Deuxième mission : Récupération d'un colis spécial.

Ce matin, réveil en sueur. j’ai l’impression d’avoir couru le grand marathon d’Elenes tellement je me sens fatigué. Je me suis réveillé uniquement parce que mon cœur battait comme un vrai foudre de guerre. Encore un rêve épuisant aussi bien mentalement que physiquement. Comme je me suis levé tôt, j’en ai profité pour courir le long des murs extérieurs de la Citadelle. Un bon parcours pour se décharger psychiquement. Courir m’aide à remettre les idées en place. Je viens de me taper tous le tour et de faire une pause pour boire. J’essaie de me rappeler ce que c’était ce rêve. Je pense que comme à chaque fois mon esprit mélange les choses entre ici et là-bas. En courant mes pensées sont moins polluées par tout un tas de choses et ma vision de mes tourments la nuit se fait plus nette. J’ai vu un pilier qui allait s’abattre sur moi, des sirènes, j’étais dans une espèce de grotte… Je vois une femme à la peau violacée et des yeux rouges. J’ai vu le visage du vieil enfoiré qui a maudit Rebecca. Rebecca… Son visage m’apparaît de plus en plus flou. Mes visions du passé sont de moins en moins nettes. J’ai l’impression de perdre cette connexion avec mes origines. Est-ce seulement une impression ? De la peur ?

- Te voilà Tity ! S’exclame Véronica derrière-moi.

Hum ? Je ne l’ai pas entendu venir. Je ne l’entends jamais venir lorsqu’elle veut se faire discrète. Une tenue des plus provocante aujourd’hui. Toujours en noir. Cette verrue passe son temps à m’épier ?

- Tu essaies de faire cet exploit tous les matins ? Pfft’ ! Ce n’est pas comme ça que tu te sociabiliseras le simplet. Vient on a un ordre de mission à deux, où devrais-je dire à plusieurs dont heureusement je fais partie.

Elle me regarde, tournant autour de moi avant d’aller en direction des portes. Je la suis, tenant son pas de ses talons bien haut.

- Tu iras te laver avant et enfiler quelque chose de mieux que ça. Fait-elle en soupirant. On t’attendra avec Cassandre et les autres puisqu’on doit se trimballer le seul élémentaire à ne pas savoir maîtriser son essence magique. Essaie juste pendant cette mission à ne pas être un boulet pour tous ! Ah oui et à t’intégrer ! Et ça veut dire ne pas fixer les gens avec ton regard perçant du jugement simplet !

Je ne lui répond pas, n’en voyant visiblement pas l’utilité. De plus, ça la frustre que je fasse ça. Une maigre vengeance mais s’en ai une sans effort.

- Pas comme là ! Allez, je te retrouve plus tard et presses-toi un peu ! On va rencontrer quelqu’un de très intéressant alors tu te magnes. C’est dans la salle de réunion Amazonite.

On se quitte sur ses mots sans que rien de sorte de ma bouche. Avant, je l’aurai fracassé. Dans un passé me paraissant lointain, je lui aurais tellement refait le portrait que son pseudo frère ne l’aurai pas reconnu. Mais aujourd’hui c’est différent. Je ne suis pas la bête remplis de colère que j’étais. Je n’ai pas de dignité à préserver, pas d’honneur, de fierté Lorckienne à maintenir. Et je n’ai pas d’identité. Je ne sais pas qui je veux devenir ici. Alors je reste passif la plupart du temps. Les choses sont plus complexes ici, surtout au niveau des capacités des habitants. La magie est plus prospère et variée. Nous qui l’utilisions que pour se battre. Enfin… Pas tous… .

Je quitte ma chambre solitaire après une douche rapide pour rejoindre les autres. La salle Amazonite… L’Ordre trouve ça plus pratique de faire des salles de réunions à thèmes. Là c’est la partie minéraux. Comme ça on sait dans quelle partie on doit aller. J’ai bien retenu les pierres mais l’Amazonite… Ben je ne sais pas à quoi ça ressemble alors je fais nombres de pièces avant de trouver celle aux couleurs de la pierre dont la décoration est remplit de… Ben de ces cailloux j’imagine. Je rentre et voit Véronica accompagnée de Cassandre et d’un membre important de l’Ordre.

- Ah ! Le dernier de votre bande mademoiselle Cassandre ! S’exclame le rouquin à la longue tresse.

Il s’agit vraisemblablement d’un humain doté d’une arme spirituelle. L’homme à l’allure d’un forcené de l’Ordre dans une branche obscure. Que nous veut ce genre de type à de simples soldats et un simple instructrice ? Seulement j’ai eu vent que nous ne serions pas seuls, ainsi je pense que d’autres vont arriver.

- Tyr. Fais-je en inclinant poliment la tête.

- Oh mais je le sais bien mon cher « Tyr » ! Me fait-t-il avec un clin d’œil que je ne saurais interpréter. On attend juste les autres avant de commencer et surtout, avant que je me présente. Mais je t’en prie ! Assis-toi donc ! Ah ah ! L’on m’a dit que tu revenais d’une séance de sport quotidienne.

Je m’assieds à côté de Cassandre pour ne pas être à côté de Véronica qui semble plutôt à l’aise, regardant son miroir de poche. Elle ne prête pas une attention particulière au type faussement amical. Peut-être n’est-elle juste pas intéressée ? Ou bien elle fait mine d’être à l’aise ? Cassandre reste muette, fixant de ses yeux glacials le capitaine qui lui semble très intéressé par ma supérieure. Cassandre ne transparaît aucune émotion, elle semble juste à l’écoute. Soudain la porte s’ouvre de nouveau pour que rentre nos prochains partenaires de mission.

Le capitaine Terrence Edgar Winrart:

« Crrrroooc ! Scronch scronch scronch ! »

Sigrid avait les pieds sur son bureau, en train de croquer nonchalamment une pomme d’une manière très bruyante tout en bouquinant un livre qui n’était visiblement qu’un roman et non pas un rapport de mission comme on aurait pu s’y attendre. Agacé par les bruits de mastication, Linke finit par taper des mains sur son bureau avant de déclarer :

« Bon sang, mais Sigrid ! Vous pourriez arrêter ça ? Et tenez-vous correctement sur votre chaise, je vous prie ! Nous sommes au bureau, pas chez vous ! Et… par Odin, qu’êtes-vous en train de lire ?
- Ah ! Ça ? C’est un roman de notre chef ! J’aime bien ! Ça manque un peu de sang et de détails crus, mais ça me plaît ! C’est flippant à souhait ! Je suis obligée de manger ma pomme bruyamment pour me rassurer, sinon j’aurai vraiment les chocottes ! Je lui sers de lecteur test.
- Bon sang ! Mais ce n’est pas possible ! Ce sont vos heures de travail, Sigrid ! Vous ne pouvez pas les passer à feuilleter un roman pour vous divertir !
- C’est pas ma faute, Sergent ! C’est vous qui me prenez tout mon boulot ! Je fais tout un tas de rapport à chaque fois et vous êtes jamais content parce qu’ils ne sont « pas assez formels » à votre goût. Du coup, j’en fais plus… »

Linke faillit faire une syncope. Il s’emporta, se levant et beuglant avec colère :

« Mais c’est votre travail ! Bon sang !!! Vous ne pouvez pas décider de ne pas écrire de rapport, Sigrid ! Tous les détails comptent, même ceux venant de vous !
- Hééé ! Mais ça veut dire quoi, ça ? Vous me traitez de demeurée, c’est ça ?
- Mais non, voyons… Je… Je dis juste que…
- C’est d’la discrimination, ça ! J’vais me plaindre au bureau des ressources humaines !
- Quoi ? Non… Je disais juste… Ne vous emportez pas… »

Sigrid fit un rictus amusé avant de pouffer puis éclater de rire.

« Ahahah ! J’déconne, Sergent ! Chuis pas une p’tite fiotte qui irait balancer ! »

Linke se pinça l’arrête du nez et se contint avant de dire avec calme mais fermeté :

« Ne refaite jamais ça ! Et remettez-vous au travail !
- Relax, Sergent ! Je prenais juste ma pause, là ! Vous devriez faire pareil, ça fait un moment que vous êtes sur ce dossier ! Allez vous faire une tasse de thé, ça vous détendra !
- Je n’ai pas de conseil à recevoir de vous, Sigrid… … … Mais un thé, ça ne pourra pas me faire de mal… Vous en voulez un ?
- Vous êtes vraiment une bonne poire, vous ! Va pour un thé ! »

Linke allait une nouvelle fois protester mais la porte du bureau s’ouvrit et Talion entra à l’intérieur en déclarant :

« Vous allez devoir reporter votre thé à plus tard, j’en ai peur ! On nous attend en salle de réunion Amazonite.
- C’est quoi la salle de réunion Amazonite ? » demanda Sigrid avec circonspection.
« C’est une salle qui se trouve dans l’aile minérale de la Citadelle. Pratique pour s’orienter et ne pas se perdre. » précisa Talion.
« Oh ! Ok ! C’est pas dans notre secteur, ça ! » en conclut Sigrid.
« C’est dans le secteur principal, effectivement. On va devoir faire le tour de la Tour de la Citadelle.
- Ça, ça veut dire qu’on a besoin de nous pour autre chose que l’inspection… » commenta Linke.
« Humm pas tout à fait, Sergent ! Il se trouve que j’ai été contacté récemment pour une mission importante. Nous allons avoir à faire à une guilde probablement renégate…
- Une guilde noire ? » s’étonna Linke.
« Pas exactement… Disons plutôt que c’est un groupe aux activités étranges. 
- Et pourquoi on nous assigne avec une autre équipe ? » s’étonna Sigrid.
« Parce qu’un de leur membre est… spécial. Disons qu’il est d’une nature particulière et qu’il sera bien placé pour dialoguer avec ce groupuscule en cas de… conflit. Vous savez bien que l’Ordre préfère autant régler les choses de manière pacifique. Allez ! Fin de la discussion, en route. »

La Brigade n°11 se mit en marche, empruntant les différentes plateformes volantes afin de se rendre dans le secteur autour de la Tour de la Citadelle nommé le Présidium. Cela fut long d’avoir accès à l’aile minérale, après un petit contrôle de routine de l’Ordre. La sécurité intérieur au sein du Présidium était plutôt forte, la Tour de la Citadelle n’étant pas si facilement accessible.




Talion traversa les couloirs de l’aile en compagnie de la Brigade, cherchant la salle Amazonite avant de tomber dessus. L’avantage, c’est que les minéraux étaient plus ou moins classé dans un ordre de rareté. La salle diamant, par exemple, était tout au bout, elle était la plus proche des accès à la Tour. En revanche, les salles comme Amazonite n’étaient guère qu’en début de couloir.

Le Chef de la brigade jeta un regard circulaire aux membres de l’Ordre présents dans la pièce. Il ne connaissait qu’une personne parmi celles-ci : le Capitaine Winrart. C’était un membre du bureau des renseignement de l’Ordre, un type plutôt sombre et mystérieux qui avait déjà collaboré avec Talion par le passé, lorsque ce dernier était encore Inquisiteur.

« Oh ! Capitaine Winrart ! » déclara Talion avec un certain enthousiasme « Ravi de vous revoir ! Cela faisait longtemps !
- Vous vous connaissez ? » s’étonna Sigrid.
« Hum ! Mes excuses ! Bonjour mesdames, messieurs ! Brigade des Inspections de Guilde n°11 ! Je suis le sergent-chef Talion, et voici mes camarades le sergent Linke et le soldat Sigrid ! »

Le Chef de brigade désigna tour à tour ses associés en les présentant avant de prendre place autour de la table avec les autres.

« À qui avons-nous l’honneur ? »

Capitaine Winrart ? Talion ? Voilà des noms que je dois mémoriser. Ainsi donc le mystérieux capitaine et ce Talion se connaissent ? Le type lugubre, me faisant penser de suite à un type tout droit sorti du Gotland a un grade de sergent-chef. L’homme blond à deux tâches sur le front se nommant Linke est sergent et ils sont accompagnés par la soldate Sigrid qui je pense, vient du même coin. Mais elle semble légèrement dénoter des deux goths que je connais. Ainsi, des trois personnages sont du service des inspections. Que viennent-ils faire ici ? Et qu’est ce que cela a à voir avec nous trois ? Cassandre reste tranquille, d’une froideur palpable, loin d’être décontenancée face à eux. Véronica a rangé son miroir dès que les trois sont venus. Elle semble regarder Talion avec une admiration certaine et un intérêt bien particulier.

- Instructrice Cassandre Beros, l’honneur est partagé sergent-chef Talion. Je suis spécialiste dans les recrutements de nouveaux membres spéciaux à intégrer dans nos rangs. Je vous présente à ma gauche Véronica Stroheimer et Tyr à ma droite.

- Stroheimer hum ? Fait le capitaine. Je ne me rappel plus de son cas ma cher Cassandre, pourquoi ce choix ?

- Hélas capitaine, ce n’est pas dans mes attributions de vous divulguer des informations aussi personnelles sur mes soldats. Si tant ai que je possède ceux qui vous intéresse. Miss Véronica est une mage des esprits entre autre, elle cumule des connaissances en magie des ténèbres et divines ainsi que la magie lunaire et arcanique.

Le capitaine est de plus en plus intéressé par Cassandre, se serait presque gênant s’il n’y avait pas Véronica qui fixait Talion avec un intérêt sûrement malsain.

- D’accord, d’accord instructrice ! C’était par… Curiosité ! Ah ah ! Je me présente donc à tous, je suis le capitaine de la bridage du service des information Terrence Edgar Winrart. Vous pouvez me nommer sobrement Winrart ou bien par l’un de mes deux prénoms. Et s’il vous plais, sans le titre honorifique devant, je vous le permet. Et puis, se sera plus… Confortable pour tous le monde ah ah ! Je sais déjà que Talion ne s’embête pas non plus avec ça alors...Puis-je faire de même avec vous ?

- Instructrice Beros est de loin ce que je préfère lorsque vous vous adresserez à moi, je préfère que chacun n’oublie pas ses attributions.

- Hum… Très bien madame l’instructrice. Il sourit de toutes ses dents à Cassandre qui reste de marbre. Venons-en au fait alors ! Je vous ai personnellement recruté Talion et Tyr pour une mission d’une grande discrétion. Bien sûr, l’ajout de vos chefs et subordonnés seront nécessaires mais j’en appel à vos capacités non utilisées par l’Ordre. Je parle bien sûr de votre passé d’inquisiteur qui vous sera très profitable et vous de votre nature particulière mon cher Tyr. Il y a un groupe d’individus particulièrement dérangeant dont il est délicat de s’occuper. Parmi ce groupe se trouve un être tout aussi particulier que notre ami Tyr. Votre but est de l’extirper de ce groupe et de nous le ramener sans le moindre mal. Il vous faudra enquêter car nous ne savons pas qui est réellement notre cible parmi ce groupe. Votre but secondaire serait l’inculper le reste du groupe pour tous les motifs que vous trouverez valables. Vous comprenez alors pourquoi vous êtes indispensable hum ? Pourquoi un ex-inquisiteur ? Eh bien pour ne pas impliquer ses ex-confrères.

Il s’assoit en tailleur sur la table de réunion, en-face de tous le monde. Il pose le seul exemplaire de la mission sur la table pour qu’on puisse plus tard le consulter.

- Vous n’avez pas trop le choix que d’accepter car en m’écoutant vous faites maintenant parti de la mission. Hé hé ! Mais ne vous en faites pas, vous serez récompensé. Pour vous par exemple Talion, ça vous changera un peu et ça pourrait vous aider à re-rentrer dans les petits papiers de l’Ordre. Vous trouverez tous ce que nos renseignements savent sur ce groupuscule. Il faut impérativement que vous vous montrez bienveillant envers l’étranger à exfiltrer. Et dans un second temps, particulièrement implacable envers les autres. Ne parlez à personne d’autres que les personnes présentent ici de la mission. Elle prend bien sûr effectif dès à présent et vous devrez aller dans une antenne à Atlantis, dernier endroit où ils ont été aperçu. Je serais également là-bas pour vos rapports détaillés et pour des conseilles avisés. On validera ensemble votre plan d’action bien que vous fasse confiance sur ce point. Ne vous en faites pas pour le matos et les sous, j’ai eu une grosse enveloppe pour cette mission. Si jamais vous avez besoin de moi je serais là. Bien ! Des questions ?

- Des dispositions ont été prise quant à notre départ de la citadelle ? Demande Cassandre.

- Effectivement, votre absence ne posera aucun problème à personne. Vos petits protégés sont entre de bonnes mains ma chère instructrice Beros.

- En parlant de protection, Tyr devra dévoiler sa spécificité à nous tous ?

- Hum… Oui mais il est spécifié par Amos lui-même de ne pas déranger notre ami avec des questions indiscrètes.

- Hein ? Attendez… Il est quoi Tity au juste ? Fait Véronica avec de grands yeux.

- Il n’est pas de notre monde notre cher Tyr à la base. Mais Amos et d’autres sont avares en informations fufufu… Alors il a pour ordre de ne pas en dire plus.

Comment il sait ?! Fait chié ! Plus de monde sont au courant maintenant dont cette connasse de Véronica. Cela ne m’arrange pas du tout ! J’ai l’impression d’être prit au piège. Je ne me sens pas très bien d’un coup… . Alors c’est pour choper un arcaëllien qu’ils ont besoin de moi ? Hum… Je n’aime pas ça. S’ils veulent juste l’adapter à notre monde et l’enlever de mauvaises fréquentations alors oui, c’est légitime. Mais si cela ne s’avère pas être le cas, qu’ils ne comptent pas sur moi pour tromper un confrère. En lui parlant en arcaëllien je devrais pouvoir communiquer avec plus de justesse. Je l’amènerais à de bonnes personnes dans l’Ordre, surtout auprès d’Amos pour qu’il soit tranquille. Après tout, Amos lui-même a ordonné aux autres de me laisser en paix avec mon monde d’origine et je sais que personne, pas même Véronica n’osera désobéir.

Sigrid se gratta la tête et fronça les sourcils avant d’ouvrir la bouche puis de se raviser, puis à nouveau ouvrir la bouche tout en levant le doigt avant d’à nouveau se raviser, et comme ça plusieurs fois avant de poser sa question :

« Attendez, mais comment ça, d’un autre ?
- Ce serait très long à vous expliquer, Sigrid… Je préfère autant ne pas perdre notre temps là-dessus. Sachez simplement que notre monde, comme dans les légendes, est connecté à d’autres réalités ! Le soldat Tyr est simplement originaire d’une de celles-ci.
- Ah ouais ? Sérieux ! Mais attendez, j’ai plein de question du coup !
- Vous n’avez pas entendu ce que vient de dire le Capitaine Winrart ? Aucune question indiscrète à ce sujet ! » insista Talion.
« Ouais, ben je croyais que l’Ordre encourageait la curiosité, moi !
- Pas pour tous les sujets, spécifiquement sur celui-ci, et particulièrement si cela va à l’encontre de l’intimité d’un de nos membres ! C’est un ordre direct de l’Archimage Amos, qui plus est ! »

Sigrid ronchonna et se mit même à bouder dans son coin. Cela n’avait aucun sens pour elle, mais il allait falloir qu’elle fasse avec. Talion ne supporterait pas l’insubordination, particulièrement sur ce genre de sujet très délicat. Lui-même n’aimait pas que l’on s’immisce dans son intimité et il n’allait sûrement pas encourager qui que ce soit à désobéir à un Ordre direct de l’Archimage.

« Bien, ceci étant clair, mettons-nous au travail à présent. Pas de temps à perdre. Je vous laisse rassembler vos affaires, nous partons sur le champs. Nous nous retrouvons au Portail Est avec votre équipe, Instructrice Beros.
- Nous aurons besoin de rassembler nos affaires également, chef. » précisa Linke. « Avant de partir, je veux d’abord consulter nos collègues qui travaillent à Atlantis. Ça nous aidera de savoir là où on met les pieds.
- Faites vite, Sergent ! C’est une mission de la plus haute importance !
- Raison de plus pour la préparer avec le plus de minutie possible !
- Hum… Ce n’est pas tout à fait faux ! Mais faites vite tout de même. »

La Brigade n°11 prit congé et s’en retourna aux bureaux des investigations de guildes. Comme l’avait dit Linke, ce dernier contacta les membres des brigades chargé des guildes d’Atlantis pour avoir plus de détails quant à celle qui se trouvera face à eux. L’investigation du sergent ne fut pas totalement inutile mais les détails manquaient cruellement. Il apprit simplement que la guilde en question était une guilde marchande avec des mouvements de marchandise particulièrement étranges, que leurs point d’attache se trouvait dans une ville non loin de la capitale, à Asmadémos, et qu’ils étaient plus souvent en mer que sur terre. Il allait donc sans doute falloir emprunter les eaux maritimes d’Atlantis.

Talion fut plutôt satisfait du travail de Linke, et pour une fois, il le remercia sobrement, sans même ajouter une seule remarque désagréable. Le sergent en fut d’ailleurs plutôt étonné et demanda à son chef.

« Vous êtes sûr que vous allez bien ? D’habitude, vous ne manquez pas une occasion de me rabrouer…
- Pas cette fois, Sergent… C’est un mission de rang S. Cela me rend quelque peu nerveux, et je veux le maximum de tout le monde. Je n’ai pas vraiment à la tête à vous chercher des poux dans les cheveux !
- Je vois… Et concernant ce soldat… Tyr…
- Je suis très très curieux à son sujet, moi aussi, Sergent Straüss… mais vous l’avez entendu comme moi ! Amos veut qu’on foute la paix à son protégé ! M’est d’avis qu’il est l’un des Célestiens.
- Des Célestiens ?
- C’est comme ça que la direction de l’Ordre appelle les gens qui sont arrivés en même temps que le Feu Céleste… Ils viennent d’un autre monde et sont apparus peu à peu en Midgard… L’Ordre fait tout son possible pour les intégrer à nos sociétés et à ce que le reste du monde n’en sache pas plus qu’il ne le devrait à ce sujet.
- Comment savez-vous tout ça ?
- Lors de mes missions au sein de l’Inquisition, j’ai eu affaire à un de ces « Célestiens »… Ça ne s’est pas très bien passé. Ce type était devenu complètement fou ! Apparemment leur monde n’existerait plus, il aurait été anéanti dans les ténèbres… Alors on n’abordera pas le sujet devant le soldat Tyr, entendu ?
- Oh… Heu… Bien sûr, chef… De toutes manières, je ne comptais pas déroger à un ordre de l’Archimage. »

La Brigade n°11 au grand complet attendait à présent dans l’antichambre du Portail Est que leurs alliés les rejoignent. Sans doute que l’équipe en question était encore à leurs préparatifs. Sigrid était en train d’aiguiser sa hache en attendant, passablement impatiente de partir en mission et d’en découdre avec les premiers fauteurs de trouble venus.

Je quitte l’endroit avec Véronica, Cassandre reste à papoter avec Winrart. Outre le fait que ce capitaine drague plus visiblement l’instructrice dès lors que la réunion fût terminé, ce dernier sembla vouloir discuter sérieusement avec elle. Cassandre nous ordonne de nous préparer et de la rejoindre au portail avant de nous claquer la porte. Véronica regarde Talion partir au loin avec son équipe.

- N’est-il pas mortellement désirable ? Me fait-elle tout en le reluquant.

- Il ne te regarde pas. Fais-je.

- Évidemment ! Me lance-t-elle en levant les yeux. C’que tu peux être nunuche ! Il m’envoie forcément comme message de l’impressionner pour qu’il daigne enfin à s’intéresser à moi. Je vais apporter mes meilleurs babioles magiques, tu vas voir. Cette mission va être ma signature !

Nous allons à nos quartiers respectifs et c’est avec soulagement que je me rends compte à chaque fois que séparer les hommes et les femmes aux étages est une riche idée ! Ses jacassements me fatigue. Je prépare mes affaires, ce qui est assez rapide. Je prends ma longue lame avec les runes de Chono. Je soupir, ayant hâte d’avoir mes nouvelles armes. Cela aurait été parfait pour cette mission risquée mais fabriquer cela prends plus de temps que je l’aurais cru. Surtout si Chono et Arakar font du travail de maître.

Je vais revoir un arcaëllien. Vais-je vers une personne que je connais ? Ou bien est-il un parfait inconnu ? Et si c’était un membre de ma famille ? Se serait bien mais parmi toutes les âmes, il y a peu de chance de tomber sur ceux que j’aimerai revoir. Bon sang… Dire que j’avais réussit à ce que cette connasse de Véronica ne le sache pas. A ce rythme toute la Citadelle sera au courant. Bien sûr, ils sont censé garder ça pour eux et ne pas me poser de questions mais Véronica est du genre à trouver des failles ou à contourner le système pour arriver à ses fins. D’où ses connaissances en des magies que l’on apprends pas ou peu académiquement. Je me demande si des runes de protection de mon savoir hors Midgard peuvent m’être apposées. Je sors de ma piaule, baluchon au dos en fermant à clef puis me dirige vers le portail. Cassandre nous y attends déjà, elle se trouve juste avant la salle qui mène au portail. Elle va directement vers moi avec assurance.

- Tu tombes bien, me dit-elle, je profite du fait qu’il y a personne pour te dire que si tu rencontres le moindre problème de qui que se soit concernant tes origines informe-moi immédiatement. Je me doutais bien mon cher Tyr que tu étais un étranger. Je comprends mieux tes difficultés culturelles et cette façon de t’exprimer. Compte sur moi pour te reprendre afin que tu puisses pratiquer notre langue.

- Bien. Fais-je.

- Mais pour cela il me faut plus qu’un petit mot et un hochement de tête Tyr ! Tu ne me parleras peut-être pas de ton monde mais tu vas t’exprimer avec plus de trois mots dans un parlé approximatif.

- B-Bien. Fais-je, ne sachant que répondre d’autre.

Elle soupire avant de voir arriver Véronica avec une petite valise à roulette, un sac à dos et un sac à main de moyenne taille.

- J’aurai dû garder mon soupir pour elle… Fait-elle en croisant les bras.

- Instructrice ! Fait-elle, le sourire aux lèvres. Bah ! Vous n’avez pas de bagage ?

- Je vais chez moi, sur place j’aurai tous ce qu’il me faut. Mais vous… Vous allez vraiment apporter tous ça ?

- Ben oui ! Dans la valise ma garde-robe, mon sac à dos mes gros objets magiques et dans mon sac à main… Ah ah ! C’est un sac de dame, c’est intime !

- Il y a intérêt que se soit utile pour la mission soldate Stroheimer. Fait Cassandre en fronçant les sourcils.

Nous nous approchons de l’anti-chambre menant au portail où nous retrouvons les autres. Il ne manque que Winrart qui arrive après quelques minutes de silence. Il semblerait qu’il a lui aussi, toutes ses affaires déjà là-bas. Il emporte avec lui, sur son dos un mousquet particulier et il porte à présent des gans à ses mains. Il nous sourit avec politesse bien qu’il n’en obtient pas en retour. Winrart referme la porte, signe que le portail va s’activer. Ce qu’il fait immédiatement, luisant de manière toujours aussi étrange. Il aurait été pratique dans l’autre monde d’avoir ce genre de chose. Peut-être aurais-je pu y retrouver Anna à Samdal’Han ? Nous traversons et la sensation est toujours la même. Un léger chatouillement ni agréable ni désagréable. Une sensation étrange parcourant tous notre corps. Il est conseillé de fermer les yeux à ce moment-là, conseil que je suis à la lettre. J’ouvre ainsi mes yeux où nous sommes dans une autre salle. Un autre anti-chambre à l’allure différente. Nous sortons et nous nous enregistrons une nouvelle fois avant de nous retrouver dans une grande salle ronde auquel s’ajoute une embranchure de couloirs bien éclairées. Winrart nous amène à nos quartiers pour la mission, il s’agit d’un bel endroit où nous sommes très bien accueillit notamment par des Aqualans. Sur place, nous avons une suite pour nous tous avec plusieurs petites chambres en alcôves qui assure le stricte confort minimum. Elles sont Cinq au total donnant tous au salon principal où une se trouve une table ronde. Tout est cosy, petit mais très chaleureux.

- Bien ! Fait Winrart quelque peu guilleret. Comme il s’agit d’une mission un peu longuette et plutôt importante je nous ai réservé un logis sur place. Je ne sais pas si on le gardera, tout dépend de l’approche que vous ferez. Talion, Béros et moi-même avions nos propres chambres solitaires. Quant à vous autre eh bien je ne vous fais pas un dessin de qui partage avec qui ? Hum ? Et puis ça soudera un peu cette équipe vous ne trouvez pas ?

Ah ? Euh… Je dois partager avec le sergent Linke ? Habituellement je suis seul et ça me va très bien. Dormir avec quelqu’un d’autre dans la même pièce me paraît difficile à envisager. Au moins j’aurai pas Véronica. Le sergent à l’air bien moins relou qu’elle. Imaginer d’ailleurs cette pouffe avec la Fera Sigrid m’amuse un peu. Elles sont à l’opposé l’une de l’autre ! Je prends naturellement le lit du haut en balançant mon baluchon et laisse le sergent se poser au lit du bas. La chambre comporte une petite fenêtre rondelette plutôt basse, de sorte à ce que celui ayant le lit du bas puisse en profiter. Il y a également un petit bureau et dans le renfoncement que cache des rideaux opaques, une salle de bain spartiate. Toute la décoration nous fait cependant presque oublier l’endroit plutôt petit où nous nous trouvons. Nous déposons nos affaires de sorte à ce cela ne dérange pas l’autre sans même se concerter. Dans ce genre d’endroit, il faut savoir économiser de la place et le sergent l’a bien comprit. Il dépose consciencieusement ses affaires à la limite de la maniaquerie. Je suppose que du côté de Véronica et Sigrid l’ambiance est tout autre vu que je les entends rouspéter. Je ne sais pas comment est la soldate Sigrid mais Véronica ai du genre à s’étaler là où elle veut et prendre toute la place. Une fois installé, ce qui ne dure pas très longtemps pour ma part, nous nous retrouvons près de la table ronde où le capitaine est déjà entrain de déposer quelques papiers. Il y a des cartes, le dossier et il semble préparer un dispositif magique plutôt pointu.

- Oh déjà ? Bah ! Plus tard tu feras comme nous tous mon p’tit Tyr ! Tu amasseras quantité de trucs qui te sembleras intéressant. C’est marrant tes runes là… Sur ton arme. Remarque le capitaine.

Comme je ne réponds pas, ne sachant pas bien quoi dire et surtout comment, il ricana.

- Fait pas cette tête-là ! J’imagine que se sont tes amis hum ? C’est bien d’avoir des amis mais tu sais ce matériel que tu empruntes doit normalement être restitué dans l’état où nous te la confions. Ne t’en fais pas p’tit ! Faut partir du principe que si tu le restitues comme tu l’as eu c’est qu’alors tu n’en avais pas vraiment besoin ah ah !

- Ton arme ? Fais-je.

- Mon arme ? Ah ! Le mousquet ! Il est beau hum ?! Tu connais ?

Il sourit lorsque je resta silencieux.

- Non ? Eh bien si jamais j’ai l’occasion de m’en sertir je te montrerais.

Les autres arrivent petits à petits, d’abord Cassandre et Talion puis Linke et enfin les deux furies. Sigrid sembla ravie et Véronica déjà au bout du rouleau à mon grand étonnement. Qu’a pu faire la soldate pour tenir en respect cette tarée ?

Bon, ben me voilà à Atlantis, à partager une chambre avec « Miss Bizarre » ! Et bien évidemment, le Chef, lui, il a sa chambre rien que pour lui. C’est pas juste, bordel. Mais bon, comme d’hab’, les gradés se font toujours avantager. Il faudrait que je pense à passer des concours d’officier, peut-être que comme ça on me respectera et que je serais pas obligée de partager ma chambre. J’espère qu’elle est pas bruyante celle là, parce que là, si j’ai pas mes heures de sommeil…

En tout cas, Atlantis a vraiment l’air d’être une super ville. On n’en a pas vu grand-chose depuis notre sortie du portail jusqu’aux quartiers réservés aux membres de l’Ordre en mission, mais il règne un climat doux ici, et les murs sont hyper colorés, ça brille partout. Y a une bonne odeur d’eau de mer, j’aime bien. Et puis les aqualans ont tous l’air super aimables et gentils. Il doit y avoir des exceptions, sans doute, mais pour le moment, y en n’a pas un qui n’ait fait la gueule ou qui se soit montré désagréable. Même les portes sont peintes avec des couleurs chatoyantes, et pourtant on est dans une antenne de l’Ordre. C’est plutôt cool.

Nous entrons dans la chambre avec « Miss Bizarre » et je suis agréablement surprise par le côté très blanc-bleu de la chambre, qui fait très très typique des Atlantes. Ils adorent les couleurs marines, tout ce qui a trait à la mer. La preuve en est qu’il y a des filets de pêche en guise de décoration, ou du moins une imitation. Y a des peintures représentant des paysages de plages, avec des navires. Il y a même une vieille barre à roue d’un ancien navire qui sert à présent pour pendre ses affaires. Bon, ce n’est pas très grand, et les lits sont superposés, mais ça a son petit charme. De toutes façons, nous ne serons là que pour dormir.

« Je prends celui du bas ! » déclara la « Miss Bizarre » sans vraiment me laisser le choix.

Je haussais les épaules. Je m’en moquai en vérité. Je balançais mon sac d’affaires à côté du lit pour ensuite commencer à m’installer tout doucement. Je remarquai, après un petit temps, que « Miss Bizarre » était déjà en train de déballer absolument TOUTES ses affaires de TOUTES ses valises un peu partout dans la pièce.

« Hum… Tu fais quoi là ? » demandai-je sur un ton peu amical.
« Je m’installe, pourquoi ? Il y a un problème ?
- Ouais ! T’as trop d’affaires, j’arrive pas à circuler, alors tes machins magiques, là, tu les vires de mon espace !
- Ton espace ? Oh oh ! Je ne crois pas, non ! Et puis une guerrière comme toi n’a pas besoin de beaucoup d’espace ! Tu vois toutes ces choses là ? Ce sont des outils magiques, du matériel très délicat et précieux qui coûte très cher et dont nous aurons besoin pour notre mission ! Donc, hum… c’est comment ton nom, déjà ?
- Sigrid…
- Sigrid… Vois-tu… Toi et moi sommes très différentes ! Toi tu es plutôt du genre physique, donc bon… je sais que tu es un peu limité par l’esprit, mais moi, je suis une mage, et une intellect ! J’ai besoin d’espace pour déployer tout mon potentiel et ma science ! Alors tu vas faire avec ! N’est-ce pas ? » me dit-elle sur un ton hyper condescendant.

Non mais elle m’a prise pour une débile la « Véroniconnasse », là ? Non mais elle me cherche cette pute ! J’vais pas me laisser faire en faite, elle me connaît pas. Je choppe un de ses machins magiques qu’elle a posé sur son bureau et le regarde moitié intriguée, moitié énervée.

« Non ! Ne touche pas à ça ! C’est un détecteur de champs de protection magique. C’est très précieux et très fragile ! Tu voudrais bien le reposer là où il était ? »

Je regarde « Véronicaca » avec un air blasé et, du bout de mes doigts, je place l’appareil de côté avant de le lâcher dans un fracas du diable.

« Oups ! Je crois que je n’ai pas compris ce que tu m’as dit, tu comprends, je suis trop bête… » dis-je avec sarcasme.
« Nooooon !! MAIS PUTAIN !!! Mon détecteur de champs !! Toi… Espèce de…
- Tu vas te calmer tout de suite, Véroniconasse, parce que ça va pas le faire si tu me cherches ! Tu me connais pas moi ! Chuis une tarée ! Ta mère, je la déterre et je l’encule ! Alors viens pas me chercher des noises ! Tu vas ranger ton bordel et pas en foutre partout sinon j’te balance toi et tes bibelot par le hublot de la chambre !
- Non mais je rêve ! T’es complètement dingue !!!
- Ben ouais, c’est ce que je viens de dire ! Chuis une tarée, moi ! »

Je sens que ça va pas le faire, elle et moi. J’vais la remettre à sa place la pimbêche. Elle va pas me briser les noix que je n’ai pas longtemps celle là.




Les quartiers que nous partageons, le soldat Tyr et moi-même, sont des plus spartiates. Le Capitaine n’avait pas jugé utile de prendre des dispositions pour moi visiblement, malgré mon grade de sergent. Bon sang… Partager ma chambre avec un simple soldat… C’est encore la faute de Talion, tout ça. Il a du magouiller ça avec le Capitaine. Il ne perd rien pour attendre. Un jour, j’aurai ma propre brigade, je serais à mon tour sergent-chef et mes résultats seront bien meilleurs que les siens. Je pourrais alors l’humilier comme il le mérite et prouver à tous qu’il ne suffit pas d’être une brute intimidante pour devenir un officier, mais qu’il faut avoir un sens de l’ordre et administratif irréprochable. C’est moi qui fait tout d’ailleurs, sans moi, cette brigade n’irait pas loin, j’en suis convaincu.

Je constate que le soldat Tyr s’installe sur la couchette du haut… Bien, cela me convient mieux en vérité, je n’aime pas devoir me contorsionner et monter une échelle pour aller me coucher. Je serais beaucoup plus à l’aise en bas, et puis il y a la vue sur la fenêtre. Je commence à poser mes affaires avec minutie, mettant tout parfaitement en ordre, préparant le strict nécessaire pour prendre les notes lors de notre mission. Mon uniforme de rechange est posé dans la petite penderie, et je constate que le soldat Tyr est comme moi, un minimaliste. Peu d’affaire, pas d’empiétement de mon espace privé… Finalement j’avais de la chance de tomber sur lui. Il n’était pas du genre bavard… moi non plus en vérité, cela me convenait également. Ma curiosité m’aurait poussé à lui poser tout un tas de question, mais je m’y refusais, je ne voulais en aucun cas contrevenir aux ordres que j’avais reçu. J’allais proposé au soldat Tyr de l’accompagner jusqu’à la salle de mission, mais il était déjà parti. Je ne l’avais même pas entendu s’éclipser.

« Et bien… On dirait que je n’aurai pas de problème d’indiscrétion avec le soldat Tyr… » soupirai-je.




Talion ne perdit pas de temps à installer ses affaires et se contenta simplement de les déposer avant de faire un tour de la pièce. Sa chambre était plutôt confortable et assez spacieuse. Il y avait quelques avantages à être sergent-chef et être la connaissance d’un des agents des renseignements les plus efficaces de l’Ordre. Comme à son habitude, le sergent-chef se mit à fouiller tous ses quartiers, à la recherche de dispositifs magiques cachés, ou tout autre invention qui aurait pu permettre de l’espionner. Il ne trouva pas de pentagramme, ni de runes, ni tout autre symbole qui aurait pu nuire à sa sécurité. Pas de maléfice ici… Parfait. Il fallait se montrer prudent, et Talion, lui, l’était plus que de raison. Son passé d’Inquisiteur l’avait rendu paranoïaque et il cherchait la moindre petite bête lorsqu’il s’agissait de son espace personnel.

Après avoir vérifié jusqu’aux rideaux de fenêtres, l’ex-inquisiteur sorti de ses quartiers et les verrouilla à double tour. Il posa sa main sur la porte et y apposa une marque en usant de la magie d’Albericht.

« Personne ne devrait pouvoir entrer dans mes quartiers sans que je ne le sache à présent… Je devrais sans doute laisser une consigne pour qu’on n’entre pas dans mes quartiers… Hors de question qu’un chargé d’entretien ne s’occupe de ma chambre quand je n’y suis pas. »

Après être passé par le centre de commandement, Talion rejoignit la salle de briefing en passant devant la chambre de Sigrid et Veronica et haussa un sourcil en entendant les deux femmes se quereller.

« Humpf… Je devrais peut-être intervenir et calmer le jeu entre ces deux là… Sigrid doit sans doute encore se la jouer agressive et territoriale… »

Il soupira, hésita un moment, avant de finalement se résigner.

« Oh, et puis non… Hors de question que je m’interpose entre deux furies… »

Le sergent-chef rejoignit la salle de briefing où se trouvait à présent le Capitaine, Tyr, Cassandre et Linke qui discutaient sereinement. Finalement, il fut suivi des deux femmes qui affichent pour Veronica un air contrarié, et pour Sigrid un air particulièrement fier.

« Je ne veux même pas savoir… » soupira Talion.
« Bien, tout le monde est présent ! Nous allons pouvoir commencer ! » déclara Linke. « Nous allons pouvoir étudier plus en détail les éléments de mission et nous répartir respectivement les tâches à accomplir.
- Merci, Capitaine Évidence… »

Cassandre, qui se tient bien droite et dont son air froid et austère reflète une certaine rigidité d’esprit prit la parole. Elle a en sa possession les différents documents dont elle partage les différents éléments à charge dans le dossier avant de me confier les écrits. Une grande partie du dessus de la table ronde glisse à l’aide d’une manivelle pour laisser apparaître une sorte de trou, comme un bac vide. Cassandre prend alors la carafe et commence à verser le contenu dedans. Elle soulève l’eau, semble faire des formes qu’elle gèle.

- Bien, je vais nous faire visualiser l’endroit en trois dimensions pour tous le monde. Tyr, j’espère que tu t’es bien entraîné, c’est toi qui va nous lire les informations de la mission.

- Han nan… Avec lui ça prendra trois plombs ! S’exaspère Véronica. En plus j’ai- Arg… C’est pas grave ! C’est pas grave !

Il suffit d’un regard glacial à son encontre pour que la grande gueule qu’est cette maudite femme se ferme. Je regarde les documents, ne sachant pas par où commencer.

- Je t’ai tout mis dans l’Ordre, tu as juste à lire. Me déclare Cassandre qui finit de sculpter la carte avec une précision incroyable.

- Bien. Fais-je en me raclant la gorge.

“  Rapport de Mission
de Mr Saïd Chaptann

A l'attention de la Division des renseignements de l’Ordre

Introduction

Dans le cadre du Programme de réinsertion des Célestiens et à la facilitation des échanges découlant du dit Programme permettant aux Célestiens de bénéficier d’un statut de privilégié de l’Ordre.

C'est dans ce cadre que moi, Saïd Chapmann ai eu l’immense honneur d’investiguer pour la récupération d’un Célestien.

Résumé des étapes

   • Prise de contacte avec une certaine Sigma qui aurait côtoyée le Célestien et qui, se faisant, aurait apprit la nature de ce dernier.

   • Procédure de validation des dires du témoin.

   • Organisation d’une entre-vue avec le Célestien via le témoin.

   • Prise de contacte échouée, perte du témoin et perte du négociateur. Manœuvre de pistage du Célestien.

   • Repérage du Célestien dans la cité d’Atlas. Demande de renfort pour courir le terrain.

   • Échec de la mise en confinement des cibles. Informations sur l’entourage du Célestien en pièces jointe.  

   • Ouverture officielle d’une enquête sur les personnes impliquant le Célestien et mise en arrêt de ces derniers.

   • Compléments d’informations sur les dites personnes, déclaration officielle d’une prime sur ces personnes avec obligation de les remettre en vie.

   • Fuite des cibles au sud d’Atlas, dans sa région désertique. Blocus dans la province au sud d’Atlas.

Note  : à la demande des hauts fonctionnaires de l’Empereur Andréos, les prisonniers doivent après récupération du Clestiens être restitués à leurs autorités.

Résultats

Le Célestien ainsi que les cibles sont très hostiles envers l’Ordre et les autorités Atlantes. Fuite dans le désert, perte de la suivit des cibles.

Principaux obstacles

Cibles sur leurs gardes et n’hésitent pas à user de forces jusqu’à l’exécution d’intermédiaire ou de soldats de l’Ordre et Atlantes. Les Cibles sont dans des zones aux visuelles limités.

Actions envisagées

Mise en place d’un équipe discrète pour la récupération du Célestien. Avis de recherches sur les cibles aux alentours des autres régions afin que les cibles ne quittent pas leurs zones.

Recommandations

Recherche d’une division aux potentiels diverses (magies, enquête, pistage, déguisement, discrétion, connaissance du terrain etc.)

Engagements  

Les unités de l’Ordre concerner doivent s’engager à ne pas divulguer d’information sur la mission et sur les dits connaissances qu’entraîne celle-ci sous peine d’emprisonnements et de sanctions diverses.’’

J’ai plutôt bien réussit à lire ce rapport bien que plusieurs choses me font tiquer. « Célestien », c’est donc ainsi qu’ils nous nommes nommés de manière officiel ? Pourquoi l’un des nôtres traînerait avec des personnes comme ça ? C’était un malfaiteur avant ? Pourquoi ont-ils une dent contre l’Ordre et les Atlantes ? Est-ce juste parce qu’ils les recherches ou y’a-t-il eu un évènement avant ? Et ce rendez-vous avec le « Célestien », pourquoi n’y a-t-il pas plus d’informations ? Cassandre a fini de faire toute la région d’Atlas qu’elle semble très bien connaître. Après tout, c’est une Atlante mais bon, je ne l’imaginais pas connaître à ce point cette partie d’Atlantis. Bon, après, il y a une carte mais elle n’indique pas le vallonnement du terrain. Je dépose le rapport sur la table, dans un coin. Elle nous indique les différents points intéressants de la région à commencer par la sud où se trouve une ville côtière proche d’Ökolnir.

- Je pense qu’ils sont allés au sud pour cette ville car ils pensent peut-être prendre un navire pour quitter le continent. Après ils auraient pu tenter par Atlas même ou bien aller autre part mais ils ont décidé d’aller au sud. Il doit y avoir quelque chose qui les motive à aller là-bas.

- Le Célestien ? Dis-je d’in air interrogatif.

- Oui ? Formule. Me fait-elle.

- Hum… Que vous allez faire de lui ?

- « Que va-t-on faire de lui » Tyr. Pour te répondre, tout dépendra de son implication dans les méfaits rapportés mais dans tous les cas le programme de réinsertion tient toujours. J’imagine qu’ils l’adaptent en fonction du Célestien. Je vous laisse jeter un œil sur les cibles, leurs descriptions sont incomplètes et nous ne savons toujours pas lequel est le Célestien parmi eux bien que l’on a déjà réussit à mettre de côté quelques uns de part leurs connaissances qui se sont manifestés.

Winrart s’est avachit sur son fauteuil, nous laissant nous exprimer sur l’enquête. Il regarde chaque personne qui prends la parole et chaque réactions des autres. Étrangement, il semble percevoir bien plus de choses de son seul œil valide que nous avec deux. Je pense qu’il a déjà comprit la dynamique du groupe en voyant nos premiers échanges.

Talion fronça les sourcils durant tout l’exposé du compte rendu que l’ancien officier des renseignements en charge de la mission avait fourni. Les faits avaient plutôt l’air grave et en la défaveur du Célestien, sans parler de cette guilde. Il n’aurait manqué qu’usage de magie abusif pour que cette guilde soit considérée comme guilde noire… En tout cas elle contrevenait très clairement à beaucoup de règles de l’Ordre et avait même usé de stratagèmes et de violences contre ce dernier. Autant dire que Talion n’allait pas se priver pour éliminer quelques membres de cette guilde renégate. Si Talion détestait une chose, c’était les ennemis de l’Ordre. Œil pour œil, dent pour dent, c’était sa devise… Si des membres de l’Ordre ou des civils avaient été tués par ces malfaiteurs… ils allaient le payer.

« L’Ordre n’a pas jugé bon de déclarer cette Guilde en tant que Guilde Noire ? » pesta enfin le sergent-chef.
« Non, l’Ordre souhaite d’abord récupérer le célestien avant de tenter quoique ce soit. Si on avait déclaré cette Guilde comme guilde noire, les chasseurs de primes et autres guildes se seraient jeté sur l’occasion et auraient mis en danger la vie du célestien. Tu devrais le savoir, Talion. » précisa le Capitaine Winrart
« Tsss… Quel laxisme. Vu le rapport qu’on a là, croyez-moi que je ne vais pas faire de cadeau à ces gars !
- C’est pour ça que l’on m’a assigné comme second de votre équipe, Talion… » soupira Linke « Pour éviter vos débordements, soyez sûr que je ne vous laisserai pas agir à votre guise et faire un massacre comme vous en avez l’habitude !
- Ouaip ! Désolée, chef, mais chuis d’accord avec Linke pour une fois ! » déclara Sigrid « Si vous déconnez, j’vous pète le nez ! »

Talion souffla d’agacement… Ses propres soldats ne lui obéissaient même pas. En même temps… C’était les termes de sa conditionnelle. Talion devait se tenir à la surveillance de Linke et ne pas outrepasser les règles, même si cela signifiait de laisser filer les malfaiteurs. Cela le contrariait au plus haut point. La tension à présent redescendue, Linke reprit la parole pour exposer les membres les plus importants de la guilde qu’ils allaient traquer.

« Venons-en aux malfaiteurs supposés. L’officier Saïd Chapmann nous les a décrit avec force détails, il en a même fait des portraits. On a évidemment leur chef, un dénommé Zénon Eon, un aqualan qui s’est spécialisé dans la supercherie, les arnaques en tout genre, un gars très malin qui arrive à abuser n’importe qui par ses paroles. Méfiez-vous de lui.
- Hé !! Mais il a des oreilles vachement grandes pour un aqualan ! T’es sûr que c’est pas un elfe ? » s’étonna Sigrid.
« Hein ? Heu… oui ! Apparemment, ça ne serait qu’une mutation, ses oreilles… Mais bon… on parle d’un arnaqueur professionnel… Il pourrait très bien être un elfe au final. Un autre membre éminent de leur guilde est une certaine Elodean Elwidinn, une fine épéiste qui s’est spécialisée dans la piraterie. C’est une elfe agile et très dangereuse… Méfiez-vous d’elle. Elle n’est pas que doué à l’épée, elle a aussi un don pour la magie du vent.
« C’est bien beau, tout ça, mais qui est le célestien et à quoi ressemble-t-il ? Histoire que j’évite de le buter avec les autres ! » coupa Talion.
« On ne va buter personne, si possible, Talion ! » insista Linke « Et comme dit dans le rapport, le contact avec le célestien a été un échec, c’est la seule personne qui n’ai pas été décrite… Ils ont également un type nommé Griffin, une force brute. C’est un féra loup qui est recherché pour de nombreux meurtres… C’est sûrement le plus dangereux de tous. Ne pensez pas que c’est une simple brute, assoiffé de sang, Griffin est méthodique, froid, et particulièrement doué pour tendre des embuscades. »
« Génial… Un boucher parmi nos ennemis… Et vous allez me faire croire que ce Célestien peut être réhabilité ? » s’agaça Talion.
« Ce n’est pas à nous d’en juger… » répondit froidement Linke. « D’ailleurs, cette personne est peut-être contrainte de les suivre… ou que sais-je. Il faut mettre les choses au clair. La seule chose que l’on sait, d’après le « témoin » c’est qu’il s’agit d’une femme, typée urukéenne et qu’elle a le visage en parti voilé. Mais ne vous y trompez pas, c’est bien une célestienne.
- Elle se la joue mystérieuse, hein ? Ça m’a l’air prometteur, tout ça ! J’ai hâte de me mesurer à Griffin, moi ! » assura Sigrid en cognant son poing dans la paume de son autre main.
« Misère… » soupira Linke.

Zénon Eon:

Elodean Elwidinn:

Griffin:

Je regarde Winrart, songeant à l’équipe qu’il avait construite. Pourquoi avoir choisit un ex-inquisiteur pour cette mission ? Compétences mit de côtés, il semblerait qu’il n’est pas été mit au placard pour rien. Et là encore, ses deux acolytes ont comme mission de le surveiller. On m’a dit aussi que les inquisiteurs étaient la branche plutôt… Conservatrice et musclé de l’Ordre. Des traqueurs violant et extrême. S’il y avait que lui a gérer… C’est sans compter sur Véronica, un véritable électron-libre. Le sergent Linke et la fera Sigrid ont l’air bien plus fiable pour la mission quant à Cassandre, cela est même plutôt certain. Quant à Winrart lui-même, je ne sais pas trop où le situer. Il ne laisse rien transparaître de notable. Il est à l’aise et assuré, tout à fait capable de toutes les ruses et aux airs faussement sympathiques. Peut-être un penchant pour la drague mais je ne saurais dire si cela est juste un jeu ou une vraie caractéristique chez lui.

- L’approcher va être difficile, il faut que nous délimitions leurs champs de possibilités. Il n’y a pas grand-chose au sud d’Atlas mise à part cette petite ville côtière tout au sud avec pour vis-à-vis Okolnir. Son voisin terrestre est Nidavellir mais cette partie de la région est peuplé uniquement de mine à ciels ouverts et d’un avant-poste nain veillant sur la côte. On ne sait pas si elle est encore active cela dit. Je propose qu’on ne les incites pas à embêter nos voisins de Nidavellir, surtout que cette région est un véritable labyrinthe avec toutes ces fouilles. Nous devrions les contenir dans la cité portuaire pour les inciter à prendre le large. Il nous faut des présences de l’Ordre mais pas de manières accrues pour les laisser manœuvrer leur plan d’évasion. Ensuite, nous devrions les « guider » dans un endroit qu’il faudrait qu’ils jugent sûr. Ils pourraient très bien choisir autre chose que l’endroit prévu mais il faudrait être souple afin qu’ils aient l’illusion d’avoir des possibilités de s’en sortir.

Elle trace de ses doigts dans ces morceaux de glaces aussi fins que du sable des lignes de convergences allant vers la petite ville portuaire.

- On ne sait pas précisément où ils sont. Ils peuvent très bien être déjà là-bas ou bien acore dans le désert. C’est pour cela qu’il faut leur ouvrir la voie pour qu’ils y aillent et non pas qu’ils restent dans le déserts. Il est impératif que l’on sache et pour cela on devrait s’infiltrer parmi la population. Là-bas, il y a surtout beaucoup d’Aqualans et donc être en groupe, surtout aussi hétéroclite que le nôtre attirerait trop l’attention. Nous devrions nous séparer afin de courir plus de terrains. Et même vous Capitaine vous devriez faire cette mission directement avec nous et pas juste nous regarder faire.

Elle fixe Winrart qui fait un petit air surprit avant de ricaner.

- Mais bien entendu instructrice Béros ! Et donc… Dans votre plan là… On serait tous séparé? On communiquerait comment ?

- Dans les possibilités de reprit, il faut absolument qu’il y ai une planque où nous soyons. Et non, je pense qu’on peut faire équipe de deux pour cela. Vu que je suis une Aqualane, je m’intégrerais aisément dans la population et je prendrais avec moi le moins… Intégrable.

Elle regarde Véronica puis moi et enfin Talion.

- Ne vous en faites pas ! Fait Winrart. Je m’intègre très bien également à la culture Aqualan. Et j’ai bien une petite idée pour que notre présence soit tout à fait naturelle. Dit-il avec un petit sourire narquois.

- Bien. Une fois le groupe en place et identifié, on les encerclera puis Tyr viendra parler à la Célestienne afin qu’elle se rende à l’Ordre. Tu vas devoir la convaincre dans votre langage à nous suivre.

- C’est pas mal instructrice ! Dit-il en souriant faussement. Je m’infiltrerait dans un navire peu regardant des marchandises à acheminer avec… Hum… Sigrid. Elle passerait très bien pour une Okolnienne marchande. Vous ma chère instructrice et Talion vous ferez connaissances avec des passeurs peu scrupuleux afin de gérer l’exfiltration du groupe vers l’auberge où se trouvera Linke qui y sera employé et Véronica en tant que cliente. Quant à Tyr… Il sera notre hameçon à cette célestienne. Il aura fait appel à vos services pour le cacher dans cette auberge et il devra prendre la mer via notre bateau. Il sera solitaire et discret comme il sait si bien le faire. Ils vont certainement mordre à l’hameçon et aller vers lui. Tu les amèneras d’une manière ou d’une autre au bateau où nous les cueillerons.

- Et… Vous connaissez déjà les lieux idéales n’est-ce pas ? Déclare Cassandre en le toisant du regard, méfiante.

- Avant tout, je vous laisse débattre avec ce plan. Répond-t-il en se raffalant sur son siège. C’est plutôt intéressant comme début, voyons ce qu’en pense les autres.

- Oui ! J’aimerai savoir si je suis une simple cliente d’auberge quelle type d’auberge c’est et si je suis surclassé. Demande Véronica en croisant les bras. Et pourquoi j’ai l’impression d’avoir le rôle qui intervient le moins dans les communications avec ces connards ?

- Se serait le cas, tu ferais office de surveillance, je ne veux pas te voir leur adresser la parole. Talion et moi serions plus crédibles en effet en passeurs et nous pouvons au moins tenir notre langue. Se serait à nous que reviendrait la charge de les manœuvrer sans se faire griller. La seule chose qui me gêne est utilisr Tyr ainsi… Cela peut être risqué pour lui.

- Oh mais le sergent Linke sera là pour veiller sur notre petit camarade et sera l’employé en charge des clients… Spéciaux.

- Donc vous avez bien une idée des différents lieux d’exécutions. Affirme Cassandre.

- Qu’en pense le reste de l’équipe ? Cela te va mon p’tit Tyr ? Tu as su tout comprendre ?

Je le regarde, soupirant intérieurement. Un appât hum ? Il part du principe pas tout à fait faux que j’attirerais la célestienne en me montrant aussi étranger que possible. Ce qui n’est pas dur pour moi. Et le sergent Linke veillerait sur moi et sans doute, me surveillera afin que je fasse le bon appât.

- Je comprends tous ce que tous le monde dit. Fais-je.

Talion soupira. Dans l’idée, il n’était pas contre le fait de jouer un rôle et approcher les criminels afin de mieux les mettre hors d’état de nuire, mais le plan n’était pas tellement à son goût, d’autant qu’il n’était pas convaincu par ce rôle de passeur, encore moins en compagnie de cette Cassandre. De plus, Talion n’aimait pas du tout qu’il y ait autant de faille dans un plan, cela laissait bien trop de possibilités aux malfaiteurs de s’en sortir ou de mettre n’importe quel membre de leur équipe en danger.

« Je ne veux pas jouer les rabats-joie, mais votre plan m’a l’air foireux ! D’autant que jamais personne ne pourra croire un seul instant que je puisse être un « passeur ». Et quand bien même, il y a trop de failles dans ce plan ! Je n’aime pas ça ! Il y a beaucoup trop de « si » et de possibilités pour que ça foire ! Je vous entends parler de navires et d’auberges, mais pour le moment, ces malfrats sont possiblement encore dans le désert et ils pourraient très bien avoir des moyens que nous ne connaissons pas pour éviter de passer par la ville où nous les attendons.
- Dans ce cas là, chef, que proposez-vous ? » demanda Linke, particulièrement intriguée de savoir si Talion avait plus que des objections.
« Et bien, sergent, je pense que pour faire bouger une proie, il faut avant tout que cette proie se sente chassée. Il leur faut un chasseur, quelqu’un qui les traque afin de les emmener précisément là où vous voulez qu’ils se trouvent ! Je me porte volontaire pour jouer ce fameux traqueur ! Je serais bien plus crédible dans ce rôle, croyez-moi !
- Allons bon… Et je suppose que vous voulez jouer ce rôle seul ? Je vous préviens, Talion, vous ne serez pas sans surveillance, que cela soit l’instructrice Beros en qui j’ai pleinement confiance pour vous rappeler les bonnes règles de l’Ordre, ou moi, il y aura forcément quelqu’un avec vous.
- Vous n’avez pas vraiment la tronche d’un inquisiteur, Sergent ! On peut toujours garder le reste de votre plan, mais j’insiste pour faire au moins parmi ces groupes un qui s’occupera de pousser cette guilde à se rabattre vers… comment s’appelle cette cité, déjà ?
- Costa del Sol, une petite cité portuaire qui… » commença l’instructrice Béros.
« Costa del Sol… Et bien on fera en sorte que ces criminels n’aient d’autre choix que de s’y rendre.
- Avec tous les barrages que l’Ordre a mis en place, ils n’auront pas le choix ! » objecta l’instructrice.
« Je préfère m’en assurer moi-même, si vous n’y voyez pas d’objection ! Je connais très bien les criminels, j’en ai traqué un bon nombre quand j’étais un inquisiteur ! Vous seriez surprises des ressources que déploient ce genre d’individus pour échapper à l’Ordre. Avec moi, leurs subterfuges ne marcherons pas ! Ils seront obligés de se rendre à Costa del Sol.
- Ouais, j’avoue que Talion marque un point ! » concéda Sigrid.
« Je veux bien faire équipe avec vous, cela dit, Instructrice ! Vous pourriez apprendre quelques petites choses d’un ancien inquisiteur !
- Oui, et constater par elle même à quel point vous êtes un danger à surveiller ! » ironisa Linke.
« Ah ! Oui, très amusant, sergent ! Vous avez d’autres traits d’esprit dans ce genre ? » pesta Talion.

Alors que je pensais que toute l’affaire allait être pliée, le sergent chef Talion venait de balayer le plan mit en place pour un autre plus incisif. Un où plutôt que de les mettre en confiance, le plan insisterait sur les terroriser pour leur faire prendre des décisions audacieuses voir périlleuses et dangereuses. Winrart sourit, il semble satisfait de la remarque et de la proposition de Talion. Ce qui n’est pas au goût du sergent Linke qui semble être là pour veiller sur lui ou plutôt pour surveiller ses actions. La soldate Sigrid est plutôt d’avis de faire comme Talion le suggère quant à Véronica, elle est carrément « sous le charme ».

- Se serait parfait ! Acclama-t-elle. J’adorerais jouer les inquisitrices !

- Je ne suis pas sûr que les effrayer serait la bonne méthode, commença Cassandre. Cela dit, il est vrai que le votre se montrera plus efficace à court terme. D’autant plus qu’effectivement, vous aviez l’habitude de traquer toute sorte d’individus.

Alors là… Si je m’attendais à cette réponse venant de Cassandre. Elle qui déteste être contredite. Après, il est vrai que Talion n’est pas un simple soldat. De ce que j’ai pu comprendre il s’agit d’un ex-inquisiteur. On ne m’a jamais parlé d’eux, enfin… On m’a juste dit que c’était des personnes intimidantes qui imposaient les idées de l’Ordre par la force. Je suppose qu’il en faut aussi… . Je ne sais pas trop quoi penser d’eux. Ni de la raison pour laquelle ce Talion est un ancien inquisiteur.

- Ça me plais aussi votre proposition. Fait Winrart. Ils seront plus à même de faire des erreurs et aller là où on veut. Le faire par la force me paraît tout aussi intéressant comme méthode. Et oui, j’aurai effectivement dit que vous et Cassandre serez parfait pour ce rôle.

- J’aimerai aussi en faire partie ! Déclare Véronica qui déteste se faire ignorer.

- Hum… Convainc-nous alors. Répond Winrart à la place de Cassandre, ce qui les surprend.

- Ah ? Eh bien sachez que j’ai tout un arsenal pour les faire décamper. J’ai plusieurs types de bombes : Fumigènes, anti-magies, radioactives, aux poivres, gaz moutardes, à impulsion magique, à charge légère ou lourde et à électrocution légère et lourde. J’ai aussi apporter mon nécessaire pour leur tirer les vers du nez si on fait des prisonniers et enfin pour communiquer tous ensemble des boules de cristal reliées par la même source d’énergie. J’avais bien un détecteur de champs de protection magique mais ma colocataire empotée l’a cassée et il va falloir du temps pour le réparer. Alors ! Suis-je assez vindicative ?

La surprise générale rend la salle muet quelques secondes avant que Cassandre réagisse.

- Véronica, tu as vraiment apportée de quoi faire exploser toute une région dans ton sac ?

- Évidemment ! Répond-t-elle en croisant les bras. Grâce à mon sac spéciale que toute femme devrait avoir.

- Dit-moi ma petite, demande Winrart, tout ton petit matériel là… Il n’est pas homologué par l’Ordre n’est-ce pas ?

- Humf’ ! Bien évidemment que non voyons ! L’artillerie qu’on veut nous prêter est ridicule. De plus, je le fais de mon temps libre pour aider l’Ordre alors je devrais être plutôt remercier que je mette mon savoir et mes œuvres à vos services capitaine, sans vouloir vous offenser.

- Eh bien ! Ricane-t-il. Un peu plus et tu mords hum ? Je ne le prends pas mal, je vous remercie pour vos informations jeune demoiselle.

- Je suis désolée Capitaine, Déclare Cassandre, je lui apprends encore à fermer son claque-merde. Cela dit les boules de cristal seront utiles pour communiquer à distance. Quant à la torture de prisonniers, il me semble qu’il faille les avoir tous d’un coup.

Linke sembla particulièrement scandalisé, non seulement cette Véronica était un véritable danger publique, mais non seulement, le capitaine Winrart n’en était absolument pas inquiété. Son manque de réaction fit se lever le sergent qui s’emporta :

« Non mais vous êtes sérieux ? Capitaine, vous n’allez rien lui dire ? Cette femme possède avec elle du matériel non homologué ! C’est contraire aux règles de l’Ordre ! Il faut lui confisquer son matériel et faire un rapport à la Citadelle !
- Allons, Sergent Straüss. Ne soyez pas si formel ! Vous n’avez pas de souci à vous faire, en tant que responsable de cette mission, j’en prendrai toutes les conséquences.
- Mais… Et pour la torture, alors ? Hein ? Il me semble que les règles de l’Ordre interdisent de torturer les prisonniers ! Ça aussi, vous allez laisser passer ? Vous en parlez comme si vous alliez…
- Sergent Straüss, il me semble que personne n’a été torturé, pour le moment ! Il n’y a donc aucun problème pour le moment, n’est-ce pas ?
- Non… mais…
- Alors nous nous contenterons simplement de rappeler ces règles. »

Linke sembla fort contrarié. Il n’aimait pas du tout la tournure que prenaient les choses. Tout cela avait l’air hautement irrégulier… Talion, quant à lui, prenait la chose beaucoup plus à la légère. En vérité, il était même plutôt enthousiaste face à l’armement que possédait Veronica. L’avis qu’il avait d’elle venait drastiquement de changer.

« Allons, on ne va tout de même pas s’inquiéter de savoir si le matériel de Mademoiselle Stroheimer est homologué ou non ! Il me paraît plutôt utile, à moi ! Quant aux allégations prêtant à Mademoiselle des intentions de torture, cela me paraît plutôt exagéré ! Disons plutôt que ce sont des outils pour pratiquer des méthodes d’interrogatoire, je me trompe ?
- Voilà qui est bien parlé, Sergent-Chef Talion. Vous, vous me comprenez ! » s’esclaffa Véronica avec enthousiasme.
« Vous m’avez plutôt l’air prometteuse, je serais ravi de vous compter dans mon équipe de traqueurs !
- Il en est hors de question ! » s’interposa Linke « Je ne vous laisserai pas faire n’importe quoi, Talion ! Et certainement pas embarquer dans votre équipe une femme aussi dangereuse et irresponsable avec du matériel aussi instable !
- Et vous allez faire quoi, sergent ? Vous mettre à pleurer et à bouder ? C’est ça que vous allez faire, sergent ? Bouder dans votre coin et vous mettre à pleurer en espérant que je change d’avis ? » ironisa Talion de sa voix chevrotante.

L’instructrice Béros fit la moue et sentit qu’il était temps d’intervenir. Cela allait un peu trop loin.

« Par pitié ! Un peu de tenue, messieurs ! Sergent Linke, je sais que vous avez en charge de vous assurez que Talion ne commettra aucun dérapage, mais je vous assure qu’en ma présence, il n’en aura pas l’occasion, pas plus que si le soldat Stroheimer rejoint notre équipe. Je les aurais tous les deux à l’œil ! Si l’un d’eux montre le moindre signe de manquement au règlement, je lui administrerai personnellement la punition qui leur sera due. »

Talion soupira face à cette menace. Il ne la prenait guère au sérieux. Ce n’est pas une simple instructrice qui allait lui dicter sa façon de faire. Cependant, il n’en dit mot et fit simplement croire qu’il acceptait docilement la surveillance de l’instructrice.

« Vous voyez, Sergent Linke, aucune raison de s’inquiéter ! » déclara Talion « L’instructrice m’a à l’œil ! Vous devriez lui faire confiance et vous occuper de votre partie du plan !
- Au moindre écart, Talion… Au moindre petit faux pas, et je vous colle un rapport ! » menaça Linke « Si j’apprends qu’un seul de ces malfaiteurs s’est fait ne serait-ce qu’égratigner par votre faute, je vous jure que vous allez amèrement le regretter !
- Ne soyez pas bête, Sergent ! Il s’agit de les intimider, pas de les tuer. Ce sera à l’équipe sous couverture de les mettre en confiance pour mieux les appréhender ! Nous n’avons aucune raison d’entrer en conflit direct avec cette guilde ! N’ai-je pas raison ? »

- Je ne pense pas qu’il s’agisse réellement d’une guilde. Rectifie Cassandre. Du moins, elle n’a jamais été officialisée.

- Bien ! Si tous le monde est d’accord avec ce plan alors on va pouvoir commencer les préparatifs. Conclut Winrart avec un sourire enjôleur.

- J’ai fabriqué ça ! Déclare Véronica en sortant de son sac à main quelques médaillons. C’est un peu amateur mais je ne suis guère bijoutière. Avec ceci on peut communiquer tous ensemble à distance dans un circuit fermé. Pour les plus sots, cela veut dire que seul ceux portant ces médaillons peuvent communiquer entre eux. Le métal est en argent et la pierre est du cristal pur auquel j’ai infusé de la magie arcanique. Je vous préviens ça s’appelle « revient en un seul morceau », si vous l’abîmez vous comprendrez pourquoi.

Véronica, avec toute sa suffisance légendaire, nous toise du regard avec un sourire mauvais. Ce genre de comportement en fait tiquer plus d’un dont moi. Mais je ne le signifie pas, je ne voudrais pas que ça lui fasse plaisir à cette pouffe. Ses inventions sont originaux et recèle un certain talent mais la plupart du temps ces machins exploses si on les abîmes. J’espère que ce n’est pas le cas pour ces pendentifs… . Même si, je ne pense pas. C’est juste un outil de communication. Vaut mieux être prudent quand même.

- Je viens de commencer cette petite série, c’est encore en phase de teste mais trouver des cobayes est fort pénible en plus d’être rare ! Alors vous serez un peu mes sujets haha !

Le silence se fait entendre.

- Arrêtez de me regarder comme ça ! Ah ! C’est comme ça que vous remerciez les génies ? Pfft’ ! Se sont des colliers, ça ne va pas vous péter à la tronche ! Prenez-en un et essayer !

Elle nous les fait passer de mains en mains.

- Calmez-vous Véronica. Fait Cassandre en le fixant de ses yeux glacials.

- C’est une excellente idée ! Fait Winrart en souriant, prenant l’un des colliers. Et donc… C’est fait maison ? Hum ?

- Évidemment ! J’ai été à une fonderie puis j’ai demandé à un bijoutier de me faire la partie métal et à un sertisseur pour les pierres. Le design est de moi et j’ai infusé ma magie à l’intérieur de la pierre donc, ne la cassez pas sinon vous n’avez plus rien. Heureusement, j’ai demandé un serti clos pour la protéger un peu. Lorsque vous l’utilisez elle va luire légèrement en blanc, c’est ainsi que vous serez que l’on veut parler avec vous. Tout est relié donc tous le monde peut entendre la communication s’il le tient en main et répondre.

- Et si tu nous montrais ça chère artisane soldate ? Ironise Winrart.

- Créatrice ! Rétorque Véronica en arquant un cil. On va faire ça, comme ça personne se retrouvera comme un imbécile à ne pas savoir comment l’utiliser. Répartissez-vous on va faire un teste.

- Si vous insistez… Soupir Cassandre.

Cassandre semble soucieuse et sur ses gardes. Toute cette histoire ne lui plais pas du tout. Nous nous répartissons un peu dans quelques endroits de l’antenne Atlante sous quelques regards curieux de quelques gens du coin. Le médaillon est quelque peu voyant… Bon, sur Véronica ça va car c’est son style mais ça dénote un peu avec l’allure de certains d’entre-nous. Surtout Sigrid en fait, avec son allure de sauvagonne. Je me demande pourquoi Cassandre est autant à couteaux tirés avec Winrart. C’est vrai qu’il porte un certain intérêt envers les inventions de Véronica mais c’est plutôt quelque chose bénéfique non ? Peut-être qu’ils vont pouvoir faire quelque chose d’elle ? Enfin pour ça, il faudrait qu’elle arrive à contrôler ses émotions et à être moins prétentieuse et ça c’est pas gagné ! Bon… Comment ça marche ce machin ? Tiens, ça s’est déjà mit à luire. Du coup… Il y a déjà des gens qui communiques ? Bon… Euh… Je le mets sur moi mais rien. Ah ! Oui ! C’est vrai qu’il faut toucher la pierre. Y’a pas de clic comme pour un piège et ça ne marche pas. J’entends rien. Pourtant la pierre luis, ce n’est pas juste un reflet. Il faut faire quelque chose en plus ? La regarder avec insistance ? Non… . La secouer un peu ? Non plus. La prendre dans ses deux mains ? Toujours pas. Mais comment on fait ?! Je veux communiquer moi !

- Évidemment ! Je savais que les premiers se serait vous ! Je ne m’attendais pas à ce que les deux autres comprennent immédiatement.

Je lâche le médaillon, de surprise. C’était la voix de Véronica dans ma tête ! Je reprends le médaillon du bout des doigts.

- Allons, c’est normal très chère ! Il faut leur laisser le temps, ils ne doivent pas avoir l’instinct pour ce genre de chose.

- C’est la voix de Winrart ! Je l’entends mais c’est vraiment comme si c’était dans ma tête, c’est fou !

- Ah ! Bah l’autre crétin découvre la magie.

- Oh ? Vous m’avez entendu ?

- Évidemment ! Se sont tes pensées crétins ! D’ailleurs c’est quoi cette langue bizarre ? Un dialecte ? T’es pas le couteau le plus aiguisé du tiroir pour un élémentaire de terre mon pauvre Tyr, je comprends pourquoi l’Ordre ta trouvé seul comme un chien errant et ta recueillit.

- Arrêtez de vous chamaillez tous les deux.

- Ah, ça c’est Cassandre.

- Instructrice Béros Tyr. Si tu ne veux pas qu’on entende tes pensées tu ne dois pas vouloir communiquer mais juste vouloir nous entendre sinon la pierre prendra en compte tes pensées comme une communication. C’est bien comme cela que ça marche ?

- Oui, oui ! Rhhooo… !

- Si tu veux pas qu’on ferme ton petit atelier clandestin parle-nous avec plus de respect Véronica. Est-ce que tous le monde à réussit à faire marcher ce collier ?

La demande avait été plutôt cocasse et formulée de façon peu chalande, mais Talion, Linke et Sigrid se prêtèrent à l’exercice sans trop rechigner. Chacun parti de son côté et pu observer le dispositif magique sous toutes ses coutures. Sans trop de surprise, ce fut Linke, le mage de l’esprit qui trouva le premier comment fonctionnait le mécanisme, ce ne fut pas bien difficile étant donné qu’il pouvait facilement lire les flux spirituels et donc voir les connexions vers chaque collier.

« Ein, zwei, drei ! Vous me recevez ?
- Parfaitement, Sergent Strauss ! Vous êtes rapide dites donc ! » lui répondit Veronica.
« Il n’y a rien de très difficile pour moi ! Je suis mage de l’esprit ! »

Tandis que Linke se vantait sans vergogne, Winrart les rejoignit dans la conversation, suivi de près par Cassandre, puis Tyr. Tout le monde semblait attendre que Talion et Sigrid ne les rejoigne. Au bout d’un moment, la voix quelque peu tressaillante et sinistre de Talion se fit entendre dans tous les esprits des porteurs de médaillons.

« Allô, allô ! Vous m’entendez ? »

Personne ne répondit, c’était comme si tout le monde était terrorisé par la présence de la voix de l’ancien inquisiteur dans leur esprit.

« Allô, allô ! Pourquoi vous ne répondez pas ?
- Vous leur faites peur, Talion ! Vous êtes encore plus flippant quand votre voix arrive directement dans nos esprits ! » répliqua Linke.
« Hin hin hin hin ! Vraiment ? Il leur en faut peu ! Tout le monde a réussi à faire fonctionner le dispositif ?
- Non ! » précisa Winrart. « Il manque votre soldate, Sigrid !
- Comme c’est étonnaaaaant ! » se moqua Veronica sur un air ironique.
« Je vais aller voir ce qu’elle fabrique… Si ça se trouve, elle est en train de machonner le truc à force de s’énerver dessus. » expliqua Talion.
« LE MÂCHONNER ? » se scandalisa Véronica. « Si cette grande courge s’amuse encore à abîmer mon matériel je vais là…
- PUTAIN !!! CA MARCHE PAS !!! J’en ai marre ! L’autre grande chouin et ses gadgets de mort qui marchent pas !! J’en ai maaarre ! » tonitrua soudainement la voix de Sigrid dans l’esprit du groupe.

Talion soupira… Il avait sûrement vu juste mais Sigrid avait enfin réussi à faire fonctionner son appareil. Il prit alors la parole et expliqua à Sigrid :

« Heu… Sigrid… tout le monde t’entend !
- Hein ? Quoi putain ? C’était quoi ça ??? CHEF ? Vous êtes où ?
- Oh bordel… Je crois que ça va être long à lui expliquer…
- Il est dans la boîte ? » se demanda Sigrid dont on entendait les pensées.
- Non… Elle n’a rien compris je crois…
- C’est quoi c’te merde ? J’y comprend rien à votre bazar ! Elle est où l’autre Véroniconasse ? J’vais lui enfourner son machin où je pense !
- Je vais aller la chercher… Personne n’a envie d’entendre ça… » soupira Talion.
« Oui… Déjà qu’à l’oral, Sigrid est sans filtre, alors là… » soupira Linke.

Tout le monde se réunit à nouveau dans la salle de réunion. Talion traînait derrière lui Sigrid qui râlait et pestait qu’elle ne comprenait vraiment rien à ce dispositif. Le chef de la brigade avait pris soin de lui retirer le pendentif magique afin de le mettre à l’abri de ses pulsions de destruction.

« Désolé pour tout ça, Véronica ! » s’excusa Talion. « Sigrid n’est pas ce qu’on pourrait appeler quelqu’un de très subtile ! Elle ne comprend pas vraiment les emplois de la magie, même les plus simples !
- Mais c’est son truc de mort qui est pourri !!!
- Allons, allons ! Calmez-vous, Sigrid et excusez-vous auprès de Véronica ! Ce n’est pas digne d’un soldat de l’Ordre !
- J’m’en fous ! J’en veux pas de son collier moisi !
- Soldat Sigrid ! » tonitrua la voix de Linke. « Cessez de suite vos enfantillages ! Excusez-vous tout de suite et terminons-en avec cette attitude ridicule ! »

Sigrid soupira, tourna la tête sans regarde Véronica et lança sèchement.

« J’m’excuse… »

Le regard de Véronica est triomphant, le concept de la modestie lui étant totalement étranger. Je me reconnaissais un peu en elle, loin d’être humble et m’emportant pour un peu près tous et n’importe quoi. Mais ce personnage n’existe plus à présent et c’est tant mieux pour elle car je l’aurais sans doute saucissonné pour en faire un sac de frappe. Ceci dit, quelque chose la différencie grandement de l’ancien moi : elle ne semblait n’avoir aucune famille pour apaiser son âme. Du moins, personne ne voulant d’elle. Et on se sent bien seul à se sentir au-dessus des autres. Une solitude que l’on camoufle avec arrogance derrière l’un de ces sourires comme à cet instant.

- Ne vous en faites pas ! Fait Winrart avec sa similis sympathie avant de s’adresser à Sigrid. Tu resteras avec moi, ça te changeras un peu.

Soudain l’on toque à la porte, tous moi y comprit regardions la porte. Quelqu’un, un homme, demande Winrart avec un air monocorde et un accent comme celui du demandé. Winrart sourit, semblant ravit avant d’aller ouvrir et saluer ce qui semble être vraisemblablement un collègue. Il s’agit d’un petit Fera félin avec un moustache et un petit chapeau haut-de-forme apportant une sorte d’aigle dans une cage qu’il tend au capitaine.

- Oh ! La livraison est rapide ! Fait-t-il en admirant réellement le piaf qui piaille.

- Of course Sir ! Pourquoi toujours choisir une buse ? Nous avons de très beaux aigles royal et même quelques petits Phoenix de toutes beauté ! Pourquoi vous contentez d’une simple buse ?

- C’est plus petit et plus facile à éduquer et puis j’ai un bon feeling avec eux. Fait le capitaine qui met une sorte de brassard de cuir.

Winrart sort l’oiseau de sa cage et lui présente son bras. Ce dernier lui crie dessus avant d’aller sur sa tête qui heureusement a un couvre chef.

- Oh ? Il va falloir terminer son apprentissage à celui-là.

- Je suis navré Sir, voulez-vous en un autre ?

- Non, non ne vous embêtez pas. Fait le capitaine qui réussit à le faire se poser sur son bras. Merci Wiskels, vous m’avez apporté l’autre chose que je vous ai demandé ?

Le dénommé Wiskels lui donne sa mallette et ils se saluent respectueusement avant que l’homme ne reparte sans même avoir porté le moindre intérêt à nous. Il était, comme le capitaine, pas en uniforme et porte seulement une plaque élégante. Winrart se tourne vers nous, le sourire ne s’étant toujours pas décroché de son visage.

- Bien ! On va pouvoir y aller jeune gens.

Nous partons de la pièce sans même fermer à clef. C’était une porte bizarre maintenant que je la regarde de plus près mais je ne saurais dire en quoi. Je sens comme une sorte de fourmillement comme quand j’active ma magie. C’est bizarre. Nous quittons donc l’endroit pour qu’après quelques couloirs, les mêmes que nous avions emprunté à l’arrivée nous rejoignons le portail. Il demande la destination d’Atlas et en quelques pas nous y sommes. Le portail dont nous sortons semble être plus commun. Enfin… En tout cas être emprunté par bien plus de monde. Sûrement un portail général qui le relie au reste d’Atlantis. Le capitaine Winrart nous mène à pas plutôt vifs jusqu’à un embarcadère. Mes yeux s’écarquille à la vue de drôles de choses qui volent bien que se soit lourd. Ces trucs que j’avais déjà vu dans le ciel contenant des gens, je pense qu’on va y monter. Je me raidis rien qu’à l’idée de quitter le sol pour les airs incertaines. On pourrait avoir un accident à tout moment ! Comment ça peut voler ? On va vraiment y monter ? En tout cas le capitaine s’y dirige à vive allure et nous fait passer juste en parlant à un type qui prend des bouts de papiers. Il y fait de petits trous avant de les redonner. Je regarde de plus près le… Je ne saurais y trouver un nom. Rien dans ma langue ne peut le définir en un mot. Cela ressemble à un grand navire de mer construit en bois et métaux. Je dirais en laiton et en fer. Il y a une sorte de toile ronde qui vole au-dessus avec des filets. Cette chose énorme comporte des vitres où les gens à l’intérieur regardent l’horizon. Nous somme déjà bien haut dans cet embarcadère, mot que j’emprunte dans leur langue. Merci la petite fille ayant posé la question sur le chemin. Et là je vois que nous allons aller encore plus haut. Cette sorte de cage volante en métal ne me rassure pas du tout. Véronica se tourne vers moi en ricanant.

- Ah ah ! T’es tout pâle Tity ! Bah alors ? Ne me dis pas que t’as jamais prit le dirigeable ?! Un Zeppelin en plus ! Le top en matière d’aviation par machine et la plus sûr.

Elle me fixe avant de se raviser.

- Ou pas ! Ah ! T’as jamais entendu la catastrophe à Frankriech avec leur pauvres ballons à air ? Je veux bien prendre la peine de te la raconter hin hin hin !

- Ce n’est pas la peine Véronica, laisse-le. Ordonne Cassandre.

- Oh ? Alors vous n’avez vraiment pas ce genre de choses hum ? Fait Winrart, presque sous la demande bien qu’il incline la tête pour s’autoconfirmer. Hum… Eh bien pour celles et ceux n’ayant jamais prit ce moyen de transport sachez qu’il est plutôt sûr et que c’est actuellement le moyen le plus rapide d’aller au sud d’Atlas à… Tut tut tut… Socratéa.

Nous embarquons un peu à la dernière minute apparemment car le type des papiers siffle entre ses doigts avant qu’on enlève de quoi faire monter. La capitaine pose sa « buse » puisque c’est ainsi qu’on appelle ce genre de volatile sur le haut d’un siège et se pose avant de m’y inviter. Nous étions tout derrière avec les autres et voit Cassandre rester de bout pour admirer la vue. Moi, bien assit au fond du siège à éviter de penser au vide sous nos pieds. Véronica semble ne pas venir m’emmerder, sûrement car je suis avec le capitaine. Je sens d’un coup le truc bouger et je n’ai pas pu retenir mon envie de m’accrocher à la banquette entre mes jambes. Winrart pose sa mallette sur ses genoux et m’explique alors un peu le fonctionnement de ce « dirigeable » bien que cela est loin de me rassurer. C’est sûrement mieux que d’écouter les affreuses histoires de Véronica !

La Brigade n°11 ne s’était pas attendu à devoir monter à bord d’un dirigeable pour rejoindre leur point de destination, leur chef notamment, avait songé que lui et son équipe devrait poursuivre les truands dans le désert, sur n’importe quel type de monture, afin de les pousser à rejoindre la ville de Socratéa. Le projet en était cependant tout autre, et ils devront d’abord faire escale là-bas avant d’aller traquer les fugitifs. Cela voulait sans doute dire que ces derniers ne devait plus être très loin de la cité, en jugea Talion.

Si le Sergent-Chef et le Sergent Straüss avaient déjà emprunté la voix des airs à bord d’un dirigeable, ce n’était pas le cas du soldat Sigrid qui fut en premier lieux curieuse de tout ce qui l’entourait. Elle le fut beaucoup moins lorsque la machine volante se mit à quitter le plancher des vaches afin de gagner les airs. La vigridienne n’en menait pas large. Elle avait ses oreilles de félin plaqués en arrière, la queue entre les jambes et le poil dressé. Ce fut le moment que choisit Véronica pour commencer à raconter à Tyr, qui était à peu de chose près dans le même état que sa camarade féra, qu’une catastrophe dans ce genre d’engin s’était déjà produite au Frankreich. Heureusement pour eux, Cassandre intervint en interdisant à son élève d’en dire d’avantage à ce sujet.

Tout le monde prit place à bord de la cabine et Sigrid s’installa à côté de Winrart, tout comme Tyr. Talion, se posa à côté d’eux tandis que Linke déclara vouloir faire un tour de l’engin.

« Il s’agit, comme l’a indiqué le soldat Véronica, d’un Zeppelin. C’est une occasion incroyable que de pouvoir en visiter un. J’ai lu beaucoup de choses au sujet de cet engin formidable, prouesse de technologie et de magie. Il serait dommage que je n’aille pas jeter un œil à la salle des machines.
- Vous ne pouvez pas simplement vous contenter de vous asseoir et attendre notre arrivée ? » maugréa Talion.
« Cela serait du gâchis ! Si vous le permettez, je vais vous laisser un moment. À tout à l’heure ! »

Le sergent partit ainsi de son côté, laissant le reste de sa brigade avec Winrart, Cassandre et Tyr. Talion jeta un œil à sa subalterne et lui tendit une fiole remplie d’un liquide bleu translucide.

« Vous devriez boire ça ! Cela devrait vous détendre un peu en plus de vous éviter le mal de l’air. Vous semblez vraiment très nerveuse.
- J’vois pas c’qui vous fait dire ça… » ironisa Sigrid qui avait ses griffes plantées dans les accoudoirs de son siège.
« Simple supposition ! » répondit Talion en rigolant à moitié avant de sortir de sa sacoche une deuxième fiole du même liquide avant de la tendre à Tyr. « Tenez, vous aussi vous n’avez pas l’air dans votre assiette ! J’ai moi-même expérimenté ce genre de crainte et de désagrément les premières fois que j’ai dû emprunter ce genre de moyen de déplacement… Je comprends votre malaise ! »

Talion, en proposant ce remède au jeune Tyr, se souvint alors qu’il fut dans la même situation, il y a un peu plus de dix ans de cela. À l’époque, il était inquisiteur et avait dû plonger au cœur d’une enquête qui l’avait forcé à monter sur un de ces engins. Il se souvenait avoir eu une certaine crainte à l’idée de s’écraser… le vide sous ses pieds n’était pas vraiment une sensation l’ayant laissé indifférent. Il avait dû d’ailleurs faire face à des utilisateurs de magie impie alors qu’il se trouvait à bord de l’engin volant, une situation si risquée qu’il faillit en tomber dans le vide. Heureusement pour lui, il ne fut pas le seul inquisiteur sur l’affaire et les mages hors la loi furent appréhendés bien vite. Depuis ce jour, le Sergent-chef n’aime pas spécialement se retrouver dans les airs, mais il eut tôt fait de trouver quelques remèdes à ses craintes et aux maux qui le prenaient dans ces situations.

« Je n’aime pas particulièrement les hauteurs, moi non plus. Il se trouve que j’ai failli tomber d’un dirigeable, une fois, lors d’une mission. Un saleté de mage noir m’avait envoyer valdinguer à travers la cabine. Heureusement que mes camarades inquisiteurs m’ont retenu. Mais on ne devrait pas avoir ce problème, ici.
- Chef… J’apprécie votre soutien, mais si vous pouviez éviter de parler de tomber, ou ce genre de chose… » bredouilla Sigrid qui n’était pas très rassurée.
« Pardon, Sigrid. Tu as raison ! C’est Ninian qui a bien de la chance, elle au moins, ça ne la change pas trop.
- Elle est où d’ailleurs ? » s’étonna Sigrid.
« Oh ! Elle admire la vue avec Véronica. »

Talion pointa son doigt vers la vitre qui laissait entrevoir le pont extérieur du dirigeable. Véronica était en effet accoudée aux rambardes de sécurité tandis que Ninian, le corbeau de l’ex-inquisiteur, se baladait dessus en sautillant et en regardant un peu partout, croassant de plaisir.

Le dénommé Talion m’offre une sorte de liquide bleuté pour passer le trajet. Une attention délicate de sa part et plutôt inattendu mais j’y mets-là quelques réserves concernant le contenu du dit breuvage. Il y a de l’alcool mélangé avec des plantes que je ne reconnais pas, cette composition me divise entre mon refus catégorique de m’imbiber d’alcool et celui de faire passer ce malaise grandissant. D’autant plus qu’il s’agit-là d’un supérieur hiérarchique qui me le propose et comme dit plus haut, il s’agit-là d’une gentillesse étonnante. Ce dernier argument fait pencher la balance du côté de boire ce liquide bizarre. Alors je me goutte avec parcimonie contrairement à Sigrid qui me bu cul-sec. C’est plutôt fort et l’on sent alors très bien le goût de l’alcool qui vient frapper ta langue ainsi que tous le reste de son ascension vers l’estomac. La réaction de toussotement et de raclage de gorge se fait entendre et malgré ce désagrément le goût aussi très prononcé des plantes m’apaise. Si bien qu’écouter Winrart parler de cet engin me berça plus qu’autre chose. Sa voix grave et rassurante ne m’aide pas du tout à rester éveillé et je m’assoupis contre son épaule après un moment qui m’a paru assez long. J’ai tout juste eu le temps d’entendre le capitaine s’étonner sans que cela ne me fasse réagir.

- Eh bien Talion, que lui avez-vous donné pour qu’il soit dans cet état ? S’amuse-t-il.


Loin, très loin d’ici, à vrai dire dans un tout autre univers que le notre vivait un Lorcq. Sa famille n’était sédentaire comme nous le sommes vous et moi, c’était une famille de Lorcq de grandes chemins. Ils arpentaient de leurs grands physiques avantageux toutes sortes de routes dans des milieux plutôt forestiers. Le petit Lorcq, qui se nommait Dewey était comme tous les Lorcq de son âge : agile, très grand et possédant déjà une bonne musculature. Ce qui était très pratique avec leur métier de malfrat en bande organisée. En effet, c’était une famille aux sangs divers et variés et on peut dire aisément qu’ils ont un concept de la famille qui est bien loin du nôtre. Malgré tout, Dewey grandissait avec ses parents biologiques et toute une tripoté de personnes diverses aux mœurs que nous qualifierons d’outrageuses. Il ne s’agissait pas là de bandits aux grands cœurs comme on pourrait se représenter mais bien de cruelles personnes avec peu de moral et de règles.

Leurs puissances physiques leur conféraient sur les autres espèce un pouvoir bien particulier et ils savaient en jouer. C’était par la force que les choses s’acquièrent pour eux. Le plus fort et craint est celui dont la parole faisait foi et Dewey encore jeune n’en faisait pas parti. C’est dans des zones isolées, la plupart du temps insalubre qu’il s’entraînait afin de devenir l’un des leurs. C’est à dire pour cette bande de criminels, quelqu’un d’utile. Fils du chef, il en avait le privilège et le devoir de s’accomplir dans la voie du grand banditisme. La nature même d’un Lorcq, selon les préceptes de sa famille est la domination. Surtout, il osait le dire, sur les autres races puis sur leurs femmes et enfants et enfin les autres hommes de son espèce. Mais notre histoire ne va pas se focaliser sur un pauvre gosse à la destinée toute tracée ! Notre petit est un peu particulier pour un membre de cette grande famille, il a tout comme sa mère une partie de lui qui ne vient pas de son milieu. Il est grand temps de s’attarder un peu plus sur ses cheveux roux et ondulé, de sa peau bien blanche parsemé de cicatrices et de ses yeux aux motifs d’un ciel étoilés d’une nuit d’été. Cette dernière marque est unique à lui et à sa mère de la posséder. C’est la marque d’une part d’eux venant d’ailleurs, d’un esprit presque hors de son monde. A ce titre, alors que tous les Lorcq de son espèce hormis sa mère ne pouvaient user de magie, lui le pouvait.


Hum… ? Je crois que je me suis un peu trop assoupi. L’on me réveille en me tapant légèrement sur l’épaule tout en me disant d’une voix calme que nous étions arrivé. En ouvrant les yeux, je découvre qu’il s’agit de Winrart qui souhaitait sûrement reprendre son épaule sans brutalité. Je percute alors que je m’étais endormi en pleine mission et ce, en plus en présence de hauts gradés. Je me lève rapidement en m’excusant ce qui ne fait pas plus réagir que ça le meneur de notre groupe bien singulier. En fait, nous étions les derniers à descendre de l’engin en constatant bien vite que le Soleil avait fini sa journée et que nous étions éclairé d’une belle et grande Lune ainsi qu’à des lumières pour accueillir les voyageurs. Le paysage est bien caché par l’obscurité de la nuit mais les différentes sources de lumières donne un assez bon aperçu de la superficie de ville de Socratéa. En tout cas, de son centre-ville encore bien bondé malgré la nuit. Nous suivons Winrart jusqu’en-bas puis notre groupe semble se détacher en deux. D’un côté Talion, Véronica et Cassandre et le reste de l’autre.

- Aaahh ! C’est vrai que tu n’étais pas là au débriefe durant le vol. Me lance le capitaine. J’ai donné à Talion la direction de son groupe sous surveillance de l’instructrice et lui ai donné de quoi jouer leur rôle d’inquisiteurs. De notre côté, nous allons à une auberge que je connais bien afin de vous installer Linke et toi. Ensuite je m’en irais avec Sigrid vers le port. Il ne faut pas que tu sembles les connaître et nous non plus tu comprends ?

Je fais un simple « oui » de la tête avant de me rappeler qu’il s’agit tout de même d’un capitaine et que dans l’Ordre, l’étiquette est important. Il détourne le regard avant que j’ai eu le temps de changer ma manière de répondre. Il paraît en fait, totalement s’en foutre des convenances que j’ai eu tant de mal à apprendre. Je n’ai jamais été quelqu’un de discipliné. Pourtant, c’est avec obéissance que je suis notre groupe jusqu’à une auberge plutôt à l’écart du centre mais proche du port. Elle est plutôt cossue et bien entretenue bien que discrète dans le paysage. Il semble avoir de l’ambiance à l’intérieur ce qui se confirme en y pénétrant après que le gardien nous laisse passer. J’y ai vu une brève salutation de la part des deux hommes aux regards presque complices. Nous sommes à l’entrée et accueillit par une jeune femme que la vie semble l’avoir épuisée. Son regard dur et intransigeant regarde la troupe avec méfiance avant qu’elle ne se fasse pousser gentiment par une vieille dame encore bien énergique à lunette qui sourit de toutes ses dents restantes.

- Mon minet ! Fait-elle en ouvrant les bras vers le capitaine. L’on m’a prévenu de ton arrivé ! Pardonne ma fille hein ! Elle ne te reconnaît pas ! Bah dit donc t’as vieillit mon minet, t’es devenu grand !

Elle parle plutôt fort avec un accent des îles très prononcés. Elle lui fait la bise en l’enlaçant ce que laisse faire notre capitaine de l’Ordre volontiers.

- Baba’ ! Dit-il sur la même tonalité de voix. T’es super vieille toi aussi !

- Ah bah voui mon minet ! C’est qu’on ne rajeunit pas hein ! Héhéhé !

Elle nous fait signe de venir dans son bureau, un peu plus cossus que le reste de ce qu’on a pu voir. Elle s’installe sur son fauteuil en se tortillant un peu les fesses avant de reprendre, veillant avant que la porte soit bien fermée.

- T’es devenu un membre de l’Ordre super bien placé dit donc ! T’as l’allure, tous ça ! Eh dit, c’est qui tes amis hein ?! T’es petits protégés ?!

- Ah bah tu fais bien de me le demander Baba’ se sont mes petits protégés oui et je t’en laisse deux ! Le blondinet là c’est Linke, il va travailler pour toi d’accord ?!

- Ah !! Formidable ! For-mi-dable ! Ma fille va le former tient ! Elle est un peu dur comme l’était sa mère héhé !

- J’en doute pas ! Et l’autre c’est…

- Jürgen. Fais-je.

Le capitaine semble surprit mais ne dit rien, il sourit comme si tous ça était normal pour lui.

- Mon petit Jürgen ! Tu vas devoir en faire un client particulier !

- D’accord, d’accord… Mais tu m’as apporté ce que je t’ai demandé ?!

Winrart dépose à son bureau la mallette en souriant tout en lui précisant d’un air anjôleur d’en faire bon usage. Que pouvait-il y avoir à l’intérieur ? Les deux êtres remplis de mystères se serrent la main et le capitaine nous laisse là, dans son bureau. Il nous salue et embarque Sigrid avec lui. La vieille dame finit par déclarer sous un ton plutôt accueillant et assuré : « Bon ! Ben bienvenue au joyeux Luttes les enfants ! Je suis Heitiare Baobas mais vous pouvez m’appeler Baba’, comme tous le monde ! J’suis un peu dur de la feuille vous voyez jeune gens alors parler fort hein ! On va vous préparer, ma fille va s’en occuper, allez la rejoindre dans le couloir ! J’vous souhaite bonne chance dans vos affaires petits protégés du minet héhé ! »

- C’est quoi un « minet » ? Dis-je, incrédule.

La vieille femme ne fait que ricaner avant de nous mettre à la porte et nous retrouver devant sa fille au regard fermé. C’était inhabituel pour une aqualane, elle pourrait concourir avec Cassandre sur ce point. Les bras croisés, elle nous juge du regard un petit instant de son air inquisitrice.

Linke jugea la situation avec beaucoup de dépit, considérant que sa place n’était en rien enviable. Il se retrouvait à présent à ce qu’il pensait être le moins représentatif des membres de la race aqualane. Ce qui le désappointait le plus, c’était de savoir Talion loin de son œil observateur tandis qu’il se trouvait avec un membre de l’Ordre qui avait déjà visiblement du mal avec la langue commune. Cependant, plutôt que de se montrait sous ses airs les plus hautains et de rabaisser Tyr par son manque flagrant de connaissance, il préféra se montrer pour lui comme un mentor, quelqu’un qui l’aiderait à mieux comprendre ce qui l’entourait.

« Et bien, minet est un terme plutôt affectueux, employé pour désigner un petit chat. » expliqua sobrement Linke.
« Y aura pas de minet qui tienne, avec moi ! » grogna la voix peu accueillante de la jeune aqualane. « Linke, c’est ça ?
- Sergent Straüss… » voulut-il rectifier avec aplomb.
« Ouais ! Ben on va oublier le sergent et le Straüss si tu veux pas te faire pendre et vider comme un vulgaire poisson en grillant ta couverture ! Ça sera Linke, pi c’est tout ! »

Linke observa la jeune femme en haussant un sourcil avant de soupirer d’agacement. En soit, elle n’avait pas tord, mais un tel manque de respect et d’étiquette agaçait fortement le Sergent qui grinça des dents.

« Bien, j’vois que t’as pigé ! Maintenant tu vas m’suivre et faire tout c’que j’te dis, sans poser de question. Tu devrais savoir faire ça, le ordeux ?
- Le « ordeux » ? Mais qu’est-ce donc que ces manières ? On dit membre de l’ordre…
- Trop long ! Suis-moi, le ordeux ! Tu vas installer ton pote dans l’une des chambres de l’auberge ! J’vais te montrer comment on fait, et après va falloir te démerder tout seul ! Pigé ?
- Je sens que cette mission va être longue… » soupira Linke qui se pinça l’arrête du nez.


À la faveur de la nuit, Talion guida Cassandre et Véronica à sa suite. Ils avaient quitté le zeppelin de leur côté, sans attendre les autres qui avaient d’autres objectifs. Winrart avait finalement cédé à la demande de l’ex-inquisiteur pour prendre la tête du groupe de traqueurs, bien que ce dernier le soupçonnait d’avoir prévu cela depuis le début. Le Capitaine connaissait bien le Sergent-chef, il avait travaillé de nombreuses fois en collaboration, il savait ses méthodes et ses compétences. Il s’attendait probablement à ce que l’ancien inquisiteur fasse son travail comme il l’avait toujours fait, en espérant que ce dernier soit tenu en laisse par Cassandre. Talion n’avait de tout de manière pas le choix de se plier à la règle de ne pas tuer gratuitement, pour lui, cela serait un aller simple pour le centre de correction de la Citadelle, et il y retrouverait sans doute Cassandre et tous les autres instructeurs qui y étaient spécialisés dans la « réhabilitation » des membres les plus dissidents de l’Ordre.

« Notre mission se déroule bien plus aisément que je ne l’aurai pensé. » déclara Talion d’un air énigmatique.
« Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? » s’étonna Cassandre.
« Nos cibles sont déjà là.
- Vraiment ? » s’interrogea Véronica.
« Ninian n’a pas fait que se promener sur le dirigeable, elle m’a également servi à épier un peu les faits et gestes à bord. Il se trouve qu’elle a repéré au moins l’un des quatre malfrats que l’on recherche et dont on a le portrait.
- Elle peut faire ça ?
- J’ai fait parti de l’inquisition, évidemment que je lui ai appris à faire ça ! Ce n’est pas très précis, étant donné qu’elle ne peut pas parler, mais je sais qu’au moins un d’entre eux était à bord lors de notre voyage. J’ai déjà ordonné aux agents de l’Ordre qui sont présents de contrôler les identités de tout le monde. Avec un peu de chance, l’un d’eux va paniquer et tenter quelque chose de stupide, ou bien essayer de s’extraire de l’appareil par une sortie dérobée. Ninian surveille la scène depuis les airs, personne n’échappera à notre regard.
- Et bien… On dirait que le Capitaine Winrart ne s’est pas trompé. Vous êtes plutôt qualifié pour traquer des hors-la-loi. » lui concéda Cassandre. « Et maintenant ?
- Maintenant, on attend patiemment. » déclara Talion avec calme.

De l’endroit où se trouvait l’équipe, leurs membres avaient une vue parfaite sur le flot de personnes qui descendaient du navire. Ils purent d’ailleurs observer Tyr et Winrart descendre à leur tour, en compagnie de Linke et Sigrid. Les premières minutes se passèrent dans le calme avant que Ninian ne se mette à croasser dans le ciel nocturne. Talion fit signe aux deux femmes qui l’accompagnaient de le suivre en direction du volatile qui faisait des ronds dans les airs. Elle avait probablement détecté l’un des malfrats du gang.

« Je m’étonne… D’après les informateurs du capitaine Winrart, cette guilde de malfrats se trouvait déjà dans le désert près d’ici quand nous sommes montés dans le dirigeable. Comment se fait-il que l’un d’eux se trouve à bord ? Ça n’a aucun sens ! » fit remarquer Véronica.
« Hum… Souvenez-vous que Zénon est un spécialiste dans la supercherie ! Peut-être a-t-il fait passer un des membres de sa guilde pour lui, se trouvant en fuite dans le désert pendant que lui préparait tranquillement la sienne à bord du dirigeable. » expliqua Talion en marchant rapidement en direction de Ninian. « Il aura sans doute envisagé que sa guilde serait bloqué dans le désert sans moyen de s’échapper et aura pris l’initiative de se rendre ici pour leur permettre de fuir plus facilement en négociant avec les bandits du coin pour dénicher un navire sans se faire avoir.
- C’est un peu tiré par les cheveux tout ça, non ? Il y a beaucoup d’hypothèse dans votre théorie, Sergent Talion. » fit remarquer Cassandre.
« Certes, mais en général, je me trompe rarement. » précisa ce dernier.

Talion fit signe à des gardes de l’Ordre de boucler le périmètre alors que son groupe et lui fonçait vers la position que signalait Ninian. À la lumière de la lune, ils purent apercevoir quelqu’un s’enfuir à toutes jambes. D’après ses vêtements, il s’agissait sans doute et ni plus ni moins que de Zénon, le chef de la guilde. Le groupe des traqueurs se mirent à sa poursuite tandis que ce dernier s’engager vers les rues bondées de monde de la cité de Socratéa. Ninian continuait cependant de voler au-dessus de lui et de donner sa position à Talion qui invoqua la magie Der Mantel. Albericht et la cape se fondirent dans les ombres de la cité, glissant à travers la foule pour se saisir du fuyard par le pied. Ce dernier tomba à terre et les aqualans sur son chemin s’écartèrent. Une femme se pencha vers le supposé malfaiteur et lui demanda si ça allait avant de l’aider à se relever. Talion arriva brusquement et ordonna :

« Écartez-vous de cet homme !!! »

La jeune aqualane ne sembla pas comprendre et resta stupéfaite devant l’arrivée de Talion. Sa surprise fut encore plus grande lorsque le personnage qu’elle avait aidé à se relever se saisit d’elle par la gorge, en une clé de bras, la menaçant avec une longue et terrible griffe qui lui poussa au doigt. Les membres de l’Ordre purent apercevoir un immense sourire carnassier se dessiner sous le tricorne du malfaiteur qui releva la tête. L’ex-inquisiteur avait fait erreur… celui qu’ils avaient poursuivi n’était pas Zénon, c’était Griffin qui portait ses vêtements. D’une voix grave et suave, le féra loup salua Talion et son équipe.

« Aaaaah ! Vous ne vous attendiez pas à moi, les ordeux ! Je me trompe ?
- MAMAN !!! » hurla une petite fille qui semblait être celle de la jeune femme prise en otage.
« Lâchez la, Griffin ! » menaça Talion d’une voix sombre.
« Je ne crois pas, non ! » répliqua le féra. « Je pense plutôt que vous allez rester sagement ici pendant que je m’en vais tranquillement avec elle, sinon je la tue.
- Et qu’est-ce qui me garantit que tu ne vas pas la tuer une fois que tu te seras échappé ? » pesta l’ex-inquisiteur qui essayait de gagner du temps.

Talion avait fait discrètement un petit signe à Véronica. Il espérait d’elle qu’elle se serve sans doute d’un des gadgets magiques de son invention. Vu le peu d’espace qui les séparait de Griffin, l’ancien inquisiteur ne devait songeait à rien de létal. Il aurait bien usé Der Mantel lui même pour capturer Griffin, mais il aurait fallu que ce dernier n’ait pas un otage collé à lui. Le fugitif sourit à la façon d’un psychopathe et se mit à rire à gorge déployée.

« Rien ! Absolument rien ! Tu as raison, le ordeux ! Mais je suis sûr que tu préférerai que la gamine ne voit pas ça ! Parce que j’ai bien envie d’ouvrir cette femme en deux et de lui sortir les tripes ! » dit-il avec un calme qui faisait froid dans le dos.

« Par contre, il ne faudrait peut-être pas nous nommer « Ordeux » si cela est le surnom que vous donnez aux membres de l’Ordre. » Ça, c’est ce que j’aurai voulu lui dire. Mais le placement des mots en Midgardien ainsi que ses conjugaisons est encore un calvaire à mettre en place. Alors je ne mentionne rien à ce sujet, laissant les choses se dérouler. Nous suivons l’Aqualane jusqu’à une chambre à l’écart des autres, une sans fenêtre qui devait être à la base autre chose. On dirait une sorte de très grand placard avec tous ce qu’il faut. Pas un placard poussiéreux avec des objets abandonnés et oubliés avec le temps, c’était un placard spartiate mais confortable qu’elle nous présente.

- Bon j’vous donne des fringues… Enfin toi le basané tu peux laisser ta cape de clodo mais toi Linke va falloir qu’te trouve un uniforme à ta taille. Bah ! Vu ta carrure ça ne va pas être bien compliqué ! Attendez-là que je vous introduise aux autres. Par contre à part ma mère et moi, personne ne sait ce que vous foutez là alors pas de « sergent machin » ! Ici c’est juste Linke l’employé et…

- Jürgen.

- C’est quoi encore ce nom… Bref’, Jürgen en tant qu’invité spécial. Linke va apprendre les rudiments du métier avec les autres et je vais accoler quelqu’un avec toi pour s’occuper des besoins de ‘‘Jürgen’’ en espérant que tu ne sois pas du genre capricieux.

Elle me fixe un instant, comme si elle me faisait une fouille au corps visuel ce qui est un poil déstabilisant. C’était donc ainsi que je fixais les autres avant ? C’est ça qu’il ressentaient de moi ?

- C’est pas très élémentaire de Terre ça comme prénom, on dirait un nom de Roskiev ou bien du Gothland tout au plus mais prononcé bizarrement. Tes congénères n’ont pas pour habitude ce genre de nom.

Un léger silence gênant se fait avant que je ne le brise.

- Comment sont les prénoms de ma race ? Demandais-je.

- Hein ? Bah… Tout dépend des régions en fait mais ils sont bien plus à se nommer comme les Urukiens quoi ! Bref ! J’ai pas qu’ça à faire moi, attendez et faites rien de débile.

Elle s’en va tout en grommelant des trucs dans une autre langue, sûrement une empruntée à sa race. En l’attendant, je regarde la petite pièce sans trouver d’intéressants détails à première vu. Le sergent Straüss, toujours droit comme un ‘‘i’’ semble déjà bien blasé de faire sa part de la mission. Il est visiblement agacé d’un tel traitement.

- Elle est pareille que Cassandre. Lançais-je au sergent Linke.


Le capitaine Winrart rit d’avance à tous ce que le sergent Linke et Tyr vont vivre. Lui et sa Buse, perché sur sa tête, suivit par Sigrid marchent d’un pas assuré vers la prochaine destination : le port. Terrence Edgar Winrart semble avoir des connaissances partout sur le territoire des Aqualans et les utilise plutôt aisément. Il tente à nouveau de faire poser sa buse sur son bras plutôt que sa tête mais l’oiseau émet un son semblable à un ronronnement de chat très étrange. Un peu circonspect, le capitaine de l’Ordre décide alors de lui ordonner de voler en direction du port.

- Je ne sais pas encore comment je vais le nommer celui-ci. Fait le capitaine en regardant sa bestiole aller vers le port. Si vous avez des noms Sigrid, n’hésitez pas à m’en suggérer !

Winrart s’arrête soudain devant un restaurant. En fait… Ce n’était pas proprement un restaurant mais une sorte de petite baraque aménagée qui vend presque exclusivement des croquettes de poissons marinées à une sorte d’épice mi-sucré mi-salée venant probablement d’un autre continent. Mais ce n’était pas tellement ça qui intéresse le capitaine mais l’autre chose : du Saké. Un alcool aux variétés différentes bien au-delà des frontières Aqualane. Celui-ci vend celui que tous le monde nomme « Saké » sans savoir qu’il s’agit d’une appellation regroupant ce type d’alcool. Celui-ci est à base de riz mais avec également du Lotus qui rajoute un petit goût délicatement parfumé. Il va alors à la rencontre du tenancier de cette drôle de baraque roulante qui, d’après les roues n’a pas tourné depuis un petit moment. Il fait la queue puis parle au vendeur et sans doute fabriquant des dites croquettes décrites plus au-dessus. Il commande trois bons paquets de croquettes et quatre bouteilles de ce fameux saké et paye avec la monnaie locale. Sur le chemin pour enfin aller au port, il confit à Sigrid quelques paquets et deux bouteilles ainsi qu’un petit conseil sous son sourire à faire chavirer bien des cœurs.

- J’espère que vous aimez le poisson, l’alcool fort et la sociabilité Sigrid. Tous ça, c’est pour appâter mon ami au port afin qu’il accepte de nous prêter quelques marins avec un bateau. C’est important de savoir ce qu’aiment vos alliés Sigrid, ainsi vous obtenez bien plus de réponses positives en retours lors de services ou de questions indiscrètes. Les aqualans n’aiment pas la guerre, les conflits et choisir des camps. On peut toujours négocier avec eux et de manière pacifique. Bien sûr, il y a des exceptions comme la fille de Baba’ ou bien l’inspectrice fufufu… Mais ne vous y trompez pas, c’est un peu comme des coquillages vous voyez… Il y en a des plus difficiles à ouvrir.

Sur ces dernières paroles un peu scandaleuses, le capitaine se tût en pensant certainement aux dites dames moins faciles à approcher. Pour Sigrid, on imagine que ce genre de stratagème un peu fourbe ne lui ai pas familier. Ils arrivent au port passent directement à la caserne des marins-pêcheurs chargés des deux bras. La caserne abrite les autorités maritimes de Socratéa mais aussi quelques pêcheurs. Ils se font vite arrêtés par l’un des gardiens du port, un jeune aqualans qui sembla plutôt curieux.

- Puis-je… Vous renseignez ? Demande-t-il d’un ton plutôt agréable avec ses jolies yeux bleus.

- Salut la compagnie ! Fait Terrence d’un air très amical. Pouvez-vous dire à votre capitaine que moi, Terrence Edgar Winrart est ici je vous prie ? Je suis un bon ami à lui.

- Un ami ? S’étonne-t-il. Bien, attendez-là s’il vous plais. Dites… Se sont des Croc’ à la truite ? Du marchand Sun Lee ? Et son alcool ?

- En effet ! Vous avez l’œil !

Le jeune homme semble très enclin à faire passer sa requête le plus rapidement possible. Il s’en va et revient très vite avec le capitaine en question. Un Fera plutôt âgé avec des dents de requins dû à sa partie animale. Il est plutôt rare de croiser ce genre d’individu à la surface mais celui-ci, encore vif bien qu’amoindrit si l’on pouvait le comparer à sa jeunesse est bien le capitaine en charge de la surveillance du port. Bien que, il y règne une tranquillité qui permet aux autorités maritimes d’aider la population et de les protéger ainsi que faire de la médiation en cas de conflits. Le Fera est le seul non-aqualan de sa brigade, son suppléant le jeune et impressionnable de tout à l’heure est un peu à l’image des fraîchement recrutés.

- T’es vraiment là sale poisson d’eau douce ! Lance le capitaine au… Capitaine.

- Et je ne viens pas seul ni sans rien l’ami ! Réplique Winrart en souriant.

- M’fais pas cet air là ! Pointe-t-il du du doigt le visage de son interlocuteur. J’ai vu ton piaf dehors et j’ai cru à une hallucination mais quand il m’a dit qu’un rouquin portant ton nom me demandais… Bordel ! Tu sais que depuis le temps il s’en est passé des choses charognard hum ?

- Oui mais avec l’Ordre on est rarement inoccupé ! Fait le capitaine. Je suis capitaine comme toi à présent haha ! Qu’est-ce que tu dis de ça ?

- Ils t’ont nommé capitaine ?! Il se met alors à rire à gorge déployées, laissant voir son impressionnante dentition. Ils sont malades ma parole ! Haha ! Toi ? Capitaine ? C’est à mourir de rire !

- Eh oui ! Répond Winrart sans se décontenancer. Et je passais dans le coin pour voir mon bon ami et prendre de ses nouvelles.

- Te tracasses pas va ! Viens dans ma loge avec ta demoiselle ! Toi aussi Nell !

Ils vont tous les quatre dans la loge spacieuse et un brin en désordre du capitaine. Il dépose avec Sigrid les paquets sur son bureau ainsi que les bouteilles. Il regarde la marchandise et ricane sous le regard choqué de son suppléant qui l’a assurément jamais vu ainsi.

- Tu sais que je peux m’en procurer ces comme ça maintenant non ? Et tu viens quand-même avec ! Tu ne changeras jamais !

- En souvenir du bon vieux temps ! Je te présente la soldate Sigrid, elle m’accompagne pour une toute petite mission qui nécessitera un peu de ta participation.

- Allons bon ! Comme si je ne te voyais pas venir ! Soldate Sigrid je suis Markos et lui, c’est Nell Lulaby mon adjoint et mon petit fils !

- Ah ?! S’étonne Winrart. Tu n’as toujours pas buté le mari de ta fille ? Je suis impressionné !

- Ouai bah ça va hein ! Le temps a passé ! Tu veux quoi le rouquin ?

- Oh juste un bateau petit et discret avec quelques marins sympa pour ma toute petite mission.

Il y a eu un petit moment de silence avant que réponde le Féra.

- Bouahaha ! T’as vraiment toujours autant d’audace Edgar ! Bon, c’est d’accord. T’auras ton bateau et quelques hommes que je vais dépêcher pour ta « petite mission ». Je garde une bouteille pour ma famille et moi, la friture tu peux la distribuer à mes hommes quant aux boissons se sera pour toi et les hommes sur ton bateau d’emprunt. Tu attends quoi de mes hommes au juste ?

- Qu’ils fassent les marins corrompus pour une récupération tout en douceur d’individus peu recommandable.

- Rien que ça ? Eh ben j’vais faire en sorte que tu n’es pas de concurrents lors de la réception. Nell, va les amener dans mon p’tit tas de ferrailles perso’ ! Je vais choisir moi-même quel marin je vais mettre sur le coup.

- Oui capitaine ! Fait Nell. Et capitaine, puis-je vous soumettre ma candidature pour cette mission ?

Le Fera grommelle un peu, il ne semble pas ravit de la demande.

- Pourquoi tu veux y participer ?

- Ben… Il ne se passe jamais rien et puis… J’ai envie d’apprendre plus de récit de quand tu n’étais pas capitaine pap- euh capitaine papy ! Fait le jeune homme.

Après un moment de réflexion le capitaine, sous une grimace, lui répond.

- Je t’aurais bien dit oui mais ta la tête connu alors ça ne sera pas crédible. Une prochaine fois p’tit ! Tu comprends ? Tu risques d’éloigner les petits poissons qui se sont égarés hum ?

- Ah oui… C’est vrai.

- Bon ! Alors c’est décidé !

Ils quittent la pièce avec les paquets que Winrart confit à Sigrid.

- Et si tu faisais la distribution Sigrid avant qu’on parte ? Demande le capitaine en souriant.


Face à la situation des plus complexes, un otage sous la coupe du malandrin en question, la compagnie s’était arrêté de courir. Cassandre voulu en faire une statut de glace mais se retient, jugeant que ce n’était pas la bonne méthode. Non pas que sa magie serait trop lente à se mettre en place mais qu’il serait peut-être préférable de laisser s’échapper Griffin afin qu’il accourt prévenir ses amis. Mais sans l’otage et en lui foutant la frousse, se serait l’idéal. Du côté de Véronica, sachant à présent qu’il s’agit du Féra et non de l’autre type, un sourire se dessine sur son visage. Un sourire malsain qui, comme pour un magicien, laisse ses proies en oublier de bien regarder ses mains.

- Rien à foutre ! Lance-t-elle en balançant l’une de ses bombes dont elle a le secret.

L’activation est plutôt courte et un « Pchhhhh » plutôt qu’un grand « Pan » se fait attendre. Le Féra est d’abord surprit puis, prit au nez, le produit le fait presque immédiatement tousser et lâcher l’otage qui fuit vers sa fille. L’odeur est insupportable mais l’est d’autant plus pour le Fera. Il se couvre le visage avec un foulard pour disparaître dans la fumée qui avait vraiment bien remplit l’espace. En un rien de temps la visibilité est réduite pour tous le monde. Enfin, presque. Véronica a mit d’étrange lunette. L’odeur en soi, pour la majorité des gens n’est pas aussi dérangeante. Cela sent un peu l’herbe, un peu l’engrais et sa fumée prend un peu aux poumons. Mais pour les Feras ayant un bon odorat voir un excellent, cela est catastrophique. Cette odeur spécifique les répugne et leur fait même pleurer des yeux et tousser inlassablement. Sans pour autant être mortel, l’incommodité est si pesante qu’un Fera préférera s’enfuir très vite. Si l’on pense que la soldate Véronica s’arrête-là, c’est lourdement se tromper. Elle passe dans le nuage de fumée avec une autre bombe en main, tout aussi mystérieuse que la première.

- Véronica ! Hurle Cassandre, médusée. Revient ici !

L’inspectrice avait prit son fouet à la ceinture pour arrêter sa soldate qui poursuivit le hors-la-loi dans les petites rues en pavés un peu décentrés les uns des autres. Elle entend sa soldate hurler à plein poumon qu’elle va faire du Fera de la pâté pour « clébards ». Avec cette bombe fumigène surprise, le Fera semble vraiment désorienté mais peut compter sur encore quelque uns de ses sens et son instinct pour échapper à l’Ordre.

La mission en compagnie du Capitaine Winrart était en effet très instructive pour Sigrid. Elle avait en l’espace de peu de temps appris quelques petites choses. Premièrement, l’on peut soudoyer les gens et obtenir d’eux des faveurs, surtout si on sait quoi leur offrir en retour. Deuxièmement : en général, l’alcool et le poisson ça marchait plutôt bien. Troisièmement, qu’il fallait jouer de son charme pour mettre les personnes dans de bonnes dispositions. Et dernièrement, qu’il valait mieux être celui qui commande que le simple soldat qui obéit, car au moins on avait pas à faire la sale besogne.

« Quoi ? Sérieux ? C’était pas pour nous ? Pfff… Ok ! »

Sigrid regarda tout autour d’elle et constata que la plupart des marins présents étaient jeunes, aqualans et donc potentiellement un peu trop excités sous la ceinture. Elle s’approcha avec les sachets de croquettes et tendit l’un d’eux sous le nez d’un jeune matelot.

« Tiens ! Sers-toi et prends pas tout !
- Oh… Heu … charmant… » bougonna le mousse d’un air réprobateur.
« Quoi ? T’as un problème avec ma façon de distribuer, c’est ça ? Tu veux pas aussi que j’te les mâche et que j’te les vomisse dans la bouche non ? »

Le groupe de marins se mit à rire alors que le mousse s’empourpra avant de fourrer une main dans le sachet pour en retirer quelques boulettes. Visiblement, le franc parler de Sigrid faisait bien rire les aqualans qui n’avaient à présent plus qu’yeux pour elle. La vigridienne commença à faire le tour avec une moue nonchalante quand elle tomba sur un autre matelot un peu plus lourdingue que les autres.

« Hééé ! C’est que tu nous offrirais pas un baiser en plus des croquettes ?
- Ouais ! Sûr ! Ferme les yeux et ouvre la bouche ! »

Tout le monde se mit à s’exclamer et d’autres à rigoler. L’aqualan se prêta au jeu : fermant les yeux et ouvrant la bouche. Sigrid empoigna une bonne quantité de croquettes dans son poing et les fourra d’un seul coup et brutalement dans la gorge du marin qui faillit s’en étouffer. Nouveaux éclats de rire alors que la Vigridienne colla une grande tape dans le dos du type pour lui faire tout recracher, histoire qu’il ne finisse par mort, étranglé. La frappe fut si violente qu’il fut jeté à terre mais au moins, il avait tout relâché.

« Dis pas merci, connard ! » insista Sigrid en lui faisant un doigt d’honneur avant de partir.

Sigrid lança le dernier sachet sur une table et s’en alla rejoindre Winrart.

« Bon, démerdez-vous les autres ! Salut les nazes !
- Ça doit être ce qu’ils appellent l’hospitalité Vigridienne… » tenta d’expliquer l’un des marins.


Linke lança un regard dépité à Tyr avant d’avouer :

« Dans le sens où c’est une des rares aqualanes à ne pas être très commode ? Vous marquez un point, heu… Jürgen. Autant que je commence à vous appeler par ce nom du coup… Et ne vous en fait pas pour ce qu’elle a dit. Jürgen c’est un très joli prénom, c’est goth. J’ai moi-même un cousin qui s’appelle Jürgen. Cela prouve simplement que vous êtes un élémentaire qui s’est intégré à notre culture ! Je trouve que c’est une bonne couverture, pour ma part. »

Le sergent n’attendit pas le retour de la femme pour commencer à installer les draps du lit. Il se servit de ceux qui étaient pliés là et fit la réfection du lit avec une minutie et une précision qui frôlait la maniaquerie. Tout était impeccablement installé au carré, bien lissé, bien réglé. Lorsque l’aubergiste revint avec un uniforme sous le coude, elle regarda le lit avec de grands yeux ronds.

« Mais… C’est vous qui avez fait ce lit comme ça ?
- Oui, pourquoi ? » demanda Linke.
« Heu… ok… Bon… ben… On dirait que ça sera moins pénible que je ne l’avais imaginé… Et pour ce qui est de tenir un balais… ? » demanda-t-elle alors qu’elle paraissait impressionnée.
« Humpf… Donnez-moi ça ! »

Linke lui arracha l’uniforme des bras.

« En tant que soldat de l’Ordre, on apprend avant tout à prendre soin de ses quartiers. Faire un lit, la poussière, et nettoyer une pièce, c’est la base. Rien de plus facile… et de moins pénible… Mais j’y arriverai, n’en doutez pas ! Maintenant, laissez-nous quelques minutes, le temps que je me change, ce n’est pas décent devant une jeune femme.
- Jeune femme… Hum… Oui ! Pardon ! Très bien ! Dès que vous avez terminé, je vous attend en bas ! J’ai besoin que vous vous occupiez du service de table du soir ! Ensuite… Heu… et bien ce sera déjà bien. »

L’aqualan s’en alla troublée et Linke soupira de soulagement.

« Non mais qu’est-ce qu’elle croyait ? Je suis un sous-officier de l’Ordre ! Évidemment que je suis à la hauteur ! Prenez-en de la graine, Jürgen ! Quand un civil vous marche sur les pieds, montrez-lui à quel point l’Ordre vous a forgé pour être quelqu’un d’exemplaire ! Il ne vous en respectera que d’autant plus ! Vous avez-vu ça tête, non ? Elle n’en revenez pas ! »

Le sergent avait un petit sourire fier affiché sur son visage. Il commença à se dévêtir pour enfiler l’uniforme des employés de l’auberge en sifflotant.


Talion laissa ses deux alliés partir à la poursuite de Griffin, passant à travers le nuage de fumée. Il y avait bien assez de deux poursuivantes pour forcer le Féra à prendre à la fuite, sans compter l’effet du fumigène qui l’avait grandement affecté. L’ex-inquisiteur décrocha un sourire mauvais en regardant dans les airs. Ninian était toujours en train de voler au-dessus de Griffin et Talion n’avait qu’à emprunter une autre route pour couper la sienne. Rapidement, il s’engagea à travers une ruelle, passa à travers la foule, tout en préparant son pistolet à poudre.

« Je vais le buter, ce fumier ! Juste pas devant l’instructrice. Autant éviter la mise à pied. Il faut juste que je face ça plus discrètement ! »

Le sergent-chef avait finalement réussi à rattraper Griffin par une rue transversale. Il lança Albericht à ses pieds pour le ligoter avec sa magie et le féra s’étala de tout son long en grognant de rage.

« Argh ! Putain ! Mais qu’est-ce qu’elle m’a fait, cette chienne ? » pesta Griffin.
« Demande toi plutôt ce qu’il va t’arriver maintenant, enfoiré ! »

Talion se pointa devant lui avec son pistolet braqué sur sa tête. Il appuya sur la détente et le coup parti, mais un peu tard. Griffin venait de rouler au sol pour éviter le tir de justesse bien que ce dernier lui avait explosé l’oreille. S’il n’avait pas bougé, ça aurait été sa cervelle.

« ARRRARGHG !!!! ALORS CA TU VA ME LE PAYER !!!! » hurla Griffin.

Le corps du féra commença à se contorsionner et à se changer pour se couvrir de poil tandis que Talion le maintenant la tête en bas, les pieds en l’air avec sa cape. Il rechargeait son arme à feu, ce qui lui prit un moment étant donné que ce genre d’engin nécessitait de remettre de la poudre et un projectile. Griffin était en train de se saisir de la cape et de l’élargir dangereusement. L’ex-inquisiteur se retrouva face à une bête, un loup, bipède, imposant, qui était près à lui arracher la tête d’un coup de griffe. PAN !! Nouveau coup de feu. La balle s’était logée cette fois dans le torse de la bête mais n’était visiblement pas été très loin tant l’épaisseur de son cuir était impressionnante.

Griffin se jeta sur Talion qui sauta sur le côté. Heureusement pour l’inspecteur, Véronica et Cassandre l’avaient enfin rejoint. L’instructrice avait joué du fouet pour saisir le bras de la bête qui aurait pu s’abattre sur l’inspecteur alors qu’il se remettait à peine de sa première esquive. L’animal était cependant trop rapide pour un humain comme Talion, d’ailleurs, Cassandre n’allait pas tenir bien longtemps face à la force du féra. Véronica avait une nouvelle charge à la main et la lança en criant.

« Barrez-vous !!
Oh… merde… » soupira Talion.

Albericht se jeta sur lui en emportant également Cassandre avec elle. La cape les fit plonger dans les ombres et réapparaître un peu plus loin avant que la bombe de Véronica n’explose. IL y eut une déflagration tel qu’elle produisit un écran de fumée et de débris. Lorsqu’il se dissipa, Griffin était toujours là, un sourire carnassier sur le visage. Il avait subit quelques dégâts de l’explosion mais visiblement, il avait plutôt bien résisté.

« BOUAHAHAHAHA !! C’est tout ce que t’as, poulette ? Et si on s’amusait, toi et moi ? J’aime jouer avec mes victimes avant de les découper en deux et les dévorer ! » grogna-t-il d’une voix déformée par sa transformation.

Le capitaine Terrence Edgar Winrart est le genre de personnage à beaucoup observer et laisser agir les autres. C’est le type de chef que vous et moi aimerions avoir si notre esprit n’était pas pourvu de méfiance quant à son laxisme. Peut-être va-t-on le découvrir plus tard les pensées qui habitent l’esprit de ce quarantenaire bien qu’il fasse un peu plus jeune. L’on ne sait pas si cela est dû à ses cheveux longs tressés ou bien le fait qu’il soit roux sans un seul cheveux blanc ou encore que son cache-œil occulte une partie de son visage, même minime. On pourrait aussi s’y méprendre à son air jovial et tranquille qui va bien avec son côté permissif sur certaines débordements. Aussi, sûrement en a-t-il rien à faire de ce que peut représenter le spectacle devant-lui. Une scène dont le soldat Sigrid est l’actrice principale qui, non sans une certaine fierté se dirige vers son capitaine.

- Merci Sigrid, c’est du bon travail.

On se demande bien ce qu’il entendait par-là mais n’eut pas plus détails à ce sujet. Il remercie le Fera requin dont Sigrid avait rendu vraiment très joyeux. Il déclare même qu’il faudrait plus de femme comme elle afin d’en faire des marins. Un compliment qui démontre une certaine pauvreté dans le recrutement de gardes-côtes ou bien marins de femmes. En effet, le petit aperçu dans cette caserne démontre bien la réalité de ce monde portuaire. Le capitaine Markos n’est en rien sexiste dans ses recrutements, juste que si y a des femmes de caractère à Socratéa, elles ne se bousculent pas pour ce genre de métier.

Les deux capitaines se disent « en-revoir » et en compagnie de Nell, Winrart et Sigrid quittent la caserne pour le quai. En fait, il y a plus ou moins deux quais pour vous la faire courte. Un quai principal qui consiste juste aux dépôts et mise en place des marchandises qu’elles soient d’un autre continent ou bien juste les gros bateaux de pêches locaux. Plus loin en longeant la côte, se trouve le port de plaisance pour les riverains. Il y avait toutes sortes de bateaux, la plupart sont équiper pour la petite pêche mais il y en a qui sont même équiper pour un plus long voyage à travers tout Atlantis. Des bateaux plus rapides, souvent sans grandes capacités de stockage mais qui suffisent pour diverses utilisations : transport de personnes pour un voyage de courte durée au sein du royaume d’Atlhantis, petits commerces entre deux villes et sûrement aussi d’autres choses bien moins honorables mais dont nous n’allons pas décrire. Il faut juste se rappeler que pour un convoi plus discret, le port de plaisance des usagers de cette ville est le choix évident à faire. Et à bien regarder, le grand port principal est plutôt bien surveillé comparé au second qui est de tout évidence moins rudes en terme de règles. Par contre, à ce que précise Nell tout en leur racontant ce que vous venez de découvrir, la location de la place est chère et ce qui arrive aux bateaux n’appartenant pas à une entreprise n’est pas de la responsabilité des autorités une fois le port quitté. C’est là qu’il indique à nos deux compères leur bateau de planque : un vieux bateau plutôt bien rénové bien qu’il ne soit pas totalement terminé.

- Il peut quand-même être utilisé. Précise Nell en regardant Winrart dont il ne sait interpréter ses expressions faciaux.

- Le tout est qu’ils y croient. Répond simplement le capitaine de son air sympathique.

Ils visitèrent le navire qui n’est pas bien grand. L’espace commence tout juste à être optimisé et l’on voit le soin apporté à ce bateau pour le restaurer. Winrart laisse dans la cabine les bouteilles et commence à farfouiller pour se mettre à l’aise. Il intègre toutes les petites subtilités de son emprunt dont Nell déclare à plusieurs reprise d’en prendre soin car il est à son père et qu’il semble y tenir. Winrart est déjà sur le toit et commence à y installer son arme qu’il trimballait dans son dos depuis tous ce temps.

- Qu’est-ce c’est ? Demande Nell, incrédule.

- Un fusil de précision longue portée. Répond des plus simplement du monde le capitaine.

Mais ce genre de fusil, on n’en trouvait pas sur le marché. C’était le genre de bijoux de technologie pas encore homologué que l’Ordre développe. Le capitaine remercie Nell pour son aide et l’invite à rejoindre ses quartiers sans pour autant être grossier. Son sourire charmeur fait mieux passer ce genre de chose dans la tête de ses interlocuteurs.

- Venez Sigrid, ordonne-t-il gentiment. Vous et moi avons un grand point commun vous savez ? Nous ne pouvons utiliser la magie. Alors nous nous devons d’être innovent pour contrebalancer cela et en faire si possible un avantage. Comme pour ici, un intérêt tout particulier pour les armes à feux.  Un jour les lames tranchantes seront obsolètes et se sera l’ère de la poudre et de l’acier. Je vais vous montrer comment on se sert de ce genre de chose car, et cela nous différencie, nous êtes une Féra de type félin Sigrid. Votre Ouïe est bien plus acérée que la mienne lorsqu’il s’agit de cibler une proie. Beaucoup de vos compétences physiques sont un plus pour ce genre d’arme.

Winrart installe devant-elle son fameux fusil. Il ne lui donne aucun nom et à vrai dire, elle ne ressemble à aucune autre arme à feu. Il place, pour la maintenir canon en hauteur ce qu’il appelle une fourquine. C’est une sorte de trépied qui fait pile poil la hauteur pour que l’on puisse bien s’aligner une fois allongé sur un sol plutôt lisse. Il y a même un support pour garder l’arme en repos sur place. Cette arme à feu portative au long canon en métal, à « âme lisse » (canon) pouvant être tirer depuis une épaule ou bien allongé pourvu d’une platine à mèche. Winrart utilise alors bien des mots plus pointus pour décrire de long en large son arme mais chaque mot spécifique est accompagné d’explication simplifié pour faire en sorte que même Sigrid qui n’y connaît rien comprenne. Le capitaine prend alors vraiment le temps pour expliquer tous ceci à sa soldate non sans y trouver un certain plaisir. Si le capitaine n’était pas dans les renseignements, il aurait sûrement fait un bon professeur.

- Avec ceci, on pourra faire tout type de réception, musclée ou pacifique. C’est encore qu’un prototype mais il est très prometteur et j’aimerai pouvoir le tester en situation afin de déterminer de son utilisation. J’ai même fait monter une loupe au-dessus pour regarder avec précision avant de tirer. Il manque encore des améliorations, je ne suis pas encore satisfait mais la recherche va porter ses fruits. Vous voulez essayer Sigrid ?



Ainsi Jürgen est donc un prénom qui existe également sur Midgard et qui semble être Goth. Cela fait deux prénom qui sont semblables sur ces deux mondes. Je remercie sobrement le sous-officier avant que celui-ci s’affaire à montrer ses capacités à tenir une maison sous les yeux ébahis de l’Äaassi- euh non, l’Aqualane. S’en suis une discussion rapide entre elle et Linke qui fait grand impression. À son départ, ce dernier me conseil avec sincérité qu’il faut être irréprochable lorsqu’on représente l’Ordre afin de montrer la je suppose suprématie de celle-ci. Il n’a pas vu que le visage troublé de la demoiselle était… Je ne sais pas trop ce que c’était, je dirais de l’admiration. Ou alors c’est ainsi qu’il voit les choses ? Qu’il faut susciter l’admiration au nom de l’Ordre ? En tout cas, il semble très fier de lui. Une fois changé, il pli impeccablement ses affaires sur le lit.

- Jürgen est un nom que porte avant un membre de ma famille. Grand général et puissant guerrier ressemble un peu au Goth. Je porte son nom pour sa mémoire et respect.

Je n’avais encore jamais parlé de ma famille à qui que se soit. Bien que, j’en suis sûr, j’ai écorché leur langue en employant pas les temps comme il le faudrait. Cela me fait ressentir de la mélancolie d’en parler et me pousse vers les souvenirs d’un autre temps. Mais il ne sert à rien de regarder le passé, seul l’avenir est devant moi. Et puis… Y penser me laisse dans une profonde tristesse et une solitude que je n’aurais jamais penser ressentir un jour. J’aime pourtant la quiétude d’être seul mais celle-ci est différente. C’est une déréliction, mot que j’emprunte à Wraith. Même si je parle l’Arcaëlien, je suis loin d’être aussi lettré que lui. Mais aujourd’hui, tous ces beaux mots ne servent à rien puisqu’il faut que j’apprenne à parler correctement un tout autre langage.

- Que faire pendant que vous faites des herm… Missions secondaires ?


Véronica, qui s’est vu s’autoriser elle-même d’user d’une de ses bombes sur le Féra et de facto sur ses coéquipiers, est surprise de voir qu’il eu plus de bruits que de mal. Malheureusement pour elle, la soldate à période probatoire se retrouve face au danger en première ligne comparée à ses compagnons. La cape de Talion ayant sauvé ce dernier ainsi que Cassandre des dégâts de l’explosions, la petite mage à talons hauts qui bien qu’elle n’eut rien est en face d’un féroce personnage. Griffin est en effet un redoutable adversaire mais cela ne la décontenance pas.

- « Oh ! Pauvre de moi ! Me voilà bien embêtée ! » Mime-t-elle faussement. Tu crois qu’un animal est de taille face à un mage ?!

Elle ricane et marmonne des choses dans un langage scientifique que seule elle comprend. Griffin en profite pour s’élancer et frapper mais Véronica lui balance une drôle de bombe. Griffin avait pensé qu’en se protégeant de ses bras ceci lui ferait un moindre mal mais ceci n’était pas une explosion. Encore une bombe différente lancé rapidement au sol comme pour la casser exprès. L’intérieur renfermait un petit cristal qui s’était cassé pour laisser place à une décharge électrique qui n’attendait que ça pour s’échapper et aller directement sur une énergie conductrice à savoir le Féra. Le coup de jus est plutôt efficace car cela l’arrête juste assez de temps pour une deuxième salve de la mage. Cette fois-ci elle avait lancé deux petites bombes qui ont été directement attiré par Griffin et ses poils hérissés. Cependant, elle ne s’enclenchent pas, ce qui étonne le féra électrique.

- Maintenant ne bouge plus d’un millimètre sale clebs ! Ordonne Véronica (qui est plutôt près de Griffin puisque ce dernier avait vraiment prit une grande impulsion pour aller à elle.) Si tes mouvements sont trop rapides elles se déclencheront et tu finiras en décoration extérieur morbide.

Pour ne pas prendre de trop gros risque, Véronica s’éloigne et laisse venir à elle les deux autres membres du groupe qui m’avait rejoint.

- Je l’ai eu Cassandre ! S’exclame-t-elle fièrement en oubliant le titre de son instructrice. Vous pouvez me remercier ! Ah ! Grâce à moi on a un prisonnier à oh ?

Ce qu’elle n’avait pas vu, c’est qu’il n’eut pas que Talion et Cassandre qui l’avait rejointe mais les autorités local. Face à la situation, c’est Cassandre qui décide de prendre en main les choses. Elle signale alors par son badge être de l’Ordre tout comme Talion et Véronica et être en pleine appréhension d’un criminel. Elle précise pour les bombes qu’elle est désolée pour la gêne occasionnée et la peur émise aux habitants et qu’elle est toute disposée à aller avec eux en parler à leurs supérieurs. Elle précise néanmoins s’être déjà mise en accord avec les autorités supérieurs de leurs interventions au nom de l’Ordre pour la capture des très dangereux criminels mais que si ses moyens posent problèmes, elle usera à l’avenir de méthode moins gênante pour la population locale. En fait, elle ôta tous les mots de la bouche au garde qui, à la fin, se savait plus quoi dire à part qu’il ferait un rapport de la situation et qu’il est vraiment opposé à l’utilisation de tels engins. Avec quelques membres de l’Ordre qui s’était joint à eux, il eu une sacrée escorte pour Griffin qui devait avancer très lentement pour ne pas déclencher les bombes qui bipent à chaque mouvement un peu trop brusque de sa part. Véronica était fière, très fière, même trop pour ne pas réclamer de compliment de la part de Cassandre. Cette dernière lui jette un regard glacial avant de lui signifier qu’elle ne va en rester-là pour cette fois mais qu’elle a d’autres choses à faire avant de la punir.

S’il avait remercié Véronica pour son excellent travail qui avait toutefois attiré l’attention des autorités locales, Talion, lui, avait la désagréable sensation que tout cela s’était déroulé avec bien trop de facilité. Il se rappela au briefing de mission que Griffin avait été décrit comme un féra particulier cruel et sanguinaire, certes, mais qu’il était également froid et calculateur. Sa spécialité, était, d’après ses souvenirs, de tendre des embuscades.

La méfiance de Talion commença à s’intensifier lorsque l’escorte de l’Ordre qui les accompagnait leur fit prendre un chemin en direction du quartier général de la milice locale qui lui sembla douteux. L’ancien inquisiteur observa quelques instants les membres de l’Ordre qui les accompagnaient. Subitement, il se saisit de son pistolet à poudre et sans prévenir, tira dans la direction d’un des soldats qui entouraient Griffin. L’homme s’effondra à terre, une balle dans la nuque. La détonation attira tout les regards sur la position du sergent-chef, mais ce dernier avait disparu derrière sa cape. Avant même de comprendre qu’un des soldats qui les accompagnaient gisait dans son sang, raide et mort, l’Instructrice Beros et la soldat Stroheimer sentir toutes les deux des bras les attraper pour les éloigner du groupe. Il ne fallut que quelques instants aux autres soldats pour dégainer leurs armes ou commencer à incanter des sorts et se tourner vers les deux femmes avec l’air agressif. Au contact des deux membres qui se faisaient emporter, Talion se révéla à nouveau. Sa magie ne pouvait lui permettre de déplacer des personnes sans être à nouveau visible. Cassandre et Véronica, qui ne comprenaient pas la situation, commencèrent à protester.

« Sergent-chef Talion, mais que faites-vous ?? C’est vous qui… » commença l’instructrice à l’attention de Talion.
« Ce ne sont pas nos gars !! Ce sont des sbires de Zénon ! Courrez !
- Mais comment…
- Je n’avais pas fait gaffe tout à l’heure, mais ce sont des anciens uniformes ! Il y a un liseré d’or sur les cols de l’uniforme maintenant ! Et je n’ai reconnu aucun de leurs visages ! »

Une boule de feu fusa en direction de Talion et Cassandre, les deux durent se jeter sur le côté pour l’esquiver alors que Véronica se retourna avec un cristal en main. La flamme fut instantanément absorbé par la pierre et la mage fit un petit sourire triomphal.

« Vous avez vraiment cru qu’un sort aussi basique pourrait me nuire ? Oh oh oh ! Pauvres imbéciles !
- Ce n’est pas le moment de faire la maligne ! » protesta Talion, agacé.

En effet, des flèches filèrent en direction de Véronica et Talion eut à peine le temps de ses servir de sa cape pour tirer la mage à elle et les deux se retrouvèrent l’un collé à l’autre. Le sergent-chef put même sentir le parfum délicatement fleuri de la soldat, il y avait comme une très distincte note de rose.

« Sympa votre parfum ! Mais si vous pouviez éviter les flèches sans que je n’ai à intervenir…
- N’en profitez pas trop pour me draguer, Talion, je ne suis pas une femme qui se donne à n’importe qui !
- Mais je ne vous drague p… »

Il y eut un son mécanique, comme deux billes de métal qui seraient tombées par terre. Talion et Véronica lancèrent de suite un regard vers Griffin et constatèrent avec horreur que les deux mécanismes le retenant captif avait été désactivés et roulaient à présent sur le sol.

« Oh merde ! » dirent-ils à l’unisson.
« GROAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAR !!! » Rugit alors Griffin qui était à nouveau prêt à en découdre, d’autant qu’il était accompagné cette fois-ci de ses sbires.

Tandis que des faux soldats de l’Ordre les approchaient, armes en main, Cassandre, prit son fout et main avant de le faire tournoyer, puis tournoyer encore jusqu’à le faire claquer. Avec ce geste, elle avait invoqué sa magie de l’eau et il y eu comme une vague puissante d’eau qui s’écrasa sur leurs opposants, les balayant d’un coup.

« Elle n’est pas instructrice pour rien… » constata Talion. « C’est à mon tour ! »

Talion siffla entre ses doigts et du ciel, débarqua en trombe Ninian. L’homme n’eut qu’à lui faire un signe et le volatile compris. Il s’empara de la pierre magique que Véronica avait utiliser pour absorber la boule de feu sous ses protestation avant de s’envoler à nouveau dans les airs, mais cette fois en direction de la bande de Griffin. Ce dernier se jetais sur eux. Ninian lâcha la pierre et Talion fit un sourire mauvais. Il tira à nouveau avec son pistolet nouvellement rechargé et le plomb percuta la pierre magique qui s’activa et explosa en une déflagration de flammes.

Les malfaiteurs se mirent à hurler de douleur et se roulèrent par terre. Heureusement pour eux, il restait encore de l’eau du sort de Cassandre, cette dernière profita toutefois de l’occasion que ces types se roulent par terre dans son eau pour user de sa magie de mutation et la geler, se qui eut pour effet de les coller au sol. Ne restait que Griffin, enragé, qui ne s’était que ralentit face à cette explosion. De sa grosse main griffu, il se saisit de talion et le projeta à travers la rue avant de bondir une nouvelle fois pour l’attaquer. L’ex-inquisiteur, estourbi par ce premier choc, eut à peine le temps de se relever avant de comprendre qu’il allait devoir user de sa cape pour s’en sortir. Les griffes acérées de Griffin l’auraient découpé en morceau s’il ne s’était pas à nouveau plongé dans les ténèbres grâce à Albericht qui avait réagit au bon moment.

« Satanée AS !!! Je vais te découper en morceau, Talion, toi et ta foutue cape !!
- Il faudrait déjà que tu arrives à m’attraper !! »

S’ensuivit alors une course poursuite dans la ville. Talion esquivait les assauts de Griffin en disparaissant au dernier moment dans sa cape, il tentait parfois de prendre le temps de recharger son pistolet mais le féra était trop rapide, il fallait un maximum de concentration pour ne pas se faire attraper par la bête. Le loup finit cependant par être plus rapide et envoya Talion passer à travers la fenêtre d’une auberge…


Linke eut un léger sourire compatissant envers Tyr. Finalement, cet étrange personnage n’en était pas moins attachant, même s’il ne savait pas bien parlé et qu’il n’était de toutes manières pas très bavard. Le Sergent aurait bien ajouté un mot mais il fut coupé par l’interrogation de son coéquipier.

« Que faire pendant que vous faites des herm… Missions secondaires ?
- Et bien, vous jouez votre rôle. Vous descendez, vous faites comme si vous étiez un client étranger qui débarque, vous commandez à boire, à manger, et vous en profitez pour observer votre environnement. Attention, ne vous faites pas remarquer. Quelqu’un qui regarde les autres avec un peu trop d’insistance est forcément perçu comme suspect, les gens se méfieront de vous. Soyez… naturel, même si j’avoue que dans votre cas, votre nature n’inspire pas forcément les sentiments les plus… positifs. Le mieux, c’est de vous mettre dans un coin relativement discret, d’observer et de ne pas faire de vague. Mais rappelez-vous, vous êtes un client normal, donc prenez à boire et à manger, faites votre petite vie, et personne ne vous remarquera. »

Linke était fier d’avoir pu conseiller son allié. Le jeune homme semblait encore dubitatif mais le sergent était confiant, il saurait se débrouiller, il avait l’air un peu perdu mais c’était on ne peu plus normal. Le tout, c’est que celui-ci réagisse au bon moment lorsqu’on aurait besoin de lui.

« Je descends en premier, on ne doit pas nous voir arriver en même temps, rappelez-vous, vous êtes client, et moi un employé de l’auberge. »

Le goth après avoir enfilé son uniforme d’employé, descendit l’étage et se présenta pour prendre son service. Il fut accueilli par la fille de la propriétaire qui commença par lui ordonner d’aller servir une commande à une des tables. Linke réajusta brièvement sa tenue, empoigna le plateau d’une main et exécuta sa tâche comme il le devait. Seulement, une fois arrivé à la table, il y eut un fracas monstrueux. Un homme venait de passer par la fenêtre et de s’écraser sur la table alors que Linke tenait toujours son plateau en main. Les clients étaient à terre, sur leur chaise, à la renverse. Le sergent ouvrit de grands yeux horrifiés lorsqu’il reconnu la personne qui s’était écrasé là.

« TALION ???
Linke ? Mais… Oh bordel…
- Mais qu’est-ce que vous foutez ?
- Je crois que la mission ne se passe pas tout à fait comme prévu… » déclara l’ex-inquisiteur tandis que dans l’encadrure de la fenêtre, l’on distinguait la silhouette d’une bête sauvage et bipède se dévoiler, s’approchant dangereusement de là.

Linke soupira, pris l’une des choppes de bière, en but un coup avant de la reposer et prit de l’élan avant d’envoyer le plateau et tout son contenu vers Griffin qui se jetais à l’intérieur de l’auberge par le même passage que Talion. L’animal prit le plateau, les boissons et le verre brisé en pleine figure avant de reculer et de pester. Le goth se mit simplement droit devant lui, un bras dans le dos, l’autre tendu droit vers le haut, comme pour se préparer à se battre.

Je dois jouer les clients normaux ? Malgré les similitudes et différences entre ces deux univers il est vrai qu’un client reste un client. Comme dit le sergent Straüss, ils boivent, mangent et s’occupent. Ils font « leurs petites vies » quoi que ça puisse être une vie de client spécial et discret. Même une vie de client plus classique. J’incline la tête à la dernière remarque du sergent qui s’en va jouer son rôle d’employé. J’attends un peu avant de descendre afin de demander quelque chose à boire. L’auberge n’est pas très grande bien qu’il y ai sûrement quelques cachettes. Ma chambre par exemple, à l’abri des regards avec une seule entrée et sortie même si cela doit être la même chose pour les autres chambres à l’étage. La plus grande salle est évidemment celle pour la restauration. C’est d’ailleurs là où se trouve Linke qui s’apprête à servir des clients. Oh, j’ai laissé ma cape dans la chambre. Tant pis. Tiens, une employée va vers moi et me demande ce que je souhaite.

- Boire ici. Fais-je en pointant légèrement du doigt un coin un peu excentré et solitaire.

Elle m’invite alors à m’y installer et me demande ce que j’aimerai boire. Je ne savais pas trop quoi répondre à part « de l’eau ». Et je ne connais pas trop les boissons d’ici, que se soit leurs noms et ce qu’elles contiennent. Sans réponse de ma part la serveuse ne se décontenance pas et en souriant, elle me prononce des noms de boissons qu’ils servent ici.

- Sans euh… Alcool. S’il vous plais. Dis-je.

- Une boisson sans alcool ? Eh bien que diriez-vous d’un petit jus de pommes ? Demande-t-elle.

- Pommes ? Hum… Oui. Merci.

Elle repart triomphante, me laissant m’asseoir sur la petite banquette devant une petite table dans un petit coin plutôt cosy de la grande salle. Je ne savais pas trop quoi faire d’autre à part observer les gens qui discutent, font parfois de grands gestes et s’alimentent entre deux réponses. Soudain un fracas vient couper court à toute discussion pour laisser place à la surprise. Talion ?! Mais… Qui l’a projeté à la fenêtre au point qu’elle cède et que ce dernier la traverse ?! Pile à l’endroit où se trouve Linke, le sergent chef Talion eu à peine le temps de se relever que l’adversaire arrive. C’est d’ailleurs Linke qui se prépare à affronter ce que Talion semble vouloir fuir. Je ne perçois que son ombre menaçante de bête sauvage semblable à un Lupan enragé. Que disent-t-ils chez eux déjà ? Un Féra il me semble. Un Féra loup. Le monde s’agite devant-moi et se met au travers de ma vue. Parmi l’agitation, la serveuse avec son plateau vide qui allait certainement chercher la commande posée sur le bar pas loin. Elle le tient entre ses bras tremblotant. Le reste de la population s’affole et s’écarte de la scène principale. Je me lève et essaie de me frayer un chemin en allant dans le sens contraire des gens. Heureusement, je vois des employés avec un certain sang-froid qui s’excusent de la gêne occasionnée et prient aux gens d’aller tranquillement dans leurs chambres avec, s’ils veulent, leur boissons et s’évacuer dans le calme. Ils assureront le service ainsi malgré tout et s’occuperont de l’affaire. Je m’écarte de cette évacuation discrètement pour me positionner dans un coin plus ombragé et discret. Un coin où la menace ne me verrait pas mais où j’ai un angle sur lui. Je ne sais pas trop quel genre de combat va se dérouler car je ne connais pas l’habileté du sergent Straüss.

Heureusement, je peux aider à distance avec un pouvoir que je connais bien : le support. Sans me dévoiler à la bête, je me saisis de son énergie débordante. Sa force brute qui régit tous son être avec ses capacités physiques et sensorielles de hauts niveaux. Ainsi, je sais qu’en l’affaiblissant dans son endurance, sa force et sa bonne constitution Talion et Linke auront un avantage certain. Je fais en sorte que chaque coup, chaque déplacement de ce Lupan lui coûte bien plus en énergie que d’habitude. Il ressentira petit à petit de l’épuisement sans savoir d’où ça vient. Ses forces vont lui manquer mais comme c’est plutôt quelque chose sur le long terme je vais aussi augmenter les capacités de Talion et Linke. Par contre je ne sais pas du tout quelles capacités ont mes deux coéquipiers supérieurs. Ils ne sont pas particulièrement musclés et semblent être plus agiles pour éviter les coups plutôt que pour en donner.

- T’as aucune chance chien errant ! Crie soudain une voix agaçante que je reconnais que trop bien.

Véronica ne semble pas être dans la rue pourtant mais je vois une petite ombre semblant se dessiner au sol. Je me concentre alors pour capter son énergie débordante. Je reconnais bien celle de ma collègue éreintante car j’ai essayé si souvent de lui échapper que j’ai apprit à la sentir arriver de part son énergie singulière. Il semblerait qu’elle soit un peu au-dessus de nous mais un peu éloignée. Elle est… Dans le bâtiment d’en-face ! Elle doit être en hauteur pour éviter un assaut frontal du Lupan. Herm… Du Féra je veux dire. Bien que, au vue des capacités de cet être, sauter haut et puissamment ne doit pas trop lui poser de problème. Du coup cette cruche pense sûrement être à l’abri. Elle use de sa magie en ricanant, je le sens.

- Celles-ci sont pour toi gros tas poilu !

J’entends un truc qu’elle largue à terre en direction de notre adversaire. Quelque chose d’étrange sort de cet objet rond, un liquide qui mousse de plus en plus faisant un son comme ça « Shhhhh » et qui sent… Une odeur chimique très étrange. Je ne vois pas forcément d’ici de quoi il s’agit mais cette substance se colle au Féra qui doit se demander si elle ne vient pas juste lui balancer de la mousse pour le bain. La mousse se glisse dans ses poils et colle, ce qui doit être particulièrement désagréable mais qui semble inoffensif. Peut-être cela irrite un peu la peau au vue des produits qu’elle a dû utiliser. Soudain, on entend de sa part un rire sinistre qui est de toute évidence mauvais signe. Je l’entends craquer une allumette puis soudainement je vois l’ombre de grandes flammes jaillir et s’orienter en direction du Féra. Sauf que, et malgré qu’elle soit une mage pouvant facilement user de magie, Véronica a une grosse faiblesse : ses émotions. Elles jouent un rôle dans l’utilisation de sa magie en fonction du contrôle qu’elle a dessus. Un contrôle incertain ! Je sens son fluide magique se désynchroniser d’elle ce qui est dangereux et je le sais, pour tous le monde ! Malgré que du feu arrive à la hauteur du Féra, des flammes vont et viennent dans l’anarchie la plus totale. Les mèches danses et virevoltes dans les airs autour du Féra sans aller à leur but. Tous ceci énerve la mage qui n’a pas pour habitude de faire du feu équivalent à un brasier mais plutôt à de petites flammes bonnes pour cuir ou fondre des petites choses. La maîtrise de cet art semble difficile et pour une mage dont ses émotions guident sa force, perdre le contrôle de sa magie est comme qui dirait son art. C’est là que j’aurai bien aimé voir Cassandre et sa glace mais pour une raison qui m’échappe elle n’est pas présente. Il faut que j’arrive à la resynchroniser avec son fluide mais cela va me demander toute ma concentration et l’abandon de mon emprise pour le Féra. Agir sur les émotions d’autrui est très complexe pour moi bien que j’en ai le pouvoir. Que dois-je faire ? Abandonner mon aide aux deux membres de la brigade pour cette désespérante Véronica ou bien la laisser gérer cela toute seule et me concentrer sur le combat ?


Pendant ce temps, l’inspectrice Béros est en pleine investigation. En effet, les sbires de Zénon sont sous son joug et elle veille sur leur capture. Cassandre regarde les uniformes et constate qu’il s’agit de véritables uniformes de l’Ordre, bien qu’un peu vieillit. A qui pouvait appartenir ces vêtements ? Les faux membres de l’Ordre auraient exécuté leurs anciens propriétaires ? Ou bien un traître auraient fournis ces affaires ? L’inspectrice compte tirer ça au clair et décide d’interroger l’un des participants de l’attaque emprisonné dans la glace.

- Comment vous êtes-vous procurés ces accoutrements ? Demande-t-elle sous le ton d’un ordre.

- Va te faire foutre chienne de l’Ordre !

Elle abat son fouet sur l’homme ayant osé lui répondre de la sorte. L’inspectrice est plutôt douée pour tirer les informations même aux plus têtues. Elle regarde les étiquettes et s’aperçoit que les noms cousus dessus y sont toujours. Elle remarque qu’il s’agit de noms différents ce qui lui laisse à penser qu’il s’agit d’accoutrements appartenant à plusieurs membres. Elle hausse un cil, n’étant pas au courant de quelconques disparitions de membres de l’Ordre. Néanmoins, elle sait que cela est possible qu’on ne lui ai pas informée de la chose.

- Où sont les corps des propriétaires de nos uniformes ?

- On te dira rien ! Pas la peine de nous torturer !

- D’ailleurs… L’Ordre n’a pas le droit de faire non ? Hein ? Alors tu vas faire quoi ?!

Elle hausse les sourcils, ondulant son fouet comme pour réfléchir en regardant chacun d’eux. La glace se hisse soudainement jusqu’à leur nuques et leurs crânes. La froideur raidit leurs corps qui passent du rouge au violets à certains endroits.

- L’Ordre préférerait que je vous laisse en vie pour vous interroger mais hélas je suis seule et j’attends de l’aide de véritables membres. Je devrais les appeler mais comment ? Ah je n’ai pas la réponse ! Alors vous allez vous les gêler ainsi jusqu’à ce que je me décide de vous faire capturer dans des liens qui ne diminuent pas votre durée de vie. Quel malheur que je n’ai aucun autre moyen et juste le choix entre vous laisser vous échapper en vie ou bien alors vous laisser perdre quelques membres voir peut-être certains basculer de l’autre côté de la vie avant que de vrais membres arrivent.

- Tu ferais ça pas ! T’as pas le droit !

- En fait si. L’Ordre préférera une perte de minimum de vingt pour cent dans la capture de multiples ennemis plutôt qu’une remise en liberté pouvant faire à la longue bien plus de morts du côté des innocents. Bien sûr, ne connaissant pas vos grades dans votre petite affaire de malfaiteurs je vais devoir procéder par élimination jusqu’à tomber sur quelqu’un voulant vivre en échange d’informations. Ainsi il ne fera sans doute pas partie des vingt pour cent de pertes acceptables.

Talion regarda la scène se dérouler avec dépit. S’il s’attendait à ce que Linke puisse tenir tête à Griffin avec son aide, il n’avait pas prévu que Véronica commence à mettre la pagaille et que des feux follets se mettent à se balader un peu partout autour du féra. Le feu allait se propager partout sauf sur la cible principale, ce qui était un peu dommage selon Talion mais qui rassura un peu Linke, qui lui, comptait bien capturer l’individu et le cuisiner, contrairement à se deux alliés. Le feu allait prendre sur les poutres de l’auberge et le mobilier si les membres de l’Ordre n’agissaient pas rapidement. Griffin, lui, allait sûrement profiter de cette attaque rater pour se jeter sur eux. Il fallait rapidement agir et avec discernement, sinon de quoi, ils allaient tous périr.

« Mais bon sang ! Qu’est-ce qu’elle fabrique ??? » s’étonna Talion qui ne comprenait pas vraiment la stratégie de Véronica.
« De la magie ancienne… » soupira Linke. « Voilà pourquoi Cassandre a la charge de cette énergumène. Je sens un trouble dans les flux de magie, et je n’en détecte pas la cause… Il n’y a qu’un seul type de magie que je ne peux pas détecter… la magie ancienne. A tous les coups, elle est trop excitée et ça perturbe ses flammes…
- Bwahahaha ! Alors votre magicienne ne sert à rien ! » grogna Griffin qui affichait un sourire mauvais malgré qu’il fut recouvert de liquide poisseux et inflammable.

Il sauta à travers l’ouverture de la fenêtre et se jeta sur Talion qui lança sa cape pour intercepter le féra. Celle-ci l’agrippa par le poignet et l’envoyer valdinguer à travers la pièce alors que les clients évacuaient un peu précipitamment la pièce. Cependant, certains se levèrent pour aller aider à éteindre les flammes en usant de leur magie, cependant… l’eau ne semblait pas avoir grand effet sur les feux follets et le produits inflammable qui poissait au sol et sur les murs.

« Je m’occupe de Véronica, » susurra l’esprit de Linke à celui de Talion via sa magie de l’esprit « occupez-vous de Griffin !
- Tout seul ? » pesta Talion qui était encore à esquiver les attaques du féra en roulant sous une table.
« Je vais essayer de calmer son esprit pour qu’elle évite de créer un incendie irréparable ! » expliqua le mage. « Il faut occuper Griffin histoire qu’il n’ait pas idée de nous fouttre le feu partout.
- Et comment je fais, moi, tout seul ?
- Vous êtes un ancien inquisiteur, non ? Débrouillez-vous ! »

Linke rassembla toutes ses forces spirituelles pour aller toucher l’esprit de Véronica. Il sentait son agitation, elle perdait totalement le contrôle de sa magie et il semblait que ce soit bel et bien la magie arcanique qui influe sur sa magie élémentaire. Il fallait qu’il apaise son esprit afin qu’elle puisse reprendre la main sur son sort de feu et se concentre pour en saper les flammes. Le sergent se glissa doucement vers l’esprit de sa congénère et commença à lui murmurer calmement.

« Concentrez-vous, Véronica. Votre esprit est trop excité, vous perdez le contrôle. Oubliez Griffin et pensez aux flammes que vous avez invoqué…
- Hein ? Linke ? Bon sang, sortez de ma tête ! C’est pas le moment là ! Vous me déconcentrez !
- Vous n’avez visiblement pas besoin de moi pour vous déconcentrer… Je veux que vous respiriez lentement, que vous vous laissiez aller au calme…
- Mais je l’avais ! Je l’avais !! Il était juste là !
- Ce n’est pas important, Véronica. Je veux que vous éteigniez ces flammes, sinon vous allez mettre le feu à l’auberge. Il faut que vous vous concentriez sur un souvenir heureux.
- Raaaah ! Mais allez embêter quelqu'un d'autre ! »

Linke soupira. Il allait falloir être un peu plus incisif et plus pernicieux pour calmer la mage. Le sergent allait devoir user de la magie de l’esprit de manière agressive s’il voulait calmer Véronica.

Pendant ce temps, Talion usait de sa magie pour se glisser sous les tables, esquiver les attaque de Griffin, et lançait parfois quelques sorts d’entrave pour bloquer le féra dans ses actions. Mais la force incommensurable du prédateur avait tôt fait de briser les enchantements et il pouvait à nouveau se jeter sur Talion qui peinait à recharger son pistolet.

« Bordel ! Pourquoi on ne fait pas des pistolets qui se rechargent tout seul par magie ? Ça serait bien plus efficace ! »

Talion ne le savait pas, mais ce genre d’arme verrait le jour et cela bien plus tard, lorsque Glendor aurait trouvé de nouveau enchantement pour ses armes spirituelles, mais cela, c’est une autre histoire que je ne vous conterai pas ici.

A force d’esquive et de faire durer le combat, Griffin sembla cependant s’épuiser et ne plus avoir autant de répondant. La magie draconique de Wraith, via Tyr, avait fait son œuvre et le féra était à présent trop faible pour être une réelle menace. Talion finit par avoir raison de lui en l’enchaînant à l’aide d’un de ses sortilèges d’entrave.

« Je vais te fumer, enfoiré ! » déclara Talion qui avait fini par recharger son arme et le pointait à présent sur la tête du féra.
« Je… Je ne comprend… pas… Je suis… épuisé… Ce n’est pas possible… » haleta Griffin qui était à présent face à la mort et semblait totalement dans le déni.

Talion, bien qu’il eut très envie d’en finir une bonne fois pour toute avec ce meurtrier, jeta un œil à Linke. Il se rappelait pourquoi il avait perdu son poste d’inquisiteur, il se souvenait l’horreur qu’avait été le fait d’être cantonné à un travail de bureau, planqué dans un placard de l’Ordre, mis au rebut… l’ex-inquisiteur baissa son arme et pesta.

« Mais ça ne sera pas tout de suite. J’attendrai le bon moment ! Mais soit certain qu’un jour, tu te retrouveras avec une balle plantée entre les deux yeux et tu ne sauras pas d’où ça vient.
- C’est toi qui va crever, vermine… Hin hin ! Je ne suis pas seul ! Mes alliés auront ta peau !
- Si tu nous dis où on peut les trouver, peut-être que je réfléchirai à t’épargner !
- Mais… bien sûr… on y croit… » ironisa Griffin qui reprenait petit à petit forme humanoïde.
« Bah… Winrart réussira bien par te faire parler ! » maugréa Talion qui tenait toujours Griffin en joue. « D’ailleurs il faudrait que je le contacte… Ah oui, c’est vrai qu’on a les colliers pour communiquer à distance. Winrart ! Il faut que vous rappliquiez à l’auberge. On tient Griffin ! »
« Je suis déjà en route ! C’est que vous en faites du raffut, Sergent-chef ! Regardez donc par la fenêtre ! »

Et en effet, Winrart était là, accompagné de Sigrid. Talion soupira de soulagement et porta à nouveau son attention vers Linke. Visiblement, il avait finalement réussi à calmer Véronica, et ses feux follets avaient disparu. Le goth avait l’air cependant épuisé et mit un genou à terre.


Sigrid n’était pas très à l’aise avec les armes à feu. Elle avait bien déjà vu son chef se servir d’un pistolet et se souvenait avec horreur de la détonation bruyante du tir… Cela lui avait vrillé les oreilles et l’avait terrorisée. Elle plissa ses oreilles en arrière et eut un léger mouvement de recul lorsque le Capitaine Winrart l’invita à s’entraîner avec son arme à feu si particulière.

« Ouais… non merci ! Très peu pour moi ! Il a l’air vraiment balèze votre engin, mais les coups de feu, j’aime pas ça ! Mes oreilles sont trop sensibles pour ce genre de choses.
- Ah oui ? Vraiment ? Quel dommage ! Et si vous essayez avec ces bouchons d’oreilles ? » proposa Winrart en tendant à la féra des boules de cire entourée de coton.
« Qu’est-ce que c’est ? » l’interrogea-t-elle.
« Des boules de cire ! Cela atténuera le bruit de la détonation que vous entendrez en tirant.
- Ah… Je suppose que je n’ai plus d’excuse à présent.
- Hé hé ! J’ai toujours réponse à tout ! Je sais, c’est énervant ! Tenez, prenez le dans vos mains, déjà ! » déclara Winrart en lui tendant son fusil de précision.

Cependant au même moment, alors que Sigrid s’apprêtait à se saisir de l’arme, une patrouille de miliciens aqualans passa non loin d’eux, se dirigeant à toute vitesse vers le centre ville. Winrart fut intrigué tout comme Sigrid et il finit par afficher un sourire.

« On dirait que vos camarades ont déjà commencé à faire du grabuge. Nous devrions aller voir ce qu’il se passe. Je crois que ça commence à devenir intéressant !
Ok, Capitaine ! »


De son côté, Cassandre tentait de faire parler les prisonniers qu’elle avait littéralement sous sa botte. L’un d’eux, terrifié à l’idée de se faire tuer par l’instructrice de l’Ordre, finit par se confesser.

« On a chiper ces vêtements à des types de l’Ordre qui étaient chargez de se débarrasser des anciens uniformes ! C’est Halsim qui nous a aidé à assommer les gardes et à récupérer les uniformes !
- Halsim ? Qui est Halsim ? » interrogea vivement Cassandre.
« C’est… C’est la nouvelle ! Elle bosse avec nous… Elle… elle sait bien y faire quand il s’agit de voler et assassiner en toute discrétion ! Elle nous a rejoint y a pas longtemps !
- Putain ! Dereck ! Ferme ta gueule ! Griffin va nous buter s’il apprend qu’on a balancé ! » vociféra un autre truand qui luttait pour se défaire de la glace… en vain.
« C’est elle qui va nous butter si on dit rien ! J’préfère encore prendre le risque que d’me faire tuer par cette dingo de l’Ordre ! Et puis si on collabore, peut-être qu’on sera pas exécuté ! Les mecs de l’Ordre ils sont cools si on collabore, pas vrai m’dame ? Vous allez parler en notre faveur si j’vous dit tout, pas vrai ?
- Dereck, sale traître ! » pesta un autre.
« J’essaye juste de sauver nos peaux ! » brailla Dereck qui était visiblement terrifié à l’idée de se faire torturer à mort par Cassandre.
« Tu sais autre chose sur cette Halsim ? » demanda Cassandre.
« Ben… Elle est pas comme nous, des fois, on dirait qu’elle est complètement perchée. Elle parle avec une langue bizarre, même que c’est pas de l’urukéen ni autre chose. Çà ressemble vraiment à rien son langage ! Puis elle est jolie mais vraiment, faut pas l’emmerder ! C’est un genre de femme fatale, vous voyez ? Par contre, on a jamais vu sa tronche, elle la cache toujours derrière un voile. »

Finalement, j’avais bien fait de rester sur le Fera car Linke s’est occupé de Véronica. Je n’ai pas vraiment vu la scène mais il semblerait que les petits feux flottants se soient évanouis. Hormis ça, Talion et son regard noir sur la bête neutralisée prêt à lui tirer dessus me surprend un peu. Bon, pas tant que ça avec son air sinistre mais on sentait son envie de lui ôter la vie la démanger. Rien ne s’est passé comme initialement prévu cela dit, Linke a grillé sa couverture et de toute façon avec un tel bordel je ne vois pas pourquoi nos fugitifs iraient à présent dans cette auberge. Je vois d’ailleurs l’ombre du capitaine se ramener avec son volatile sur la tête, ce qui fait qu’elle est très reconnaissable. Il y a aussi Sigrid qui s’approche de Talion en lui demandant si ce dernier va bien après son dur combat contre le criminel.

- Hé bien, hé bien ! On dirait qu’à présent tous semble fichu si l’on veut faire sortir les autres de leur trou. Déclare amicalement le capitaine. C’est dommage qu’on est le plus idiot de la bande mais bon, on se contentera de leur gros bras hum ? J’ai une merveilleuse idée pour la suite des évènements, vous verrez ça va vous plaire sergent inquisiteur.

Son large sourire qui reprend les codes d’un genre amical n’est pourtant en rien de cela. C’est comme si quelque chose, un détail, trahissait ce faux air de gentil capitaine. Quelque chose de malsain se dégage de lui et n’importe qui avec un peu d’instinct sentirait cette noirceur sous-jacente derrière son sourire. Sa quiétude face à la situation que lui pourtant conclu comme mauvaise est consternante. Je le vois à présent s’avancer devant celui que depuis, j’ai reconnu sur les descriptions du dossier : Griffin. Et sans que je ne sache ni comment ni pourquoi, j’ai tout à coup senti qu’il m’avait vu alors que jusque là, personne n’avait fait attention à moi. Pourtant, il ne m’a pas regardé, rien ne trahissait ma position. Je ne crois pas me faire des idées ni être dans la paranoïa, sûrement est-ce de l’instinct.

- Oh la la, on n’est pas en forme dit donc ! Lance Winrart à Griffin. Comment un grand Fera comme toi a-t-il bien pu se retrouver si vite ainsi ? Hum ?

- J’t’emmerde l’ordeux ! S’énerve le Fera.

- Capitaine Winrart, vous apprendrez à le retenir, j’en suis sûr !

Il regarde ensuite Talion et lui fait signe de venir avec le prisonnier sous sa coupe.

- On verra bien si Zénon a envoyé un jetable ou bien un de ses bons éléments. Sigrid, Talion, avec moi. Véronica, allez retrouver madame Béros et raconter-lui donc ensuite vous irez avec elle ramener ses prisonniers dans la glace à l’Ordre.

- Quoi ?! Mais moi j’veux continuer à traquer les autres ordures !

- Et je réquisitionne vos bombes aussi.

- Pardon ?!

- Linke je pense que vos talents vont être misent à contribution pour autre chose, je vous laisserais nous rejoindre. Ah et j’ai faillit oublier.

Il tourne les talons et va vers la fille de la gérante qui pointe le bout de son nez avec beaucoup de prudence. Winrart lui sourit gentiment non sans que se soit malaisant.

- Vous direz à votre employeur qu’il sera dédommagé avec l’argent de notre prisonnier sous peu.

- QUOI ?!!! Hurle Griffin malgré son épuisement général. Jamais de la vie l’ordeux !! Tu m’entends ?! Si c’est pas moi, Zénon te fera la peau !

- On a une grande gamelle hum ? Sourit-il à l’intention du Fera avant de partir, suivit de Talion.

Et donc… Moi je reste ici ? Le capitaine a fait comme si je n’existais pas, je me demande pourquoi. Linke va reprendre ses affaires avant de partir les rejoindre. Pourquoi je dois rester ici si l’auberge n’a plus d’intérêt ? Je ne me manifeste pas et me glisse dans le couloir pour retrouver discrètement les autres. Sûrement me donnera-t-il des instructions avec le collier pour la suite. J’espère. Je me retrouve seul dans l’auberge, sans soutien à proximité au cas où. Mais bon… Vu que leur plan tombe à l’eau avec tous ce remue ménage je suppose qu’il y a peu de chance pour que Zénon et sa bande vienne.

Peu à peu les employés que la fille de la patronne à prévenu du départ des fauteurs de troubles, s’affèrent à nettoyer la grande salle sous des soupirs las. La demoiselle en question est en colère, elle peste sur l’Ordre et ses « foutus interventions qui foutent le bordel ». Baba’ la rassure que ce n’était pas vraiment de leur fautes et insiste sur le fait que « le minet de l’Ordre » va réparer tous ça et « fissa ». Elle s’avance vers moi en souriant.

- Bon, bon... En attendant et si tu nous aidais petit ? Me demande la vieille femme. T’as l’air costaud.

- Bien. Fais-je.

Je m’exécute à la tâche et pour que cela prenne moins de temps, j’augmente la rapidité et la concentration sur les employés afin de vite en finir. Ce n’est pas que je n’aime pas rendre service mais si le capitaine me contacte j’aimerai être seul.


- Tu vas dérouiller sale ordeux ! Si je n’étais pas entravé j’te jure que t’aurais-

- Allons, allons ! Ne fais pas de promesse que tu ne saurais tenir. Coupe le capitaine.

Winrat est le genre de personne à avoir sur lui une lanière en cuir avec au milieu une sorte de petite boule en bois décoré de piques peu longues mais pouvant dissuader quiconque de bouger la langue. L’engin a une boucle d’attache et il le met sur Griffin qui, comme tous, n’en revient pas. Avec ce genre d’engin il est impossible de fermer sa bouche, on a donc si on nous le retire pas pendant un moment la bouche vite très sèche tout comme sa pauvre langue. Il a donc délicatement mit cela au Féra avec un petit rire moqueur comme si cela n’était qu’une farce saugrenue. Ensuite, il fait décoller son oiseau de proie dressé afin qu’il fasse des ronds au-dessus d’eux. Le capitaine continu ensuite son chemin vers les docs.

- On va au bateau Cap’ ? S’étonne Sigrid.

- Perspicace ! En effet, nous y allons et tu verras à quel point il est important d’avoir des gens sur qui on peut compter ma chère Sigrid.

Le capitaine est en possession des bombes de Véronica bien que celle-ci s’en est évidemment gardées secrètement. Mais il s’en moque, il voulait juste voir de plus près les créations de cette dernière et pourquoi s’il le doit, les utiliser. Winrart va vers le bateau et retrouve Markos qui s’était déjà inquiété pour son bateau et l’inspectait pour s’en quérir de son état.

- Hein ? Pourquoi tu ramènes tes emmerdes sur MON bateau Winrart ?! S’inquiète le capitaine en râlant.

- Markos ! Lance de manière enjôleur Winrart avec un grand sourire commercial. Tu sais vraiment tomber à pic mon bon ami !

- Je sais surtout qu’avec la p’tite gueule que tu me tire tu vas encore me demander des choses impossibles !

- Oh mais non tu as une famille maintenant, je ne vais pas te demander de participer poings armées à tous ceci. Allons, j’ai vu ton petit fils et je ne souhaites pas qu’il arrive malheur non plus à tes ouailles.

- Mais encore… ?

- Tu pourrais juste, afin de me rendre cet immense service, demander à tes hommes de dire à qui veut l’entendre que cet homme nommé Griffin est avec moi dans ton joli bateau en rappelant ô combien l’Ordre est insistant lorsqu’il s’agit de réquisitionner des biens des autorités ? Lance bien la rumeur que ce dernier a été capturé par des inquisiteurs chevronnés qui travaillent leur prisonnier.

- Je n’ai pas encore accepté. Puis je suis sûr que tu vas abîmer mon fameux « bien des autorités » ! Y’a pas que l’argent pour moi Edgar, tu me connais. Le temps passer sur ce bateau vaux bien plus que des bouts de métaux.

- Bon, d’accord, d’accord. Alors on prendra un bateau d’ici moins… Précieux sentimentalement ?

- Grrr… J’avais oublié à quel point tu me tapais sur les nerds Ed’ ! J’t’amène à un autre pour que tu fasses tes petites affaires avec tes copains mais me transforme pas ça en champs de bataille !

Il passe devant, poings fermés, pour leur montrer leur nouveau bateau. Il regarde Sigrid en souriant, comme pour lui dire que c’est comme cela aussi qu’on fait pour obtenir ce qu’on veut. En attendant le Fera c’est déjà un peu entaillé la joue et la langue bien que ce ne soit pas méchant. Les piques ne sont pas assez profondes pour vraiment arracher la chair sauf si l’on la frotte dessus. Mais Griffin n’est pas le genre à aimer souffrir et ses petites coupures ne sont que le fruits de ses efforts pour essayer d’enlever l’objet ou bien un réflexe de vouloir fermer sa bouche pour garder son humidité. Hors depuis le temps tout est bien sec et cela est vraiment désagréable.

- N’oublie pas que tes marins ne doivent pas sembler être content que nous soyons là sans être prêt à collaborer non plus. Rappel le capitaine de l’Ordre.

- J’m’en doute ! Soupira Markos qui présente le navire.

- Merci mon ami, je repasserais avec une petite récompense pour votre participation.

- Tu sais où tu peux t’la mettre ? Peuh !

- Tu préfères un service ?

- Ouai ! Après ça j’ai exactement en tête quoi te demander en échange !

- Je n’en doutais pas !

Cela est faux mais dit avec tellement d’aplomb qu’on ne dirait pas. Le capitaine de la marine les installe sur un petit bateau pas loin de la retraite. Le genre d’affaire encombrant que l’on traîne à faire réparer par manque de temps, d’argent ou de volonté voir même un peu des trois. Les membres de l’Ordre sont ainsi laissé devant et le capitaine est contacté avec le collier par Véronica.

- L’instructrice est au courant capitaine… Déclare Véronica avec une petite voix monocorde. On fait ramener les prisonniers par d’autres qui arrive, on va au point de rendez-vous. Ensuite elle m’a chargé de vous dire qu’on reviendra très prochainement et que, je cite : « Vous ne vous débarrasserez pas de moi comme ça. » Fin de citation.

- À la bonne heure ! Répond Winrart. Je n’en attendais pas moins de madame l’instructrice. Rejoignez-nous quand vous pourrez.

- Hallo, hallo ? Fait soudain Linke dans son plus bel accent Goth. J’ai reprit mes affaires, aidé un peu les employés pour le bazar de Talion et donnez comme instruction à Tyr que vous avez laisser seul afin qu’il reste discret. Où êtes-vous ?

- Aaah ! Je vous avez oublié vous aussi !

Après un léger instant sans échange de mots, le capitaine reprend.

- Je plaisante Linke. C’est parfait. On est au port de plaisance, demandez et un marin vous indiquera le chemin. Merci pour vos initiatives sergent.

Il coupe alors la communication et se tourne à présent vers Talion.

- Bien ! Ce que je vous propose Talion, je vais interroger notre prisonnier sur pas mal de choses, cela va prendre du temps et j’aimerai être seul avec lui une fois que vous m’aiderez à l’attacher dans une cabine. Une fois les choses intéressantes révélées je vous chargerais avec votre équipe de traquer le reste de la bande tandis que je resterais auprès de lui. Bien sûr, il se peut que Zénon souhaite récupérer son grand camarade, je le lui encourage d’ailleurs mais au cas où il le laisse tomber… Vous voyez ? Pour ce qui est de Tyr nous allons le laisser, il pourrait attirer notre hôte principal. Il sera surveillé par votre volatile car le mien surveille déjà le bateau. C’est dommage que Linke se soit fait découvert mais bon, qu’il faillait stopper notre petite furie. Il servira de soutien jusqu’à ce que les dames se ramènent à votre chasse. Qu’est-ce que vous en dites ?