Inspection de la guilde Hellébore [à évaluer]

Alors les soupçons de Talion se confirmaient… Roseline était effectivement comme lui une écrivaine à ses temps perdus. Il trouva cela particulièrement intéressant au contraire de ce qu’elle prétendait. Il ne manqua pas l’occasion d’aborder le sujet.

« Je ne suis pas de cet avis, Madame Roseline. A vrai dire, cela m’intéresse particulièrement.
- Oh non, par pitié, Talion… » commença Linke. « Vous n’allez toute de même pas ennuyer cette pauvre femme avec vos récits d’épouvante ?
- Et pourquoi pas ?
- Oh, non, vraiment, je ne crois pas que cela vous intéresserait. » répliqua Roseline avec embarras « Ce sont des récits à l’écriture quelconque…
- Allons, voyons ! Ne soyez pas modeste ! Je suis sûr que ce n’est pas si mauvais que vous voulez bien nous le faire entendre. » insista Talion.

Glendor se mit à ricaner et avala un morceau de poisson au curry tout en épongeant le recoin de sa bouche avec une serviette qu’il tenait avec un de ses bras mécaniques.

« Fascinant ! Fascinant, oui ! Moi, ce qui m’intéresse, c’est toi, petite ! Alors comme ça on veut devenir une vraie guerrière, hein ? »

Il tira la chaise qui était à côté de lui avec un autre de ses bras mécaniques et invita la jeune fille à s’asseoir.

« Tu es encore bien jeune, ma petite, mais quand on se donne les moyens, nos désirs peuvent arriver à devenir des réalités si les conditions sont toutes assemblées. Mais n’oublie pas une chose, Tanya, un guerrier n’est rien sans ceux qui l’entourent. Tu as sûrement un grand potentiel, mais souviens-toi d’une chose : parfois, on n’obtient pas toujours ce que l’on veut dans la vie, et nous sommes amenés parfois à faire des choix et changer de cap de façon drastique. En tout cas, tu seras la bienvenue à l’Ordre. L’Académie t’accueillera à bras ouverts. Hummm… Tu prendra un peu de poisson au curry ? Il est délicieux ! Tu devrais le goûter, ta maman n’est peut-être pas une farouche guerrière mais c’est une excellente cuisinière ! Et… DUDULE !!! Vire tes pattes de la table, oiseau de malheur ! Ne touche pas à ce plat de poisson sinon j’te plume et j’te farcis, p’tit con ! »

Nouveau soupir au bout de la table. Mélior n’était visiblement pas aussi enthousiaste que les autres convives à l’idée de partager un repas aussi bruyant. Il rouspéta une nouvelle fois :

« Décidément, on ne peut vraiment pas avoir la paix…
- Avec un individu comme Glendor, c’est peu probable. » assura Linke
« Et toi, Archibald, cela ne t’agace-t-il pas de manger dans le bruit ? » demanda Mélior avec dépit.
« Non, c’est plutôt agréable d’être entouré ! C’est plutôt votre attitude négative qui risque de contrarier notre digestion. Ne soyez pas si désagréables et profitez !
- Certes… » soupira Linke.

Je regarde tous ce petit monde discuter sagement, prêtant attention ça et là à ce qui se raconte. Du côté Roseline et Talion, la discussion n’est passionnée. Ils papotent sur leurs écrits respectifs. Roseline est même allée chercher ses écrits pour faire plaisir à Talion. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle veuille enfin être lu. Elle lui tend et Talion tourne quelques pages, semble lire quelques passages et même y trouver à en sourire. Pour avoir déjà lu en cachette les histoires de Rose je sais qu’elle fait un récit d’aventures où le héros est aussi valeureux et ressemblant énormément à Archi’. Qu’il est accompagné de sa sœur qui est tout le portrait de Lena Lee et d’une version de sa fille un plus âgée suivit d’un animal de compagnie… Moi. Un renard blanc aux yeux rouge qui crache du feu. Mais je ne suis pas le plus à plaindre. Je suis peut-être la bestiole de l’histoire mais Mélior est carrément un méchant principal. Dans son récit fortement inspiré de nos véritables aventures, nous sommes une équipe de survivants qui appartenait à un ordre perdu : Les éclairés. Et nous nous battons contre le terrible empire « Cristailes » dans cet âge sombre où ils règnent en maître. Leur technologie sont tellement avancées qu’ils ont conquit leur Lune qui est étrangement habitable. Leur siège s’y trouve et nos héros vivent des aventures incroyables, bien plus qu’en vrai en fait… Oh et le but est de rétablir leur ordre et d’apporter comme elle dit « la lumière dans les ténèbres ».

- Je n’ai jamais pensée ajouter de l’horreur dans mon récit ! Fait-elle. Oh, se serait très intéressant d’en ajouter des parties, vous avez raisons Talion. Vous auriez un peu de vos écrits pour voir à quoi ça ressemble ?

Bref… Deux passionnées quoi. Et je suis la bestiole de compagnie. Et qu’est-ce que raconte la chipie au papy ? Oh, pour une fois il ne dit pas de connerie et… Ah. Quand c’est pas lui c’est son con de piaf. Pourquoi il ne le tue ce truc ? Cela exaspère Linke et Mélior qui font ensemble la tronche. Comparé à Archi’ qui est là comme un bien heureux.

- Je ne serais pas seule. Fait la petite Tanya.

Ah ! Enfin un peu de reconnai-

- J’aurai mon arme spirituelle !

Ah d’accord… Et nous ?

- Bon, aussi Lena, Archi’, Ella et maman.

Et moi petite peste ?!

- Et mon paresseux de chef aussi…

- Sérieux ?! Fais-je.

- T’es un flemmard ! C’est pas ma faute ! Rit-elle.

- C’est grâce au flemmard si tu as un toit petite teigne !

Et la voilà qu’elle me tire la langue… Qu’elle gamine ingrate ! Je ne préfère pas continuer ou elle va subir plus vite que prévu son entraînement. Elle prend le poisson au curry sous les conseils du vieux et cela semble lui plaire. Il manquerait plus qu’elle n’aime pas et gâche du poisson ! Bon, Lena Lee sait s’y faire avec les gosses, après tout, elle est diplomate. Archi’ est une bonne poire qui laisse tout passer, Ella n’ose pas la contredire et veille à ses études et sa mère est très bonne avec elle. Y’a juste Mélior et moi qui râlons après elle !

- C’est très bon Roseline, encore une fois. Déclare Archibald qui en goûté chaque plat avant de manger le maquereau au vin avec les patates.

Je me demande encore où il range tous ce qu’il mange. On nourrit un ogre, pas un elfe. Un ogre bien éduqué mais un ogre tout de même. Même moi qui me considère comme ayant un bon appétit je ne fais pas le poids. Lui, je l’envoie dans des compétitions de bouffes à manger jusqu’à vomissement il les remporterait ! Remarque… Je ne l’ai pas sérieusement envisagé. C’est plus un truc d’Amaterasu mais je suis sûr qu’on peut en trouver. Je lui fais une quête altruiste bien crevante puis hop ! Concours de manger de riz par exemple et j’empocherais un paquet de frics !

- Hum ? Qu’est-ce qu’il y a Nickaïdo ? Pourquoi cet air sur ton visage ?

- Hein ? Oh nan nan, rien, t’inquiète ! Fais-je en souriant faussement.

Faudrait que je sois plus discret quand je complote des choses pareils. Mélior me fixe avec intérêt, comme s’il avait lu dans mon regard « argent facile ». Il ne dit rien et mange son poisson sans curry et donc sans réel intérêt.

Le visage de Talion se para d’un horrible rictus d’une joie un peu trop immodérée au point qu’il en devenait presque effrayant. L’idée d’ajouter de l’horreur dans un roman de fantaisie comme celui de Roseline lui plaisait beaucoup, et partager ses récits horrifiques encore plus.

« J’ai justement un de mes premiers essais sous la main. Je l’avais emmené au cas où. J’espère que cela vous plaira autant que cela vous terrifiera ! Pour ma part je suis sûr que certains passages de votre roman pourraient s’en voir d’autant plus prenant s’ils sont écrits avec une petite pointe d’horreur. Mais déjà, j’aime beaucoup le concept, et je crois reconnaître certaines… inspirations tirés de votre quotidien. C’est tout à fait amusant ! »

Alors que Talion jubilai déjà à l’idée de faire lire une partie de son récit à Roseline, sortant de sous sa cape le fameux ouvrage, Glendor, lui, était en train de ligoter les pattes de son volatile tout en écoutant attentivement la jeune Tanya. Il pouffa deux ou trois fois de rire aux paroles de la jeune adolescente et prit finalement Nikaïdo par l’épaule.

«  Aaaaaah ! Tanya ! Je ne vis sans doute pas avec Nikaïdo tous les jours, mais je suis sûr que ce jeune homme n’est pas autant le flemmard que tu décris. C’est un bon p’tit gars ! Et toi aussi, tu m’as l’air d’être une bonne petite ! Tu iras sans doute loin, mais veille à ne pas trop manquer de respect à tes aînés.
- Dixit le vieux pervers qui boit, fume, et parle de drogue et de putes devant les enfants… » soupira Linke.
« Oh ! Détendez-vous le cul et foutez moi la paix, Linke ! Note bien ça, Tanya ! Le respect, ça se gagne aussi ! Linke a sans doute raison, je suis parfois désinvolte… mais c’est un peu l’Ordre qui se fout de l’Archimage ! Hé hé hé ! »

Linke sembla offusqué mais n’ajouta rien. Il fit comme s’il n’avait pas entendu et détourna le regard. C’est à ce moment là que la porte de la cuisine s’ouvrit avec grand fracas. C’était Sigrid qui revenait visiblement de chez sa mère. Elle regarda l’assemblée avec curiosité et vice-versa.

« Mais qu’est-ce que vous foutez là, vous ? » s’étonna Talion.
« Ben j’ai vu ma mère, c’était cool, on a bien papoté, mais son mari, je le piffre un peu moins, et comme il vient de rentrer du travail, j’me suis tiré pour profité d’un bon moment avec mon chef préféré !
- Hein ?
- Ben quoi ? J’vous aime bien, chef ! Ça vous étonne ?
- Et bien vu que vous ne m’écoutez quasiment jamais, oui, ça m’étonne un peu !
- Baaah ! C’est pas parce que je vous obéis pas que je vous apprécie pas ! Dites !!! Çasent bon la poiscaille par ici ! Y reste une place pour moi ?
- Fais vite, sinon Archi aura tout fini avant que tu ne t’assois ! » plaisanta Lena Lee.

Sigrid prit place à table et commença à se servir dans une assiette que lui apporta la jeune féra grue. Elle la remercia et se servit d’un peu tous les types de poisson, prenant un peu plus du cabillaud en croûte que du reste. Elle croqua dedans et remua sa queue avec plaisir alors que ses oreilles se repliaient en arrière.

« Hmmmm ! Ché trop bon ! » s’exclama-t-elle la bouche pleine.
« Faut remercier Roseline, c’est elle la cuistot ! » précisa Glendor en se resservant un verre de whisky.
« C’est super bon, m’dame ! Dites, vous voudriez pas venir dans la brigade n°11 ? Parce que ce qu’on bouffe à la BIG…
- Non, Sigrid, on ne peut pas embarquer des membres de guilde pour nous faire à manger à la Citadelle. » soupira Linke.
« C’est nul ! Ben pour la peine, je prendrai le portail plus souvent pour venir ici !
- Les portails de l’Ordre ne sont pas faits pour ça ! » s’insurgea le sergent.
« J’vois pas le problème, moi ! » répondit Glendor qui haussa les épaules.
« Oh… mais par tous les dieux…
- Bon, et sinon, chef, vous voudriez pas prendre m’dame Roseline comme épouse ! Vous avez l’air de bien vous entendre avec elle, comme ça elle pourra nous faire des bons petits plats ! » proposa Sigrid.
« Hein ? Quoi ? Mais ça ne va pas, non ? Nous partageons simplement sur notre passion pour l’écriture ! Et puis c’est quoi encore cette idée de vouloir embarquer Roseline pour qu’elle vous fasse à manger ? Vous avez de ces idées, parfois, Sigrid…
- Ouais, ben réfléchissez-y quand même ! Parce que mine de rien, elle est pas vilaine et puis…
- Non mais foutez-lui la paix, bordel ! Et à moi aussi par la même occasion ! »

Talion soupira et voulu boire un peu de son whisky avant de remarquer que le vieux Glendor le regardait avec un air complice. Il haussa frénétiquement les sourcils et imita un baiser tout en prenant un air tendancieux. Visiblement, lui aussi trouvait que ça marchait plutôt bien entre lui et la tavernière. Le chef de brigade roula des yeux d’un air exaspéré et finit par ignorer les deux entremetteurs improvisés.

La soldate aux ordres de Talion débarque telle une tornade dans un cyclone déjà bien tournoyant. Je suis alors les discussions tout en pouffant de rire quant à cette Féra qui souhaite caser Rose à son supérieur pour avoir de bons petits plats. Ceci semble particulièrement irriter ce dernier. Quant à Rose, elle se contente de lever les yeux au ciel en signe de désapprobation.

- Eh bien ! Cela fait déjà deux femmes de ma guilde que vous tentez de me soudoyer cher brigade dont je n’ai absolument pas retenu le numéro ah ah !

- Eh mais moi j’veux pas d’un beau père ! Fait Tanya.

- Navré messieurs mais je garde tous ce petit monde à mon service, même la chipie puisqu’elle était en lot avec sa mère.

- Le lot un jour sera ta plus grande force de frappe espèce de… Elle regarde sa mère qui la regarde d’un air désapprobateur. De renard tordu !

- Ah ah ! Bah vu que je prends la peine de t’entraîner j’espère bien !

Les discussions vont de bons trains jusqu’à ce que finalement, il ne reste plus de poissons. Ni de condiments d’ailleurs. Ni même la sauce et le pain. Rien ne reste après le passage d’Archibald qui malgré sa grande fringale ne s’est absolument pas tâché et à mangé proprement tous du long. Il s’essuie les lèvres avec grâce et semble bien reput. Comme tous le reste de la tablée d’ailleurs. Mélior s’est tiré pendant que nous ne regardions pas et la chipie est devant-moi pour l’entraînement.
- Oula ! Attends que je digère un peu quand-même non ?

- P’tite bite ! Fait-elle.

- Ah bah c’est malin ça… Tu l’as entendu du papy hum ?

- Ne parle pas comme ça ! S’offusque Roseline.

- Ben lui peut bien le dire ! Elle pointe du doigt Glendor.

- Quand tu seras l’une des investigatrices qui changera à jamais la face du monde tu pourras le dire. Lui fais-je en finissant mon verre. Bon, eh bien je vais entraîner la chipie à devenir une balèze je vous laisse. Prenez votre temps avant de rentrer, rien ne presse.

- Sauf notre entraînement. Dit la teigne en croisant les bras.

- Ouai, ouai ! Tu nous les bri-

Roseline me foudroie du regard.

- Tu nous casses les oreilles chipie ! J’ai jamais vu quelqu’un vouloir autant se faire battre à plat de couture que toi. T’as de la chance, ça aurait pu être mon père ton entraîneur. Oh, oh ! Tu n’aurais pas survécus.

- Vu que je suis une teigne d’après toi je suis sûr que si ! Répond-t-elle fièrement.

Je soupir.

- Ouai… Bref… A une prochaine Papy ! Talion, Linke et Sigrid, au plaisir ! Mais s’il vous plais sergent Linke, plus de bout de papiers qui énervent l’empereur des cieux etcetera.

Je rejoins la teigne dehors tandis que Lena Lee et Ella, toujours en retrait, raccompagne nos invités doucement. Je suis plutôt content de ce repas. Les choses se sont bien passées, que se soit avec les membres de ma guilde ou bien Samonji. Je pense que je vais certainement revoir Talion, déjà parce qu’il s’intéresse étrangement à l’arme spirituel que je possède mais aussi parce que c’était l’apprenti de père et qu’il sait qu’il vient de temps en temps ici. Une façon discrète d’aller à sa rencontre.

Avec la teigne nous allons à l’endroit habituelle. C’est dommage qu’on est pas de cours ni de salle pour les entraînements. On est obligé à chaque fois de traîner nos guêtres dans un petit temple de maîtres combattants donnant des cours d’arts martiaux et de combats en échange d’une petite compensation financière. Mais bon, c’est très bien pour notre image nous dit Lena Lee. Et ça aide vraiment la population, c’est presque… De la charité. On ne s’inquiète pas à Dophemar, pourquoi se défendre dirait-on s’il y a des gardes ? Je répondrais bien, pour être maître de son propre sort mais à chacun ses convictions.

Il était enfin temps de partir. Pour le sergent Linke, c’était un véritable soulagement, pour Talion, en revanche, cela était quelque peu frustrant. Il aurait souhaité avoir plus de temps pour partager quelques lectures avec Roseline mais il fut bien obligé de revenir à ses obligations. Sigrid, elle, avait bien mangé et promit que la prochaine fois, elle et Archibald aurait une petite compétition pour savoir qui dévorerait le plus, ce à quoi Roseline avait répondit par la négative, affirmant qu’elle ne nourrirait pas deux ogres et ne participerait pas à cette débauche de nourriture.

Glendor, de son côté, avait salué son « petit » et la jeune Tanya avant qu’ils ne partent à l’entraînement. Il aurait bien voulu les accompagner, mais il était fin bourré et Linke ainsi que Talion s’opposèrent vivement à ce projet. Ils prirent le vieil homme par les bras et le conduisirent jusqu’au carrosse qui les emmènerait jusqu’au fort de l’Ordre. Le Forgemage, qui était particulièrement alcoolisé, se mit à chanter à tue-tête dans le véhicule.

« C’est la grosse bite à duduuuuuuleuuuuh ! J’la branle, j’la suce, elle m’encuuuuleuuuuh !
- Mais il a complètement craqué le vioque ! » s’exaspéra Talion.
« A c’que j’peux vous dire que c’est bon, quand y m’la fout dans l’oignoooon !
- C’est… particulièrement gênant… » soupira Linke.
« Héééé ! Hééé Papy !! Arrête de chanter tes trucs de pervers ! » rouspéta Sigrid.
« Maaaais !!! C’est un classique, ma petite ! Et pi d’abord chuis le Forgemage, et ouais ! Tu vas faire quoi, hein ? Me mettre au coin ?
- Nan ! J’vais t’casser en deux, Papy !
- Ahaaaa !! Tu veux t’battre ! Hééé ! Allez viens ! J’te prend un contre un à la Citadelle, moi ! Même pas peur ! »

Le vieux Forgemage se mit debout dans le carrosse ce qui secoua légèrement ce dernier. Il brandit ses poings et commença à les agiter dans tous les sens.

« Non mais vous êtes complètement bourrés ! Rasseyez-vous ! » lui ordonna Talion.
« J’vous prend touuuus ! » les menaça Glendor.

Soudain, il y eut un moment de silence et Glendor sembla comme hésitant avant de se rasseoir calmement puis finalement fermer les yeux et ronfler bruyamment.

« Putain, mais quoi ? Mais qu’est-ce qui se passe, bordel ? » s’étonna Talion.
« Oh… Je lui ai peut-être mentalement suggéré de se calmer et de faire un petit somme… » précisa Linke.
« Quoi ? Vous avez user de votre magie des esprits sur Glendor ?
- C’était plutôt facile, il était complètement bourré, le vieux !
- Ok ! Bon… J’avoue, j’ai un petit peu plus de respect pour vous, maintenant, Sergent. »

Linke laissa se dessiner un léger sourire triomphal sur son visage. Enfin, pour une fois, il pouvait faire le malin face à Talion.

« Cela dit, vous vous arrangerez pour réveiller notre cher Forgemage vous même ! Je ne m’occuperai pas de le porter une fois là-bas.
- Pfff… évidemment… » soupira Linke.
« T’inquiète, Linke ! J’le porterai, moi ! » se proposa Sigrid.
« Même pas drôle ! Il fallait le laisser galérer, Sigrid ! » pesta Talion.

Linke ne releva pas et se contenta d’ignorer Talion. Le retour à la Citadelle fut des plus ardus. Glendor étant à ce point saoule, Linke et Sigrid durent le traîner jusqu’à sa chambre qui était un endroit hautement sécurisé. Les pièges magiques furent en partie désactivés grâce aux indications foireuses d’un Forgemage ivre, et le groupe essuya à plusieurs reprises des électrisations, des boules de feu et autres joyeusetés. Une fois terminée leur tâche, la brigade n°11 se retrouva à nouveau dans son bureau, au complet.

« Et bien… on oubliera pas de sitôt cette inspection… » soupira Linke. « Et hormis l’entrevue entre Glendor et Samonji, je crois qu’il est inutile d’écrire un quelconque rapport.
- Certes… Glendor est un sacré personnage, tout de même ! C’était plutôt marrant !
- Ouais ! C’est un chouette papy ! » déclara Sigrid.
« Bien… Mettons-nous au travail ! Ce rapport ne va pas s’écrire tout seul ! » déclara Linke avec enthousiasme.
« Ouais, c’est ça ! Bon courage, Linke ! Je vais aller relire mes histoires d’horreur moi, j’ai quelques corrections intéressantes à y apporter !
- Ouais, et moi c’est l’heure de mon entraînement à la hache ! A plus tard, Linke !
- Quoi ? Mais… Oh bordel… Je me suis encore fait avoir… » soupira le sergent.