Deuxième mission : Récupération d'un colis spécial.

Talion était quelque peu déçu, il aurait souhaité ce charger lui même de l’interrogatoire de Griffin, ou au moins pouvoir y participer. C’était plutôt son truc de torturer les gens et leur faire cracher le morceau.

« C’est dommage… Chez les inquisiteurs on apprend quelques trucs pour délier les langues ! Je me serais bien amusé à lui faire cracher le morceau et à le faire morfler comme il faut !
- Ah ah ! Je n’en doute pas, Talion, mais j’ai besoin de vos autres talents pour débusquer le reste de la bande de Zenon, et croyez-moi, la branche des renseignements de l’Ordre n’a rien à envier aux inquisiteurs concernant les méthodes pour dévoiler des informations auprès des prisonniers ! »

Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Winrart. Talion fit le rapprochement entre ses dires et l’outil dont s’était servi le capitaine pour clouer le bec au féra et comprit immédiatement que Griffin allait probablement passer un très sale moment. Il n’insista pas plus et déclara :

« Bon, très bien, je demanderai à ma petite poupette de surveiller Tyr et les environs de la taverne.
- Votre petite poupette ? » s’étonna Sigrid.
« Oui, je parle de Ninian, pourquoi ?
- C’est vraiment bizarre… On dirait pas en vous regardant et en vous côtoyant que vous pouvez être aussi gaga de votre piaf.
- Ninian est la seule personne en qui j’ai totalement confiance. Au moins, je sais qu’elle ne me décevra jamais.
- Wow… Sympa pour nous… » maugréa Sigrid avec une pointe de déception.
« Ne vous méprenez pas, Sigrid. Je n’ai certes pas totalement confiance en vous, mais je vous apprécie tout de même. » précisa Talion le plus naturellement du monde.

Sigrid fit la moue mais ne chercha pas à creuser plus. Talion était décidément un bien étrange personnage. Cependant, elle se demandait bien ce que le goth avait pu vivre pour ne faire à ce point confiance à personne hormis son animal de compagnie. Il avait drôlement dû en baver pour en arriver là.

Comme suggéré, le sergent chef de la brigade n°11 aida Winrart à installer le prisonnier à bord du navire, dans une cabine où il pourrait être interrogé à loisir. Talion installa également un dispositif magique qui permettait, entre autre chose, d’empêcher toute forme de transformation en féra. Un gadget de l’Ordre bien pratique, qui était efficace uniquement à très courte portée. Il en existait également pour empêcher toute forme de magie. L’Ordre avait les moyens, et le savoir-faire nécessaire à la réalisation de ce genre de dispositif et la plupart des brigades d’inspection ainsi que les groupes d’inquisiteurs en étaient équipés, cela facilitait d’autant plus de pouvoir appréhender et détenir en captivité des personnes dangereuses comme Griffin, par exemple.

Suite à cela, Talion et Sigrid quittèrent ensemble le navire et le chef de brigade chargea son animal de compagnie de rejoindre la taverne où se situait Tyr.

« Allez, ma gentille petite Ninian d’amour, va rejoindre Tyr, le monsieur taciturne au regard sombre avec la cape brune.
- Crâaaaa ! Crâaaaa !
- Non, mais arrêtez, Talion ! Elle va pas piger ça ! » fit Sigrid qui était dubitative.
« Mais si, voyons ! Ninian est très intelligente ! Elle comprend tout ce que je lui dis et elle est encore plus efficace si je l’encourage !
- Ahahah ! Nooon ! Vous me faites marcher, chef !
- Pas du tout ! Je suis très sérieux ! Aller, ma poupette ! Va surveiller Tyr ! Je te donnerai plein de graines de tournesol si tu travaille bien !
- Crâaaa ! »

Ninian prit son envol et se dirigea vers l’auberge où se trouvait Tyr, en tout cas, la direction qu’elle avait prise était bonne. Sigrid la regarda s’éloigner un instant avec perplexité et afficha un air peu convaincu.

« Mouais… J’vais peut-être quand même y aller, pour être sûre.
- Allons, voyons, faites moi confiance ! Elle va y arriver toute seule. En attendant, vu l’heure avancée de la nuit, je propose que l’on aille se reposer à nos quartiers. A moins que vous ne préféreriez aller boire une coup et manger un petit quelque chose avant.
- Bonne idée, faisons ça ! J’crois que je connais un endroit où on pourrait bouffer un truc sympa.
- Ah oui, vraiment ? Vous êtes déjà venue ici ?
- Non, mais Winrart m’a montré un coin où y a un type qui fait des trucs de dingues. De la cuisine d’Amaterasu. Ça a l’air super bon.
- J’espère qu’il vend de la bière.
- Yep !
- Ok, allons manger un truc là-bas alors. »

Linke venait de rejoindre le port et vit Talion et Sigrid commencer à se diriger vers le petit commerce ambulant de spécialité d’Amaterasu. Il les héla avant de les rejoindre en trottinant.

« Hum ! Où allez-vous comme ça ?
- Boire une bière et manger un truc, ça vous intéresse, Linke ?
- Quoi ? Mais… Et notre mission ?
- On ne combat pas le crime le ventre vide, sergent ! Il est tard, nous sommes fatigués et affamés, alors la meilleure des choses serait de nous restaurer, vous ne croyez pas ? De toutes façons, avec le foutoir que l’on a provoqué, ils ne risquent pas de se montrer avant un moment.
- Certes… Mais qu’en dira le Capitaine Winrart ?
- Il est occupé avec Griffin, inutile qu’il soit mis au courant ! Ce qu’il ignore ne peut pas lui faire de mal. Allez, venez, je vous invite.
- Que… pff… Pardon ? Vous, vous m’invitez ? Vous vous attendrissez, Talion ?
- J’essayez juste d’être sympa de temps en temps, moi !
- Hum… Bon… je… Je suppose que ça ne posera pas de problème… Mais pour l’instructrice et Véronica ? Elles ne vont pas se demander où nous sommes ?
- Elles se débrouilleront bien sans nous, et puis au pire, on a toujours les colliers pour communiquer !
- Mpfff… Oui… »

Malgré ses réticences, Linke finit par céder et la brigade au complet alla manger un morceau auprès du marchand de spécialités exotiques. L’odeur leur donna rapidement envie et ils ne furent pas déçus. La cuisine de Kondo se révéla être un régale. Talion n’avait pas vraiment l’habitude de ce genre de nourriture, mais il apprécia tout particulièrement les brochettes de bœuf marinées que le cuistot appelait : yakitori. Sigrid quant à elle, se régala des croquettes au poisson quelle avait tant lorgné lorsque Winrart les lui avait confié. Linke se contenta pour sa part d’un bol de « ramen » une espèce de soupe avec des nouilles à l’intérieur et tout pleins d’autres ingrédients. Atlantis était décidément un endroit où il faisait bon vivre, un véritable carrefour des cultures, et même en dehors de la capitale, ses villes avaient accès à des denrées, de la cuisine, des arts, au-delà de tout ce que les oclandais et urukéens pouvaient imaginer. Seul l’Ordre rivalisait avec eux, bien que ces derniers ne soient pas réellement en concurrence.




Du côté de Tyr, les dégâts engendrés par le combat qui s’était déroulé dans l’auberge étaient désormais du passé. Les trous dans les murs et fenêtres avaient rapidement étaient comblés à l’aide de la magie par des murs de roche provisoires et le désordre avait fait place à une salle parfaitement ordonnée et rangée. Quelques membres de l’Ordre étaient venu donner un petit coup de main à tout ce beau monde pour réparer les dégâts, et l’on promit de dédommager la propriétaire ainsi que les clients pour le désagrément.

Au moment où Tyr pensait enfin que tout était terminé, il entendit un étrange tapotement à la fenêtre. C’était visiblement Ninian, le corbeau de Talion, qui toquait contre la vitre de l’auberge en battant de ailes pour se faire remarquer. L’une des employées de l’auberge regarda l’animal avec étonnement et commença à se demander ce que voulait l’animal. Quelle bien étrange créature…

Terrence Edgar Winrart regarde tous ce petit monde partir avant de retourner dans la cabine du capitaine où son prisonnier est attaché. Il le fixe un court instant avant de ce décider à lui ôter le haillon, le nettoyer et le ranger dans une de ses nombreuses poches. Griffin tente tant bien que mal d’humidifier sa bouche par réflexe et le capitaine de l’Ordre le regarde faire avant de sortir une poche d’eau de vie qu’il enfourne dans sa bouche de manière plutôt délicate pour quelqu’un qui va ensuite s’en prendre à lui.

- Cela n’étanchera pas ta soif mais tu en auras besoin pour l’interrogatoire et d’autant plus après. Annonce Terrence d’une voix plutôt neutre.

Il n’a plus son air sympathique sur le visage qui le faisait rayonner avec son sourire enjôleur. Cela est bien sûr comme vous vous en doutez, mauvais signe. J’aimerai vous garder de ce passage ô combien traumatisant pour notre pauvre Griffin qui s’attend à se faire copieusement roué de coups. Mais pour comprendre pourquoi un type comme Terrence Edgar Winrart est devenu capitaine, lui qui n’a ni l’utilisation de la magie ni vraiment de compétences de combats hors du commun, il faut bien en passer par-là. Peut-être qu’après cela, son air sympathique que je vous décris tant et dont je vous prie de vous méfier vous paraîtra aussi faux et vide que les abysses qu’il renferme en lui. Cependant, n’allez pas vous imaginez qu’il est totalement un monstre sans cœur, sous son air neutre cache en son unique œil une empathie certaine. Il s’assoie sur une chaise en-face de lui après avoir rangé sa fiole. Il est très proche de Griffin, un peu comme deux amis qui discutent.

- On va devenir tellement proche toi et moi que tu ne m'apparaîtras plus comme un étranger. Regarde-moi bien et sois fort.

Griffin le dévisagea fortement avant d’être totalement surprit par ce que fait Winrart. Écarquillant ses yeux devant le capitaine qui a fait disparaître son bandeau à l’œil pour laisser place à une cavité vide de globe oculaire. L’ombre de Winrart a elle aussi changé et paraît presque démoniaque, l’esprit caché dans l’obscurité le met mal à l’aise. Il semble regarder de partout Griffin, aussi bien dehors que dedans. La sensation d’être observé à l’excès le glace et ses muscles se contractent, sa gorge se serre, et sens comme quelque chose ayant pénétré en lui. Comme si toute l’obscurité de la pièce pesait un poids énorme et l’emprisonnait dans une sorte de cage abominable. Même sa propre ombre semble vouloir se saisir jusqu’à son âme, comme s’il a été touché au plus profond de lui-même.

Soudain, alors que ses yeux n’avaient pas quitté l’orbite creux de Winrart, il aperçoit quelque chose qui prend consistance. Un œil. Son œil. Dans l’orbite de Winrart. Et la moitié du visage de son tortionnaire porte des traits propres à Griffin. Ce dernier est terrorisé, une peur qu’il n’avait jusqu’ici jamais ressenti. L’horreur vient de lui apparaître et ce moment dure pour lui comme une éternité. Il fixe intensément sans pouvoir dévier son regard son propre œil, observant sa pupille et son iris. L’effroi lui glace le sang et sa bouche bien sèche est devenu moite. Il ne sait pas combien de temps s’est écoulé ce moment où il se retrouva face à lui même car c’est comme si son esprit s’était arrêté l’espace de cet instant. Comme si quelqu’un y pénètre et regarde tous son être sans rien louper. La moindre chose que son esprit avait occulter pour éviter des traumatises ou autres désagréments lui ait révélé en même temps que l’intrus. De vieilles choses sales du passé refait surface et rien n’est laissé de côté, pas même un coin de la mémoire à long terme que son cerveau tente d’effacer petit à petit.

Le capitaine eu ce qu’il voulait savoir et Griffin ne su à quel moment son agresseur s’était éclipsé de la pièce, bandeau à l’œil. Il reste immobile sur sa chaise, traumatisé par ce qu’il venait de vivre. Comme une victime après un cambriolage et un viol. Il sentit son intimité souillé par l’intrusion de Terrence qui l’avait laissé-là, avec ce qui en lui s’était brisé. Comme après chaque « interrogatoire » Edgar s’allume un petit cigare qu’il fume à la lueur de la nuit, tenant compagnie à la Lune. Cela avait effectivement duré un bon moment car enregistrer ce savoir est long, il s’agit tout de même de la vie d’un autre qu’il détient avec l’esprit de son arme spirituelle : Obscura Hideself. A présent vous savez pourquoi il n’est pas très aimé de ses compères et aussi pourquoi le capitaine paraît toujours sombre malgré son sourire rayonnant. Ce dernier attend patiemment d’avoir fini son petit cigare avant d’appeler par collier Talion.

- Allo, allo sergent chef Talion ! Commence-t-il avec une voix enjouée. J’ai interrogé notre cher Griffin et j’ai trouvé moult informations intéressantes ! Vous allez pouvoir commence vos investigations auprès d’une certaine Hopra Game, une Aqualane mariée à un Midlandais qui accueillerait chez elle quelques types de Zénon dont Elodean Elwidinn. En effet, elle et cette jeune femme son de bonnes connaissances bien que la mère de famille soit comme qui dirait un peu obligée de cacher nos fugitifs. Elle se trouve quartier Est de la ville près d’une grande allée remplis de restaurants et autres boutiques de provisions. La boutique de la charmante demoiselle se nomme « Chez Hopra & Co. ». Par contre, vous n’y verrez pas Zénon car il n’a pas confié à Griffin ses déplacements donc vous avez peu de chance de le trouver. Mais si vous m’amener vivante notre chère Elodean alors je lui demanderais.

- Oh, merci capitaine nous allons nous y mettre immédiatement. Répond Talion.

- J’espère que votre estomac ne sera pas trop ballotté sergent, en tout cas je suis ravis que vous profitiez du service locale !

- Herm… Merci de vous montrer aussi compréhensif capitaine.

- La nuit est propice au crime sergent Talion, ils vont bouger si ce n’est pas déjà fait. Oh et notre célestienne serait une jeune femme voilée répondant au doux nom d’Halsim et serait une très bonne assassine alors faite attention à vous !

***

Alors que je me pensais enfin seul un corbeau tapote à la fenêtre. Il me surprit un peu, surtout par la suite ses grands gestes pour attirer mon attention. C’est… Non, ce n’est pas possible que se soit les célèbres corbeau de ce dieu… . Mais par contre il me semble que le sergent chef Talion a un corbeau similaire. Je lui ouvre malgré les protestations de la fille de notre logeuse et l’oiseau vient vers moi en croassant. Je le regarde de plus près et ne voit pas de message sur l’une de ses pattes. Je suis sûr à présent, il s’agit bien du corbeau de Talion et il semble me surveiller. Je vais dans ma chambre sous non-délicate « invitation » de la dame et le corbeau me suit. Nous nous retrouvons donc là à attendre quelque chose qui se passe. J’en profite pour sommeiller un peu, d’une oreille bien sûr.

Le soir venue, on m’apporte à manger mais j’insiste en essayant de bien parler à sortir pour prendre mon repas. Je le prends alors dans la salle et le corbeau m’accompagne. Accoudé à une table solitaire, je laisse le petit animal prendre des graines du pain qu’on m’a donné. La nourriture est plutôt bonne, du poisson et des légumes ainsi qu’une petite soupe légère. On me sert de l’eau et je demande à ce qu’on serve à boire à mon compagnon volatile. Me voyant seul, Baba vient s’asseoir en-face de moi en souriant avec gentillesse.

- Bah alors ! C’est pas bon ? Pourquoi tu fais la tête mon garçon ? Me demande-t-elle comme une mamie gâteuse.

- Non, c’est bon. Dis-je simplement.

- Tu n’es pas très causant toi ! Fufu ! Eh dit-moi mon petit, pourquoi le minet t’a laissé ici ? Hum ?

- Le… Minet… ? Le capitaine ?

- Oui ! Oui. Affirme-t-elle, dépourvu de patience.

- Je ne sais pas. Je suis un… Hum… Hameçon ?

- Un appât tu veux dire ?

- Oui. Un appât.

- Bon, ça ira mon garçon ?

- Oui.

- Bon, bon ! Je vais te laisser tranquille avec ton piaf ! Mais si tu as des soucis n’hésite pas à aller à mon bureau ahah ! Mais je t’en prie, j’espère pas au milieu de la nuit ! J’ai besoin de sommeil à mon âge.

Elle s’en alla en ricanant. Elle voulait… Me tenir compagnie ? C’est… Euh… Gentil ? Après mon repas je reste un moment à la table, regardant la salle sans paraître trop curieux. Juste un peu seul avec l’oiseau.

***

- J’allais oublier sergent Talion, une dernière chose ! Baba’ connaît Zénon bien que ce pauvre Griffin ne sache pas grand-chose à ce sujet j’en ai peur. Je vous laisse !

Talion se tourna vers ses compagnons, l’air blasé. Sigrid avait l’air toute aussi « enjouée » de reprendre du service. Linke soupira, se tapota le coin des lèvres à l’aide d’une serviette, se mit debout et défit quelques plis de ses vêtements avant de déclarer.

« Il est temps de repartir. Merci pour le repas, Kondo !
- Vous serez toujours les bienvenus. Sayonara ! » déclara Kondo.
« On reprend du service… » déclara Talion, un peu chafouin de ne pouvoir profiter d’une nuit de sommeil. « Oh ! Kondo-san, sauriez-vous par hasard où se trouve la boutique « Chez Hopra & Co. » ?
- Hai, Talion-san ! La boutique se trouve dans le quartier Est, dans la grande allée marchande. Pour vous y rendre, il faut prendre la rue là-bas, et tourner à droite. Vous longez les quais, et après ça, à votre gauche, vous verrez la grande avenue, vous ne pouvez pas la rater. Mais, à cette heure là, elle sera fermée.
- Merci, Kondo-san ! Ce ne sera pas un problème pour nous. Nous allons faire une petite perquisition là-bas ! »

Sigrid sembla dubitative et fronça les sourcils avant de demander d’un air faussement naïf.

« Ne faudrait-il pas un mandat pour cela ? On a déjà pas mal foutu la pagaille en ville… Ça m’étonnerait que les autorités de Socratéa continuent à fermer les yeux…
- Hum… Oui, c’est exact ! » réalisa Linke « Nous devrions collaborer avec la milice.
- On va perdre du temps ! » protesta Talion. « Si on n’y va pas maintenant, rien ne nous garantit qu’ils ne vont pas filer en douce.
- On a qu’à se poser en planque devant la boutique. » proposa Linke. « Au moins, s’ils bougent, on saura où ils vont, en attendant d’avoir un mandat.
- Excellente idée, Linke ! C’est pour ça que vous vous en occuperez, avec Sigrid, pendant que j’irai chercher un mandat auprès des autorités locales. » déclara Talion qui avait bien envie de laisser ses deux sbires faire tout le travail pendant qu’il allait se reposer.
« C’est plutôt moi, qui vais m’en occuper. » déclara Linke. « Je vous connais, avec votre manque de tact on risque d’attendre ce mandat encore longtemps. Et puis vous allez vouloir vous la couler douce pendant que l’on fait tout le travail, à tous les coups.
- Pfff… Très bien, mais de toutes façons, ça m’étonnerait qu’il y ait des magistrats de réveillés à cette heure, on aura aucun mandat à cette heure là. » soupira Talion.
« Bon, ben reste plus qu’à faire la planque. On a qu’a se relayer. » proposa Sigrid.
« Bonne idée, demandons au soldat Stroheimer et à l’Instructrice Béros de se joindre à nous. Au moins nous pourrons nous reposer un peu. » affirma le sergent Straüss.
« Je prend le premier quart dans ce cas ! » déclara Talion avec appoint. « Linke, occupez-vous de contacter ces dames, puisque je manque de tact visiblement, c’est vous qui vous en chargerez !
- Humpf… Moui… Très bien. »

C’est alors que le Capitiaine Winrart recontacta l’équipe de Talion, il avait une petite précision à ajouter.

« J’allais oublier sergent Talion, une dernière chose ! Baba’ connaît Zénon bien que ce pauvre Griffin ne sache pas grand-chose à ce sujet j’en ai peur. Je vous laisse !
- PARDON ? Comment ça, la vieille connaît Zénon ? Et il ne nous le dit que maintenant, cet enfoiré ? Changement de plan, Linke ! Faites venir Stroheimer et Beros ici, et arrangez-vous entre vous pour faire la planque devant la boutique ! Moi, je vais aller cuisiner la vieille !
- Hein ? Mais… Non ! Talion ! Revenez ici ! Bon sang, Talion… Raaaaah !!! Il n’écoute jamais rien ! » pesta Linke. « Bon, Sigrid, venez avec moi ! On va se mettre en planque devant la boutique, je m’occupe de contacter ces dames pour qu’elles nous relaient dans la nuit.
- Bien reçu, Sergent ! »




Pendant ce temps, à l’auberge, Ninian terminait de s’hydrater le gosier d’un coup de bec dans son bol d’eau. Elle sautilla ensuite sur la table et fixa ses yeux aux alentours, en remuant sa tête de tous les côtés pour observer les clients qui se faisaient de plus en plus rares au fur et à mesure que l’heure se faisait tard. L’animal finit par fixer Tyr avec insistance et les deux s’échangèrent des regards avant que le membre de l’Ordre se sente quelque peu mal à l’aise devant une telle fixette. Elle tourna finalement la tête et alla se poser plus haut dans la pièce, sur le dessus d’une poutre en bois apparente. De là, elle avait tout le loisir d’observer la pièce dans sa globalité. On lui avait dit de bien surveiller Tyr, et c’est ce qu’elle allait faire.

Cependant, coup de théâtre, alors que les portes de l’auberge allaient être fermés pour éviter que les occupants des chambres ne soient dérangés par d’éventuels fauteurs de trouble, un homme pénétra à l’intérieur malgré les protestations de la fille de la propriétaire de l’auberge.

« Ah non ! Encore vous ? Sortez d’ici ! Vous allez encore me mettre la pagaille, et puis là, on ferme !
- Oh, la ferme ! Je n’ai pas le temps de m’adresser à vous, je dois parler à cette vieille bique d’aubergiste ! » déclara une voix que Tyr reconnut comme celle de Talion.
- C’est ma mère, espèce de sale enfoiré ! Ne parlez pas d’elle sur ce ton !
- Oh ! Vraiment ? Cela va faciliter les choses, alors ! Vous allez me mener à elle ! J’ai des questions à lui poser !
- Hors de question, je ne vous mènerai pas à elle. Et quand bien même, ce n’est pas l’heure ! C’est une vieille femme, elle dort !
- Rien à foutre ! Réveillez la ! Cette vieille peau connaît Zénon, j’ai des questions à lui poser !
- Et puis quoi encore ? Revenez demain ! »

Talion s’énerva et fit appel au pouvoir d’Albericht pour contraindre la fille de l’aubergiste. Des liens de magie des ténèbres entourèrent ses poignets et ses chevilles. Elle se retrouva alors ligotée et suspendue contre le mur.

« Pas le temps d’attendre demain ! » protesta Talion avec humeur. « Je ne voulais pas en arriver là, mais vous ne me laissez pas le choix ! »

C’est à ce moment là que Ninian se posa sur la tête de Talion et lui picora le crâne.

« Aïe ! Aïe ! Aïe ! Mais qu’est-ce que… Ninian ? Mais qu’est-ce que tu fais ? »

Hum ? L’oiseau s’en ai allé. J’entends une voix pas très loin qui m’est familière. Cette voix nasillarde et cet accent Goth, pas de doute il s’agit de Talion. Son corbeau l’a déjà rejoint et alors que j’allais me lever pour rejoindre le sergent-chef, je me rassis. J’allais oublié que je suis en couverture. Je n’avais jamais fait ce genre de mission. Un « appât - couverture ». Quoi que le premier bien trop souvent étant petit. Le ton monte bien vite entre lui et ce qui doit être l’Aqualane taciturne mais je dois laisser les choses ainsi. Après tout, je ne suis pas censé intervenir. Peut-être que le citoyen lambda si ? Non, je ne pense pas. Je ne sais pas en fait. Les gens d’ici sont plutôt à aller régler les conflits ou bien à les éviter ? Avec les Aqualans, dur à définir.

Tiens, on dirait que j’intéresse quelqu’un. Une femme aqualane s’approche de moi, il s’agit d’une des serveuses de l’endroit qui me regarde avec un grand sourire comment dirais-je.. ? Sympathique ? Elle est vite rejointe par une elfe que je ne reconnais pas en tant qu’employée bien qu’elle est l’uniforme. Enfin, je ne connais pas toutes les employées de l’auberge et je suppose qu’elles tournent mais c’est bien la première fois que je la vois. La première me salut amicalement en me remerciant d’avoir aidé toute à l’heure.

- De rien. Fais-je simplement.

Les deux jeunes femmes sont… Je pense très jolie si on prend les critères esthétiques du coin. L’une a les cheveux bleu, naturel pour un aqualan ainsi que des yeux tout aussi bleu. D’ailleurs, elle a le même ton de bleu de Cassandre. Elle me tient une bouteille au contenu que je suppose très nettement être de l’alcool avec trois verres.

Spoiler:

- Cela vous dit de boire un coup avec nous autres ? On aimerait vous remercier pour votre gentillesse et votre courage d’être venu aider.

Ah… . Euh… Je fois quoi ? J’ai pas envie de venir et j’ai pas envie de boire. Je vais décliner poliment.

- Non merci. L’aide est normal, pas de problème.

L’elfe avec elle s’approche de moi et s’assoie en-face, elle aussi le sourire aux lèvres. C’est une elfe où si tu n’as pas vu ses oreilles pointus tu l’as prendrais pour une aqualane. Elle même la peau bleuté ainsi qu’une cicatrice à l’œil. Mais sa carrure est bien celle d’une elfe cela dit, grande aux traits fins avec des courbes bien présentes. Son air un peu rebelle détonne un peu avec le regard tendre de sa collègue.

Spoiler:

- On voit bien qu’tu t’ennuie et franchement je me demande bien ce qu’un élémentaire de terre fiches-là ! Mais tu serais pas mieux franchement à boire un coup avec nous plutôt que rester-là à te faire chier comme un rat mort ?

- Ehn !(Se prononce N) C’-c’-c’est très grossier !

- Bah quoi ? Le but n’est pas de lui faire bouger son cul ? On le voit qu’il a l’air d’un chaton abandonné non ?

- Ehn… Devant notre client…

- Non merci. J’aime le calme ici et j’aime pas l’alcool.

Les deux femmes s’arrêtent, surprises, avant de se regarder. L’elfe nommée « Ehn », ce qui est un prénom bizarre d’ailleurs éclate de rire.

- Alors ça j’peux pas l’croire ! Deux beautés comme nous t’invitent à boire avec les autres et toi tu fais la fine-bouche sur la boisson ?!

Elle se lève et se penche sur la table en mettant sur le côté la vaisselle. Ensuite elle prend une voix moins forte et cache sa bouche à sa collègue comme pour me dire qu’elle va m’avouer quelque chose de secret.

- Fait plaisir à ma pote, elle a béguin pour toi.

Elle a le quoi ? Le « béguin » ? Le… C’est quoi ce mot ? Je recule un peu, n’aimant pas trop qu’elle s’approche de trop près. Pourquoi elles insistent autant ? J’ai été poli pourtant. Ah…. Qu’elles s’en aillent.

- Hein ?! M-mais c’est… Pas…

J’entends d’ici Wraith me crier d’y aller pour m’intégrer et être social et plus tous seul. Mais j’ai pas envie d’être entouré de pleins de gens et alcoolisés en plus. Pourquoi les invitations se font principalement autour d’une bouteille ? Wraith ne faisait pas ça pourtant pour se faire un tas d’amis. Et d’emmerdement aussi. Se faire capturer, entre autre.

- T’es pas très aqualane ? C’est ça ?

Ah mais à quoi ça me servirais de toute façon ? Va y avoir du bruit et des gens et je vais de toute façon rester seul car je ne saurais pas quoi dire alors pourquoi je viendrais?

- Tous les élémentaires de ton genre sont comme toi ?

- Arrête… ! Tu vas faire fuir notre client… ! Rougit-elle comme si elle allait imploser.

- Je viens. Finissais-je par lâcher.

Pourquoi j’ai accepté moi ? Ehn semble très satisfaite et prends la vaisselles avec entrain.

- Parfait ! Lance-t-elle. Je range tous ça et je vous rejoins, comme ça vous ferez connaissance sur le chemin fufufu’ !

Je regarde Ehn puis la tomate qui sert de serveuse avant de me lever en inclinant la tête en signe d’approbation. De quoi ? Je n’en sais rien. Ehn fuit et nous laisse seul, sa collègue étant très gênée. Elle va rester comme ça ou bien on y va ?

- F-f-faut que j’aille rendre mon tablier a-avant car j’ai fini mon service. Vous m’accompagnez ?

J’incline une nouvelle fois la tête puis je la suit jusqu’au vestiaire où elle demande de rester devant la porte. Qu’est-ce que fiche ? Je suis là avec sa maudite bouteille et ses verres à l’attendre se changer. Pffft’… Et pourquoi donc ? Pour faire plaisir à Wraith et lui montrer que je peux m’intégrer et être sociable. Bon… Si c’est pour lui et pour la chance qu’il m’a donné d’avoir cette seconde vie je veux bien faire un effort. Même si j’aimerai qu’il soit là, qu’il m’attende à la maison avec ses soupes, son sourire et son amour envahissant. Il faut dire qu’il avait réussit à rendre l’endroit sécurisant, je me sentais comme « chez moi ». Pour le moment dans la citadelle on peut dire que c’est ce nouveau « chez moi » bien que je préfère l’ancien. Je ne m’étais pas rendu compte à quel point j’avais de la chance d’avoir eu tous ça. Qui sait si je retrouverais un autre un jour.

- Aaaah ! Pardonnez-moi mais pourriez-vous m’aider ?!

Hein ? Elle veut que je rentre maintenant ? J’ouvre la porte et la voit galérer avec du linge au-dessus d’elle pourtant plié s’écrouler sur elle. Elle s’est changée et est vêtue d’une petite robe rouge et noir mais je ne vois pas très bien avec ce tas sur elle. Bon, je pose sa bouteille et ses verres et je vais l’aider. Je viens vers elle et soulève le linge pour le replacer au-dessus lorsque soudain je sens un danger. Je ne sais pas comment mais mon instinct me dit de vite regarder ce que fais l’aqualane. Je vire les draps puis me reçois une sorte de poussière en pleine figure. Je regarde la serveuse et constate que c’est elle qui m’a soufflé dessus. Je sens tout de suite que quelque chose ne va pas et recule mais elle prends les draps pour m’envelopper avec. Je me défends en réussissant à la faire reculer avec quelques coups qu’elle évite soigneusement. Cette chose me monte à la tête et j’use de mes capacités pour rendre mon corps bien plus résistant bien que je ne sache pas à quoi j’ai affaire. Talion est encore ici ? Faut que je le rejoigne. Je tente de fuir mais elle ne me laisse pas passer la porte, essayant de me neutraliser sans pour autant me blesser. Son air est sérieux mais non haineux. Je pense qu’elle a été envoyé pour le faire. Ce n’est pas le moment cela dit ! Je me débat malgré que je sens que cette chose fait de plus en plus effet. Je me sens tout moue et j’arrive peine à tenir debout.

- TALion… ! Fais-je, assez près de la porte avant d’être à genoux.

Je me tourne vers elle qui me plaque au sol pour me maintenir. Je ne vais pas me laisser faire ! Elle va… Hein ? Quelqu’un ouvre la porte ! Ta… Non ? Ce n’est pas lui ! C’est Ehn ! Elle semble très surprise de la scène devant-elle et soudain elle agit en allant au corps à corps avec sa collègue ! Bon sang ! Qu’est-ce qu’il se passe ?!

- Allie ! Qu’est-ce que tu fais ?!

- Te mêle pas de ça Ehn ! Ou je vais devoir t’abattre.

L’aqualane parle cette fois-ci clairement bien que sa voix semble vraiment implorer qu’elle s’en aille. Mais l’elfe ne se laisse pas faire et alors que je me tourne vers la scène, je vois le linge tourbillonner sur l’aqualane et venir la ligoter mais cette dernière a de petites lames qui et elle s’attaque à Ehn. L’elfe utilise l’air pour propulser en arrière l’autre puis soulève de petits meubles et objets pour les balancer sur elle. J’arrive même plus à m’asseoir, je ne vois plus que le plafond, n’arrivant même plus à bouger. J’entends juste se battre derrière-moi avant de me faire traîner hors du vestiaire.

- Aide-moi un peu ! Râle ce qui semble être Ehn.

Je me sens léviter légèrement mais avec difficulté. Je me concentre alors pour donner un maximum de regain magique à l’elfe qui sent d’un coup sa magie bien plus puissante. Elle me « porte » en courant dans le couloir avant de s’enfermer avec moi dans je pense être une chambre. Elle s’agrippe à la poignée de la porte mais l’autre semble vouloir entrer à tout prix, quitte à taillader la porte pour y arriver. Le vacarme semble alerter du monde et la fameuse « Allie » ne bourrine plus la porte. Ehn semble avoir trouvé un moyen de fermer la porte puisqu’elle va vers moi et tente de me faire bouger. Elle semble paniquer mais je sens aussi de la magie des soins opérer sans que ça ne change mon état. Mes membres engourdis ne veulent pas répondre malgré nos tentatives. On entend des pas affolés puis un toquer frénétiquement. Ehn est prête pour en découdre.

Ninian ne semblait pas du tout contente du comportement de Talion, bien au contraire, celle-ci continua de lui cogner son bec sur le haut du crâne. L’ex-inquisiteur, qui comprenait bien les intentions de son oiseau, en général, finit par lui concéder que la manière était un peu brute, néanmoins, il ne sembla pas disposé à laisser partir l’aqualane qu’il tenait en respect.

« Ninian, ma poupette ! Ce n’est pas le moment ! Tu vois bien que Papa n’a pas le temps de faire dans la subtilité. »

Nouveau coup de bec sur le crâne.

« AÏE !! Oui, bon, ça va, j’ai compris ! Tu as gagné, mais c’est bien parce que c’est toi ! »

Talion ordonna à Albericht de lâcher son emprise sur la jeune femme et les liens se défirent, la laissant mollement retomber sur le sol. Elle lui envoya un regard noir plein de reproche et de mépris.

« Comment osez-vous ? Vous venez mettre la pagaille dans notre auberge, et maintenant vous me ligotez après avoir réclamé de voir ma pauvre mère qui dort paisiblement ?
- Je n’ai pas le temps pour ça ! J’ai des criminels à arrêter et votre mère semble connaître leur chef. Il me faut ces informations, et maintenant ! Rien à foutre si je la réveille !
- C’est comme ça que l’Ordre agit ? En semant le chaos et la destruction ?
- Le chaos n’est qu’un symptôme des méthodes que j’emploie, si j’avais vraiment voulu répandre le chaos, croyez-moi, votre auberge ne tiendrait actuellement pas debout et la ville non plus ! Maintenant on peut trouver un arrangement, ou alors vous restez campée sur vos positions et je me débarrasse purement et simplement de vous. Croyez-moi, je ne suis pas très patient. »

Alors que Talion tentait d’intimider la fille de l’aubergiste, un bruit de chute se fit entendre. Tous les deux se tournèrent en direction du bruit et tendirent l’oreille pour tenter de savoir d’où cela pouvait provenir et qu’est-ce que cela avait été, si cela allait se reproduire. Mais rien… Considérant que ce ne devait pas être important, la femme fixa à nouveau son attention sur Talion et lui pointa un doigt contre la poitrine, d’un air accusateur.

« Vous…
- Ne me touchez-pas ! » réagit vivement Talion.

Nouveau bruit… Cette fois-ci, les deux l’avaient distinctement entendu, c’était un bruit sourd qui dut être entendu dans toute l’auberge. Le fracas de quelque chose en bois qui se brise en miette. Talion jura même que ce devait être un meuble que l’on fracassa contre un mur. Ce son sourd se répéta, comme si on mettait une pièce sans dessus dessous. L’ex-inquisiteur ainsi que la fille de l’aubergiste se regardèrent tous les deux puis décidèrent par un simple échange de regard, et par des gestes qui ne trompaient pas, de se diriger vers la source de tout ce vacarme.

« Ça venait des vestiaires ! » déclara l’aubergiste.

Les deux se précipitèrent dans cette direction et y trouvèrent la porte grande ouverte, avec le mobilier en piteux état, du linge répandu un peu partout.

« Mais, qu’est-ce que… » s’étonna l’aqualane avant que ne résonne un nouveau vacarme.

Talion n’attendit pas un instant de plus et se jeta en avant de la source de tout ce bruit. Il se précipita dans le couloir et aperçut une femme s’acharner sur une porte à coup de dagues. Sans y songer, il projeta Der Mantel en direction de cette aqualane aux airs de furie pour l’envelopper complètement. Elle fut saucissonnée et tomba à la renverse.

« Oh ! Toi ! Tu va passez un très mauvais quart d’heure, petite ! » la menaça Talion.
« Mais c’est Allie ! Mais pourquoi ? » s’étonna l’aubergiste avant de voir que la porte était couverte d’entaille. « Par tous les dieux… Oh non !! »

Elle se précipita à la porte et commença à toquer frénétiquement à la porte.

« Ouvrez ! Ouvrez !
- Arrêtez, vous allez les faire encore plus paniquer qu’ils ne le sont déjà ! » déclara Talion avec agacement. « Ouvrez, vous n’avez plus rien à craindre, nous avons appréhender votre agresseuse ! Vous êtes en sécurité à présent. » annonça-t-il sans savoir à qui il s’adressait.

Talion ?! Ouf… C’est lui. Il a appréhendé l’aqualane ? Aaaah… J’arrive même pas à parler. Comment je vais dire à l’elfe qu’on est tiré d’affaire ?! De plus, elle semble hésitante à l’idée d’ouvrir la porte. Ou alors… Bordel, qu’est-e qu’il se passe ?! Elle arrive vers moi et me souffle discrètement : « Tu peux cligner des yeux ? » Je cligne alors deux fois de suite pour les montrer. Puis elle me glisse : « Tu sais qui est cet homme à la voix chevrotante ? » Je cligne deux fois des yeux. Elle me lance : « Et c’est ok ? » Je recligne deux fois des yeux. Elle semble soulagée avant de me dire enfin : « D’accord mais j’ai rouillé la serrure. » PARDON ?!! Comment ça elle a rouillé la serrure ?! Elle me redresse et me pose dos à un pied du lit pour me montrer et effectivement, elle vient de faire rouiller la serrure comme si elle avait été plongé dans l’eau pendant des lustres. Comment on va sortir de là nous maintenant ?! Je soupir puis la regarde.

- O-on va ouvrir ! Dit-elle a voix haute. Tu peux faire quelque chose contre ça non ?!

Je cligne deux fois des yeux. Je regarde la porte tandis qu’elle use de sa magie de l’eau avec des effets surprenamment puissants. Je renforce sa magie et le tourbillon d’eau enlève la rouille qui coince le mécanisme. Il y a de la flotte partout mais c’est enfin ouvrable. Elle se met debout et ouvre la porte doucement, tout de même un peu craintive de ce qu’elle va trouver. Elle eu un léger mouvement de recule en se trouvant face à un Talion tout droit sorti du Gothland. Elle aperçoit aussi derrière-lui la fille de l’aubergiste et croise les bras.

- Qu’est-ce que c’est que ce délire Maya ? Tu ne m’avais pas dis que le but des clients spéciaux étaient de finir tué par Allie.

- Dit donc la jeune recrue tu me parles autrement ou je te remets là où ma mère t’as trouvé ! Je ne sais pas ce qu’il se passe avec elle, on l’interrogera. Maintenant retourne travailler.

- Et un petit merci pour avoir protégé notre client se serait trop demandé ? Hum ? Et j’aurai pas de prime j’imagine si je dis qu’il a une poudre étrange à son nez qui raidit tous ses muscles ? N’est-ce pas ?

- On n’a plus besoin de tes services, tu peux circuler.

- Pffft’… Ben si notre client va mieux j’espère au moins qu’il sera plus poli qu’toi et tes grands airs.

Ehn part, les poings serrés. La fille de l’aubergiste dont nous avons enfin son prénom : Maya, fait rentrer Talion et lui demande sous le ton d’un ordre d’avancer la prisonnière. Elle entre et m’osculte avec incrédulité.

- Et il ne peut pas parler ton pote l’ordeux… Tsss’ ! Bon au moins il n’est pas blessé.

Elle se tourne vers l’assassine étrangement muette malgré son air boudeuse. Oui, on dirait juste qu’elle boude.

- Et toi ? T’es pas muette alors qu’est-ce qui t’as prit ? T’es pourtant ici depuis longtemps par rapport à l’autre morue alors explique-toi.

Malheureusement Ellie ne dit pas un mot bien qu’à son regard on sent qu’elle se tait pour protéger quelqu’un. Elle est hésitante mais je pense qu’en étant plus persuasif elle pourrait parler. Tout à coup nos médaillons se mirent à luire, quelqu’un souhaite communiquer.


Du côté de Cassandre et Véronica, les affaires reprennent. Elles viennent de déposer les prisonniers afin d’être interrogé et jugés par l’Ordre. Le temps d’attente est vraiment long car elles sont dans une ville non relié à un portail. Cependant des membres arrivent et embarquent tous ce petit monde vers le portail le plus proche sous de bonnes gardes. Elles doivent encore attendre les formalités administratives que Cassandre remplis avec beaucoup d’agacements. En attendant Véronica a pour mission d’expliquer que tous ceci sera encore long et qu’elles ne vont pas pouvoir repartir tout de suite. Cela ne se fait pas sans que cette dernière rouspète parce qu’on lui interdit de repartir seule. Le « on » étant naturellement Cassandre.

- J’écoute ! S’annonce le capitaine avec entrain.

- Ah bah enfin quelqu’un ! C’est pas trop tôt… Maugréa Véronica. On est entrain de faire transférer les prisonniers mais c’est un peu long alors va falloir patienter encore un peu. Que se passe-t-il de votre côté ?

- Oh ! Eh bien Pas grand-chose. J’ai questionné notre ami Griffin qui attend sagement dans un bateau avec moi. D’ailleurs si vous pouviez dire aux autres membres de l’Ordre de venir me débarrasser de ça cela m’arrangerait ! Oh et on tient la planque à l’elfette avec eux, la brigade onze les interpelle. Enfin… Peut-être pas Talion je pense. Oh je lui fais confiance ! Il ne doit pas s’ennuyer. Et Tyr est encore à l’auberge, il fait office de ver de terre pour les petits poissons à attraper.

- Hein ?! Mais vous l’avez laissé tous seul ?! Hurle Cassandre qui écoute la conversation.

- Je suis sûr que cela pourrait être intéressant. Et puis il ne faut pas mettre ses œufs dans le même panier n’est-il pas ?

- Madame… Vous avez cassé le stylo…

- Ah ? Ah oui. Winrart ! Dès que j’ai fini la paperasse j’arrive avec Véronica vous botter le cul ! Capitaine ou pas !

La communication se coupe soudain sous les menaces d’une éducatrice furax.

Talion était passablement irrité, tant de la situation que de la manière dont cette Maya s’adressait à lui. Il allait falloir qu’il prenne les choses en main et fasse cesser tout ce cirque. Déjà, il n’avait pas compris pourquoi elle avait congédié cette elfe, Ehn, alors que cette dernière avait sûrement des choses intéressantes à dire, et n’avait probablement plus rien d’autre à faire que d’aller se coucher puisque le service était terminé, puisque l’aubergiste était justement en train de fermer les portes lorsqu’il était arrivé. En second lieux, elle était particulièrement désagréable dans sa façon de s’exprimer et ne faisait que le gêner dans son investigation. Il lui aurait bien fait le coup de tout à l’heure, mais Der Mantel était déjà occupé à étreindre la prisonnière.

L’ex-inquisiteur approcha Tyr, faisant mine de ne pas le connaître, histoire de garder leur couverture intacte. Il se pencha vers lui, passa un doigt sur son nez et y décela, comme l’avait indiqué Ehn, les résidus d’une étrange poudre. Talion prit à sa ceinture, une fiole rempli d’un liquide clair et incolore, il frotta ses doigts gantés au-dessus afin que la poudre qu’il avait recueilli tombe à l’intérieur et ne se mélange. Il secoua délicatement le récipient avant que le fluide ne se teinte d’une couleur jaune. Le sergent-chef se releva, l’air visiblement serein.

« Trois fois rien, une simple toxine. Elle n’est pas mortelle, vous devriez retrouver l’usage de vos membres d’ici peu, jeune homme. Allez lui chercher un verre et de l’eau ! Il a besoin de s’hydrater, la toxine s’éliminera plus vite ainsi !
- Oh ! Hé ! C’est à moi qui vous demandez ça ? » s’offusqua Maya.
« Non, je m’adresse à Freya… » ironisa Talion avant de s’énerver. « Bien sûr que c’est à vous que je le demande ! Allez lui chercher de l’eau !
- Et puis quoi encore ?
- Vous allez vraiment laisser votre client se déshydrater juste parce que vous voulez me contredire ? » s’étonna Talion.
« Pfff… Très bien… » rouspéta Maya.

La fille de l’aubergiste s’en alla chercher un verre d’eau pour Tyr. Dans le même temps, Talion tira de sa sacoche une seconde fiole et la porta aux lèvres de son camarade.

« Ça devrait aider à dissiper les effets de la toxine. » expliqua-t-il.

Il vida le contenu du petit récipient dans la gorge de Tyr, avant de l’installer dos au mur pour ne pas qu’il s’étouffe pas mégarde. Il se leva ensuite et réajusta ses gants tout en fixant d’un air glacial l’aqualane qui se trouvait saucissonnée à ses pieds.

« Bien, maintenant que l’autre morue est partie, on va pouvoir discuter, toi et moi ! Ahahah ! Tu vas voir, on va bien s’amuser ! » s’exclama Talion avec entrain, ce qui n’avait absolument rien de rassurant vu l’air de psychopathe qu’il affichait sur son visage. « On va jouer à un petit jeu ! Les règles sont très très simple ! Si tu réponds à mes questions, je ne te torture pas ! Si tu refuses… Mouahahaha ! Et bien si tu refuses, tu verras bien ce qu’il se passe ! »

La dénommée Allie sembla trembler de terreur mais ne pipa pas un mot. Elle voulut s’éloigner mais elle était bien incapable de faire le moindre mouvement, hormis que sa tête fut la seule chose d’assez libre pour se mouvoir.

« Première question, qu’est-ce qui t’a pris d’attaquer ce jeune homme ? Quel était ton objectif ? »

Cependant, Allie resta muette. Elle était à la fois terrorisée par Talion, mais probablement aussi par quelque chose d’autre qui l’empêchait de révéler ses intentions. Talion opina négativement de la tête et soupira.

« Je crois que tu n’as pas bien compris les règles du jeu… Tu es censée me répondre pour gagner… »

L’ex-inquisiteur se dirigea vers la porte et bloqua cette dernière à l’aide d’une commode qu’il déplaça à l’aide de sa magie des ténèbres. Il prit ensuite à nouveau place en face de sa prisonnière et la fixa de ses yeux jaunes-verts, dont les pupilles étaient si rétractées que cela lui donnait un air de fou. Son sourire petit sourire en coin, n’aidait en rien à le montrer sous un jour rassurant, et l’instant d’après, Allie sentit que l’air lui manquait, comme si une main invisible l’étranglait. Cette main, c’était celle d’Albericht, faites d’ombre, l’on en voyait d’ailleurs les doigts se refermer sur la gorge de l’aqualane. Mais il n’y avait pas que cela… Elle sentit tout son corps souffrir d’une pression implacable, comme si des dizaines de mains la pressaient contre le sol. L’emprise s’arrêta soudainement, et elle put reprendre son souffle avant de se mettre à hurler de terreur.

« Je ne suis pas très patient, alors il va falloir faire mieux que ça ! Sinon je crois que je vais laisser Albericht continuer à s’occuper de toi ! Je repose ma question : Quel était ton objectif en attaquant Tyr ? Tu as vingt secondes pour me répondre avant que mon ami des ombres ne recommence comme tout à l’heure ! »

Allie sembla affolée, dans le même temps, Maya était revenue et cognait derrière la porte, constant qu’elle ne pouvait l’ouvrir.

« Hééé ! Mais qu’est-ce qui se passe ici ? Pourquoi j’entends hurler ? Pourquoi avez-vous bloqué la porte !? Ouvrez !! »

Talion l’ignora complètement et continuait à fixer Allie avec son regard de psychopathe.

« Plus que dix secondes ! » s’exclama-t-il avec une excitation perturbante.




Pendant ce temps, devant la boutique « Chez Hopra & Co. », postés sur les toits du bâtiment d’en face, Linke et Sigrid observaient en silence la rue déserte. Il n’y avait, hélas, aucune visibilité sur l’intérieur de la boutique, ni même sur l’appartement qui se trouvait au-dessus, et qui devait servir de résidence au propriétaire. Tous les rideaux avaient été tirés, et les volets fermés. Aucune lumière ne s’échappait des fenêtres et il n’y avait pas un mouvement depuis l’entrée. Tout était parfaitement calme. Cela ennuyait profondément la vigridienne qui rouspétait depuis bientôt deux heures. Linke, qui n’en pouvait plus de l’entendre râler, pesta à demi-voix.

« Bon sang… Arrêtez donc de vous plaindre, Sigrid… Vous me cassez les oreilles à ruminer ainsi !
- J’y peux rien, j’me fais chier, et quand je me fais chier, et ben je râle !
- Vous auriez peut-être pu aller vous reposer si vous n’aviez pas pulvériser mon dispositif de communication. On aurait pu, comme c’était prévu, contacter les autres et demander à nous faire relayer, mais il fallut que vous fassiez encore n’importe quoi à vouloir me faire escalader ce bâtiment en sautant ! Résultat, le pendentif est tombé et est complètement détruit !
- Ouais… ben pardon ! J’ai voulu nous faire gagner du temps !
- Oui, et bien voyez où ça nous a mené… » soupira Linke.
« C’est con quand même que je sache pas utiliser le mien…
- Plaît-il ? Attendez… Vous avez encore votre dispositif ?
- Ben ouais… C’est pas parce que je sais pas m’en servir que je peux pas le garder… »

Linke sembla bouillonner intérieurement. Il fixa Sigrid avec colère avant de lui prendre son collier et le lui arracher du cou.

« Donnez moi ça, espèce d’imbécile ! Je rêve ! Vous l’aviez encore depuis tout ce temps, et vous ne m’en avez rien dit ???
- Ben quoi ? C’est le mien !
- Mais espèce de sombre idiote !!! J’aurai pu m’en servir depuis tout ce temps pour contacter les autres !!!
- Ah bon ? Mais je croyais que celui-ci marchait qu’avec moi !
- Mais pas du tout ! » pesta Linke avec condescendance.
« Rooooh ! Mais comment je pouvais deviner, moi ?
- Mais… mais parce que c’est logique !
- Logique ? Vous trouvez ça logique de parler à travers un machin en métal pour que d’autres gens plus loin vous entende par magie ? Moi je comprends rien à vos trucs ! »

Linke sembla sidéré et se retint de hurler de rage. Il aurait volontiers étouffé Sigrid avec ce fichu pendentif, mais n’en fit rien, d’une part parce que cette dernière lui aurait sûrement cassé le bras en représailles, et d’autre part car il avait bien l’intention de contacter les autres.

« Ici le sergent Strauss pour l’instructrice Béros. Le soldat Sigrid et moi-même sommes actuellement du côté de la boutique de Hopra & Co., en planque, afin de surveiller les allers et venues éventuels d’Elodean Elwidinn, la collaboratrice de Zénon. D’après le Capitaine, elle se trouverait là. Où en êtes vous de votre côté ? On aurait bien besoin d’autres personnes pour surveiller un peu mieux le périmètre… »

Ne restant que nous trois dans la pièce, je ressens une tension monter d’un coup émise par Talion après qu’il m’est dit que cette poudre n’est pas mortel et que ses effets vont se dissiper d’ici quelques temps avancés par ce que m’a donné le sergent chef. Il se tourne vers Allie qui est sous son emprise ou plutôt sous l’emprise de son arme spirituelle. Commence alors un interrogatoire sous l’auspice d’un Talion employant une méthode que je ne pensais pas revoir de si tôt : la torture. Il est à présent le tortionnaire de cette femme afin d’obtenir des réponses de sa part par la force. Il la soumet alors sous mes yeux aux broiement de son petit corps ainsi qu’à l’étouffement de sa gorge. J’entends ses cris de douleurs et de peurs ainsi qu’une certaine consternation. En effet, ce ne sont pas les méthodes classiques de l’Ordre. Pourquoi le sergent-chef use de cette méthode plutôt qu’une autre ?

De mon côté je ne peux pas faire grand-chose, de plus je ne sais pas si je dois agir ou même dire quoi que se soit. Enfin ça c’est si j’en aurai eu les capacités. Je ne peux physiquement rien dire ni rien faire et malheureusement je ne maîtrise pas assez le don de Wraith pour calmer le jeu et surtout Talion. Altérer des émotions aussi fortes est quelque chose que je ne peux pas encore faire, non pas que ma puissance fasse défaut. Non, là ils s’agit d’expérience, de savoir comment s’y prendre. Si cela peut paraître naturel pour Wraith, lui qui fait ça comme si ça lui était inné pour ma part c’est tout autre. Je ne sais déjà pas me sonder moi-même si ce que je peux ressentir alors les autres… . Et puis je ne sais pas je dois interrompre Talion ou non. D’un côté cela me rappel bien des mauvais souvenirs et je crois que c’est quelque chose de mal même si Allie est notre ennemie. De l’autre, il s’agit de mon supérieur hiérarchique même si cela doit rester secret et je dois donc le laisser faire son travail.

Franchement, est-ce bien du travail à pour lui ? Je distingue par un jeu de miroir déformé dans le reflet d’un bocal métallique contenant des fleurs le visage de fou de Talion qui jubile. Cela me conforte dans l’idée que je dois faire quelque chose. Ce genre de regard, de sourire qui fait ressortir le pire de l’humanité me donne envie de… Je ressens une animosité certaine envers les bourreaux et pourtant je ne me considère absolument pas comme un héro ou bien supérieur à eux. Je crois que voir toutes les souffrances que les uns ont subir aux autres ou que certains s’infligent eux-même me rend en colère. Une profonde colère liée aux injustices et à la violence passée subites. Cette rage intérieur d’être incapable de faire quoi que soit. Cela faisait longtemps que je n’avais pas ressentis autant de colères. Pour me calmer et garder les idées clairs, je respire lentement et tente de me concentrer sur ce que m’a donné Talion et surtout sur mon être pour accélérer le processus. C’est la seule chose que je puisse faire pour le moment.

Soudain on entend tambouriner à la porte Maya qui ordonne qu’on lui ouvre. Pourtant je n’ai pas vu Talion la verrouiller alors comment cela se fait-il qu’on soit de nouveau enfermé ? Talion continu son interrogatoire sans prêter attention à cela, bien décidé de lui faire cracher le morceau. La venue de Maya sonne comme un espoir pour Allie qui allait avouer avant d’hurler afin qu’on la fasse sortir de là. Cela alerte du monde depuis le temps et j’entends des pas et de l’empressement ainsi que des voix émettre depuis le couloir. Le raffut est énorme mais malgré tout, personne ne fait vraiment quelque chose hormis Maya qui tente de défoncer la porte. Elle hurle l’ordre de se faire aider dans sa tâche et obtient de l’aide. Sauf que la porte de lâche pas et Talion ressert son emprise sur Allie qui ne peut même plus émettre le moindre son.

Il va falloir que j’intervienne car on s’embourbe vers de vastes ennuis. Je ne sais pas comment agir mais il faut le faire. Je mets toute ma volonté dans l’unique but d’éliminer ce que Talion a appelé ‘‘toxine’’ dans mon corps. Je parviens à faire bouger quelques doigts engourdis lais pas encore à me redresser correctement. Tout à coup une fois que je reconnais fait arrêter le raffut derrière la porte qui est sur le point de céder mais qui résiste par quelques gonds je suppose.

- Mais qu’est-ce que c’est que ce bazar ?! Demande à haute voix Baba’


Du côté de Winrart le calme avant la tempête. En effet, le capitaine de l’Ordre avait tout juste terminé son cigare lorsque son nouvel animal de compagnie poussa un petit crie d’alerte. La jeune buse tournoyant au-dessus du bateau signal la présence d’individu arrivant par les quais. Winrart les avaient lui aussi vu arriver et il sorti son tout nouvel engin pour s’en prendre à son prochain : un fusil à longue portée. Il prépare tranquillement son arme devant Griffin qui le regarde faire avec incrédulité. Le capitaine lui dit le plus simplement du monde qu’il va accueillir ses amis venus le sauver. Il lui précise par la suite de ne pas trop se faire d’espoir car il le tuera si jamais les choses devaient tourner mal pour lui afin qu’ils échouent tout de même leur mission. Il sort ensuite du bateau et ordonne à sa buse de rester près du prisonnier.

Le capitaine sorti et se positionne afin d’avoir le meilleur angle de tir possible. Les opposants, ne voyant pas le potentiel d’une telle arme avancent prudemment mais assurément. Ils ont pour plan de se séparer afin de déborder le capitaine e toutes les côtés. Étant seul, ils pensent certainement que se sera facile de se faire un ordeux. Malheureusement pour eux, Winrart tire d’une balle en pleine tête sur ce qui semble être le commanditaire de l’attaque coordonnée. Il n’y a pas l’elfe Elodean Elwidinn avec eux ni Zénon, il s’agit des gens de ce derniers. Tous ceci parait bien trop facile pour Winrart qui se doute d’une autre manœuvre se cachant derrière ce plan grossier. En effet, malgré l’absence du lanceur de la dispersion, les opposants exécutent tout de même le plan donné. Par qui ? Cela reste à déterminer. L’arme utilisé par Winrart a fait son petit effet mais ne sert à présent pas à grand-chose car chaque coup demande un temps de préparation nécessaire à son bon fonctionnement. Néanmoins, ce n’est pas son seul atout. Il sort avec sa buse le prisonnier ce qui interloque tous le monde et il sort un pistolet qu’il tapote bien au fond avant de le braquer sur la tempe de Griffin. Les assaillants se figent bien qu’ils soient pour la plupart déjà presque arrivé au bateau.

- Elodean se trouve-t-elle chez Hopra ? Demande Winrart à haute voix.

Ils sont tous surprit en regardant leur allié qui sans aucune égratignure a délivré cette information.

- Il m’a balancé énormément de choses alors j’ai besoin de faire le tri vous voyez ? De plus, il vous a tous vendu pour sa survie. « Un homme froid et calculateur » m’a-t-on dit dans mon rapport. En effet, cela est vrai. Par exemple toi, tu es sans doute Rupert dit le « soiffard » car tu finis toujours les verres du groupe quand ils laissent un fond. Toi tu es Merry la sanguinaire car ton petit truc favoris est de trancher dans les grosses veines comme la jugulaire des gens. Cela te procure une immense satisfaction de domination sur l’autre.

- Il nous a vraiment vendu ?! S’étonne l’un des bandits.

- Comment il connaîtrait ça sinon ?! Reprend l’autre.

- C’-c’est n’importe quoi !! Se défend Griffin. Il…

Griffin ne pouvait tous simplement pas décrire ce qu’il a vécu dans le bateau. Cette chose incroyable, si effroyable et extraordinaire que personne ne croirait. De plus, il sent son égo devenu fragile et sa dignité lui hurler de ne rien dire. La victime d’un tel acte reste muet, replongé dans ses souffrances.

- Ah je pense qu’il a peur de mourir mais bon, on est bien d’accord que c’est un sale type qui ne méritait pas qu’on se prenne une balle en pleine tête pour la sienne non ?

- Peut importe ! Fait Merry en grognant. On lui fera sa fête après ! D’accord on va s’occuper de toi salopard d’Ordeux de mer-

Un bruit sourd vient couper la fin de sa phrase et résonne à présent la détonation de l’arme de Winrart. Ce dernier balance avec son pied Griffin à terre dont du sang sort de sa tête. La chose s’est passé si vite que personne n’eut le temps de réagir. Le Midlandais enlève son long manteau marron foncé et en ressort deux grandes dagues dans ses mains. Le capitaine bouge à vive allure à en perdre son chapeau pour attaquer Merry qui se trouve être la plus proche de lui. Il fait un mouvement que cette dernière connaît bien : le sien. Elle se retrouve à pisser le sang abondamment, choquée que ses défenses n’est pas prévu que ses coups se retourneraient contre elle. Winrart dévit les attaques magiques, physiques et son drôle d’oiseau l’aide dans son combat. Ils sont tous choqués de s’être fait tous prendre par ce qu’ils connaissaient le plus. Bon, ils étaient six et là, il en reste quatre en vie mais tout de même à lui-seul c’était plutôt impressionnant bien que je passe les détails. De plus, on n’est pas certain de comment de tels sorts magiques ont pu être déviés si facilement, le capitaine cache bien des secrets. Il reprend son manteau puis son chapeau puis relève Griffin de sa chaise qui pisse le sang pas le nez qui s’est retrouvé être explosé. Pourquoi un tel détail ? Eh bien il s’agit là du seul sang qui coule sur sa tête. Le coup donné par Winrart avait certes fait beaucoup de bruits mais au final pour rien qui en ressort. Griffin est toujours en vie. Ce qui n’est pas le cas de Merry la sanglante et d’un autre type que Winrart se n’est pas amusé à décrire et qu’on ne fera pas là.

- Il va falloir que je précise la prochaine fois à mes collègues de venir avec un guérisseur, ça ne va pas du tout ce nez sur votre visage Griffin. Déclare Winrart sous le ton de la plaisanterie.

Soudain, le collier émet une drôle de lueur, une nouvelle fois et Winrart se dit qu’il s’agit encore, peut-être, de l’instructrice Béros. Il est alors déçu d’entendre la voix de Linke qui demande assistance.

- Aaaah… ! Je tiens quelques vagabonds avec moi mais toujours aucun signe d’Elodean, de Zénon et la célestienne. Je pense que vous allez avoir affaire à eux sergent Straüss. Je suppose que Talion est avec Tyr ? C’est super ! On va bientôt avoir le dénouement de cette affaire. Je vais vous retrouver à présent, laissez-moi juste le temps de confier mes petits chenapans aux gardes portuaires jusqu’à l’arrivée des renforts. Instructrice Béroooos ?! Fait-il avec une voix mielleuse.

- J’ai entendu. Fait-t-elle sèchement. Je vais m’en occuper et j’envoie Véronica en renfort pour le sergent Straüss.

- Pas la peine, je serais là. Laissez-là s’amuser avec Talion un peu !

- Hein ? Hors de question ! Elle m’accompagnera dans ces cas-là !

- Ah quel dommage que vous soyez toujours à ramasser les prisonniers ! C’est ainsi ! Déclare sous de faux airs compatissants Winrart.

Il se coupe des communications afin de s’occuper des prisonniers, des gardes maritimes et enfin aller aider Linke et Sigrid. Si Zénon avait déployé ses hommes sur la position de Winrart, nul doute que les deux derniers de sa bande ainsi qu’Elodean et la célestienne se trouvent soit planqué à Hopra&Co soit à l’auberge avec Baba’. Bien qu’il soit aussi possible que se soit ni l’un ni l’autre pour certains d’entre eux mais il est sûr que quelque part, quelqu’un sait où se trouve ces personnes.

Presque aussitôt que la voix de Baba retentit, Talion cessa soudainement son emprise sur Allie. Non pas qu’il craignait se faire prendre en flagrant délit de torturer une malfaitrice qui avait tenter d’enlever un membre de l’Ordre après l’avoir piégé et drogué, mais plutôt qu’il se trouva là une chance inespérée de confronter la vieille dame. Cela était d’autant plus profitable qu’Allie n’avait toujours rien révélé, aussi sa torture se trouvait être vaine.

Sans que la cape de Talion ne relâcha son emprise sur la jeune aqualane, les douleurs cessèrent et la pauvre âme finit par s’évanouir. Avant que la porte ne céda, Talion usa de la magie d’Albericth pour déplacer la commode qui bloquait l’entrée de la pièce et fit, par la même occasion, choir Maya qui acheva de dégonder la porte d’un coup de pied. La vieille dame aida sa fille à se relever avant de se tourner vers Talion, Tyr et Allie, tout en répétant :

« Mais par tous les dieux, qu’est-ce que c’est que ce bazar ? Que c’est-il passé ici ? Et pourquoi cette jeune fille est-elle ligotée ?
- Ça, » commença Talion. « Ce sont les conséquences d’un acte hautement répréhensible ! Voyez-vous, votre employée a eu le malheur de s’attaquer à un membre de l’Ordre, sans parler du fait qu’elle s’est battue avec une autre employée avant de la poursuivre comme une cinglée. Je l’ai donc appréhendée puis interrogée pour savoir les raisons de tels actes.
- Et je suppose que vous l’avez violentée afin qu’elle parle… » soupira Baba.
« Allons, voyons ! Je comprends que mes méthodes d’interrogatoire quelques peu intimidantes aient arraché à cette jeune femme des cris de protestation et de peur, ce que vous avez sans doute pris pour des cris d’agonie, mais vous pouvez vérifier par vous même, cette femme n’a subit aucun sévice autre que les marques de défense de la part d’Ehn, votre employée qui a du se défendre.
- Ah ! Vraiment ? » vociféra Maya.
« Oui, vraiment ! Vérifiez donc, je vous en prie ! » l’invita Talion avec un sourire mauvais.

Sceptique, Maya, qui ne croyait pas un mot de l’ancien inquisiteur, inspecta la jeune fille que le manteau de Talion relâcha. Elle ne put alors que constater, avec la plus grande des stupeur, l’absence total de sévices, hormis ceux que Talion avaient décrit comme les marques de défenses d’Ehn. Albericht n’avait visiblement laissé aucune trace de ses manifestations, ce qui était bien pratique à l’ancien inquisiteur. Maya dut se rendre à l’évidence, il n’y avait aucune preuve que Talion s’était rendu coupable d’actes barbares.

« D’ailleurs, à ce propos, c’est à présent à vous que je vais poser des questions ! » déclara ce dernier en se tournant vers la vieille dame.
« Ah non ! Ça suffit ! » s’indigna Maya. « Vous avez déjà assez fichu la pagaille comme ça ici ! En plus de quoi, vous voulez cuisiner ma mère à présent ?
- J’en ai rien à foutre de votre avis ! Je sais de source sûre que vous avez des informations sur Zénon, la vieille ! Alors vous allez parler, sinon je trouverai bien un moyen de faire fermer votre petite affaire ! Vous savez, Zénon est un criminel, hors, toute personne ayant des informations à son sujet ce doit de nous les révéler, sinon cela pourrait être juger comme de l’obstruction à la justice, et cela est TRÈS sévèrement puni par l’Ordre ! Je vous conseille donc de ne pas vous montrer avare d’information. Dans le cas contraire, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous pourrir la vie et faire en sorte que vos petites cachotteries soient considérées comme de la complicité envers ce malfaiteur. »

La vieille Baba resta silencieuse un instant et soupira. Elle allait devoir se résigner à tout avouer, elle était à présent dos au mur et elle ne voulait pas que l’on pense sa fille également impliqué dans l’affaire, ce qui n’était pas le cas. Seule elle savait… Seule elle connaissait la vérité.


Pendant ce temps, du côté de Sigrid et Linke, la situation ne bougeait pas, ils avaient bien entendu l’échange entre Béros et Winrart, mais tout cela ne les avançaient à rien. Ils devraient finalement attendre que quelqu’un daigne enfin venir leur prêter main forte.

« AAAAAAAAAAAAH !!! J’en ai marre ! J’m’en fous !! J’vais descendre et défoncer cette porte !!! L’autre grande choin d’elfe, j’vais lui peler le cul à coup de hache, mandat ou pas !!
- Calmez-vous, Sigrid, et cessez de crier ainsi, vous allez griller notre planque ! Si on se fait repérer, on est mort !
- Mais ça fait des heures qu’on est là et qui se passe rien !! Et les autres qui bougent pas leur cul ! Ça me gonfle !!! J’vais leur péter la gueule à tous !!
- Vous êtes intenable… Bon, tant pis ! Je vais nous faire gagner du temps, je risque d’être vulnérable pendant que je fais ça, mais vous avez raison, on ne peut plus rester là à ne rien faire. Surveiller les alentours et prenez soin qu’on ne vienne pas m’attaquer. Je vais être inconscient quelques instants.
- Qu’est-ce que vous allez faire ?
- Faire appel aux esprits pour voir ce qui se passe à l’intérieur de ce bâtiment !
- Vous pouviez pas le faire plus tôt ? » s’estomaqua Sigrid.
« Si, mais je ne voulais pas ! Ça va me coûter beaucoup d’énergie et je ne serais plus en état de me défendre après. En plus, je n’aime pas utiliser ce genre de méthode, c’est trop intrusif ! On nous à enseigner à l’école militaire qu’il fallait respecter autant que faire se peut l’intimité de la population. Ce que je m’apprête à faire, c’est carrément de l’intrusion dans l’intimité d’autrui. Que mes supérieurs me pardonnent… mais j’ai l’impression que l’on n’a plus le choix si l’on veut avancer dans cette affaire…
- Ouah… Linke qui fiat un truc qui n’est pas dans les clous ! Ben putain, j’aurai tout vu aujourd’hui !
- Rooooh ! Ça va ! N’en rajoutez-pas, Sigrid ! C’est déjà assez pénible comme ça ! »

Linke ferma les yeux, assis en tailleur sur le toit. Il laissa son esprit vagabonder à travers le tissu des mondes afin d’y chercher les esprits qui demeuraient en ces lieux et alentours. Il y avait là de petits esprits mineurs des mers et océans qui erraient ça et là, dans l’immensité infinie de l’océan des esprits. Linke prit contact avec le maximum d’entre et tenta alors d’en convaincre certains de l’aider afin de lui donner des yeux et des oreilles là où il désirait qu’ils soient. Ce fut un procédé long, fastidieux, et gourmand en énergie, mais le mage finit par rallier à sa cause les différents djinns de l’eau qu’il croisa.

À l’intérieur de Hopra & Co., au fond de la cave du bâtiment, de petits slimes bleus se formèrent les uns après les autres. C’étaient d’étranges créatures au corps bleu gélatineux, avec de grands yeux globuleux qui pouvaient passez pour inaperçus, et qui, surtout, par leur forme et consistance, pouvaient se glisser dans tous les interstices. Les slimes, donc, glissèrent dans les fissures, les encadrements de portes, et les moindres failles pour aller de pièce en pièce, afin d’y déceler la présence du moindre individu. Ce ne fut pas long avant que Linke ne trouve enfin ce qu’il avait cherché : des sbires de Zénon se trouvaient bien là, mais aucune présence de la fameuse Elodean. Ce fut bien dommage car c’était elle que le sergent cherchait tout particulièrement. Que le sort était bien ironique, et qu’il en fut bien contrit, s’il avait su que la cible en question se trouvait à présent sur le même toit qu’il occupait, à croiser le fer avec Sigrid…

Il fut cependant bien chanceux que la féra fut à ses côtés pour le protéger dans cet état de vulnérabilité. La vigridienne faisait tournoyer sa hache face à l’elfe qui, avec la grâce des vents les plus légers, et les plus doux, glissait au travers de ses attaques et se fendait en sa direction pour riposter.

« La putain de toi ! C’est que maintenant que tu rappliques, l’elfette ? T’aurais pas pu venir plus tôt ?
- Je ne serais pas venu si je ne t’avais entendu gueuler comme la sauvage que tu es… Pas très discrète pour quelqu’un qui est censé me filer !
- Je vais pas me contenter de te filer, mais de t’enfiler, grosse pute ! Maintenant que t’es là, j’vais te démonter !
- Charmante… Tu es bien une barbare de vigridienne, ça ne fait pas de doute ! Je vais t’éliminer, et ensuite je m’occuperai de ton copain le mage ! Visiblement, il est trop occupé à faire sa sieste !
- Tu l’touche pas ! T’as pigé ? Tu le touches, j’te déglingue !!!
- Vraiment ? »

Après un rapide échange d’arme, Elodean réussit à glisser sous la défense de Sigrid, approcha rapidement Linke, et le piqua du doigt, juste au niveau de la joue gauche.

« Voilà ! Touchée ! Tu vois ! Je l’ai touché ! Tu vas faire quoi, maintenant ? » la provoqua l’elfe.

Erreur monumentale… Aussitôt qu’Elodean eut provoqué Sigrid, cette dernière enragea, au point qu’elle se mit à hurler de fureur et elle envoya valser son arme avant de se métamorphoser en énorme tigre blanc. Dans un rugissement bestiale, la féra se jeta sur l’elfe qui sous-estima la rapidité de l’animal et se retrouva le bras embarqué dans sa gueule. L’instant d’après, il fut sauvagement arraché et Elodean poussa un hurlement de douleur atroce tandis que Sigrid, rugissait triomphalement.

« ROOOOOOOOOOAAAAAAR !!!! »

Je me retiens de bouger à présent que la situation est moins désespérée. Bon, elle l’est un peu quand-même car même si Talion a habilement manœuvré pour ne pas faire transparaître ses sévices sur Allie cela n’empêche pas la situation d’être tout autant délicate. En plus il vient de dire que je fais parti de l’Ordre et ce, sous les regards d’employés curieux. J’imagine que je vais devoir laisser ma couverture. Si je pouvais soupirer, je le ferais. Je me contente d’essayer de bouger malgré la toxine qui est doucement défait par ce que m’a fait boire Talion.

- On va laisser ces bonnes gens reprendre leurs petites vies tranquilles. Déclare Baba’. Mes chères employés, vous pouvez disposer et rentrer chez vous, y’a plus rien à voir ! Et allez me chercher Ehn. Maya, occupes-toi des deux autres aux sols en attendant Ehn et soit gentille avec elle. Vous, (en parlant de Talion tout en le fixant) venez avec moi dans mon bureau.

Elle finit ensuite par maugréer qu’on l’a laisse jamais dormir tranquillement en marchant péniblement avec Talion sur les talons. Maya est bouleversée mais écoute ce que lui ordonne sa mère. Elle peste sur Ehn qu’elle qualifie de « bonne à rien » et de « problème en plus à gérer » tout en s’occupant d’Allie qu’elle couche au lit. Elle l’attache cela dit par précaution afin de pouvoir lui dire que « tout est fini » je suppose. Ensuite elle me fixe avec dédain.

- Pffft’ et je vais faire quoi de toi ? Oh et puis j’ai qu’à te laisser à ta copine Ehn. Hum… ? Ainsi ça ne change pas grand-chose à d’habitude. Tu ne parles pas et tu fais rien, comme avant alors ça ne doit pas trop te changer.

- Au moins il ne passe pas son temps à renifler les derrières des autres. Intervient Ehn. J’étais pas loin, comment le pourrais-je après ce qu’il s’est passé ici ?

Ehn passe l’encadrement de la porte.

- Alors bouge tes fesses de feignasse la gazelle et va donc aider ton pote l’ordeux. Oh oui, je ne te l’ai pas dit ? C’est un ordeux !

Ehn me regarde avant de fixer Maya.

- Ce n’est pas moi qui ai des problèmes avec eux mais ta mère alors tu devrais moins la ramener.

Ehn peine à me soulever au début mais réussit tout de même avec mon aide et sa magie avant de me faire enfin sortir de la chambre. Je vois que l’autre d’à côté est libre mais elle préfère passer quelques pièces avant de me mettre dans finalement ma chambre de départ. Je crois qu’elle veut être aussi loin d’elle possible. Je peux la comprendre, elle est insupportable cette Maya. Je me demande pourquoi elle hait autant Ehn. Elle me nettoie le visage en m’asseyant au préalable sur le lit qui est plaqué contre le mur.

- Tu ne peux toujours pas faire quoi que se soit ?

- …

Échec pour parler. Par contre je lui montre que je peux légèrement incliner la tête et bouger mes doigts. Elle soupir en voyant ça et semble vouloir patienter jusqu’à ce que je sois rétablis.

***

Baba’ n’avance pas très vite, en tout cas, trop peu pour la patience de Talion. Heureusement, ils arrivèrent jusqu’à son bureau et la vielle dame l’invite à s’asseoir avant d’elle-même se poser. Elle masse un peu sa cheville qui la fait souffrir en râlant sur son état. Talion se cramponne aux accoudoirs pour ne pas encastrer la vieille femme contre un mur afin qu’elle lui dise tout. Se retenir va finalement lui être bénéfique car Baba’ commence à s’exprimer.

- Je ne savais pas que vous cherchiez Zénon, le minet ne m’avais pas parlé de ça. J’ai aidé Zénon a disparaître comme j’ai aidé de nombreuses personnes. A avoir une nouvelle identité, une nouvelle vie. Habituellement je ne fais ça qu’aux bonnes âmes mais ce n’est pas le cas de ce Zénon. Oh non ! Après qu’il est débarqué chez moi avec sa bande de voyous sans cervelle, il m’a obligé de le faire disparaître en lui trouvant un moyen d’échapper à la justice. Oh j’avais bien fait le rapprochement lorsque le minet est venu avec deux de ses compères mais je voulais être sûr de la chose avant de prendre la décision d’aider l’Ordre ou non. Pour mes propres intérêts vous voyez ? Humf’… Après le départ de Zénon j’ai engagé du personnel qui serait aussi capable de défendre bien mieux l’endroit dont Ehn fait partie. C’est pour ça qu’elle est de nuit. Et j’ai également engagé Allie bien que pour elle se soit un secret. Je ne sais pas ce qui vous ai passé par la tête de la contraindre cette petite !

Baba’ se sert un verre d’eau et boit. La vieille dame ne parlait pas autant d’habitude. En tout cas, pas si longuement et en une fois. Mais son interlocuteur ne lui laisse que peu de répit avec son regard inquisiteur.

- Elle aurait semble-t-il, attaqué votre partenaire c’est bien ça ?

- C’est tout à fait cela et j’aimerai beaucoup que vous me parliez de cet incident. Répond-t-il avec insistance.

- Je ne sais pas trop pourquoi elle aurait fait ça… C’est une petite très discrète habituellement.

La vieille dame voit le regard de Talion se remplir de sombres pensées qu’il laisse fuiter de par ses yeux pénétrants et son regard bien plus qu’irrité.

- Pas la peine de monter sur vos grands chevaux ! J’ai pas peur d’un couard tel que vous ! J’ai passé l’âge d’avoir peur de vos « intimidations ». Si je vous dis que je n’ai pas demandé à Allie de s’en prendre à votre partenaire, c’est que je ne l’ai pas fait. Et si cela aurait été Zénon seul, vous pouviez être sûr que se serait l’ordre de tuer votre compère au lieu de le capturer. Car oui, je pense que ma pauvre petite a été approcher par lui sinon qui hein ? M’enfin ! Tous ça n’est plus de mon âge alors faites ce que vous avez à faire monsieur… Je ne connais même pas votre nom je crois. Laisser mon auberge et mes employés et aller plutôt faire ce que vous savez le mieux. Quant à votre copain, il peut rester le temps de sa convalescence par amitié avec le minet et après oust !

***

Pendant ce temps, Winrart avait eu tous le loisir de laisser la marine gérer les prisonniers, prendre un cheval et aller rejoindre Linke et Sigrid. En effet, le capitaine n’eut pas envie de courir les rejoindre et piqua un cheval au passage à son ami afin d’arriver plus vite. Winrart entend gueuler dans les environs et il n’eut vraiment aucune difficulté à trouver les autres sur le toit. Il tente de voir ce qu’il se passe du haut de son cheval et arrive pile au moment où Sigrid se transforme et arrache de bras de l’elfette agonisante. Il tique alors sur cela mais hausse bien vite les épaules en voyant qu’il s’était fait voir par les deux derniers membres jugé « non importants » de la guilde noir. Il se contente de pointer son arme vers eux bien qu’il fasse comme si elle était chargée. Son fusil à longue portée impressionne les deux types qui s’arrêtent net dans leurs élans.

- Où est Zénon ? Demande-t-il le plus simplement du monde au deux types en-face de lui.

Il n’eut pas de réponse de leurs part. Face à ce refus d’obtempérer, il soupir avant de descendre de son cheval sans vraiment s’inquiéter du mouvement des deux autres qui reprennent. Il pose son arme délicatement au sol puis avec ses dagues, il fait quelques mouvements atteignant ses cibles. Heureusement pour eux, le capitaine ne les a pas tué sur le coup ils ne sont pour le moment plus en capacité de marcher ni même de réfléchir. Assommer, c’était ce qui était de mieux car il sentait leur magie prendre forme. Le capitaine de l’Ordre est bien plus rapide et efficace qu’il paraît et c’est avec non-chalance qu’il rejoint Sigrid et Linke.

- Humf’… Ma chère tigresse et magnifique Sigrid, commence-t-il a dire. Je comprends qu’elle vous a importuné mais j’aimerai son esprit en vie pour l’interroger sur notre véritable problème à tous : Zénon. Pourriez-vous me la laisser avant qu’elle ne meurt d’hémorragie ?

Winrart y allait prudemment avec la jeune Sigrid, il sait ô combien cela peut-être dangereux de contrarier un Féra transformé comme elle. Il espère pouvoir la calmer afin d’interroger Elodean au plus vite.

Sigrid fixa le capitaine Winrart, toujours le bras d’Elodean entre ses crocs. Elle grogna vaguement et finalement fit mine de s’éloigner un peu avant de s’installer confortablement dans son coin pour commencer à lécher le sang qui s’échappait du bras, sans doute dans l’espoir d’y goûter puis le croquer plus tard.

« Qu’est-ce… Qu’est-ce que vous… vous faites… Mon… Mon bras… lui laissez pas mon bras, elle va le bouffer ! Je veux récupérer mon bras !! » pleurnicha l’elfe avec difficulté.
« Humpf… A votre place, j’opterai pour un nouveau bras artificiel. » expliqua Linke avec dépit. « J’ai bien peur que notre soldate n’ait un petit creux et qu’elle n’est pas du genre à lâcher le morceau !
- Nooooooon ! Pitié ! Je… Aaaah… Je… Je… Je vous dirais tout… mais… pi… pipi… pipipi… pitié… »

Linke sembla dubitatif et réfléchit un instant. Il avait bien une idée de comment calmer Sigrid et l’occuper assez pour lui subtiliser le bras, mais il faudrait faire quelques efforts. Il glissa alors quelques mots au Capitaine Winrart.

« Bon… occupez-vous de l’interroger, je vais essayer de récupérer son bras auprès de Sigrid, je ne garantis pas qu’elle n’aura pas déjà mordu dedans, mais on peu espérer en récupérer un morceau…
- Ahaha ! Brillant, Sergent Strauss ! Je vous en prie ! Procédez ! Je vais m’occuper de cette charmante criminelle ! Elle et moi seront bientôt très intimes ! Elle n’aura aucun mal à me révéler ses petits secrets.
- A vos ordres, Capitaine. » répondit Linke qui avait à présent un peu de peine pour Elodean.

Il n’était pas stupide, il s’avait que le Capitaine avait une façon bien particulière d’interroger les gens, mais c’était ainsi, il ne pouvait aller contre son supérieur hiérarchique, et vu l’état de l’elfe, il n’allait peut-être même pas besoin de trop pousser pour lui faire révéler n’importe quel détail intéressant.




Talion avait à présent ses deux yeux fous fixés sur la vieille dame, les mains jointes devant le bas de son visage pour cacher la grimace de colère et d’excès qui s’y était figée.

« Oh ! Mais c’est justement là, ce que je sais faire de mieux ! Je force les gens à me révéler leurs petits secrets histoire de leur mettre la pression et pouvoir semer le chaos ! Plus le chaos est grand et plus la réponse à ce dernier est forte ! En sommes, je ne fais qu’apporter l’ordre. Tout le monde m’appelle Talion.
- Alors c’est vous l’ancien inquisiteur… » soupira Baba’ avec un note de dépit dans la voix.

Un petit sourire vint assombrir le visage de Talion, un sourire de satisfaction, la satisfaction d’un sadique que l’on a enfin reconnu pour ce qu’il était. L’ex-inquisiteur comptait bien se servir de cet ascendant sur la vieille femme, histoire de la faire avouer ce qu’elle se bornait à cacher.

« Oui, c’est bien moi ! Je suis ravi que vous connaissiez mon ancienne activité, cela devrait accélérer les choses. Vous devez comprendre à présent qu’il ne sert à rien de me cacher le moindre détail. Alors arrêtez de me mentir, et dites moi qui a ordonné à cette jeune femme de s’en prendre à mon camarade.
- Je vous l’ai déjà dit ! Je n’en sais rien !! Allie est une gentille fille ! Quelqu’un a sans doute du la menacer pour enlever votre ami.
- Pourquoi devrai-je vous croire ? » demanda Talion d’un ton condescendant. « Vous n’avez cessé de nous faire des cachotteries, vos activités sont visiblement illégales, et vous avez travaillé à faire s’échapper un criminel.
- Il m’y a contrainte ! C’est différent !
- S’il vous y a contrainte, pourquoi ne pas en avoir parlé aux autorités, dans ce cas ?
- Oh ! J’en ai assez de votre petit interrogatoire et de vos manigances ! Je vous dis que je n’ai pas eu le choix.
- Et je ne vous crois pas ! » objecta Talion. « Si vous l’avez vraiment fait sous la contrainte, alors vous ne verrez aucune objection à me dévoiler où ce trouve Zénon. On oubliera vos petites activités illégales, et une fois la main dessus, il ne sera plus une menace pour vous. C’est gagnant-gagnant, non ? »

La vieille femme dévisagea Talion avec mauvaise humeur. Elle l’aurait bien renvoyé sur le champs, mais elle n’en avait pas vraiment la capacité, et cet odieux personnage avait marqué un point : si Talion se débarrassait de Zénon, ce serait un souci de moins. Cependant, sa réputation en serait entachée, balancer un client, ça ne serait pas bon pour les affaires. Finir dans les geôles de l’Ordre ne serait cependant pas mieux et visiblement, l’ex-inquisiteur était bien déterminé à la faire tomber… ou pire encore. Elle sentait qu’il n’était pas vraiment le genre d’homme à se contenter des méthodes classiques. D’abord les menaces… et après ? Si ce qu’elle savait de lui était exact, Talion était capable de se débarrasser d’elle, ou même de s’en prendre à sa fille si cela l’arrangeait.

« Vous êtes un ignoble personnage… » soupira la vieille dame.
« Pas autant que vous. » rétorqua Talion avec un sourire en coin.
« Zénon est caché dans une planque que l’on a installé prêt des docks. C’est un ancien entrepôt qui passe encore pour tel… Je vous donnerai l’adresse si vous me promettez de laisser Allie tranquille.
- J’ai bien peur que je ne puisse promettre cela. Elle s’est attaquée à un membre de l’Ordre… » expliqua Talion avec un air faussement désolé.
« Et si je vous promet que j’arriverai à la convaincre de tout me dire sur les raisons qui l’ont poussé à agir ainsi ?
- Aaaah ! C’est une proposition bien plus intéressante ! Marché conclu, la vieille ! »

Baba’ soupira face à ce manque de respect mais ne releva pas. C’était déjà une victoire que d’avoir convaincu l’ex-inquisiteur de la laisser questionner Allie à sa place et la laisser tranquille.




La porte de la chambre de Tyr s’ouvrit lentement derrière Ehn, si lentement et si discrètement qu’elle ne l’entendit pas, son regard posé sur Tyr ne lui permettant pas de le remarquer tout de suite. C’est la réaction de ce dernier et le soudain léger courant d’air qui la firent comprendre qu’il y avait quelque chose derrière elle. Ehn était prête à les défendre tous les deux, mais lorsqu’elle fit volte face pour tenir tête à son adversaire, elle reçut, en pleine figure, une bouffée d’une poudre qui ressemblait avec trop de similitude à celle employée par Allie que le lien été impossible à ne pas faire. Ehn se sentit soudainement faible et chancela, avant de tomber à terre, incapable de se tenir sur ses jambes et d’user de ses bras pour se traîner.

Lentement, sans un bruit, une femme à la peau de bronze se glissa avec la furtivité d’une araignée. Tyr, qui était lui-même encore paralysé par ce poison, bien qu’il put légèrement tendre les bras, à présent, et hocher la tête, ne pouvait que l’observer s’approcher de lui. Cette femme était d’une beauté certaine, une beauté qu’ici, l’on aurait dit venir d’Uruk, puisque c’est là-bas que ce genre de couleur de peau est vue principalement. Ses yeux étaient d’un vert profond, un vert qui tirait vert le sombre, comme le vert d’une forêt de pin. Ils étaient encore plus perçant que le reste de son visage était difficilement visible derrière ce foulard dont les motifs représentaient une toile d’araignée, tout comme le voile qu’elle portait sur ses longs lisses et d’un noir qui absorbait toute lumière. Il y avait pourtant quelque chose de familier dans ce visage, quelque chose qui faisait penser à Tyr qu’il connaissait cette femme.

La tension était palpable entre les deux êtres, mais, étrangement, Tyr ne se sentait pas particulièrement en danger. Non… En fait, cette mystérieuse femme ne dégageait aucune intention meurtrière, en tout cas pas sur le moment. Elle s’approcha juste du lit et s’assit à son bord, tout en continuant à fixer les yeux du jeune homme sans broncher. Elle semblait juste particulièrement fascinée par les yeux du jeune homme qui tentait vainement d’accélérer sa guérison avec ses pouvoirs, ce qui faisait luire la magie de Wraith dans ses iris.

« Dewey ? » demanda-t-elle avec espoir.

La réaction ne se fit pas attendre, Tyr sembla surpris et fixa l’inconnue. Cette voix qu’il entendait lui était vaguement familière, mais avec le voile, difficile d’en être sûr.

Avec une très grande hésitation, la femme dévoila le bas de son visage qui était d’une grande beauté. Tyr resta figé de stupeur, son esprit sembla reconnaître un visage familier mais n’en était pas sûr. La chose semblait tellement irréel qu’il préféra d’abord la réfuter. L’assassine à la tunique constellée de motifs de toilee d’araignée demanda alors d’une voix mystérieuse que Tyr sembla reconnaître, ce qui fit faire à son cœur un bond de plus dans sa poitrine.

« Dewey ? Est-ce bien toi ? C’est… C’est moi ! Halsim ! »

Halsim:

Le capitaine a pour habitude de sortir ce petit sobriquet avant chaque interrogatoire. C’était plus fort que lui, comme un automatisme avant même qu’il se décide d’opter pour une autre méthode. Il fait un large sourire quasi amical à l’intention de l’elfette affaiblit et décide de lui ôter toute arme avant de procéder. Il regarde sur elle toute autre arme dissimulée et en retire effectivement une. Il les balance assez loin d’eux et soupir face à cette tâche qui pour lui était fastidieuse. En effet, l’agitation de sa prisonnière l’agace quelque peu.

- Cessez de vous agitez mademoiselle, vous allez mourir. F ait remarquer Winrart. Et je ne tiens pas particulièrement à votre décès, que se soit avant ou après vos petites révélations. Tenez-vous tranquille si vous tenez tant que ça à votre bras.

Le capitaine regarde la partie arrachée de son bras et lui pose un garrot avant de prendre sa petite sacoche accrochée à sa ceinture. Edgar est du genre à avoir une trousse de premier soin comme tout être ne sachant pas user de magie de soin voir de magie tout court ou n’ayant personne pour panser ses blessures. Il bande soigneusement son bras après avoir arrosé la première couche d’un liquide incertain en serrant bien fort ce qui fait hurler la pauvre Elodean. Cette dernière décide qu’il serait tout de même plus sage de le laisser faire, d’autant plus qu’elle pouvait sentir les effets de la mystérieuse huile sentant agréablement bon.

- C’est un anti-douleur local, très pratique n’est-il pas ? Lui signifie-t-il en faisant un beau nœud pour terminer le travail. Ne vous agitez pas trop car vous avez perdu trop de sangs miss Elodean.

Une fois Elodean tranquille, le capitaine s’assoit en-face d’elle pour être un peu à sa hauteur. Bien sûr, il reste nettement à proximité. Tellement près d’elle que cela en devenait intimidant et plutôt gênant pour la pauvre femme.

- Bien ! Alors dites-moi, où puis-je trouver Halsim et Zénon ?

Elle regarde son bras essayé d’être secouru par le mage bien que cela ne soit pas gagné d’avance. Sigrid est plutôt têtue lorsqu’il s’agit de lui faire reprendre sa nourriture.

- Oh il vous reste encore plusieurs options si votre bras ne survit pas ou bien juste en partie ce qui sera fort probable. Tout dépend de ce que je vais pouvoir apprendre de vous et ce que vous allez décider par la suite concernant votre vie. Aaaah… ! Elle est pleine de surprise la vie n’est-ce pas ? On est un jour bandit et le lendemain… On verra pour vous !

Il fait un petit sourire malicieux avant de reprendre en lui prenant la main qui lui reste. Il établit alors une connexion entre son esprit envahisseur et le sien.

- Je saurais cette information avec ou sans votre consentement et même venant d’ailleurs que vous. Alors je vous laisse le choix de me le dire ce que vous savez car cela pourrait avoir des répercutions positifs par la suite en votre faveur. Et puis soyons clair, un gain de temps pour ma part.

Elodean réfléchit mais pas trop longtemps car ce capitaine de l’Ordre sait être convaincant.

- Dans une planque près des docks, dans un ancien entrepôt pas encore complètement désaffecté. C’est tous ce que je sais ! Zénon ne m’en pas dit plus ! Je ne sais pas précisément lequel… .

- Je vous crois. Dit simplement le capitaine. Merci pour ces précieuses informations. Je vais devoir y aller malheureusement très chère, le devoir de capitaine mais ne vous faites pas on se reverra.

Il sort une fiole puis avec une seringue, pique le bras valide de l’elfe avec délicatesse. Il range son matériel médical avant de se lever.

- Je vais vous laisser vous reposer à présent, je vous ai injecté de quoi vous y aider. En plus cela a beaucoup d’effets bénéfiques contre l’anxiété et la douleur. Comme on dit : »la nuit porte conseil » mademoiselle Elodean.

Elle s’endort bien vite après avoir entendu cela et le capitaine s’adresse alors à Linke avec un air bien aimable.

- Elle va dormir pendant au moins la moitié du cadran solaire.

Il regarde Linke ayant échoué dans ses négociations avec une Sigrid qui décidément, est bien de mauvaise humeur pour laisser sa nourriture comme ça pour le bien d’une ennemie. Surtout si celle-ci l’a cherché.

- Ce n’est pas grave sergent pour le bras, vous aurez essayé. Manger quelqu’un est un peu problématique pour l’Ordre alors disons… Que je vais regarder ailleurs et que le bras est perdu à jamais. Mais je vous le dit, si vous tenez à votre soldate veillez à ce que cela ne se reproduise plus pour son propre bien.

Le bras n’a pas été totalement mangé bien que certains morceaux soient dans l’estomac de Sigrid mais le bras est tellement déchiqueté et donc en piteux état pour en faire quoi que se soit. A moins d’un maître en magie organique, il va falloir lui faire ses adieux bien que la propriétaire n’y soit pas prête. Fort heureusement, elle est endormie et ne pu voir cet affreux destin.

- Hum… Je sens que tous ceci va être hautement intéressant. Mais vais-je devoir y aller seul ? J’aime bien la compagnie des mages, vous avez ce talent que je ne pourrais jamais avoir même avec beaucoup d’effort. Hum… C’est décidé !

La capitaine prends sur son épaule Elodean, ayant subitement un regain d’énergie ou plutôt de volonté.  

- Allons voir ce qu’il en est ensemble sergent Straüss ! Sigrid venez avec nous, je serais peiné de vous savoir seule. On va allez là-bas tous ensemble dans la joie et la bonne humeur !


Je n’en crois pas mes yeux… Non ça me joue des tours… Elle ne peut être… Et pourtant ce visage et le fait qu’elle connaisse ce nom. Ce nom-là. Cela faisait bien longtemps que l’on ne m’avais pas nommé ainsi. Les souvenirs remontent. Les souvenirs avec elle. Notre gardienne en l’absence d’adulte se trouvant être une assassine ayant bien des liens avec Anna. Je me souviens de nos chamailleries musclés dans la cuisine pour savoir si elle ne nous avait pas empoisonnée. Avec le recule tout colle. Les méthodes dans les dossiers, sa description ainsi que la poudre étrange. C’est bien celle d’une assassine aguerrit. C’est elle. C’est Halsim. Alors elle a finit par choisir cette voie… . Je ne m’attendais pas à ce qu’elle choisisse celle-ci en particulier. Mais enfin… Pourquoi ?

- Pas… Ce nom… Ici… . Fais-je d’une voix forcée.

Halsim semble être soulagée de ma réponse et un sourire à peine perceptible bonifie son jolie visage. Elle me verse alors une petite fiole liquide dans la bouche en me disant de ne pas forcer et laisser agir. Elle a donc l’antidote sur elle. Je récupère bien plus vite mes membres et ma parole, m’étirant et raclant ma gorge. Arg… Quelle affreux poison ! Elle attend patiemment que je puisse de nouveau agir bien qu’une certaine méfiance s’installe en elle. Je ne sais pas pourquoi, je la sens.

- Merci. Fais-je dans notre langue. Je ne suis pas encore très familier avec la langue de ce monde alors si ça ne te dérange pas je vais plutôt parler ainsi.

Je m’arrête pour la regarder et hésite à montrer de l’affection. En fait, les grands élans d’amour, ce n’était pas mon point fort et je ne sais pas si je vois lui serrer la main, la prendre dans mes bras ou bien faire autre chose. Comme je ne suis pas démonstratif, je m’occupe les bras en posant Ehn à ma place sur le lit. Mais comme il faut bien faire face à la réalité, je peux que me tourner de nouveau vers celle qui m’a tant apprit il y a bien longtemps.

- Désolé… Je ne suis toujours pas à l’aise dans les grandes retrouvailles. Wraith aurait sans doute fait preuve de bien plus d’affection. Mais je suis content que se soit toi bien que d’un autre côté… Je ne voulais pas tomber sur une connaissance que j’apprécie.

Je tire une sale tronche sombre, sans doute un visage remplit de tristesse et dans ma tête danse une cohue infernal. Tous va vite et entre souvenirs du passé et le présent implacable, la suite s’agite dans différents scénarios allant du plus dramatiques au plus mauvais. Pourtant une question me revient sans cesse, une qui n’a rien à voir avec toute cette histoire autour de cette guilde noir.

- Pourquoi être venue ici avec tes souvenirs passées ? Pourquoi avoir choisi la voie la plus douloureuse ?

Pour la première fois, je m’inquiète réellement pour Halsim. Avant, j’étais bien trop impétueux et je  n’imaginais pas du tout une telle personne être en mauvaise posture. Je m’inquiète d’autant plus face à la complexité que va être la suite de la mission. Je ne veux déjà pas la reperdre une deuxième fois. C’est le seul visage familier que j’ai vu depuis si longtemps.

La dénommée Halsim soupira de soulagement. Elle ne s’était pas trompée lorsqu’elle avait envisagé que ce membre de l’Ordre était celui qu’elle avait connu comme étant Dewey. Ses soupçons, avaient été confirmés durant son combat contre Allie. Elle les avait observé grâce à une amulette qu’elle avait confié à la jeune employée de l’auberge. Elle avait réussi à la convaincre d’enlever Tyr afin de s’entretenir avec lui. Après tout, Halsim n’était pas qu’une simple membre de guilde noire, pas qu’une simple assassine ; elle avait usé de tout le temps qu’elle avait eu sur Midgard pour monter un petit réseau d’information afin de retrouver d’éventuels « Célestiens » comme se plaisaient à les appeler les membres de l’Ordre. Au final, la guilde de Zénon n’était qu’un moyen pour elle d’appâter des membres de l’Ordre dans l’espoir éventuel qu’un des leurs se révèle être un Célestien. Cela avait finalement marché.

L’ancienne gardienne du jeune homme l’observait à présent avec une certaine considération. Elle le regarda sous tous les angles tout en l’écoutant lui parler en arcaëllien, une langue qu’elle n’avait plus entendu depuis bien des années.

« Tu as bien changé depuis que je t’ai vu la dernière fois… Tu es complètement différent physiquement, et tu as l’air d’avoir mûri… Mais je reconnais bien là ton caractère. Je ne m’attendais pas du tout à des effusions de sentiments. Du coup, comment dois-je t’appeler, exactement ?
- Jürgen.
- Jürgen ? Comme le grand balèze, là ? »

Tyr afficha une expression plutôt neutre, voir fermée. Il ne voulait sans doute pas aborder ce sujet, d’autant que Halsim connaissait parfaitement de qui il avait emprunté le nom.

« Hum… Oui, je suppose que c’est un genre d’hommage. » conclut-elle.

Sans plus de transition, Tyr lui demanda :

« Pourquoi être venue ici avec tes souvenirs passées ? Pourquoi avoir choisi la voie la plus douloureuse ? »

Halsim devina que le jeune homme s’inquiétait vraiment pour elle, ce qui ne manqua pas de l’étonner. Lui qui avait été si distant, si agressif avec elle, le voilà sincèrement curieux de son sort et de ses choix. Elle prit le temps de la réflexion et se gratta le menton.

« Je pourrais te retourner la question, bien que franchement j’en devine aisément la cause. Je te connais, Dew… Jürgen, tu es un éternel entêté, tu l’as toujours été et tu n’as pas voulu en rester là. Mais… Non, je suppose que cela doit être bien plus profond que cela… Hum… C’est Wraith qui t’a demandé de vivre et choisir cette voie, n’est-ce pas ? Tu faisais comme s’il t’énervait, comme s’il ne comptait pas pour toi, mais au fond, il était comme un père, et il voulait sûrement que tu puisses vivre à nouveau et te construire dans un nouveau monde, il t’en crois sûrement capable. C’est un truc comme ça, non ? »

Tyr ne répondit pas mais sembla singulièrement surpris. Il s’obstina cependant dans son silence et Halsim soupira d’agacement. Au moins, il n’y avait pas de doute, elle avait bien à faire à la bonne personne.

« Raaaah… Toujours aussi bavard, hein ? » déclara-t-elle. « Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai fait ce choix… L’espoir d’une nouvelle chance ? D’une nouvelle vie ? Ou bien peut-être que j’espérai revoir quelqu’un de familier en faisant ce choix ? Le fait est que j’étais plutôt partie pour autre chose, mais Wraith m’a convaincue de revenir sur Midgard… Je crois qu’il espérait que je vous retrouve, toi et l’autre pisseuse ! D’après Wraith, elle a fait le même choix que nous, mais il y a quelque chose qui n’a pas bien marché… Résultat, elle est difficile à retrouver… M’enfin toi non plus, tu n’as pas été facile à trouver. Quelle idée de changer de nom et de tronche aussi… Mais bon, je dois avouer qu’avec cette dégaine là, tu as plus l’air d’un assassin. Et puis, j’avoue que j’aime bien cette nouvelle apparence, tu ressembles un peu aux gens de mon ancien peuple. »

Le jeune membre de l’Ordre sembla soudainement surpris, comme si cette révélation lui avait fait l’effet d’un coup de poignard dans le cœur.

« Quoi ? J’ai dit quelque chose qu’il fallait pas ? Oh… C’est vrai… Tu étais plutôt proche de Rebecca, même si sa gentillesse te révulsait un peu… Euh… Et bien oui, désolée de te l’apprendre ainsi, mais elle est arrivée sur Midgard. Je ne sais ni où, ni dans quelles conditions, mais cela fait quelques années. Elle doit être une jeune adulte comme toi, maintenant. Seulement… Je n’ai aucune idée d’où elle peut se trouver. Wraith m’a seulement dit que la malédiction dont elle a été infligée a fait qu’elle s’est retrouvée réincarnée quelque part, mais il ne sait pas où… »

Tyr ne dit mot, il sembla réfléchir l’espace d’un instant avant de se pencher sur Ehn pour la soulever et la déposer sur son épaule.

« On y va. » déclara-t-il avec aplomb.
« Comment ça, « on y va » ? » s’étonna Halsim. « Où veux-tu aller avec cette nana sur l’épaule ?
- Retrouver Rebecca. »

Le jeune agent de l’Ordre semblait déterminé. Cela avait surpris Halsim sur le moment, mais elle avait saisi l’importance que cette nouvelle avait eu pour lui. Tyr n’avait plus qu’une idée à présent, retrouver Rebecca.

« Hein ? Ah bon ? Comme ça ? Heu… remarque je ne vais pas m’en plaindre mais… »

Halsim hésita un instant. Elle allait lui demander si allait abandonner l’Ordre comme ça, s’en aller sans demander la permission à qui que ce soit, mais si elle lui posait la question, peut-être allait-il hésiter et reconsidérer la question, aussi ne dit-elle rien et suivit ses pas. L’assassine avait enfin retrouvé quelqu’un de familier et partait à la recherche d’une autre personne qu’elle connaissait. Il ne fallait pas lui dire deux fois.

Les deux Célestiens franchirent la porte, descendirent les escaliers de l’auberge, et au moment où ils allaient franchir la porte, le croassement d’un corbeau se fit entendre. Tyr et Halsim sursautèrent une première fois, et une deuxième lorsqu’une voix sinistre et nasillarde s’exprima :

« Bordel, mais qu’est-ce que vous foutez, Tyr ? »

Cette voix, c’était la voix de Talion. L’ancien inquisiteur se tenait là, derrière eux, une tasse de café à la main.


Talion avait laissé Baba’ partir de son côté pour aller interroger Allie sur ses agissements. L’ex-inquisiteur se serait volontiers tenu au courant de l’état de son camarade Tyr, mais avant cela, il avait décidé qu’il serait plus sage d’aller boire un petit café au frais de l’auberge, histoire de tenir le coups, car la nuit avait été longue et qu’elle n’était pas encore terminée. Il avait encore beaucoup à faire, et il fallait qu’il soit en forme pour aller interpeler Zénon.

Il descendit ainsi les escaliers et se dirigea vers la cuisine de l’auberge, qui à cette heure-ci, était totalement vide. Il se saisit d’une cafetière, alluma un feu, passa les grains de café dans un moulin prévu à cet effet, rempli la cafetière d’eau et de café fraîchement moulu et attendit quelques instants. Ce fut à ce moment là que Ninian le rejoignit et se posa sur son épaule.

« Croaaaa ! Croaaaa !!!
- Oh ! Tu as faim, ma belle ? Voyons voir ce que je peux te trouver, ma poupette ! »

Talion fouilla dans les placards et finit par dégotter de la viande séchée. Il la tendit à Ninian qui la dévora avec appétit. L’homme s’en réjouit et alla décrocher de l’âtre la cafetière afin de se servir une tasse du précieux liquide. Il en huma l’odeur avec ravissement avant de se diriger vers la porte qui menait à la salle principale, et quelle ne fut pas sa surprise de voir deux silhouettes se glisser dans la pénombre pour quitter l’auberge. L’inspecteur reconnu Tyr ainsi que la personne qu’il portait sur son épaule : Ehn. En revanche, la femme qui se trouvait debout, avec lui, ne lui était pas connue, mais au vue de son apparence, il jugea qu’il pourrait s’agir de la Célestienne que l’Ordre recherchait.

« Bordel, mais qu’est-ce que vous foutez, Tyr ? » demanda-t-il avec étonnement.

L’équipe se figea à ses mots avant que la supposée Célestienne ne se tourne vers Talion en dégainant une dague. Talion porta sa main vers son pistolet à poudre mais avant que tout cela ne dégénère, Tyr s’interposa…

Note HRP:

Dans ma tête c’était tout décidé. Ainsi Rebecca avait chu en Midgard et ce, il y a déjà quelques années. Pourquoi Wraith n’en avait-t-il pas fait part ? Peut-être à cause de son problème de réincarnation ? Pourquoi parler de nous à Halsim alors ? Cela fait un an et demi que j’ai été réincarné et pourtant Wraith savait et c’était déjà préparé à me faire réintégrer parmi les vivants. Et ce, avec mes souvenirs de cette vie passée. Comme s’il savait déjà déjà que j’allais accepté. Sûrement croit-il toujours en moi. Pourquoi m’accorder autant de crédit ? Enfin… Je prends Ehn qui, malgré qu’elle ne parle pas l’Arcaëllien est un témoin gênant qui aurait malgré elle des réponses aux questions qu’on pourrait lui poser. Et je parle bien sûr de Talion. En effet, je suis persuadé au vue de sa façon de faire qu’il irait la harceler pour qu’elle lui dise ce qu’elle savait. Et je ne voulais pas qu’Ehn se retrouve comme Allie. De plus, elle m’a aidé lorsque j’en avais besoin alors je n’allais pas la laisser aux mains tortionnaires de Talion.

Avec Halsim donc, Ehn sur mon épaule, nous nous dirigeons vers la sortie. Je n’avais pas expliqué tous cela à la pauvre elfe noir qui doit bien se demander pourquoi on la prend avec nous. Heureusement, elle ne peut parler ni même émettre le moindre son à cause de la toxine. On essaie alors le plus discrètement du monde de passer par la seule entrée et sortie connue de cette auberge. Du moins assez grande pour ne pas se faire chier avec une personne à trimballer. Soudain, alors qu’on allait au détour d’un couloir, on se fait interpeler par une voix que je commence à bien connaître. Un timbre de voix très reconnaissable, celle de Talion. Halsim est sur la défensive voir l’attaque et Talion lui, a son arme en main. Celle qui tire de la poudre noir et fait un bruit sec et fort.

- Attends Halsim, c’est un sergent chef de l’Ordre. Fais-je en Arcaëllien avant de m’adresser à Talion dans sa langue du mieux que je peux. Je retrouvé la célestienne, Halsim. Je connais elle. On doit hum… On doit chercher une personne à nous. Problème avec hum… Avec intégration vie ici.

- Tyr, on ne comprend toujours pas ce que vous baragouinez-là. Répond Talion avec impatience. Essayez d’être un peu plus clair avant que j’intervienne.

Raaaah… Cette langue ! Voyant que je galère et que j’ai dû mal à reformuler, il soupir.

- Bon, j’ai bien comprit que vous connaissez notre suspecte célestienne qui je le rappel a peut-être tué certains membres de l’Ordre. On ne sait pas encore son implication dans la guilde noir alors elle devra y répondre. J’ai aussi comprit qu’une autre personne que vous semblez connaître a des soucis dans la vie. Alors dites-moi soldat, vous allez vraiment déserter la mission de l’Ordre pour aller je ne sais où avec une suspecte ?

Le regard de Talion ne me dis rien qui vaille. Et à ces mots, je compris surtout que je ne voulais pas remettre ni Halsim ni Ehn a ce sadique. Cependant, il allait nous poser problème alors peut-on avec ce genre d’individu s’entendre ? Il faillait bien essayer car sinon, même si on s’échappe à lui ce dernier allait faire rappliquer les autres.

- Je ne veux pas quitter l’Ordre. Je besoin aider célestien pour vie ici comme l’Ordre mais procédure pas hum… Correcte pour situation comme ici. Nous parti- herm partons avec ou sans ordre. Famille important. Hum… Halsim dire où est Zénon et danger en échange.

Talion resta silencieux un instant en fixant Tyr droit dans les yeux. Comment s’assurer que le jeune soldat disait vrai ? Qu’il n’avait aucun désir de quitter l’Ordre alors que son premier réflexe avait été de prendre la poudre d’escampette ? Sa loyauté passait visiblement après sa famille, ce que Talion ne pouvait comprendre étant donné qu’il n’avait jamais eu de famille. La seule chose à laquelle Talion tenait plus que l’Ordre, c’était Ninian, son corbeau, ça, il pouvait le comprendre et sans doute que la célestienne que Tyr voulait aller chercher avait autant de valeur à ses yeux que lui n’en avait pour son corbeau. Il resta songeur, écarta la main de son pistolet et se détendit finalement.

« Je regrette, mais votre offre n’est pas vraiment intéressante, étant donné que Baba’ va déjà me refiler l’info… Pfff… Vous ne pouvez pas partir comme ça, Tyr. Je n’ai pas envie que vous deveniez un fugitif aux yeux de l’Ordre, pas plus que je n’ai envie de vous retenir ici, mais nous avons une mission à terminer. Si vous me prouvez que vous êtes loyal à l’Ordre en terminant la mission que nous avons commencé, je mettrai tout en œuvre pour vous aider à partir à la recherche du… membre de votre famille. Je connais bien le Capitaine Winrart, si j’arrive à m’arranger avec lui, vous pourrez même partir en compagnie de votre… amie ? Mais je ne peux pas vous laisser aller ainsi. On évitera le plus de procédure possible, parce que moi aussi ça me fait chier, les procédures, voyez-vous. Cependant, nous devons au moins terminer la mission ! »

Halsim dévisagea Talion du regard. Pour elle, cet homme n’était pas fiable, on ne pouvait avoir confiance en un individu aussi dangereux et singulièrement violent. Pourtant, l’ancien inquisiteur offrait là une alternative qui n’était pas à négliger. De plus, Tyr et elle n’avaient plus rien à négocier. C’était fâcheux…

« Qu’est-ce qui nous prouve que vous allez tenir parole ? » déclara Halsim avec un fort accent urukéen.
« Et bien… peut-être que la signature d’une promesse magique vous rassurerez ?
- Promesse magique ? » demanda Tyr avec incrédulité.

Talion déposa sa tasse de café sur le comptoir et commença à déboutonner sa chemise sous les yeux médusés des deux célestiens qui se demandaient bien ce qu’il était en train de faire.

« Heu… Vous savez, Tyr et moi, on ne mange pas de ce pain là… » soupira Halsim.
« Ce n’est pas pour ça que je me déboutonne… » expliqua Talion avant de retirer totalement sa chemise pour leur faire dos et ainsi dévoiler des sortes de tatouages à l’encre noire qui étaient dessinés sur sa peau.
« Heu… Ok ! Sympa les tatouages, mais… » commença Halsim.
« Ce ne sont pas des tatouages, ce que vous voyez là, ce sont des promesses magiques. Des marques imprimées sur le corps qui tuent leur porteur si celui-ci ne tient pas ses engagements. Plutôt simple, non ? »

Halsim et Tyr se regardèrent avec interrogation avant que l’assassine ne pose la question :

« Comment ça marche ?
- Et bien on écrit les termes des engagements dans un livre magique, une fois cela fait, on arrache la page et on la sépare en deux parties. Pour le coup, dans cette situation là, il y aurait une partie où Tyr promet de remplir sa mission actuelle, et une partie où je m’engage à mettre tout en œuvre pour vous aider à retrouver l’autre célestienne. On applique chaque document sur chaque personne, ce qui va produire ce genre de marque. Si chacun remplit sa part de la promesse, la marque disparaît et on n’a plus à craindre quoique ce soit. En revanche, si on ne tient pas parole… C’est la mort.
- Vous êtes vraiment prêt à mettre votre vie en jeu pour tenir parole ? » s’étonna Halsim face à Talion.
« C’est à Tyr de choisir. Je comprendrai que vous ne me fassiez pas confiance, mais avec cette promesse, vous êtes sûr que je serais motivé à tenir parole. Personnellement je pense que tout cela est inutile, étant donné que je ferais tout pour vous aider, je n’ai aucun intérêt à vous empêcher de retrouver des proches, du moment que vous accomplissez les missions que l’Ordre vous confie, Tyr. Je suis même persuadé que l’Ordre pourrait vous aider dans vos recherches, il suffit de s’adresser aux bonnes personnes. »

Ce contrat magique ou comme il le nomme « promesse magique » semble à première vue bien pratique et je me doute que ça disparaît bien au corps après la promesse tenue. Je suis d’ailleurs curieux de ce qu’un personnage comme celui-là peut bien promettre et si cela lui restera longtemps. En plus, cela ne le fait même pas sourciller de proposer une telle chose qui peut entraîner la mort. Et ça a l’air dangereux comme magie. Je ne sais pas trop quoi en penser de sa proposition. En même temps, on n’avait pas grand-chose de notre côté pour contre-balancer ça. Il ne semble pas me croire sur parole lorsque je lui dis que je ne déserte pas l’Ordre. En même temps il nous fait savoir que pour lui tous ceci semble un peu inutile. Il nous déclare être certain de sa promesse, magique ou non. Bon. Moi je ne suis pas sûr de le croire après ce que j’ai vu de lui et si ce sort permet de lui faire tenir parole alors pourquoi pas. Après, je ne suis pas fan de marque. On dirait un truc à l’autre gros chauve qui a osé toucher à Rebecca. Tergaune, un truc comme ça. C’est d’ailleurs certainement à cause de lui que la réincarnation de Rebecca a rencontré un problème. Lui, je vais lui régler son compte autant sur un plan physique qu’astral ! Je ne suis plus foncièrement attiré par le meurtre mais pour cet enfoiré, je peux faire exception.

Je n’avais pas vraiment réfléchis plus que ça de ce que peut penser l’Ordre. Dès qu’il s’agit des miens, je ne réfléchis plus pareil. Mais Wraith me les a collé dans les pattes même si bon, il est vrai que j’ai une vie décente grâce à eux. Logique que Talion pense cela d’autant plus que pour le moment, je n’ai pas eu l’occasion de montrer ma loyauté pour cet ordre. Cependant, je crains qu’une fois-là nous aurions d’autres choix que de passer par la voie procédurale et longue. Vérifier si Halsim n’est pas une ennemie de l’Ordre, vérifier les propos sur tel ou tel choses, monter un dossier, attendre ce qu’on va nous dire. Et c’est long, très long, trop long. Face à un Tergaune, l’Ordre n’est pas efficace si des décisions ne sont pas vites prises.

- Vous avez raison Talion. Dis-je après mûre réflexion. Ce n’est pas correcte de partir sans finir la mission. Mais les autres herm… Vont être là pour arrêter Zénon. Peut-être vous convaincre Winrart de nous laisser mais pas Béros. Aqualane comme Linke, très règles et procédures. Vous être vraiment sûr de ce que vous dites ?

- Ah, c'est vrai, ça ! Je n'y avais pas pensé. Vous dépendez principalement du bon vouloir de l'instructrice Béros... Linke n'est pas tant un problème, je peux toujours l'empêcher d'agir, mais Béros... Hum...

Talion semble réfléchir et après un long moment, il affiche un sourire qui signifie qu'il a enfin une idée.

- Bon, et bien tant pis pour Zénon ! L'objectif principal était de retrouver la célestienne, alors on va la ramener nous même à l'Ordre ! J'aurai bien voulu faire sa fête à cet abruti de chef de guilde noire, mais je ne peux pas vous laissez partir comme ça. Je vous escorte jusqu'à la Citadelle. Les autres se débrouilleront sans nous. Ils en sont capables, j'en suis persuadé. Et je sais parfaitement à qui m'adresser pour vous obtenir le droit de partir à la recherche de l'autre célestienne.

J’affiche une tête surprise car en effet, je le suis. Il a lâché l’affaire avec Zénon et ça, je ne m’y attendrais pas. Par contre, il ne veut toujours pas me laisser partir avec Halsim. Je pense que sur ce point, il ne changera pas d’avis. Talion est plutôt un homme étrange, je ne sais pas comment le prendre. D’abord comme juste quelqu’un de sinistre puis un allié, ensuite un tortionnaire et enfin… Un négociateur ardu. Cela dit, ce n’était pas une mauvaise idée que de supplanter la hiérarchie bien que je pense que Cassandre va se sentir trahi. Tant pis ! Je ne lui veux pas de mal à l’instructrice mais Rebecca est plus importante. D’autant plus qu’ainsi, Halsim ne sera pas perçu comme une suspecte de meurtres ou autres malfaisances si elle se rend d’elle-même avec Talion est moi à la Citadelle. En effet là-bas, il y aura sûrement quelqu’un pour arrondir les angles. Reste à savoir si elle veut venir ou non. Je ne sais pas ce qu’elle pense de l’Ordre. Je la regarde puis lui parle dans notre langue bien que se soit devant Talion.

- Je ne sais pas trop ce que tu penses de l’Ordre mais tu as vu juste, Wraith s’est pointé avec moi à la Citadelle parler directement à leur fondateur, Amos. Il veut que j’aide les notre sous l’égide de l’Ordre dont il semble avoir confiance. Je suis comme… Un représentant si on peut dire. Il y a sûrement des types louches comme Talion mais j’ai aussi rencontré des gens bons, de plus j’aime assez l’idée d’être unis pour préserver la vie sur Midgard. Peut-être seront-ils mieux préparés que nous s’ils connaissent un jour la même situation. Je ne le veux pas mais je ne peux pas m’empêcher de penser à ça. Bref… Tu veux venir avec moi et Talion du coup pour la Citadelle ? Je crois qu’en plus, on n’aura pas à nous traîner Ehn. Je l’ai prise pour lui éviter Talion mais si on choisit cette solution il n’aura aucune raison de s’en prendre à elle.

- Si j'ai bien compris, je n'ai pas le choix, de toutes façons. Je suis votre alibi pour partir d'ici avant les autres. Et puis... elle reste un moment silencieuse. Maintenant que je t'ai retrouvé, ça serait bête de repartir. Après tout, c'est Wraith qui m'a convaincue de venir sur Midgard pour vous aider, toi et la pisseuse, alors c'est parti. J'espère simplement que ce type va tenir parole et pas juste nous faire enfermer tous les deux…

- Hum… Ce n’est pas les méthodes de l’Ordre, je ne suis pas enfermé. J’ai autant de liberté qu’un simple soldat en formation. De plus, on m’aide à rattraper ce que je dois connaître ici. Je parle mal leur langue mais je comprends tous. La lecture n’est pas mon point fort mais je me débrouille quand-même. Je n’aime pas trop son histoire de pacte magique cela dit, c’est pas mon truc les tatouages. Tu vois sans doute pourquoi.

Je soupire un peu avant de reprendre.

- Je suis désolé Halsim, être dans Midgard est bien compliqué. Merci d’être là.

Je lui adresse un bref sourire avant de parler en Midgardien.

- On accepte de venir avec vous en la Citadelle et de rencontrer votre contacte. Pas besoin de herm… Promesse magique. On donne endroit où Zénon se cache aux autres puis on y va.

Je vais vers Talion et lui présente ma main pour une simple empoignade formel. Ehn commence à être un peu lourde alors après ça je vais la ramener à une chambre pour qu’elle fasse sa convalescence tranquille.

L’accord fut passé avec Talion. On déposa Ehn dans une chambre pour qu’elle puisse récupérer toute seule avant que le sergent-chef ne prenne contact avec le reste de l’équipe pour les informer des nouvelles fraîches.

« Ici le Sergent-chef Talion, vous me recevez ?
- Oh ! Talion ! Merveilleux ! J’avais justement une bonne nouvelle à vous annoncer ! On vient de soutirer à un des collaborateurs de Zénon sa cachette. Vous nous viendrez en renfort, n’est-ce pas ? » demanda le Capitaine Winrart avec un ton jovial.
« Négatif, Tyr et moi avons retrouvé la Célestienne. Priorité maximale sur l’objectif, nous retournons à la Citadelle pour la mettre en sécurité et pour interrogatoire.
- Cela me surprend, Talion. Vous n’allez quand même pas manqué une opportunité de vous confronter à un malfaiteur ?
- Je regrette, Capitaine, mais la situation exige que j’escorte Tyr et la célestienne. Croyez bien que je serais venu, autrement.
- Je vois… Vous voulez que j’envoie Béros pour vous aider ?
- Ça ne sera pas nécessaire, je m’en charge personnellement. »

Le Capitaine Winrart ne l’avait pas fait transparaître clairement dans son échange avec Talion, mais il se doutait de quelque chose, d’une certaine manigance perpétrée par cet homme au passé trouble. Ce n’était d’ailleurs pas dans ses habitudes de décliner l’occasion d’un combat ou d’une arrestation, il devait y avoir là quelque raison obscure. Il était cependant trop tard pour faire demi-tour, et Winrart était déjà en chemin pour aller arrêter Zénon, en compagnie de Linke et Sigrid qui avait repris son aspect ordinaire.

Cependant, rien était encore fait, et il fallait à présent rejoindre la Citadelle, ce qui prendrait bien du temps à Talion et aux deux célestiens qui l’accompagnaient. Par chance, la nuit avait déjà été bien entamée, et l’aube pointait son nez à l’horizon. Le premier vol en dirigeable, en direction de la cité d’Atlas, partait très tôt ce matin là et ils pourraient l’emprunter dans une petite demi-heure. Si tout se passait bien, l’arrestation de Zénon mettrait bien du temps avant que Winrart et les autres ne puissent les rejoindre. Tyr redoutait quelque peu le départ, étant donné qu’emprunter cet engin volant allait encore lui causer du tord. Talion le rassura en expliquant qu’il avait encore une de ses fioles contenant la précieuse médecine qui l’avait aidé à faire le voyage à l’aller.

Au bout des trente minutes qui la séparaient du départ, l’équipe monta enfin à bord de l’appareil et s’installa dans les fauteuils. L’engin prit lentement son envol, et quelques secondes après, Tyr et Talion remarquèrent qu’il y avait de l’agitation sur l’embarcadère. Là, tout en bas, ils purent observer l’Instructrice Béros, fulminant et bouillonnant de rage alors qu’eux, s’éloignaient sans qu’elle ne puisse rien y faire. Visiblement, elle avait été mise au courant de leur projet de rejoindre la Citadelle et n’avait pas vu d’un bon œil que Tyr parte sans elle.

« Je crois que votre départ surprise n’a pas vraiment plus à l’Instructrice Béros, Tyr.
- Je plus tard m’excuserai. Elle pas méchante mais trop procédure et… solide.
- Vous voulez dire « rigide », non ? »

Tyr acquiesça d’un signe de tête et Talion sourit. Il était plutôt rare que le sergent-chef n’affiche se genre d’expression sans qu’elle ne soit accompagnée d’un certain sadisme, là, pourtant, il souriait sans aucune arrière pensée. Peut-être que lui aussi était soulagé de pouvoir prendre un peu le large et s’éloigner de Linke. Un peu de liberté lui ferait du bien, ne serait-ce que pour quelques heures.

Le trajet se déroula calmement, Talion passa deux à trois fioles de médecine à Tyr, en lui disant : « Gardez-en pour plus tard, cela vous servira peut-être. » avant d’aller faire un tour sur le vaisseau avec Ninian sur l’épaule. Halsim profita de l’occasion pour raconter un peu ses péripéties à son jeune ami. Elle lui expliquait qu’elle ne se souvenait plus des derniers moments de vie sur Arcaëlle, elle avait simplement le souvenir des marais, du fait que les autres enfants et lui l’ait sauvé… puis après plus rien. Elle passa rapidement sur cette partie pour lui raconter le quelque peu d’années qu’elle avait vécu sur Midgard, le réseau qu’elle avait tout doucement monté pour trouver le maximum de renseignement sur d’éventuels célestiens. Elle fut surprise que Tyr soit au courant que la Famille Boisdefer soit à Uruk, mais le mystère fut très vite dévoilé quand il lui expliqua qu’il avait rencontré les Mages de Fer.

« Oh oui… Cette bande de fous furieux… Difficile de les manquer. On parle beaucoup d’eux à Uruk. De vrais phénomènes de cirque. » commenta Halsim.

Après quoi, Tyr et Halsim continuèrent à s’échanger quelques souvenirs qu’ils avaient de Midgard, des difficultés qu’ils avaient chacun eu durant leur intégration dans ce monde. Tyr ne fut pas très bavard et assez avare en détail, Halsim, elle, expliquait qu’elle était apparu en Uruk, qu’elle n’avait pas eu trop de mal à apprendre cette langue qui ressemblait étrangement à celle qu’elle avait connue en Samdal’Han, bien que les nuances soient très fortes. C’était comme une sorte de langue cousine mais très éloignée. Elle avait ensuite eu toutes les difficultés du monde à trouver sa place avant de finalement faire ce qu’elle savait le mieux : agir dans l’ombre, collecter des informations, voler et tuer si nécessaire. En soit, ce n’était pas tant un problème à Uruk, car la valeur d’une personne se mesurait à sa force. Et elle en avait fait preuve plus d’une fois.

La conversation se termina lorsque Talion revint leur annoncer qu’ils étaient en approche d’Atlas et que le voyage touchait à sa fin. Une fois qu’ils furent débarqués, ils ne traînèrent pas et gagnèrent les portes de la forteresse de l’Ordre qui se trouvait là. Ils n’eurent aucun mal à passer les gardes, Talion usant de sa maigre autorité et de l’importance d’escorter Halsim jusqu’à la Citadelle. Ils accédèrent très rapidement au portail et en quelques instants, se retrouvèrent de nouveau là-bas, avec le plus grand des soulagements.

« Quelle est la suite du programme ? » demanda Halsim. « C’est qui le type que vous devez nous présenter pour qu’on puisse obtenir de l’aide et retrouver Rebecca ?
- Il s’agit d’un très vieil ami… Un mentor… Il nous aidera sans aucun doute à… Mais qu’est-ce qu’il se passe ? »

Talion s’arrêta brusquement, observant un phénomène des plus étrange. Alors qu’ils venaient tous les trois de passer les portes de la salle du portail, ils se retrouvaient à présent dans un couloir qui semblait infini, avec des rangées toutes aussi infinies de portes… Le sergent-chef regarda tout autour de lui, ne comprenant pas ce qui se passait, et croyant qu’il s’était peut-être trompé, rebroussa chemin et voulu retourner dans la salle du portail mais… plus de porte… Juste un autre couloir sans fond, des portes le long des murs.

« Par tous les dieux ! Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ? »

Une voix résonna alors en écho lointain dans le couloir, une voix ferme, puissante, mais calme. Elle semblait provenir de nulle part et de partout à la fois. Cela fit quelque peu frissonner Halsim qui n’y comprenait rien à ce genre de magie.

« Pas de grossièreté ici, Sergent-chef Talion ! Veuillez me rejoindre, le soldat Tyr, son amie, et vous, dans ma halle ! J’ai une longue et sérieuse discussion à avoir avec vous.
- Mais qui êtes-vous ? Et par Loki, comment suis-je censé trouver votre Halle dans cette infinité de portes ? »

Curieusement, même si Talion ne savait pas quel chemin prendre, il ne semblait que peu étonné que l’on s’adresse si mystérieusement à lui, dans un couloir magique aux portes innombrables, d’autant que la personne qui s’adressait à eux semblait connaître leur identité.

« Vous n’avez qu’à suivre la lumière, mon jeune ami ! »

Talion fronça les sourcils et vit soudainement, flotter au-dessus de leur tête, une petite boule de lumière qui dansait en petits cercles. Ses yeux s’écarquillèrent de surprise et la sphère lumineuse partit vers l’un des côtés du couloir. L’équipe fut bien obligée de suivre ce guide providentiel. Halsim avait bien essayé de déverrouiller une des portes qui se trouvaient à côté d’eux, mais un sortilège semblait en protéger la fermeture. Pas le choix donc… il fallait suivre la lumière. Après un petit moment à parcourir l’immensité du couloir sans fond, la lumière s’arrêta finalement devant une porte et alla se loger dans sa serrure. Tyr et Talion se regardèrent d’un air dubitatif avant de finalement pousser la poignée. La porte s’ouvrit et ils manquèrent de tomber, pris d’un soudain vertige, vertige provoqué par le changement brutal de dimension autour d’eux. L’ouverture de la porte s’élargit, passant de deux à cinq mètres de haut en l’espace de quelques secondes, le plafond pris une grandeur vertigineuse et ils eurent l’impression, par un effet d’optique que le sol se dérobait sous leurs pieds. Talion tomba à la renverse, rattrapé par halsim qui tenait bon. Ce qui s’offrit à leurs yeux était sans pareil. Une immense halle, avec des colonnes qui s’élevaient vers un plafond qui n’avait pas de fin. On pouvait y voir une voûte céleste étoilée, avec des somptueux nuages de poussières d’étoiles colorés. De tous les côtés, se trouvaient d’étranges instruments de mesures, des globes de métal qui flottaient tous seuls, comme des planètes gravitant autour d’un astre centrale. Il y avait des centaines et des centaines de bibliothèques, toutes remplies de livres dans une quantité folle. Au sol, se trouvait un dallage qui alternait entre blanc et noir, en marbre d’une qualité exceptionnel, et au centre, la pierre formait un soleil rayonnant, fendu en sa moitié par une lune d’argent. A la grande surprise de tous, ils virent dans le « ciel » des oiseaux et d’autres créatures légendaires voler, de ça et de là. Ils remarquèrent après observation que ce n’étaient pas des oiseaux… mais des dragons !! Des tous petits dragons, de ces espèces qui ne sont pas divines. Il y avait même des arbres… DES ARBRES, dans une halle !! Ils poussaient sur les étagères de livres, sans même détériorer quoique ce soit ! C’était d’une singularité que Talion et Tyr n’auraient pu s’expliquer, pas plus que Halsim qui n’avait JAMAIS vu ce genre de chose, au grand JAMAIS !!!

Éblouis par tout ce spectacle, ils n’en avaient pas vu le vieux sage qui s’était approché d’eux. Ce vieil homme arborait une longue et immense chevelure blanche, tout comme sa barbe qui lui descendait jusqu’au poitrail. Il portait une toge bleue aux liserés dorés, attachée à sa taille par une ceinture de cuir simple. Il n’avait pas spécialement de vêtement très riches, ou très sophistiqué, mais sa simple aura, sa simple présence, imposé un respect immense. Dans sa main droite, il tenait un long et grand bâton, terminé par une immense gemme aux couleurs du ciel nocturne, dans laquelle brillaient des points lumineux et colorées, comme des milliards d’étoiles. L’Archimage s’éclaircit la voix et imposa alors sa présence à ses invités.

« Jeune dame, Tyr, Talion ! Je vous souhaite la bienvenue dans la Halle céleste ! Je suppose que je n’ai pas besoin de me présenter à vous, car vous m’avez déjà reconnu, mais la courtoisie m’y oblige ! Je suis l’Archimage Amos, Gardien de l’Ordre et de la connaissance, protecteur des faibles et des opprimés, maître des arcanes célestes ! Quel plaisir j’ai à vous rencontrer, mes enfants ! N’ayez pas peur, je ne vous ai pas fait venir pour vous réprimander, si c’est ce que vous craignez ! Je voulais seulement discuter de choses importantes avec vous ! »

Talion resta figé, comme s’il n’arrivait plus à réfléchir correctement. Face à lui se trouvait son héros, son idole, le plus grand et le plus sage de tous les mages, le créateur de l’Ordre. Il en perdit tous ses moyens et n’osa pas prononcer un mot. Il resta simplement là à balbutier des mots incompréhensibles.

Alors qu’on avait passé le portail menant normalement à la Citadelle, soudain quelque chose ne se passa pas comme prévu. Je sens tout à coup n’être pas tout à fait sur Midgard, comme une sorte d’entre-deux plans. J’ai bien comprit ce que sont les plans grâce à Wraith et je crois que nous sommes dans une sorte de « poche », ou bien de « passage » entre l’un et l’autre. Étrangement, le visuel est constitué d’un couloir avec de multiples portes fermées. Je me retourne et vis que l’endroit d’où nous sommes venus, le portail, a disparu. Soudain, alors que le sergent-chef fait ressentir son mécontentement, une voix retenti au loin tel un écho s’adressant directement à nous. Une voix qu’il me semble avoir déjà entendu. Qui que cela puisse être, il nous a vu et nous invite à le rejoindre via une petite lumière pour nous indiquer le chemin. Sur le chemin, je sens que je respire et vis malgré l’absence de vent. Bien que, on est censé être dans un couloir. Un très grand couloir. Je ne vois que des portes fermées et sûrement in-ouvrable, Halsim ayant déjà essayée sur l’une d’entre-elle. Et pourtant parmi toutes ces portes que nous passons, l’une d’entre-elle qui malgré sa ressemblance exacte avec les autres m’attire. Je voulais aller vérifier mais je me garde de le faire afin de rester auprès de mes compères. Et puis, cette voix me dit vraiment quelque chose et si mon instinct dit vrai alors que je me dois d’impérativement les suivre.

Après un long moment à errer bien que le temps ici semble abstrait, la petite lueur se loge dans la serrure d’une porte. On se regarde avec Talion avant de finalement pousser la poignée. En entrant nous tombions presque à la renverse ! Comme si le sol n’existait plus avant de finalement refaire surface ! Cette sensation je l’a connais, c’est celle d’un changement de dimension. Un changement plutôt radical. Ce qui me fait penser que peut-être les autres portes mènent également à une dimension chacune. Soudain, un flash m’apparaît pendant le « saut ». Une forêt, des buissons, de la roche et… Une sorte d’ancienne bâtisse en pierre et brique petite mais plutôt haute avec un genre de silo collé à elle et de petites fenêtres en voûtes ornées de briques rouges. Puis enfin… Une plage. Un plage immense de sable fin nacré et une mer si transparente qu’elle laisse parfaitement voir le ciel nocturne en pleine été. Comme un miroir parfait. On aurait dit que le ciel est aussi la mer. Plus rien d’autre ne me vient. Je reprends mes esprits pour que devant mes yeux la pièce se dévoile petit à petit. Une immense pièce semblable à une bibliothèque. Pas de ces bibliothèque silencieuse et morne où seul l’imagination contenu dans les livres font les couleurs. Pas non plus de table vide avec des lanternes posées ci et là surveillées par une bibliothécaire sans froide et au regard vide. Là, on dirait que des merveilles de livres se sont invitées à l’espace de la pièce qui peut les contenir. Comme une sorte d’espace sans restriction d’espace où vit de petits dragons tous très différents dans une voûte céleste colorée et semblable à mes yeux ou ceux de Wraith lorsque nous usons du « don ». Je vois d’ailleurs par effet de miroir sur l’un des objets d’une table qui en est rempli que mes yeux se sont « activés » ce qui est étrange. Mais pas autant que des arbres épousant parfaitement l’harmonie du lieu et qui semblent comme être de gardiens de livres bien rangés. Sûrement contiennent-t-ils un savoir immense sur beaucoup de choses. Peut-être que l’un d’eux sait qui est le père de Wraith ou plutôt ce que c’est. Son existence et son but.

Soudain, alors qu’on regardait avec émerveillement le décor, je finis par remarquer la présence d’un être que je reconnais immédiatement : Amos. Le vieux sage qui nous a accueillit, Wraith et moi, en Midgard. Il nous salua tous dans cet endroit qu’il nomme le « halle Céleste » et se présenta à mes compères puisque nous nous étions déjà vu. Personne ne répondu, sans grande surprise pour Amos. La stupeur est total pour mes comparses tandis que je m’avance à l’encontre de notre interlocuteur. Le personnage dégage, en plus de son digne nom, une certaine aura mystique rempli de sagesse. Je sens et peut-être ne suis-je pas seul ou plutôt sûrement que je ne suis pas seul, l’immense différence entre nous trois et cet être. Comme un pallier qu’il aurait lui-seul franchit sur le plan de l’existence. Une sorte de sensation semblable à ce qu’on peut ressentir face à Wraith. Un être ayant évolué au-delà de sa condition initial.

- Pourquoi sommes-nous dans cette dimension ? Fais-je simplement à Amos dans ma langue natale avant de me dire qu’il faudrait peut-être être comprit par tous.

Wraith avait eu une bien étrange façon de s’adresser à lui, via la magie des esprits. Et bien qu’il ne l’ai jamais pratiqué, Wraith communiquait aisément par la pensée avec Amos. Il était mon intermédiaire ce jour-là et depuis, je ne sais pas s’il peut le comprendre.

- Herm… Pourquoi on est ici ? Dis-je sobrement en Midgardien sans savoir comment on dit « dimension » alors que pour moi, c’est quand-même un terme important.

Le vénérable Archimage esquissa un petit sourire amusé derrière sa longue et imposante barbe et déclara, dans un arcaëllien parfait :

« Je vous ai compris, Tyr. Vous pouvez me parler ainsi si cela est plus facile pour vous. »

Halsim et Tyr furent médusés. Ainsi donc, le grand Archimage de l’Ordre comprenait et savait parler l’arcaëllien ? Mais comment ? Dans quelles circonstances ? Talion haussa un sourcil, lui, n’y comprenait rien et n’avait pas plus d’information sur la réaction de ses compagnons. Amos, comprenant l’embarras du jeune inspecteur, s’excusa d’un hochement de tête et expliqua :

« Je m’excuse, je disais à votre ami Tyr, dans sa langue d’origine, que j’avais compris ses mots. Voyez-vous, j’ai côtoyé une personne qui ne devrait sans doute pas lui être inconnue, puisque c’est elle qui l'a mené ici. Mais je vous en prie, asseyez-vous avec moi !
- Hein ? Mais où est-ce que vous voulez que l’on… » commença Talion avant de se rendre compte que des énormes coussins étaient apparus derrière eux, il y avait également une petite table basse face à eux, ainsi que des verres remplis. « … s’assoit… »
« Prenez place, jeunes gens. » les invita Amos avec un sourire amical.

Perturbés, mais néanmoins prompt à ne pas vouloir offusquer un Archimage par un quelconque refus, Halsim, Tyr ainsi que Talion prirent place sur les gros coussins pour s’asseoir. Amos en fit de même et lissa sa barbe tout en prenant la parole.

« Mais de qui parlez-vous ? » questionna Halsim.
« D’un puissant dragon du nom de Wraith. Cela ne devrait pas trop vous étonner.
- Oh… En effet… Mais… Vous lui causé souvent ?
- Assez souvent pour que nous devenions amis, oui. Heu… Je crois ne pas avoir saisi votre nom jeune dame…
- Je me nomme Halsim. » déclara l’intéressée.
« Halsim… Je vois… Et bien, ravi de faire votre connaissance, Halsim. Voyez-vous, c’est Wraith qui m’a confié le jeune Tyr. Nous avons fait plus ample connaissance depuis, et avons eu des longues discussion, lui et moi, même si je le connaissais déjà. Cela remonte à l’époque du Feu Céleste, à l’arrivée de vous autres, Célestiens. »

Talion semblait perdu, il ne comprenait rien à ce qui se passait. Dépité par tant de mystère mais n’osant pas interrompre la conversation ni s’adresser à l’Archimage sans qu’il fut invité à le faire, il préféra prendre le verre devant lui et en boire une gorgée.

« De la bière ? » s’étonna Talion
« Oh ! Oui, ne vous gênez surtout pas, Talion. Voyez-vous, j’ai préparé des boissons qui devraient plaire à chacun d’entre vous. Prenez le temps de boire et apprécier le moment. » expliqua l’Archimage.

Halsim fronça les sourcils, et n’y croyant pas trop, se saisit de son verre, convaincue que l’Archimage n’aurait jamais pu deviner quelle boisson serait à son goût. Elle déposa ses lèvres sur le verre et bu son contenu. C’était du thé vert à la menthe, avec du miel épicé à la fleur d’orangée, une des boissons favorite de l’assassine. Elle en fut médusée et regarda Amos d’un air de dire : « Mais comment ? »

« Je suis navré que vous ne compreniez pas tous les tenants et aboutissants de cette conversation, mon jeune ami, mais je vais vous éclairer de mes lumières. Voyez-vous, si les Célestiens sont parvenus jusqu’à Midgard, c’est en partie grâce à l’aide de Wraith, un être capable de voyager à travers les galaxies. Par l’intervention des dieux de son monde, il permit à ses habitants de quitter le néant qui les attendait au profit de Midgard. Si certains décidèrent de rejoindre le Valhalla, d’autres se réincarnèrent dans notre monde. Le dragon céleste, Wraith, fut l’ambassadeur de toutes ces âmes perdues qui cherchaient un monde d’accueil. Il s’est présenté à Odin en premier lieu, puis à moi, fondateur de l’Ordre. Puisqu’il en était de la volonté d’Odin, j’ai accueilli comme j’ai pu les célestiens qui le désiraient. Hélas, Wraith ne maîtrisait pas toujours tous les paramètres de la réincarnation, et parfois, certains se retrouvaient loin de l’Ordre, ou même parfois dans des conditions… non souhaitées. J’ai pu aider mon ami à améliorer cela, même s’il reste encore pas mal des choses que l’on ne peut maîtriser. Tout cela pour dire que je suis ravi de vous voir parmi nous, Halsim ! Vos retrouvailles avec Tyr sont une excellente chose. J’avais espoir que vous rejoigniez l’Ordre. »

Talion commençait à recoller toutes les pièces du puzzle et comprenait enfin de quoi il en retournait. Ce n’était pas évident puisqu’il imaginait assez mal que l’on puisse converser avec un dragon, ces êtres divins étaient en général hors de portée des mortels, mais rien d’étonnant quant on est l’Archimage Amos. Il dut bien accepter ce fait et écouta avec attention la suite de la discussion.

« Je ne sais pas si je vais rejoindre l’Ordre… » trancha Halsim d’un ton sec. « Mais Tyr est un ami, on se connaissait sur Arca…
- Arcaëlle, oui… » soupira Amos qui aurait sans doute préféré que Talion n’entende pas ce nom. « Pourquoi ne rejoindriez-vous pas l’Ordre, dans ce cas ?
- J’ai mes propres façons de fonctionner, et l’Ordre n’acceptera sans doute pas mes méthodes… »

Amos fronça les sourcils et fixa Halsim d’un air sévère. Il n’aimait pas trop ce genre de vérité absolue. Il y avait bien des possibilités, et se limiter à une seule était dangereux. Beaucoup de drames avaient eu lieux ainsi, à cause de visions trop étriquées, trop absolues…

« Impossible de savoir si vous n’avez pas essayé. » rétorqua-t-il. « Cela serait dommage de vous limiter à cela. L’Ordre a beaucoup à offrir à chacun d’entre nous. Et vous pourriez également lui être à votre tour très utile. On se nourrie de la différence de chacun, et la force de l’Ordre, c’est sa grande diversité. Prenez le temps d’y réfléchir, Halsim.
- On verra… » bougonna-t-elle.

L’Archimage sourit et avant de reprendre la parole, il se permit de boire un peu de sa boisson. Évidemment, comme chacun avait une boisson personnalisée, difficile de savoir ce qu’il buvait, mais c’était apparemment un liquide jaune, cela pouvait être de l’hydromel comme du jus de pomme.

« Si je vous ai fait venir ici, Tyr, dans cette « dimension », retenez bien ce mot, il vous sera utile… »

Amos répéta alors le mot dimension, à la fois en langue courante midgardienne et en langue arcaëllienne pour que Tyr puisse comprendre.

« Donc, si je vous ai fait venir dans cette dimension, c’est parce que je savais que vous reviendriez ici, avec la célestienne que nous recherchions, après la mission. Je suis toujours au courant pour ce genre de choses, c’est en général pour cela qu’il s’agit de mission de rang S. Contacter les célestiens est pour moi une priorité absolue. Je voulais donc rencontrer votre amie, et également me tenir au courant de vos progrès personnels, Tyr. Tout comme Wraith, j’ai à cœur vos intérêts. Ne m’en veuillez donc pas si je me montre un peu paternel à votre égard. »

Je retrouve bien là Halsim et son côté solitaire. Il est vrai que l’Ordre ont un esprit plus collectif malgré les quelques exceptions. J’espère qu’elle va accepter et trouver son compte. Wraith serait sûrement du même avis bien qu’il nuancerait en disant qu’il lui faudrait quelque chose qui puisse la rendre heureuse. Malgré son côté froide avec lui, il a toujours accueillit Halsim et lui a fait confiance pour nous garder. Il se disait sûrement que cela lui ferait du bien et comme Anna et elle s’appréciait il ne lui tenait pas rigueur de sa méfiance.

Amos m’apprend alors leur mot pour dire « dimension », j’incline poliment la tête en signe de compréhension. Je regarde mon verre et me demande ce que peux bien être ma boisson favorite. En fait… Je ne sais pas si j’en ai vraiment une. Je prends le verre pour le porter à ma bouche et goûter ce breuvage. Du jus de pamplemousse avec de la grenade et un zeste d’orange ?! C’est la première boisson que j’ai bu ici en arrivant. C’était au restaurant de l’Ordre, dans le côté bar le jour de l’intégration. J’étais dans un coin et un membre faisant le service s’est approché de moi et m’a tendu ce verre pour que je puisse me mêler aux autres. Je me souviens ne pas l’avoir touché jusqu’à ce que je fasse la connaissance de l’autre tarée de Véronica. Elle n’arrêtait pas de jacasser et me poser des questions. J’ai bu mon verre uniquement pour éviter de lui répondre certaines choses. C’était bien la seule chose agréable qu’il y ai eu pendant cette journée-là.

Le fondateur de l’Ordre nous déclare alors qu’il savait que nous ramenions Halsim et il souhaitait nous interpeler dû à notre origine. Déjà pour rencontrer mon « amie » puisque c’est ainsi qu’elle m’a qualifié et enfin pour savoir où en est ma progression dans mon appropriation de cet univers.

- Merci. Dis-je dans leur langue commune. Cassandre fait à vous des rapports de moi, je ne sais pas ce qu’il… Ce qu’il a de rajouter. Je ne sais pas trop en dire plus.

- Vous savez... Cassandre est une personne très compétente dans son domaine et elle arrive à canaliser les éléments les plus... compliqués à gérer, et je pense honnêtement qu'elle essaie de dépeindre avec le plus d'objectivité les progrès de ceux dont elle a la charge, mais comme tout Midgardien, elle n'est pas exempte de préjugé et d'idée préconçue. J'aimerai avoir votre version des choses et savoir si vous aviez besoin de support supplémentaire en plus de celui dont vous bénéficiez déjà.

Je réfléchis un instant, voyant un peu ce qu’il voulait dire par-là.

- Avant, je n’use pas de magie autre que ce-celle de Wraith. La magie là-bas était différent de ici. Et hum… Présentation plus compliqué, le monde ici est plus…

Comment on dit « structure » dans leur langue ? Raaah je ne sais pas.. !

- Élément de terre et esprit existe pas là-bas. J’ai besoin de comprendre la magie pour comprendre mon corps. Puis mon esprit je… J’apprends à être avec les Midgardiens. Je ne sais pas bien m’exprimer ni être avec les autres. Pas à cause de leur nature mais celle de moi. Je suis solitaire comme Halsim et méfiant.

Enfin, je parle juste pour là en Arcaëllien, ne souhaitant pas forcément que le sergent chef le sache. Mais si Halsim le sait, ça ne me dérange pas.

- J’ai jamais aimé mon monde d’avant. Il était froid et cruel jusqu’à ce que je rencontre Wraith. Mais je n’avais pas réalisé à l’époque que c’était la meilleure partie de mon existence. J’étais trop enfermé dans mon amertume et ma rage pour me rendre compte. Ce n’est que lorsque j’ai tout perdu que j’ai su la chance que m’avait donné Wraith et les membres de ma famille. Je n’ai plus cette rancœur et cette colère, à présent je suis juste triste bien que j’ai accepté la situation. Le réveil est encore lourd mais je réussis à me lever. Je réfléchis encore à qui j’ai envie d’être, ne voulant plus être celui d’avant. De plus, dans ce corps je suis un adulte. J’ai beaucoup de modèles dont Halsim et Wraith mais je ne sais pas encore qui je suis. Et bien qu’on m’a attribué quelqu’un à mon écoute, je ne parviens pas à lui parler car je me dis qu’il ne comprendra jamais même si j’arrive un jour à le lui dire correctement en Midgardien.

Je reprends dans la langue universelle de ce monde.

- C’est tout, je pense. Je ne souhaite pas partager encore avec des Midgardien. Je ne veux pas être hum… P-plaindre ? Plaint.

Talion écoutait avec attention ce que disait Tyr. Bien qu’il ne compris que la première partie en midgardien, il fut étonné de constater que le jeune soldat pouvait aligner plus d’une phrase et était capable de se confier autant. Halsim, quant à elle, était d’autant plus surprise qu’elle avait tout compris. Elle ne put d’ailleurs s’empêcher de s’exprimer en urukéen :

« Moi ? Un modèle ? C’est nouveau, ça ! »

Seul Amos en connut le sens, car les deux autres n’y connaissaient rien à l’urukéen. Il se mit à sourire avec une certaine tendresse teintée de malice avant de déclarer dans la même langue :

« Vous devriez prendre cela comme un compliment.
- Bordel, vous parlez l’urukéen, vous ?
- Oui, et à peu près tous les dialectes de Midgard. Mais ne vous sentez pas embarrassée, je ne répéterais rien à personne. »

Halsim souffla du nez et croisa les bras, visiblement agacée par la situation. Amos reprit alors en midgardien commun pour se faire comprendre de tous.

« Bien… Nous allons trouver une solution à ce problème, mon jeune ami. Je crois cependant qu’une solution à votre problème serait tout bonnement de vous faire des amis. Pas évident vu votre cas, mais je reste confiant. Vous saurez vous en faire. D’ailleurs, ce doit déjà être le cas, si je ne m’abuse. »

Avec un petit sourire malicieux, il regarda alternativement Tyr et Talion avec insistance avant que ce dernier ne proteste.

« Un ami ? Moi ? Tout au plus, j’ai été sympa… mais de là à dire ami…
- Cela est déjà beaucoup, venant de vous, Talion. Cela ressemble fortement à la naissance d’une amitié.
- Croyez ce que vous voulez…
- Je crois simplement que vous avez aidé Tyr alors que vous n’y étiez pas obligé.
- Je ne fais que mon devoir, servir au mieux les intérêts de l’Ordre.
- Et donc ceux de ses membres, indirectement ou non. Vous savez, il n’y a aucune honte à avoir des amis. L’Ordre s’est après tout fondé sur une amitié. Glendor et moi sommes presque des frères pour ainsi dire. Nous encourageons toujours les amitiés au sein de l’Ordre. Vous savez, il est toujours plus facile et plus efficace de se battre aux côtés d’amis que de simples étrangers. Le Capitaine Winrart l’a parfaitement compris, bien qu’il en abuse parfois. C’est aussi pourquoi il a fait appel à vous, Talion. Il savait pouvoir compter sur vos compétences, car il vous connaît, même si je n’irais pas jusqu’à dire qu’il est votre ami.
- Certes… » maugréa Talion avec agacement. « Et bien puisque l’on en est aux demandes, j’ai moi-même une demande à vous formuler ! »

Amos sembla surpris et haussa ses épais sourcils avant de déclarer :

« Je vous écoute, mon jeune ami.
- Il se trouve que lorsque nous avons enfin mis la main sur la célestienne dénommée Halsim…
- Hé ! Je suis là, je vous signale ! » fit remarquer cette dernière.
« Elle nous a avoué, » continua Talion, imperturbable, « qu’elle était à la recherche d’une célestienne…
- Je n’étais pas particulièrement à sa recherche ! Mais c’est une arcaëllienne que Tyr et moi avons connu et… bon ben on a pour elle un certain attachement, c’est vrai. Du coup, quand j’ai dit à Tyr qu’elle se trouvait sur Midgard, sans savoir où exactement…
- Vous avez voulu partir à sa recherche, n’est-ce pas ? » compléta Amos qui voyait que Halsim n’arrivait pas à terminer sa phrase.
« Oui… » avoua-t-elle.
« Et bien… » commença Amos. « Nous pourrions peut-être nous mettre à sa recherche ! » déclara simplement l’Archimage. « Qu’en dites-vous ? Personne ne pourra contester un ordre direct venant de moi ! Je vais donc vous donner pour mission de retrouver cette personne. Vous avez après tout fait vos preuves avec Halsim, alors autant continuer. Je ne puis décemment vous demander d’abandonner un tel projet, mon garçon. Je vais même autoriser votre amie à pouvoir séjourner ici, si vous aviez besoin de rester un moment à la Citadelle, pour vos recherches. »

Halsim sembla tout simplement choquée. Elle ne s’attendait pas à autant de coopération de la part du dirigeant de l’Ordre. Il voulait même les aider, ce qui l’étonna d’autant plus, elle qui n’avait pas l’habitude de rencontrer ce genre d’aide inconditionnelle. Il fallait toujours marchander, promettre des choses, une contrepartie, ou quelque chose du genre pour obtenir cela en général. Mais là, l’Archimage leur accordait leur aide sans attendre quelque chose en retour. C’était insensé…

« Vraiment ?
- Vraiment ! » déclara Amos avec aplomb.

Moi ? Ami avec le type ? Il me faudrait juste des amis et il pense à celui-ci ? J’ai jamais été doué pour me faire apprécier des gens, c’est un fait. Avant, j’étais plus prompte à les énerver ou bien les faire chialer. C’est qu’avec acharnement que ma famille m’avait accepté. Et je ne les avais pas épargné de mon sang chaud, mon regard mauvais, mon ton acerbe et ma démarche menaçante, sans parler de mon manque d’empathie, de dicernement et d’éducation. Un petit sans cervelle qui, malgré son jeune âge n’a connu que la violence et n’écoutait que sa rage. Mais des êtres comme Wraith, Anna, Rebecca et même le petit Sylvester me supportait tous les jours. Ainsi que Jürgen et parfois Halsim et Tyr vers la fin. Je lève les yeux vers Amos qui accepte bien vite de nous aider, comme je m’y attendais. Je ne saurais dire si cet homme est réellement d’une bonté rare ou bien que Wraith l’a contaminé. Il se peut aussi que se soit également teinté d’un profil personnel même si bon, on vient d’un autre univers certes mais le nôtre d’avant n’a rien à offrir à ce monde. Rien hormis des naufragés.

- Merci. Fais-je simplement à Amos. J’ai comprit pour la mission pourquoi Winrart a recruta Talion. Doué pour retrouver des gens. Lui et son- sa brigade peut nous aider à trouver Rebecca.

Avant d’en dire plus, il me faudrait l’aval d’Amos de nous prêter trois de ses membres pour enquêter sur ce qui lui est arrivé mais surtout, il me faudrait celui de Talion. Il peut refuser d’aller plus loin dans cette aventure qui ne concerne pas un Midgardien. Je fixe alors Amos puis Talion, attendant une réponse.

- Je vous aurai bien accordé ce privilège, cependant, j'ai bien peur, hélas, que cela ne soit pour tout de suite. Voyez-vous, j'ai reçu de préoccupantes nouvelles et il s'avère que j'aurai besoin que ce soit Talion qui se charge de cette mission. Il semblerait qu'il y ait quelques troubles au Gothland, à Germania plus précisément.

- Vraiment ? Il s'agit encore d'une guilde noire ?

- Pire que cela... Nous soupçonnons la présence d'une secte démoniaque... Il y a eu des meurtres là-bas. Il se pourrait que ce ne soit qu'une coïncidence mais... par mesure, nous préférerions envoyé quelqu'un d'expert en la matière.

- Mais, je ne suis plus inquisiteur…

- Je le sais bien... mais il s'agit d'une secte que vous connaissez, Talion... J'aimerai autant que ce soit vous qui vous en chargiez.

- Vous voulez dire…

- Oui... Cela à peut-être un lien avec votre village natal. Vous connaissez cette secte, j'aimerai que vous apportiez votre expertise au groupe d'inquisiteurs qui est chargée de l'affaire.

- Je vois... Bien... Je suppose que cela est bien plus urgent que de retrouver cette célestienne.

- Disons qu'il est directement question de vie ou de mort de centaine voir de millier de personnes... Vous comprendrez que cela relève d'un caractère très urgent, donc. Je vais cependant vous accorder l'aide d'autres membres de l'Ordre, Tyr, en attendant que Talion soit à nouveau disponible.

- Bien. Fais-je, sans en dire plus.

C’était un peu dommage même si en même temps, bien qu’il soit reconnu comme ayant un certain talent pour trouver quelqu’un, ses méthodes sont plutôt discutables. Ses collègues l’auraient maîtrisés au cas où je suppose. Mais ce n’est pas trop grave, on avait encore les contactes d’Halsim et aussi sûrement d’autres personnes au sein de l’Ordre que je ne connais pas. A moins qu’on travaille encore avec ce capitaine des renseignements. Il est bizarre, sous ses airs sympathiques et son laxisme envers ceux qui ne suivent pas à la lettres les règles se cache une sorte de… Comment pourrais-je qualifier ça ? De vide plutôt obscure… Hum… On ne sait jamais à quoi il pense et ce qu’il va faire. Alors que Talion avec son air sinistre on sait tout de suite ce qu’il en est. Surtout qu’il ne se cache pas du tout, il se contient jusqu’à ce que son côté taré survienne. Mais ce n’est pas un trompeur comme Winrart. Malgré tout, l’équipe de ce dernier serait aussi tout indiqué pour trouver Rebecca. Ou peut-être qu’on devrait se fier aux gens d’Halsim ? Il faudra qu’on en parle en privé elle et moi.

- Merci pour tous. Dis-je à Amos comme pour clore la conversation. On attend le ordre de mission puis nous partons.

Ainsi s’acheva leur discussion. Amos raccompagna les jeunes membres de l’Ordre dans leur quartiers de la Citadelle, ce qui provoqua une légère agitation autour d’eux. L’Archimage, responsable de tous les regards qui se tournaient sur eux, s’en amusa beaucoup et afficha un grand sourire en déclarant à ceux qui s’amassaient autour d’eux :

« Allons, mes chers amis, reprenez le travail ! »

Il quitta ensuite la compagnie de Halsim, Tyr et Talion en leur souhaitant bon courage pour la suite. L’inspecteur s’en retourna à son bureau après avoir salué son collègue, ainsi que la célestienne. Les deux complices étaient à présent seuls, dans une chambre que l’on avait accordée à l’assassine afin qu’elle puisse loger ici en cas de besoin.

« Bon, ben c’est réglé ! On n’a plus ces emmerdeurs dans les pattes. On va pouvoir partir à la recherche de Rebecca. » déclara Halsim en arcaëllien.
- On devrait attendre l’aide que nous a promis Amos. » lui répondit sobrement Tyr.

Halsim sembla surprise et fronça les sourcils.

« On va vraiment attendre qu’ils daignent nous aider ? Je croyais que c’était juste pour avoir la paix que tu avais accepté le marché avec Talion…
- L’Archimage est un ami de Wraith, j’ai confiance en lui. »

L’assassine fut encore plus interloquée par la réaction et les mots de Tyr, mais elle n’ajouta rien de plus. C’était inutile, de toutes manières, elle ferait selon sa volonté. Pour une fois, elle ne le contredirait pas. Étrangement, ce nouveau Dewey lui inspirait bien plus de respect et de confiance que sa plus jeune version.

Bien leur en fit de rester là, car quelques minutes plus tard, l’on frappa à leur porte. Halsim alla ouvrir et se retrouva face à une étrange jeune femme à la chevelure rousse et aux yeux d’une couleur aussi vive que le rubis. Pas de doute que cette midgardienne avait une ascendance magique au vu de l’éclat de ses iris. Outre un visage plutôt avenant, la jeune femme possédait un physique plutôt athlétique et surtout une énergie débordante qui émanait d’elle, tant dans son regard que dans sa posture.

Jeune recrue:

« Yo ! » déclara la jeune inconnue en toute simplicité.
« Heu… T’es qui, toi ? » demanda Halsim en fixant l’inconnue avec une tête de dix pieds de long.

La jeune recrue de l’Ordre ouvrit de grands yeux stupéfait, comme si la question la surprenait au plus haut point. Pourtant, selon toute vraisemblance, son identité ne pouvait faire aucun doute.

« Hein ? On ne vous a pas prévenu ? Je suis Fenyx, la nouvelle pote de Tyr ! »

L’assassine grimaça et regarda tour à tour Fenyx et Tyr avec un air dépité.

« Hein ? Sérieusement ? Arrête de te payer nos tronches, surtout vu celle de Tyr, il a pas vraiment l’air de te connaître. Et puis c’est quoi ce prénom ? Tes parents t’aimaient pas ? »

La dénommée Fenyx gonfla les joues tout en fronçant les sourcils. Elle parue pas mal vexée par cette remarque plutôt médisante et pleine de sarcasme.

« Hééé ! Ne te moque pas de mon prénom ! Bon… Certes, Tyr ne me connaît pas encore, mais ça ne tardera pas. Je vais faire équipe avec vous pour vos recherches, ordres directs du grand patron. Il paraît que vous cherchez une certaine Rebecca !
- Quoi ? Vraiment ? C’est ça qu’Amos nous envoie pour nous aider ? Une gamine qui n’a même pas d’expérience ?
- Comment pourrais-tu savoir que je n’ai aucune expérience ? » grogna Fenyx. « Bon, c’est vrai que je n’ai que le grade de soldat, mais j’ai bossé un temps dans les renseignements, vous savez ? »

Halsim semblait dubitative mais elle ne pouvait rien objecter de plus à cela. Si Fenyx avait effectivement de l’expérience dans les renseignements, elle était plutôt bien placée pour les aider… Mais elle parlait de cela au passé. Qu’était-il arrivé pour qu’elle n’en fasse plus partie ? Alors qu’elle allait en poser la question, la jeune recrue de l’Ordre pleine d’enthousiasme se précipita vers Tyr et lui tendit une main pour la lui serrer.

« Salut Tyr ! Moi c’est Fenyx ! Ravie de te connaître ! »

Sans grande surprise, Tyr se contenta de regarder Fenyx sans un mot, ignorant complètement son invitation à lui serrer la main. Bref, la jeune recrue venait de se prendre un giga-vent qui lui coûta une immense déception.

« Aaah… Bon… Hum… Bref… Je… Je suis là pour vous aider à chercher cette Rebecca. L’Archimage Amos m’a également dit que tu avais quelques difficultés pour communiquer et aussi pour utiliser ta magie. J’ai été surprise vu que tu es un élémentaire mais l’Archimage m’a tout expliqué, on va pouvoir s’entraider. Moi aussi je suis une élémentaire… Bon, moi, ma spécialité c’est plutôt le feu, mais ça marche tout pareil ! Je suis la partenaire idéale du coup ! Enfin… Heu… Oui attends… Je veux dire, la partenaire idéale pour t’aider à progresser ! Hé hé ! »

Elle leva un pouce en l’air, d’un air fier, avec plein d’enthousiasme. Halsim se contenta de se taper la main contre le front avec dépit, comme pour dire : « Et ben c’est mal barré... »