Faites-moi voir ça ! »

Il déplia l’un de ses bras mécaniques et se saisit délicatement de la pierre que lui tendait l’elfe aux iris rougeoyants. Il approcha l’artefact de son regard et fit descendre une des loupes réglables qui se trouvaient sur sa tête, maintenues par un mécanisme ingénieux et un jeu de lanières en cuir. Ainsi il pourrait analyser en détail la roche qui la composait.

« Hum… On dirait de l’obsidienne mais… ce n’est pas ça… Je peux sentir un grand pouvoir à l’intérieur, c’en est même effrayant… mais il va falloir que je l’étudie plus en détail ! »

Il ne s’adressait pas vraiment aux autre, il parlait plus pour lui-même. C’était dans ses habitudes, il avait besoin d’exprimer à l’oral ce qu’il constatait et étudiait pour mieux l’intégrer, l’analyser avec plus de rigueur et en tirer le meilleur. Glendor avait toujours paru fou, tant par cette manie que par ses expérimentations qui dépassaient de loin les standards en matière d’étude. Il commença par placer la pierre sur un cercle tracé de glyphes et de symboles situés sur une table de granit. Il s’étonna cependant que les trois individus restent là à l’observer. Que leur voulaient-ils encore ?

« Mais qu’est-ce que vous foutez encore là ? Ça va me prendre beaucoup de temps de l’étudier. Allez oust !!! Allez voir Amos si ça vous chante, au lieu de me regarder avec des yeux de merlans frits ! J’ai déjà assez de cet abruti de piaf dans les pattes sans que vous vous sentiez obligés de vous ajouter à la fête ! Allez ! Fichez l’camps !! »

Le vieux Forgmage n’avait de toutes évidences aucune envie de discuter plus longuement. Il n’aimait qu’on l’observe travailler, c’était un peu comme si on violait son intimité, car après tout, son travail, c’était ce qu’il avait de plus personnel. Il avait une véritable passion pour la forge, pour l’enchantement magique, l’étude des runes, et toutes ces choses là. C’était son petit jardin privé, sa joie la plus grande, au risque de passer pour un asocial et un fou. Il se fichait d’ailleurs bien de ce qu’on pensait de lui, ce qui malheureusement lui valait parfois l’inimité de ceux qui l’entouraient de près ou de loin. Surtout de loin… Peu de monde pouvait se vanter d’être proche du Forgemage. Il avait l’air peut-être sympathique avec son attitude de bon vivant, il n’en demeurait pas moins un être singulier et caractériel qui ne se laissait pas facilement approcher.

Tandis que le trio quittait sa compagnie, ils entendirent encore le vieux mage ronchonner et marmonner des paroles incompréhensibles. La seule porte d’accès à l’atelier s’ouvrit sur un vestibule étrange, couvert sur les murs d’engrenages, de pendules, de clepsydres et autres mécanismes pour mesurer le temps. Il y eut un moment de flottement, avant que Leylane, Syana et Nikaïdo ne s’avouent à eux-même que tout cela ne fut pas là la première fois qu’ils passèrent cette porte dans l’autre sens. Pris d’un doute, ils voulurent faire demi-tour, songeant qu’ils s’étaient trompés de sortie, mais en faisant volte face… plus de porte, plus d’ouverture, rien qu’un mur composé d’engrenages, de pendules, faisant leur « tic tac » et toute autre bruit mécanique. Comment étaient-ils arrivés là ? C’était un mystère… Un mystère qui avait cependant une petite explication dans l’esprit de Nikaïdo. Il avait entendu parler de ce phénomène, lui qui avait vécu presque toute sa vie à la Citadelle. C’était un des couloirs du temps sur lequel l’on pouvait tomber lorsque l’on invoquait le nom de l’Archimage Amos et qu’il avait la volonté et le temps à vous consacrer. Avait-il entendu que l’on voulait le voir ? Comment était-il au courant ? Avait-il des yeux et des oreilles partout au sein de la Citadelle ? Cependant, Leylane et lui n’avaient remarqué aucune porte nulle part, pas plus que Syana. Ils étaient tous les trois enfermés dans une pièce faites de murs et de pendules, jusqu’à ce qu’ils entendent un mécanisme s’actionner. L’espace sembla alors se dilater, comme le temps et l’instant d’après, c’est comme si le plafond s’allongeait et les murs s’étiraient. Ce fut presque effrayant de voir ce phénomène tant il était inattendu, mais ce ne fut pas autant que cette sensation d’une présence qui se fit sentir soudainement autour d’eux, une présence imposante, au-delà de celle d’un simple mortel. Leylane avait déjà ressenti comme une sensation voisine de celle-ci, la sensation qu’elle avait toujours eu en présence de son père. Pourtant c’était assez différent bien qu’elle ne put s’empêcher d’associer ces deux choses.

Le cadran d’une pendule face à eux s’ouvrit alors et laissa l’espace d’un passage tout juste assez grand pour les faire passer. Puisqu’il n’y avait que cette option qui s’offrait à eux, ils furent bien obligés de s’y engouffrer, bien que Syana en montra la plus grande réticence. Pour elle, tout cela était peut-être l’œuvre du mauvais œil ou d’un mauvais esprit… Il fallait se méfier. Lorsqu’ils arrivèrent de l’autre côté, c’était comme s’ils étaient passé de la réalité au rêve. Les lois de la physique semblaient ne plus régir ce nouvel espace de lequel ils se retrouvaient. Il y avait tout autour d’eux, l’espace infini, constellé d’étoiles qu’ils ne connaissaient absolument pas, et devant eux, une myriades de bibliothèques, formant un labyrinthe titanesque et infini. Dans le « ciel » se trouvait une infinité de pendules et d’engrenages géants, flottant au-dessus de leur tête tels des divinités étranges, les contemplant de toute leur hauteur… à moins que celle-ci ne perçoivent même pas leur existence, comme une créature dont la conscience va bien au-delà de celle des mortels. Debout sur un des rouages qui flottait au-dessus d’eux, se trouvait un vieil homme, un puissant mage dont l’énergie flirtait avec celle d’un dieux. Il descendit vers eux, flottant sur cet roue dentée qui le mena à cette étrange îlot entouré du vide spatial.

« Mes enfants, soyez les bienvenus au cœur de la Citadelle, au sein des rouages du temps ! Je suis l’Archimage Amos ! » se présenta-t-il en tendant ses bras d’un côté et de l’autre, comme pour les inviter à les prendre dans ses bras, ce dont il ne fit cependant rien, eut égard des distances sociales raisonnables qui s’imposaient à tous. « J’ai cru comprendre que vous désiriez me voir. »

A peine fut-il posé au sol que tous sentir son imposante présence. La magie qui l’entourait relevait presque du divin, de l’infini. C’était une sensation presque dérangeante, mais ils sentaient qu’elle n’était pas malfaisante. Elle était juste imposante, déroutante, au-delà des frontières de Midgard…

Je l’avais pourtant bien vu une fois, lorsqu’il accueil chaque année les nouvelles recrues fraîchement diplômées. Et j’avais déjà senti cette différence nette de puissance entre nous et lui. Cette imposante aura qui nous fait nous rendre compte pour qui on travaillait. Mais là, c’est comme si il n’a plus rien retenu en se présentant devant-nous. Dans cet environnement fait de rouages, de cliquetis et de mécanismes en tout genre, l’archimage Amos est dans son élément. Comme faisant parti de la Citadelle. Il peut ainsi modeler cet espace à sa convenance pour, par exemple inventer un passage pour faire rentrer trois pèlerins comme nous. Ce bâtiment, cette œuvre, semble être l’œuvre-même de l’Archimage et le Forgemage réuni et cela doit être sûrement le cas. Amos lui-même nous l’a dit, nous sommes « au cœur de la Citadelle ». Et cela devait bien dire exactement ce qu’on entend par-là.

Autant je n’ai jamais vraiment eu de mal à parler avec Glendor malgré son côté grincheux de vieil homme des cavernes mais Amos… . Il faut que j’adapte ma manière de m’adresser à un fondateur. Si avec le papy on est devenu plutôt proche au fil des années, je n’avais jamais eu de conversation avec l’autre fondateur de l’Ordre. Bien que, j’en suis persuadé, lui doit bien me connaître à travers ce qu’il est dit de moi de la bouche de Glendor et Magnus ainsi de ce qu’il voit à travers toute la Citadelle.

- Bonjour Archimage Amos, Fais-je pour commencer en m’adressant à lui en souriant poliment ainsi qu’en faisant une légère courbette respectueuse. Je suis Nikaïdo Von Wasmeier et je vous présente Syana de la tribu de nomade d’Ocland ainsi que la « Célestienne » comme vous les appeliez Leylane Shalandis. Une palpitante quête de guilde m’a conduite à Syana et sa tribu ainsi qu’à Dame Shalandis. Je nous présente ici devant-vous pour quérir votre aide auprès de la Célestienne a retrouver les siens ainsi que son adaptation à notre monde.

J’insinuais donc par-là en connaître suffisamment sans pour autant dévoiler ce que je sais exactement. C’était un peu une attitude de « petite effronté » comme dirait différents enseignants de la Citadelle. Mais j’aime paraître quelque peu énigmatique bien que mes interlocuteurs soient parfois bien plus puissants que moi. Sans trop en dire, on peut aisément estimer que je sais pour la petite cachotterie sur les « Célestiens » mais sans être trop provoquant ou insidieux. Cela ne semble pas trop plaire à l’Archimage mais mon sourire ainsi que ma posture se voulant rassurantes est là pour lui dire que « tous va bien ».

- Nous avons avant cela fait escale auprès de Glendor pour une pierre venant de son monde que ce dernier étudie. Dame Shalandis vous expliquera mieux que moi les raisons de sa venue, j’espère qu’elle pourra rester un peu afin qu’elle puisse trouver en l’Ordre toute l’aide dont elle a besoin.

Tout était allé assez vite, ce Glendor avait pris la pierre et les avait congédiés dans la foulée. Leylane n'avait même pas eu le temps de réagir. Et elle n'aimait pas cela. Elle se retrouvait séparée du seul vestige restant de son monde. Elle se sentit encore plus démunie. L'elfe aurait préféré rester aux côtés du "Forgemage", et non Archimage, comme elle l'avait pensé. Ne serait-ce que pour suivre les avancées des recherches qu'il ferait sur la pierre de Gar'Haz. Mais elle ne semblait avoir aucun choix, pour le moment. Que pouvait-elle faire, après tout ? Pas grand chose...
Nikaïdo les guida, Syana et elle, jusqu'à l'autre fondateur de l'Ordre. Qui, cette fois, était bien l'Archimage. Lui aussi irradiait de puissance, non pas comme les dieux d'Arcaëlle, mais presque. Leur guide les présenta, ainsi que le but de leur visite. Cependant, Leylane ne fit pas de révérence, ni de courbette. Après tout, elle n'en avait jamais fait devant des divinités... Elle avait même, à plusieurs reprises, envoyé paître Gar'Haz. Elle se contenta d'un hochement de tête, mais Syana, elle, salua Amos comme Nikaïdo. L'elfe chercha ses mots quelques instants lorsque ce fut son tour de parler.

- Salutations, Archimage Amos. Je pense que Nikaïdo a assez bien résumé la situation. Je suis arrivé il y a à peine quelques jours sur votre monde, même si j'ai cru comprendre que d'autres "Célestiens" sont arrivés sur Midgard bien avant, de l'ordre de décennies, semblerait-il. C'est pourquoi, si cela est possible, j'ai besoin de votre aide pour retrouver mes semblables. J'ai appris que Boisdefer et les siens sont bien établis, et je pense qu'ils pourraient m'aider à m'acclimater à ce monde.

Grégoire était la seule piste concrète qu'elle avait pour le moment, et elle avait une certaine confiance en lui. Mais après tout ce temps, il avait du beaucoup changer. Il ne serait sans doute pas le même homme qu'elle avait connu. D'après ce qu'elle avait entendu de la bouche de Chono-Uulan, Grégoire Boisdefer devait avoir au moins une cinquantaine d'années. Sur Arcaëlle, c'était un jeune homme, pour elle et ses trois siècles passés. Mais ici, elle ne savait rien sur les elfes, elle semblait même avoir "rajeuni", alors que Boisdefer pouvait maintenant être plus âgé qu'elle.

- Quand je suis arrivée, j'avais une pierre avec moi. Elle semble venir de mon père, un dieu de mon monde. J'en suis certaine. Mais il m'est impossible de l'utiliser, du moins, pas dans l'immédiat. Votre confrère, le Forgemage Glendor, l'a actuellement sa possession pour l'étudier. Même s'il na pas voulu que je reste à ses côtés pour étudier, moi aussi, cette pierre. Mais... j'aimerais, si possible, apprendre ce qu'il découvrira le plus rapidement possible...

Si Gar'Haz avait transmis un message, ou quoi que ce soit d'autre, à travers cet objet, elle estimait être la personne la plus légitime de le connaître. Mais, comme elle ne pouvait rien y faire, un autre sujet la tracassait. Et elle espérait fortement que l'Archimage pourrait l'aider.

- Cependant, une chose m'est plus importante que cette pierre, dans l'immédiat. Il s'agit d'autres Célestiens. Ils sont peut-être arrivés avant moi, ou en même temps que moi, ou pas encore... Et s'ils sont déjà ici, à votre connaissance, bien sûr, j'aimerai les retrouver. Avez-vous entendu parler de deux Célestiens nommés Maiev et Kyren ? Ce sont mes enfants, des jumeaux. J'espère seulement qu'ils ont eux aussi choisi de garder leurs souvenirs. Si vous avez la moindre information à leur sujet, je vous en serais reconnaissante.

Plus que la pierre de Gar'Haz, Leylane voulait retrouver ses enfants. Ou avoir ne serait-ce qu'une piste, même vague, à leur sujet.

Amos avait écouté avec l’attention d’un maître pour ses élèves. Il avait l’air d’être une personne foncièrement intéressée par les autres, quelqu’un qui prête grand intérêt pour tout ce qui se dit. Il passa une main dans son imposante barbe argenté et prit un petit temps pour réfléchir aux mots qu’il allait employer à répondre à ses invités.

« Je vous remercie, jeune Nikaïdo. » déclara l'Archimage avant de se tourner vers la dame elfe. « Je suis ravi de pouvoir vous rencontrer, Leylane Shalandis. Vous êtes la bienvenue en Midgard, soyez-en assurée. Nous ferrons tout notre possible pour que votre adaptation se fasse au mieux. Je n’ose imaginer la détresse que la perte d’un monde peut provoquer chez un être, bien que j’ai pu en constater les effets délétères… Soyez cependant persuadée que nous vous aiderons, dans la mesure du possible, à retrouver ceux qui vous sont proches. J’ai peut-être d’ailleurs la réponse à certaines de vos questions. »

Il invita d’un signe de main à le suivre à travers l’infinité de bibliothèques, dans ce dédale presque terrifiant, aux dimensions qui dépassent l’entendement. Ce n’était pas comme un labyrinthe végétal étroit et oppressant, non, les rangées étaient large de plusieurs mètres, et l’idée même que cela pouvait représenter le début d’un dédale sans fin donnait le vertige. Il fallait imaginer que tous les détours étaient long de plusieurs centaines de mètres voir kilomètres. Se perdre là dedans revenait à se perdre pour l’éternité…

« Premièrement, soyez assurée que le médaillon vous sera restitué. S’il ne représente aucun danger pour Midgard, ce dont je ne doute pas, il n’y a aucune raison qu’il ne vous soit pas rendu. Quant à ce que Glendor en découvrira, je n’ai aucune crainte sur le fait qu’il partagera avec vous toutes ses découvertes. Mon ami est un peu soupe au lait et n’aime pas trop qu’on vienne fourrer son nez dans son atelier, mais ce n’est pas une mauvaise personne. Il vous aidera. » déclara l’Archimage avec confiance. « Pour ce qui est de vos enfants, j’ai bien peur, hélas, de ne pas avoir connaissance d’une quelconque Maiev, ou d’un Kyren dans les membres de l’Ordre, ou dans les Célestiens qui ont croisé le chemin de notre organisation. Nous allons consulter les registres de ceux que nous avons pu trouver, mais je ne garantis rien… En revanche, il reste un espoir pour vous, Leylane, car si je n’ai aucune connaissance de vos enfants, il en est autrement pour Boisdefer. »

Il s’arrêta un instant et se tourna vers l’elfe noire en posant ses yeux dans les siens.

« Grégoire Boisdefer doit venir me rendre visite prochainement, je ne sais quand exactement, mais il se pourrait que le moment arrive bientôt. Si je puis vous donner un conseil, dans l’espoir de le rencontrer à nouveau, je vous suggère de rester à la Citadelle, le temps qu’il apparaisse à nous. Cela vous laissera également le temps de faire quelques recherches dans nos archives, afin de trouver une éventuelle trace de Maiev et Kyren. Nous avons également dans nos membres actuels quelques Célestiens qui se sont joints à nous. Peut-être en connaîtrez-vous certains. Je vous aiderai à les rencontrer. »

Restant attentif à leur discussion, je regarde tout de même les kilomètres de bibliothèque dans cet espèce de labyrinthe sans fin. Si nous sommes bien éclairé ici, ce n’est pas le cas des ailes loin de nous. Nous marchons et je ne dis pas un mot, préférant les laisser papoter et en retenir d’avantage. Amos semble bien connaître ces fameux Acaëlliens et nul doute qu’il communique avec d’autres pour être autant à l’aise à ce sujet. Cacher une civilisation ayant trouvé refuge ici aux habitants c’est un petit peu trop même pour un Archimage. Les commérages et les langues qui se délissent volontairement ou non auront raisons de ce secret tôt ou tard. Moi-même j’ai dû expliquer mes actions à la guilde pour amener Leylane jusqu’ici. Bien que je leur dise « motus et bouche cousus » les accidents arrivent.

 Je regarde un peu tous les recoins, me demandant sans cesse si ce lieu est réellement présent à la Citadelle ou bien s’agit-il d’une illusion ou encore un lieu d’un autre plan. J’aperçois un grand miroir un peu plus loin alors que l’Archimage s’arrêta un instant. C’est bizarre, il ne reflète pas tous devant-lui. Bouarf’ ! De toute façon ils discutent alors ils ne font pas attentions à moi héhé ! Je commence à aller dans l’allée avec le miroir et regarde d’un peu plus près les livres qui s’y trouvent. Ils ont l’air tous bien neuf ou en tout cas bien entretenus, pas un est encorné. Je m’approche du miroir et vois que certains livres ne s’y reflètent pas. Je tourne ma tête vers ceux que je vois et en touche un pour voir. C’est bizarre, je le touche pourtant. Il a tout à fait l’air là. J’en prends un au pif avec une couverture bleu ciel et un titre dans une langue que je connais en relief et avec de la dorure. C’est écrit dans la langue de mon pays natal mais dans un langage très soutenu. Lena Lee serait mieux que moi le lire correctement mais ça donne un truc genre : « Encyclopédie des esprits, fantômes et autres revenants non physiques sur le territoire d’Amaterasu ainsi que ses archipels et îles proches. Tome un. » Puis sur la quatrième de couverture : « Répertoire incluant les possibles hiérarchies entre les esprits divins et leurs hôtes ainsi que les rituels les concernant. Les esprits démoniaques et angéliques ne sont pas présent et feront l’objet d’une glossaire spécial. » Hé bien… Encore un livre bien somnifère à souhait !

- Ouah !!

Oups ! J’ai fait tomber le livre ! Mais qu’est-ce que… Pourquoi j’ai cette gueule-là dans le miroir moi ?! C’est ultra flippant ! On dirait que je suis un fantôme ! Pourquoi j’ai des marques rouges sur ma peau ? Et surtout… Pourquoi j’ai un, deux, trois… Neuf ?! Neuf queues ?! C’est un peu beaucoup là non ? J’ai pas l’air très séduisant comme ça ! Oh ! Je vois aussi Samonji à côté !

« Arrête de faire l’idiot et rejoint les autres. »

- Ah bah t’es là ! Pourquoi tu t’es éveillé ? J’ai pas trouvé ton porteur pourtant !

«  Tu vas nous perdre imbécile ! Il y a un drap par-terre, ramasse-le et pose-le sur le miroir puis magne-toi de rejoindre Amos. Tu n’as rien à faire ici. »

- T’es trop barbant ! Fais-je en prenant le drap. T’as vu comment je suis ? J’ai des méga-crocs en plus. T’es pas mal non plus hein ! On fait un peu flipper tous les deux, faudrait qu’on se reprenne.

J’entends soudain comme du tonnerre qui gronde. Avant de me faire électrocuter je place de draps puis replace le livre à sa place avant de revenir sur le chemin. Bon, ils sont où les deux autres ? J’les entends par-là ! Je sens aussi leurs odeurs. C’est plutôt facile de s’y retrouver ! Héhé !

Leylane avait toujours été une personne assez forte, mais Amos avait raison, la perte de son monde était une épreuve difficile, même si elle tentait de rien en laisser paraitre. Elle puisait d'ailleurs dans ses forces pour ne pas faiblir. Mais elle devait passer outre. C'était nécessaire.
Le vieil homme, probablement bien plus vieux qu'il n'en avait l'air, assura qu'elle obtiendrait l'aide dont elle avait besoin pour se faire à ce monde. Mais surtout, à trouver ses proches. A ces mots, l'elfe sentit un regain d'espoir en elle. S'il lui était possible de retrouver ses enfants au plus vite, peut-être que ce vide qu'elle ressentait pourrait disparaître. Tout en le suivant, elle l'écouta avec attention, Syana restant silencieuse derrière elle. Sans doute stupéfaite par le lieu où elle se trouvait, elle, une simple nomade. Mais l'arcaëllienne était préoccupée par quelque chose de plus important pour elle. Entendre sa seule source avouer que Maiev et Kyren étaient inconnus des registres de l'Ordre lui donna un coup au moral, même si par la suite, il avoua que Boisdefer, lui, aurait peut-être une piste. Mais formulé de la sorte, elle du bien se rendre à l'évidence : retrouver ses jumeaux ne serait pas aussi facile.

- Des Arcaëlliens se trouvent ici ? Enfin, je veux dire... quand bien même, il y a tout de même une possibilité que je ne les connaisse pas. Toutefois, eux, peuvent potentiellement avoir entendu parler de moi. Arcaëlle était un monde assez grand... Mais si Boisdefer arrive à la Citadelle, je serais ravie de revoir un visage familier.

Restait la question de la pierre, mais Leylane ne pouvait rien faire de plus, pour le moment. Si elle devait rester à la Citadelle, elle devait se trouver une occupation, pour éviter de trop penser à l'épreuve qu'elle avait subie. Comme si cela était aussi facile...
A y réfléchir, il était vital qu'elle mette ce temps à profit pour en apprendre le plus possible sur Midgard. Et comme elle ne connaissait rien à ce nouveau monde, elle avait tout à apprendre.

- En attendant que Glendor examine la pierre, et que Boisdefer arrive... Serait-il possible de m'aider à apprendre, à TOUT apprendre, de votre monde ? Cela m'aidera à m'acclimater, ainsi qu'à penser à autre chose qu'à Arcaëlle. Si tant est que cela me soit possible... Se pourrait-il que je puisse discuter avec d'éventuelles connaissances de mon monde ?

Syana et les siens avaient été d'un grand secours pour Leylane, mais elle avait besoin de la seule chose que seuls quelques uns pouvaient lui apporter. Elle avait besoin, même si elle préférait ne pas y penser, de parler de son monde natal. Cela lui permettrait de parler des souvenirs heureux qu'elle en avait, à défaut de pouvoir en parler au présent. Mais avec qui ?

- Est-il autorisé d'accéder au registre des Célestiens ? J'ai besoin de savoir qui d'autre a pu venir jusqu'à Midgard. Les bons... comme les mauvais.

Qui sait ? Elle pourrait peut-être même aider à découvrir des menaces dissimulées ? Elle pensait à l'Alpha et ses sbires, en premier lieu. Ainsi qu'à tous ceux qui avaient loué le Chaos dans les dernières heures d'Arcaëlle. Mais pour l'heure, elle voulait surtout savoir si des amis, des alliés, ou des connaissances amicales à elle étaient sur ce monde. Avec leurs souvenirs, bien entendu. Il serait pratiquement impossible de les retrouver, s'ils avaient choisi un nouveau départ sans cela. Mais elle comprenait ce choix, malgré tout. Qui serait assez fou pour vouloir continuer comme si de rien n'était après avoir vécu la destruction de son monde natal ?

Amos eut un sourire compatissant envers Leylane Shalandis. Il avait déjà évoqué la réponse à ses questions, mais probablement que son esprit avait été trop perturbé par ses propres pensées pour avoir correctement enregistré l’information. Aux yeux de l’Archimage, ce n’était pas très grave, il n’avait aucun problème avec le fait de répéter les choses, sa patience était grande, tout comme sa compassion.

« Comme je vous le disais, Dame Shalandis, vous serez la bienvenue parmi nous, et il vous sera permis de consulter nos registres. Quant à vous adresser aux célestiens qui se trouvent dans nos rangs, vous êtes libre de discuter avec qui bon vous semble, ce qui inclus donc ceux originaires de votre monde. Cependant, je dois tout de même vous avertir de détails cruciaux. »

Le visage du mage s’assombrit, sa voix était plus grave, et son ton plus solennel. C’était visiblement une mise en garde à ne pas prendre à la légère.

« Nombre des vôtres ont choisi différentes voies, peu sont ceux qui ont été assez déterminés à choisir la réincarnation tout en gardant leurs souvenirs d’antan. Certains se trouvent actuellement en Midgard, mais ne portent plus les mêmes noms, et n’ont plus de souvenir de quoique ce soit, tout au plus, il leur arrive parfois de rêver d’une vie qui fut la leur, mais qui leur apparaît à présent comme celle d’une autre personne. Certains ont choisi volontairement de se cacher et de se fondre dans la masse, malgré qu’ils aient encore leurs souvenirs, il se peut qu’ils refusent d’avouer être de votre monde et préfèrent leur nouvelle identité. D’autres encore ont choisi des vies différentes, vraiment très différentes. Certains se sont réincarnés sous la forme d’esprits élémentaires, ou légendaires, libérés des carcans de la vie physique. »

Amos s’arrêta un instant, pour reprendre son souffle, mais aussi parce qu’il venait de remarquer l’absence de Nikaïdo, et surtout son retour parmi eux. Il fronça les sourcils et fixa le jeune féra avec suspicion.

« Où êtes-vous allez vous perdre ? » demanda-t-il avant de se raviser. « Hum… Non, en fait, je crois que je n’ai pas envie de savoir. Vous feriez mieux de ne plus vous éloigner. Ces couloirs peuvent s’avérer dangereux sans un guide. »

Il grommela dans sa barbe, se demandant où il en était avant de se rappeler de quoi il devisait avec l’elfe noire.

« Ah, oui… Sachez également que vous ne craignez pas grand-chose de vos ennemis d’antan. Si j’ai bien compris, les fidèles du dieu malfaisant qui a causé la perte de votre monde n’ont pas bénéficié du sauvetage de vos autres dieux. Il était clair que ceux qui adulaient le chaos l’ont rejoint où ont en tout cas été laissés derrière vous. Wraith, Odin et moi-même avons veillé à ce que de tels individus ne puissent pas troubler Midgard. Nous ne voulons pas que ce genre de scénario se reproduise, vous comprenez… En tout cas, j’ai toute confiance en Wraith quant au choix de ceux qui ont pu être réincarnés en notre monde. Mais il est possible que certains aient aussi choisi le repos éternel dans les bras de Hel, ou ait choisi de rejoindre les armées du Valhalla, aux côtés du dieu Odin. Autant vous dire que votre mission ne sera pas facile, Dame. Néanmoins, si tel est votre souhait, nous sommes prêts à vous dispenser toute l’aide et le savoir dont vous ferez la demande. L’Ordre se fait pour mission d’instruire ceux qui le demandent, libre à vous de nous rejoindre ensuite ou de tracer votre propre chemin. Prenez note, tout de même, que nous veillons à ce que, comme l’indique notre nom, l’ordre de ce monde soit respecté. Vous apprendrez rapidement que certaines pratiques et certaines déviances ne seront tolérés. J’ai cependant bon espoir que vous saurez vous montrer raisonnable… En tout cas plus que notre cher ami ici présent, n’est-ce pas, jeune Nikaïdo ? »

Le vieux mage fixa le co-chef de guilde avec un air mi-accusateur, mi-amusé.

« Avec quel artefact jouiez-vous ? Vous n’auriez pas, par le plus grand des hasards, croisé votre reflet dans le miroir d’Étirév ? »

Amos posait la question comme s’il connaissait déjà la réponse. Bien évidemment, l’Archimage avait les yeux un peu partout dans cette dimension de poche.

Oh, oh ! Je commençais à peine à reprendre le fil de leur discussion que l’Archi-mage me pinça tout de suite pour mon absence, ayant comme deviné ce que je faisais dans l’une de ses allées. Alors que je souriais d’excuse lorsqu’il me gronda bien que sa manière d’houspiller sur quelqu’un soit bien différent que son partenaire Glendor, je réfléchissais à un moyen de me dépatouiller de cette situation. Amos semble être un autre genre de papy que ce dernier. Ah, ah, ah… ! Comment je vais m’en sortir avec ses questions ? Je dois être comment fasse à l’Archi-mage ? Hum ? On va la jouer fine ! Ça va passer !

- Aaah… Alors c’était un artefact ce miroir ! Je me disais bien aussi que je ne ressemblais pas à ce qui s’y reflétait. Herm… Je suis désolé, ma curiosité m’amène toujours vers des endroits, ou bien des objets et même des personnes intéressantes comme Leylane. J’ai le flair pour dénicher les choses singulières, comme une sorte de chance de trouver ce qui m’intrigue. Après tout, c’est grâce à ça que j’ai retrouvé une des Célestiennes éparpillées dans le monde. Et ce qui, si j’ai bien comprit, est rare de rencontrer. Et là… Parmi toutes vos allées avec vos bouquins et autres artefacts, je suis tombé sur un miroir qui ne rend pas du tout séduisant et des bouquins de mon pays d’origine sur des esprits. C’est une bien drôle de chance qu’en dites-vous ?

- Je dirais plutôt que vous êtes bien trop curieux jeune Féra, j’espère seulement que ceci ne vous perdra pas.

Aaah… Bon, c’était à prévoir, ça n’a pas trop marché ! Bon, c’est tout de même ce que je pense mais je pensais que ma façon de tourner l’affaire irait en ma faveur. Mais on ne l’a lui fait pas à lui.

- Hum… Du coup Leylane va rester ici pour retrouver quelque uns des siens et partir à la recherche de ses enfants par la suite avec, j’espère pour elle, des réponses quant à la pierre donnée par un Dieu des morts si j’ai bien comprit ? Enfin ça… C’est uniquement si vous le voulez bien Dame Shalandis ? Demandais-je directement à Leylane pour diriger la conversation sur autre chose tout en souriant chaleureusement à cette dernière. Si c’est le cas je peux faire guide le temps de trouver vos marques ici avec Syana, je suis certain de vous laisser entre de bonnes mains.

Leylane ressentit un grand soulagement, lorsque l'Archimage lui annonça que les fidèles d'Özan n'avaient pas fait le voyage d'Arcaëlle à Midgard. Probablement l'une des nouvelles les plus agréables à entendre pou le moment. Quant à ce qu'il lui avoua par la suite... l'elfe espérait fortement que ses enfants avaient choisi de conserver leurs souvenirs en arrivant. Certes, sur leur ancien monde, elle n'avait pas beaucoup de souvenirs avec eux, mais ils restaient ses enfants. Même si elle avaient du les faire élever par d'autres. Tout cela était compliqué.

- De quels pratiques parlons-nous ? Sur Arcaëlle... ma parenté avec le Dieu des morts... Comment pouvait-elle le formuler, sans passer pour une aliénée ou un danger ? Et bien, les enfants des dieux avaient tous des dons liés à leur parent divin. Un don unique, pour mon ancien monde. Gar'Haz m'avait légué un contrôle sur les morts et les spectres. Ainsi que de "voir" certaines choses dans les entrailles ou les os des morts. Ainsi que de pouvoir nécroser ce que je touche. Pour ne citer que ce que je pouvais contrôler. Le passage d'un monde à l'autre m'a, semble-t-il, privé de ces dons. Est-ce ça, le vide que je ressens ? Cela existe-t-il sur Midgard ?

Il lui était difficile de mettre des mots justes sur cela. Quelqu'un pouvait-il seulement comprendre ce qu'il lui arrivait ? Elle avait passé des siècles avec ces dons, ils faisaient partie intégrante de qui elle était. Et maintenant... une part d'elle-même lui manquait. Elle aurait peut-être du lui parler de sa forme de Banshee, mais c'était probablement la partie la plus dangereuse de ses dons. De toute manière, il y avait peu de chances qu'elle puisse retrouver toutes ses capacités. Le plus urgent était de retrouver Maiev et Kyren.
D'ailleurs, Nikaïdo pourrait peut-être l'aider. Quitte à leur servir de guide, à Syana et elle-même, il pourrait probablement avoir des contacts ou autres pour retrouver ses enfants. Ou du moins avoir une piste. Leylane resterait à la Citadelle le temps d'en apprendre un peu plus sur les Célestiens déjà présents, sur la pierre de Gar'Haz, et jusqu'à ce qu'elle ai pu voir Boisdefer. Beaucoup de conditions, mais celles-ci étaient indispensables.

- C'est cela. Je glanerais des informations dans les registres accessibles de l'Ordre jusqu'à ce que Boisdefer arrive. Ensuite, j'aviserai selon les renseignements que j'aurai recueillis. Je dois avouer que, pour la première fois depuis plus de trois-cents ans, je n'ai pas de plan à long terme, j'avancerai une tâche après l'autre. Syana et moi aurons besoin d'un guide. Enfin, surtout moi. Elle se tourna vers Amos. A qui devrais-je m'adresser pour d'éventuelles, et probables, questions ?

Pour tout ce qui serait organisation de son temps, la nourriture, le logement, les autorisations d'accès, et autres commodités, bien entendu. Leylane ne voulait pas paraitre malpolie, mais pour l'heure, même si elle donnait le change, elle était épuisée de faire semblant d'aller bien. Elle avait besoin de repos et de calme.

Une nouvelle fois, l’Archimage passait sa main dans sa barbe, signe de sa réflexion intérieure. Il était plutôt courant de le voir faire ce geste et d’aucun savait ce que cela signifiait, assez rapidement même. C’était un genre de petit rituel pour lui.

« Hum, il serait long pour moi de vous narrer toutes les pratiques interdites ou non de notre monde, selon le pays où vous vous trouvez, ou selon l’Ordre, mais dans les grandes lignes, il n’est pas interdit de pratiquer ce genre de nécromancie, cela existe, bien qu’elle soit une magie que certains redoute, du fait de l’aspect moral. Je ne pense pas que dans votre monde cela fut différent, sans doute avait-on une vision bien particulière d’êtres morts animés… Sachez qu’ici, cette magie n’est pas interdite, elle est simplement soumise à surveillance, d’autant qu’elle a bien des formes en vérité. » déclara le vieux mage. « La communication avec les morts est bien évidemment la forme la plus simple de « nécromancie » et sans doute la plus acceptée. Au final, il ne s’agit que de communiquer avec des esprits, rien de plus, c’est assez courant. Ce qui l’est moins, c’est l’animation de corps… Cela, en revanche, est contrôlé par l’Ordre, mais il est possible d’acquérir un tel pouvoir et d’en obtenir l’autorisation auprès de notre organisation. Quant à la manipulation d’âmes mortes… Sachez que cela est strictement prohibé. Les morts restent là où ils sont, et de même, la création d’homoncules, ou de créatures fabriquées de toutes pièces, auxquels ont aurait insufflé l’âme d’un mort… voilà qui vous condamnerait à être poursuivie par l’Ordre. Je ne sais quels étaient exactement vos dons, mais voilà grossièrement qu’elles sont les règles de moralité de l’Ordre. Sachez que nombres de nations partagent cette vision. »

Au fur et à mesure qu’ils avançaient, Leylane, Syana, Nikaïdo, et Amos revenaient en des terrains connus, plus terre à terre, comme si subitement, ce monde de poche disparaissait derrière eux pour faire place aux couloirs de la Citadelle.

« Je pense très honnêtement que je confierai le soin à l’un de nos Gardiens de vous guider le long de votre intégration à ce monde. Ils ont pour mission de protéger et assurer le maintien de l’Ordre à travers Midgard, mais comme vous êtes une célestienne particulière, il serait peut-être bon de vous confier à un midgardien particulier. Après le Forgemage, et moi-même, les Gardiens sont les représentants de l’Ordre les plus importants. Vous serez en sécurité avec l’une ou l’un d’eux. Et puisque les arts occultes semblent être votre spécificité, je devrais peut-être choisir quelqu’un qui s’y connaît en la matière. Je vais vous le présenter maintenant, ensuite nous rejoindrons Glendor pour voir s’il a découvert quelque chose sur votre artefact ! »

Ils passèrent une porte et se retrouvèrent dans un agréable petit séjour avec de grandes colonnades, la statue d’une femme elfe, arborant un croissant de lune sur le front, drapée comme une statue Elénienne, des tapis luxueux aux sols, probablement originaires d’Uruk, avec un âtre où crépitait un feu doux et chaleureux. Il y avait des fauteuils couverts de velours rouge, ainsi qu’un bureau sculpté dans du bois noble et une grande bibliothèque qui couvrait le pan d’un mur entier. Se trouvait également dans un coin, un globe représentant le monde de midgard, ses continents, ses îles et ses océans. On pouvait également remarquer la présence d’un clavecin, instrument massif et plutôt rare de trouver.

« Il ne devrait plus tarder à nous rejoindre. Je lui ai envoyé un message télépathique pour qu’il nous rejoigne. » déclara Amos, posément. « En attendant, installez-vous confortablement. Vous désirez peut-être quelques rafraîchissements ? »

À ces mots, l’on entendit toquer à la porte. Amos invita la personne à entrer et l’instant d’après, un homme entra dans la pièce, plutôt large d’épaule et à la silhouette quelque peu sinistre. De grande taille, arborant une longue chevelure noire, légèrement ondulée, qui lui donnait un air ténébreux, sans compter sa barbe finement tailler et son regard sombre aux iris d’un gris froid. Ses épais sourcils, légèrement froncés, lui donnaient un air sévère malgré des traits du visage plutôt charmants. Il portait une tenue à l’image du reste de sa personne : un pantalon et une veste noire pardessus une chemise blanche, surplombés d’un long manteau noire et d’une cape rouge carmin, une ceinture ceignant sa taille. Il portait également des gantelets d’acier aux extrémités pointues ainsi qu’une paire de bottes tout aussi renforcées. Lorsqu’il s’exprima, c’était d’une voix plutôt sombre mais parfaitement distinguable, avec un très très fort accent de Roskiev.

« Bonjour, mesdames, monsieur, et Archimage Amos. C’est un plaisir de vous rencontrer. »

L’aura qui se dégageait de cet homme était impressionnante, pas autant que celle du vieil Archimage, mais tout de même. Un non initié à la magie aurait pu sentir cette puissance également. Il régnait autour de lui une noirceur certaine, bien que contenue.

« Leylane Shalandis, Syana, Nikaïdo Von Wasmeier, je vous présente Nikolaï Valachicz, Gardien de l’Ordre, éminent occultiste, magicien émérite. J’espère qu’il saura vous être d’un certain secours.
- Enchanté, Dame Shalandis. L’Archimage Amos m’a expliqué brièvement votre situation. Je serais bien évidemment honoré de pouvoir vous prêter assistance dans votre intégration. Habituellement, l’on fait appel à des instructeurs spécialisés, mais aucun n’a la savoir que je possède. Disons que j’ai quelques spécialités en magie que d’autres n’ont pas.
- Oui… Nikolaï est versé dans le genre de magie que peu de gens maîtrisent… Mais il en faut bien. Et puis si nous rencontrons des ennuis avec des nécromanciens, il est la personne la plus qualifié pour s’occuper de cela. J’espère que vous pourrez vous entendre.
- Soyez rassuré, Archimage, je saurai me montrer digne de votre confiance, comme toujours. »

Nikolaï esquissa un sourire qui lui donnait un air légèrement inquiétant. Cela ne lui allait pas trop de sourire, surtout vu sa mine sinistre. Le gardien se tourna alors vers Nikaïdo et le regarda un moment avant de déclarer :

« Von Wasmeier… Ah oui ! Vous êtes le jeune homme qui a été adopté par Magnus ! Je le connais bien ! Il paraît qu’il va prendre la suite du vieux Klaüss Winkermark, notre gardien bientôt à la retraite. Je suis plutôt favorable à lui. J’aime bien ses méthodes.
- Humpf… » soupira Amos. « J’espère qu’il se montrera au moins aussi raisonnable que vous, Nikolaï.
- Da, Archimage. Et si je vous servais petit vodka de Roskiev ?
- Heum… Non merci, Nikolaï, pas pour moi. » refusa poliment Amos.
« Dame Shalandis, Syana, Wasmeier ? Petite vodka ? » proposa le roskievich.

Nikolaï Valachicz:

Nous voilà revenu au sein de la Citadelle, comme si, tout naturellement nous ne l’avions jamais quittée. J’écoute un peu d’une oreille ce qu’il se dit pour garder mon esprit curieux à l’affût de la moindre curiosité. Leylane serait confiée à un gardien ce qui n’est pas bête ! Je me demande qui à Amos en tête. Un que je connais ? Qui pourrait faire office de guide et surtout qui voudrait l’aider ? Je regarde attentivement la mappemonde et la fait tourner du sens où notre planète tourne pour de vrai. C’est drôle de voir une carte du monde sur une sphère, moi qui ai l’habitude des cartes toutes plates. Hum… Je ne crois pas avoir déjà visité cet endroit, peut-être un nouveau quartier ? Ou bien juste une salle d’attente pour désireux de s’entretenir avec un gardien ? C’est dingue qu’après autant d’années passées à la Citadelle je découvre encore de nouvelles salles !

Soudain, l’on entend toquer à la porte. Un grand gaillard venue du fin fond de ce froid pays qu’est Roskiev arrive et nous salue. Il se dégage de lui une certaine noirceur, il semble maîtriser la magie comme un maître. Quant à la nature de sa magie même…

- Oui… Nikolaï est versé dans le genre de magie que peu de gens maîtrisent… Mais il en faut bien. Et puis si nous rencontrons des ennuis avec des nécromanciens, il est la personne la plus qualifié pour s’occuper de cela. J’espère que vous pourrez vous entendre. Me confirme Amos sans le savoir.

Pourquoi il me sourit comme ça ? Hé oh ! J’ai pas peur des gens comme toi dans ton pays sinistre et inquiétant ! Bon, c’est vrai qu’avec Magnus je n’ai pas trop vu autre chose que le lieu le plus hanté de Roskiev pour aller arrêter un convoi transportant un truc bizarre dans un coffre que je n’ai jamais pu voir. C’était horrible, en plus il pleuvait la moitié du temps et l’autre moitié la brume se faisait épaisse. L’humidité m’a fait avoir un rhume et j’ai salopé mes fringues ce jour-là. Journée pas ouf.

- Von Wasmeier… Ah oui ! Vous êtes le jeune homme qui a été adopté par Magnus ! Je le connais bien ! Il paraît qu’il va prendre la suite du vieux Klaüss Winkermark, notre gardien bientôt à la retraite. Je suis plutôt favorable à lui. J’aime bien ses méthodes.

- Humpf… » soupira Amos. « J’espère qu’il se montrera au moins aussi raisonnable que vous, Nikolaï.

- Da, Archimage. Et si je vous servais petit vodka de Roskiev ?

- Heum… Non merci, Nikolaï, pas pour moi. » refusa poliment Amos.

- Dame Shalandis, Syana, Wasmeier ? Petite vodka ? Proposa le roskievich.

Il connaît père ?! Ah bah forcément… Dès qu’il s’agit d’un membre glauque de l’Ordre celui-ci connaît Magnus ! Bien qu’il soit vrai que malgré son absentéisme, père est connu comme le loup blanc.

- En effet. Fais-je. Tel que je connais père, ça va lui être difficile de participer à toutes vos réunions. Mais bon, il sait s’adapter. Et pourquoi pas ! Je ne suis plus en service, si ?

A tous les coups il aura un genre de secrétaire qui lui fera part des réunions et des choses qui se passent à la Citadelle. Si ce n’est pas déjà le cas. Je me tourne vers Amos comme pour savoir s’il approuve ou non ma curiosité de goûter leur fameuse Vodka. Après tout, j’y avais pas le droit lors de la mission dans le cimetière hanté bien que pour un Roskievich je n’étais pas trop jeune pour en goûter. Mais Magnus en avait décidé autrement. C’est si fort que ça ? Face à certains Sakés… Qu’est-ce que ça vaux après tout ? L’Archimage fait une petite moue mais il n’interdit pas pour autant. Je me laisse alors servir par Nikolaï. L’odeur à l’ouverture de la bouteille envahit vite l’espace. Houla ! Rien que là, ça veut tout dire ! Je goûte juste une gorgée et sens que le truc est fait pour désinfecter les plaies, ou annihiler toute trace de vie. Je fou le feu à ça et je pense qu’on s’en souviendra encore dans dix ans ! C’est fort ! C’est bon, mais c’est fort. Je regarde Leylane et Syana, par curiosité. Vont-elles en prendre ?

-En effet, il en était de même sur mon monde. Bien que je fus la seule à pouvoir user de ce genre de magie... Il ne me serait pas venu à l'idée de déranger le repos éternel d'un arcaëllien. Pas même pour ma propre fille, Gar'Haz ne l'aurait pas accepté. Je me contentais d'hytrez et de spectres pour combattre mes ennemis et le Chaos. Cela faisait partie de mon être, comme sans doute votre magie fait partie de vous. Imaginez qu'elle vous soit retirée, vous comprendriez ce que je traverse.. Mais je risquerai pas à m'attirer la colère du dieu ou de la déesse qui joue le rôle de gardien des morts, sur votre monde.

Certes, la mort d'Eyala avait servit de déclencheur à certains dons de Leylane, ceux qui n'avaient pas été éveillés lors de sa mort et résurrection des années avant, mais malgré sa relation difficile avec son père, l'ancienne demi-déesse n'aurait pas couru le risque de subir son courroux. Elle espérait seulement pouvoir trouver comment retrouver ses dons, ou à défaut, vivre avec cette absence. Ou trouver un moyen d'y pallier. En attendant, elle n'avait pas d'autre choix que de patienter.
Au bout de quelques instants, ils prirent place dans une sorte de salon, alors que l'Archimage annonçait que quelqu'un allait aider Leylane à s'intégrer sur Midgard. Syana n'aurait-elle pas suffit ? Aux dires d'Amos, sans parler de la nomade, il fallait quelqu'un de spécial pour l'ancienne demi-déesse. Un Gardien. Et quel gardien ce fut ! L'elfe eut un moment de panique, l'homme qui venait d'entrer, l'espace d'un instant, lui avait rappelé un souvenirs difficile. Acrudal avait représenté une menace, mais il avait été trompé par Kaliqua et la perte de sa famille. Mais la ressemblance s'arrêtait à leur physique pour peu que l'on y fasse attention. Juste... un "air de". Elle répondit à son introduction.

- Enchantée, Gardien Valachicz. C'est un peu compliqué, mais j'espère que vous saurez m'aider.

Leylane et Syana se regardèrent en silence. La gitane donnait l'air de ne pas être à sa place, mais si la chibela du clan lui avait ordonné de suivre la Célestienne, c'était peut-être qu'elle avait un rôle à jouer. Elles laissèrent les hommes discuter entre eux, un peu perdues et fatiguées. Quand le dénommé Nikolaï proposa un verre, Nikaïdo accepta et tira un drôle d'air. Le roskiev leur propos aussi. Une petite "vodka" ? Peut-être que cela existait sur Arcaëlle sous un autre nom, ou peut-être pas. Syana prit un verre et s'adressa à Valachicz :

- Comment dit-on chez vous, déjà ? За Ваше здоровье  (Za vAché zdarOvié) ! Cela fait quelques temps que mon clan n'a pas été en Roskiev, pardonnez mon accent.

Combien de langues la jeune gitane pouvait-elle comprendre ? Ou plutôt, dans combien de langues avait-elle de bases pour se faire comprendre ? Mais cela paru, au final, assez normal pour Leylane. Un peuple qui voyage sur tout le continent ce doit de maitriser plusieurs langues. Le jeune femme avala contenu du verre cul-sec et tira une grimace.

- Ah, sale race. C'est toujours aussi fort !
- Et qu'est-ce donc ? Je ne crois pas connaitre ceci. Et j'ai vécu plus de trois siècles sur mon monde.
- Alcool de patate, assez fort et sec. De mémoire, les tiens aiment pas ça. Enfin, les elfes. Pas assez raffiné.
- Je vais quand même goûter. L'alcool de patate existait chez moi, mais sous de multiples noms. Voyons si la "vodka" d'ici ressemble à celle d'Arcaëlle.

Leylane trinque:

Elle but une gorgée, mais comme sur Arcaëlle, ce n'était pas un alcool qu'elle appréciait. Elle toussa un peu.

- Désolée, comme sur mon monde, l'alcool de pomme de terre n'est toujours pas au goût de mon palais.

Elle reposa la boisson sur la table, repoussant légèrement le tout, signe qu'elle ne finirait sans doute pas la vodka. Elle se tourna vers Amos.

- J'ai pu apercevoir le peuple de Syana user de magie, mais celle-ci semblait différente de celle d'autres personnes. Pensez-vous que Nikolaï et moi possédions, de même, des magies "différentes" dans ce sens ? Et vous, Gardien Valachicz, pensez-vous qu'il vous sera possible de réveiller ma magie ? Elle me venait de mon père, et comme mon monde et ses dieux ont disparus, je ne sais pas... Je me suis dit que notre façon d'user de nécromancie pouvait varier ?

Nikolaï se mit à rire face aux expressions assez piteuses des trois comparses qui avaient accepté son invitation à boire de la vodka. Son rire, quelque peu tonitruant, lui donnait un air quelque peu inquiétant, mais il resta calme, posé, et les rassura bien vite.

« Vous n’êtes pas les premiers à faire ce genre de tête. Disons qu’ils faut s’habituer à la puissance de la boisson. Hé hé hé ! Ce n’est pas un problème si vous ne finissez pas. Je ne le prendrai pas mal. »

Le Gardien ne se fit d’ailleurs pas prier pour prendre les verres à peine entamer pour les finir. Autant ne pas gâcher… C’est un peu ce qui caractérisait Nikolaï, d’ailleurs. « Ne pas gâcher » était sa devise, et cela valait aussi bien pour un verre de vodka qu’un cadavre. C’était une personne plutôt verser dans les sciences de la médecine, du corps et de la magie. Il ne pouvait s’empêcher de décortiquer tout ce qui passait sous sa main. Une curiosité qui était savamment contrôler par l’Ordre afin qu’elle ne déborde pas vers les pires choses.

« J'ai pu apercevoir le peuple de Syana user de magie, mais celle-ci semblait différente de celle d'autres personnes. Pensez-vous que Nikolaï et moi possédions, de même, des magies "différentes" dans ce sens ? Et vous, Gardien Valachicz, pensez-vous qu'il vous sera possible de réveiller ma magie ? Elle me venait de mon père, et comme mon monde et ses dieux ont disparus, je ne sais pas... Je me suis dit que notre façon d'user de nécromancie pouvait varier ? » demanda alors Leylane.

Le roskievich se gratta le bouc et sembla réfléchir intensément. Les questions étaient très pertinentes et demandaient des études mûrement réfléchies et approfondies.

« Hmmm… Vous parlez de pouvoirs divins… En vérité, cela est complexe, je n’ai absolument aucune idée de comment votre magie à vous fonctionnait dans votre monde. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il est possible d’acquérir des pouvoirs comparables, sans être d’ascendance divine.
- Ce qui était impensable sur Arcaëlle. » précisa Amos. « J’ai pu échanger avec un ami qui vient d’Arcaëlle. Il m’a raconté moult choses de votre monde. La magie d’ici n’est en rien comparable à celle que vous avez connu. Avec les bonnes aptitudes et les bonnes connaissances, il est possible d’obtenir de tels pouvoirs de bien différentes manières. Si l’on en appelle aux esprits adéquats, il est possible d’être aussi puissant qu’un de vos demi-dieu, voir plus encore.
- Da ! Il est même possible d’invoquer la puissance des dieux, à certaines conditions. Ce n’est pas donné à tout le monde, mais avec beaucoup de volonté et d’entraînement… oui, il est possible d’acquérir de tels dons. » compléta Nikolaï. « Je pourrai vous enseigner bien des choses à ce sujet, j’en ai fait mon domaine. Laissez-moi juste évaluer votre potentiel, ça ne prendra qu’un instant. »

Nikolaï Valachicz s’approcha de Leylane et tendit ses mains en avant tout en fermant les yeux. Il bougea les bras, comme pour sentir quelque chose d’invisible dans l’air. Après un moment de ce mouvement étrange et singulier, il rouvrit les yeux.

« Hmm… Da ! Gros potentiel ! Je sens une affinité avec Hel, la déesse élémentaire des ténèbres, mais également de la Mort. Oui… Beaucoup de potentiel. Je peux vous enseigner beaucoup de choses, je pense que vous n’aurez aucun mal à retrouver des aptitudes similaires à vos anciennes capacités.
- Et bien voilà qui devrait vous rassurer un peu. » commenta Amos avec un sourire chaleureux. « Bien… Nous devrions peut-être aller retrouver Glendor, à présent. Il aura peut-être trouvé quelque chose vis à vis de la pierre. »

Je regarde tous ce petit monde discuter, sirotant la Vodka comme n’importe quel Saké, c’est à dire à petite dose. Comme font les seigneurs qui se distinguent de la plèbe les pieds dans les champs de riz. Ou comme les prêcheurs de paroisses qui se donnent un genre. Les deux jeunes- enfin… Les deux femmes ne semblaient pas fort apprécier de genre de boisson. Entendre Leylane dire qu’elle a déjà trois siècles d’existence à son actif me fait hausser les sourcils. J’imagine pas des êtres aussi vieux ! Et pourtant aussi en forme et à l’apparence jeune comme elle. Bon, je ne sais pas… Peut-être que c’est dû à sa réincarnation ? Avant c’était p’être une mamie ? Elle a des enfants alors il se pourrait qu’ils aient des gosses eux aussi. Trois cent piges… J’ai du mal à me le figurer. Et pourtant le vieux Amos est déjà… Eh bien, déjà bien vieux ! Il a l’air vieux, il l’est bien plus que la normal et il sent le vieux. Et un elfe ça vit quoi ? Cent cinquante ans grand max ? Même un drow c’est pareil. Je ne sais pas ce qu’était leur espérance de vie dans leur monde mais si déjà elle avait trois cent piges on dépasse largement les elfes de notre monde.

Bien ! En ce qui me concerne je n’ai plus rien à faire ici ! Ma mission est fini et je crois que si je ne rentre pas à Dophemar Lena Lee va me bassiner de reproches en tout genre comme si l’on était marié ! Je ferais mieux de m’éclipser. Mais lorsque j’entends Amos dire qu’on va aller voir Glendor pour le résultat de la pierre étrange de la dame de trois cent piges qui en fait qu’une petite trentaine… Forcément j’en suis ! Je veux au moins savoir le fin mot de cette histoire ! Après tout, c’est grâce à cette pierre si on s’est rencontré avec l’arcaëllienne ! Je suis alors le petit groupe en posant d’abord mon petit verre vide sur le coin de la table. Tous ceci est très intéressant et bien que je ne participe pas activement à leurs échanges, je peux tous les observer. Le Roskievich a visiblement hâte de faire ce qu’on lui a proposé, il marche vite mais se contrôle afin de ne pas être le seul devant. On arrive bien vite dans le laboratoire de Glendor qu’on entend râler et vociférer du couloir. Me sentant d’humeur, j’ouvre la double-porte à Amos et sa compagnie quand soudain le vois le piaf foncer dans la direction. Je l’attrape au vol avant qu’il finisse sur notre archimage. La bestiole est paniqué mais je l’enserre de manière à ce qu’il ne puisse pas battre ses ailes.

- Nous revoilà papy ! On vient pour la pierre !

L’animal écarte ses jambes et les agitent sans se dire qu’il pourrait me griffer avec pour s’en sortir. Il reste là, les yeux agars en émettant des hululement bizarres. Je le mets sur l’un de ses perchoirs en entrant dans la pièce et lui donne quelques graines pour oiseaux. Il picore à côté, comme d’habitude. Un jour j’ai essayé de lui désigner une graine pour qu’il réussisse au moins une fois dès le premier coup mais ce con m’a juste picoré le doigt. Depuis je mets tout en tas bien serré dans un bol pour être sûr qu’il arrive à en manger. Ouai… J’ai décidément passé pas mal de temps ici! Ou en tout cas avec Glendor et son piaf débile. J’ai jamais su ce qu’il trouvait à cet être qui, sans son aide, serait déjà mort depuis longtemps. Peut-être la satisfaction lorsqu’il arrive enfin à choper un truc pour le bouffer ?